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celui-ci, qui sera d'un si grand secours pour la connaissance des évènements des huit premières années de notre siècle, comptera parmi ses meilleurs ; c'est une des sources les plus précieuses que puissent con sulter les futurs historiens du premier Empire.

A. C.

206. Undeudsche Psalmen und geistliche Lieder oder Gesenge, welche in den Kirchen des Fürstenthums Curland und Semigallien in Liefflande gesungen werden. Koenigsperg bey George Osterbergen. 1587. Zur Feier des 300 jæhrigen Jubilæums der lettischen Litteratur mit zwei Facsimile-Beilagen neu herausgegeben von A. BEZZENBERGER U. A. BielensteIN. Mitau, E. Behre. Hamburg, Geb. Behre, 1886. Gr. in-4, xxxiv et 86 p. 5 mark.

Le peuple lette a célébré l'année dernière le trois centième jubilé du premier écrit publié en sa langue. Après la dissolution de l'Ordre Teutonique, Gotthard Rettler, qui avait reçu la couronne de Courlande, avait fait traduire de l'allemand en lette quelques sermons de prédicateurs luthériens. En 1586 parut: 1 le petit catéchisme; en 1587, 2o un recueil de chants d'église; 3o les évangiles et les épîtres des dimanches et fêtes; 4° l'histoire de la Passion et de la mort de Jésus. Ces quatre écrits portent le titre commun de Manuel ou Enchiridion des Lettes. Depuis trois cents ans, il n'y a pas un enfant lette qui n'ait appris ce petit catéchisme luthérien, pas un qui n'ait chanté les chants pu bliés en 1587. Des centaines d'autres livres lettes ont fleuri pour se flé. trir ensuite et tomber dans l'oubli; mais le petit catéchisme de Luther, le livre de chants, l'Evangile ont vécu et vivent encore, et vivront toujours tant qu'on parlera lette dans le monde, et ils seront constamment une bénédiction pour l'église, l'école et la maison des Lettes au milieu des changements de leurs destinées extérieures » (p. x). Le catéchisme avait été réimprimé en 1875 par M. Bezzenberger. En 1886, la Société littéraire lette a réimprimé le livre de chants; c'est M. Bezzenberger qui a reproduit le texte avec la plus scrupuleuse exactitude; c'est M. Bielenstein qui a rédigé l'introduction où il traite de l'origine, du but et du texte de la traduction, et les remarques où il donne de nombreux et instructifs détails sur l'orthographe et la langue. Cette réimpression, exécutée avec luxe et qui fait grand honneur à l'éditeur autant qu'à la Société littéraire lette, ne peut manquer d'être accueillie avec reconnaissance.

C.

1. Mentionnons encore une table, fort bien rédigée, des noms des personnages qui sont cités dans le cours du volume.

VARIÉTÉS

Une lettre de La Condamine.

-

La lettre suivante de La Condamine à Bottari, que je crois inédite, fait partie, avec quelques autres, d'un recueil manuscrit de la bibliothèque Corsini, dont la formation est récente et l'origine singulière : l'avant-dernier préfet de la Corsinienne, l'abbé Rezzi', prenait plaisir à remanier les collections manuscrites documents historiques ou littéraires, mélanges de toutes sortes, si nombreuses dans ce fonds, et pour satisfaire ce goût malfaisant, il a mis dans un désordre complet bon nombre de volumes. Une de ses idées les plus bizarres a été de prendre dans des volumes ou dans des portefeuilles anciennement formés, déjà décrits et catalogués, diverses lettres d'hommes illustres pour en former un album d'autographes. Le pis est qu'en inscrivant cette collection au Catalogue (II' partie, Index alphabétique par noms d'auteurs), sous la rubrique Lettere di Uomini Celebri, Rezzi a négligé, peut-être volontairement, d'y marquer la cote du nouveau recueil. Aussi ce volume sans passé, perdu derrière d'autres in-quartos sur un rayon peu accessible de la bibliothèque, est-il resté presque ignoré jusqu'à aujourd'hui. Dans une rapide visite au palais de la Lungara, M. Müntz a pu en extraire, avec une intéressante lettre de J.-J. Barthélemy, une lettre et un billet adressés par La Condamine à Bottari. Il signale une troisième lettre, celle que je publie ici 4. J'ai eu

1. Le successeur de l'abbé Rezzi, M. le chevalier Cerrotti, est mort récemmen (31 janvier 1887). On ne lui a pas donné de successeur. Le fonds Corsini sera désormais administré, tout en gardant son autonomie, par le préfet de la bibliothèque des Lincei. M. Cerrotti était un homme obligeant et doux, qui connaissait à merveille sa bibliothèque. Il a publié en 1881 le Catalogue des imprimés de la Bibl. Romana Sarti léguée à l'Académie Romaine de Saint-Luc par son fondateur l'architecte Sarti. Il s'occupait, en ces temps derniers, de rédiger le catalogue du richissime cabinet d'estampes de la Corsinienne.

2. Bien que composé sans méthode et sans goût, cet album est intéressant, car plusieurs écrivains célèbres y figurent. Citons entre autres Fénelon, Voltaire, Boerhaave, J.-P. Séguier, La Condamine, J.-J. Barthélemy. Plusieurs de ces lettres à Fénelon ont été publiées par Me Chaillo dans ses Analecta juris pontificii, et par l'abbé Rezzi dans une plaquette imprimée à Rome (place de Venise, no 114) en 1853, sous le titre «< Lettres inédites retrouvées dans la bibliothèque du prince Corsini.»> 3. Le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque Corsini, volume grand in-folio de 566 feuillets, est divisé en trois parties: description dans l'ordre du classement, nos 1 à 2132; index alphabétique par noms d'auteurs et titres d'ouvrages anonymes; index alphabétique par matières notables. Notre manuscrit porte le numéro d'ordre 2028, mais ce numéro ne suffit pas à retrouver un manuscrit si l'on n'en connaît pas la cote de classement composée de deux chiffres et d'une lettre indiquant la travée, le rayon et la place sur le rayon, par ex. <32, G, 15>.

4. Lettres inédites de savants français à leurs confrères ou amis d'Italie (xvIIa, Xix siècle), publiées par M. Eugène Müntz, (extrait de la Revue critique), et dans la Revue critique, 1882, tome XIII de la nouvelle série, p. 371 à 515 ». Le même

quelque difficulté à retrouver le volume que l'on croyait perdu et que l'on refusait sans phrases. Toutefois, sur ma demande, l'un des attachés de la bibliothèque, l'obligeant M. Bracony, a bien voulu faire pour moi une nouvelle enquête, et, après de patientes recherches, il a retrouvé sous le numéro <32, G, 15> le volume désiré. Mais dérelié, la plupart des feuillets décousus ou déchirés, ce recueil presque en lambeaux (quelles mains l'ont réduit à cet état lamentable !) a dû être envoyé à l'atelier de reliure pour y subir une restauration complète. L'obligeance de M. Sciraparelli, le savant conservateur de la bibliothèque de l'Académie des Lincei, m'a permis de l'examiner au passage et d'y copier cette lettre.

Cette lettre, probablement détachée par Rezzi des recueils de la correspondance de Bottari, renferme, comme celle qu'a publiée M. Müntz, de curieux détails sur le caractère de La Condamine. Si dans l'une il se montre égoïste, mari satisfait mais peu enthousiaste, se rappelant volontiers les agréments de l'indépendance perdue, dans l'autre on reconnaît, sous les plaisanteries et les amers paradoxes, sous les bizarres utopies que lui inspirent l'absurde politique de Louis XV et les désas. tres de Frédéric II, malgré le scepticisme et l'ironique légèreté du ton, l'accent sincère d'un profond patriotisme.

LETTRE DE LA CONDAMINE.

Monsieur et très-cher prélat,

Paris, le 5 décembre 1757.

La nouvelle année n'ajoute rien aux sentimens que je vous ai voués, mais elle me sert d'occasion pour vous en renouveler les assurances. J'espère que vous voudrez bien vous charger de présenter mes respectueux hommages à LL. EE. Madame la duchesse Corsini, Mesdames ses filles, à Son Eminence, à Monsieur le Duc, à Messieurs les Princes ses fils, et à tout ce qui leur appartient. J'ay appris avec une véritable volume contient une lettre de La C. en date du 5 décembre 1757. M. Müntz ayant publié ces lettres sans aucun commentaire, on me permettra de signaler la légère erreur de La C. qui fait naître Pereira à Lisbonne, alors qu'il naquit dans l'Estramadure espagnole. L'histoire de ce malheureux juif de Carpentras montre une fois de plus de combien de vexations administratives se composait la tolérance du Saint-Siège à l'égard des Israélites.

5. Voici quelques renseignements biographiques sur les divers membres de la famille Corsini au milieu du xvIII siècle, pour identifier les personnages cités ici et dans la lettre du 30 mai 1757. Je les tire d'un tableau généalogique inédit conservé à la bibliothèque Corsini. La duchesse Corsini est Octavia Strozzi, mariée le 23 décembre 1727 à Filippo C., dont elle eut sept enfants: Vittoria, Bartolomeo, Lorenzo, Teresa, Andrea, Lucrezia, Giovanna.- Mesdames ses filles : Maria-Vittoria (21 nov. 1728-17 février 1797), mariée le 10 avril 1747 à D. Livio II Odescalchi, duc de Sirmio et Bracciano; (c'est elle que La C. dit avoir saluée à Milan). Teresa-Maria (1er nov. 1732-30 avril 1779, mariée le 1er nov. 1757 à D. Francisco Michelangelo Caetani, duc de Sermoneta). Lucrezia (1740-1784, devenue duchesse Giuseppe d'Al

joye la conclusion du mariage de Mme la duchesse de Sermoneta. Je ne cesse de faire des voeux pour la santé et la prospérité de cette respectable maison et je ne perdrai jamais le souvenir des bontés dont LL. EE. m'ont honoré.

Vous auriez plus souvent de mes nouvelles si j'en avois d'intéressantes à vous mander. Mais je passe la moitié de ma vie en province, où l'on est fort mal instruit de ce qui se passe. Quant aux nouvelles d'Allemagne, vous les savez plus tôt que nous. Elles n'ont pas fait jusqu'ici assez d'honneur à nos armes pour m'être pressé de vous les mander '. On m'avait dit qu'on rappelait le prince de Soubise 2. Je ne sais ce qui en sera, mais cela me paraîtrait inconséquent le maréchal d'Estrées qui avait gagné une bataille a été rappelé 3, si on traitait de même le

temps). Giovanna (1742-1763), mariée à Giuseppe di Girolamo Mattei). Son Éminence est Neri Maria Corsini (1685-1770), frère de Filippo, cardinal du titre de Saint-Adrien, membre de toutes les congrégations et préfet du tribunal della segnatura di giustizia. C'est à ce tribunal que fait allusion La C, dans la lettre du 30 mai. C'est le cardinal Neri Maria qui acheta aux Riario leur palais de la Lungara qu'il remplaça par le palais actuel. Avec Bottari, il forma une riche bibliothèque qu'il ajouta à celle que son oncle avait achetée au cardinal Gualtieri. M. le Duc : Filippo Corsini, né le 30 sept. 1706, mort le 30 nov. 1767, capitaine de la garde noble sous Benoît XIV. — Ses fils : Don Bartolomeo, fils aîné de Filippo, né le 9 oct. 1729, mort le 22 février 1792 à Florence, marié en octobre 1-58 à D. Maria-Felice del principe D. Giulio Cesare Barberini, morte le 30 juillet 1817, membre de l'Accademia fiorentina en 1766; capitaine de la garde-noble, créé chambellan impérial par Joseph II, ambassadeur de l'empire au conclave en 1774; chevalier de la Toison d'or; créé conseiller d'Etat par Léopold II en 1791. Lorenzo, né le 26 novembre 1730, mort à Vienne le 28 janvier 1802; chevalier de Malte, créé, en 1734, prieur de Pise avec dispense par son grand-oncle Clément XII; créé grand-écuyer en 1765 par Pierre-Léopold Ier de Toscane, conseiller intime par Marie-Thérèse et François; en 1769, majordome général de Marie-Louise, femme de Léopold de Toscane. Il fut l'ami et le protecteur des lettrés, entre autres du savant Lorenzo Pignotti, et devint membre de plusieurs académies, entre autres de celle des Etruschi (1779). Andrea Corsini, né à Rome le 11 janvier 1735, mort le 11 janvier 1795; cardinal en 1752 du titre de Saint-Angelo in Pescaria, évêque de Sabine et vicaire de Rome. Il fut un des plus violents adversaires des Jésuites et ne contribua pas peu à la promulgation de la bulle de suppression. Il fut chargé par Clément XIV de garder dans le château Saint-Ange le R. P. Ricci, général de l'ordre. Parmi « ce qui leur aptient » figurait probablement ce chevalier Pecci qui accompagnait le chevalier Lorenzo dans son voyage à Paris de 1757. Dans leur « Genealogia dei conti Pecci » (Pise, 1880), Fumi et Lisini ne donnent aucun renseignement qui permette d'identifier ce personnage. Toutefois, en 1757, le nom de cavalier Pecci ne peut convenir qu'à Carlo Pecci, fils d'Antonio, né en 1733, soldat comme son père, et mort en 1776. Carlo d'Antonio est le grand-père de Léon XIII.

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1. L. C. oublie Kloster-Zevern pour ne penser qu'à Rosbach.

2. Soubise fut rappelé en effet peu de temps après Rosbach, et Richelieu le suivit de près. On les remplaça par l'abbé de Clermont,

3. L'engagement du 26 juillet 1757, dont tout l'honneur revient du reste à Chevert, fut une victoire pour d'Estrées, mais troublé par une manœuvre hardie de F. de Brunswick, il ne sut pas en profiter. Son rappel fut motivé par ses lenteurs et son inaction. Il lui arriva le 27 juillet 1757 : cette coïncidence entre la victoire et la disgrâce éveilla, en faveur de M. d'Estrées, la sympathie de l'opinion.

général qui l'a perdue, ce ne serait pas juste. Les Hanovriens ont repris les armes ; le maréchal de Richelieu marche à eux, à ce qu'on prétend. Tout cela n'est pas bien éclairci et chaque jour une nouvelle détruit l'autre. Nous savons mieux ce qui se passe en Silésie qu'en Westphalie. Hier un courrier extraordinaire apporta la nouvelle de la défaite du prince de Bevern sous Breslau, après un combat de buit heures. Son camp attaqué par quatre endroits à la fois a été forcé et il a laissé, dit-on, vingt mille morts ou blessés. Avec le temps, on saura (et vous savez peut-être déjà) combien il en a coûté aux vainqueurs. Quidquid delirant reges plectuntur Achivi. Si vous n'entendez pas cela, Madame la Duchesse de Bracciano vous l'expliquera.

Madame du Bocage se trouve si bien de Rome que je pense qu'elle fera comme moi. Si je ne m'étais pas marié, je crois que j'y serais encore, et si j'avais eu ma femme avec moi, j'y serais resté. La voilà toute portée avec tout son ménage, car elle n'a pas d'enfants (j'entends Mme du Bocage). Jusqu'ici je n'en ai point non plus, dont Dieu soit loué ! Je vous jure que j'en suis plus que consolé, quoique je sache bien que Sa Sainteté n'en aura pas meilleure opinion de moi pour cela. Nous n'en faisons pas moins bon ménage, ma nièce et moi, et il y a toute apparence que le Saint-Père n'aura point à se repentir d'avoir formé nos liens.

Je m'en rapporte à l'abbé Barthélemi pour vous mander des nouvelles ecclésiastiques. Tout ce que je sais, c'est que le dernier bref sur les doutes a beaucoup déplu aux Constitutionnaires, et qu'il s'en est peu fallu qu'il ne fût enregistré au Parlement. Sans la guerre cela ferait beaucoup plus de bruit. Notre nouvel ambassadeur ne part point; à présent qu'il est sûr du chapeau, je crois qu'il est moins pressé.

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Il y a des paris sur ce que deviendra le roi de Prusse. Voici ce que j'imagine, il sacrifiera quelques millions, lui et les Anglais, pour gagner les nouveaux ministres de la Porte à la faveur du nouveau gou

1. Après la violation de la capitulation de Closter-Zevern par Pitt.

2. Ce fut F. de Brunswick qui recommença les hostilités. L'hiver les arrêta bientôt.

3. Après la prise de Schweidnitz par les Autrichiens, la défaite du prince de Bevern par Daun venait de faire perdre encore Breslau à Frédéric II (11-22-24 novembre 1757).

4. « Forma Venus, arte Minerva », Marie-Anne Le Page, veuve du receveur du Boccage, était alors dans tout l'éclat de sa gloire. Successivement admise au sein des académies de Bologne, Lyon, Rouen et Padoue, elle fut reçue à Rome comme membre de l'Académie des Arcades. On y forma un gros volume des vers écrits à sa louange. Il n'est pas étonnant qu'elle aimât Rome.

5. M. de la Rochechouart, évêque de Laon et cardinal, remplaça à Rome, comme ambassadeur, Choiseul-Stainville, après un an d'intérim rempli par les chargés d'affaires Boyer, l'abbé de Meyère et l'abbé Delvincourt. Ce Boyer est précisément celui auquel La C. dit demander des nouvelles de Bottari en l'absence de Barthélemy et à défaut de nouvelles directes (Voir la lettre du 30 mai, R. c., t. XIII (n. s.), P. 492).

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