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plus compétent des spécialistes. L'auteur s'occupe successivement de la recherche des autographes, des causes de leur conservation et de leur destruction, de leur utilité pour les historiens, de leur commerce, de leur authenticité, de leur prix, des collections publiques, des collections particulières, des divers genres de collections (générales, spéciales, etc.), du classement des collections, de la collection Alfred Bovet, une des plus précieuses qui aient jamais existé, des catalogues raisonnés et du catalogue Bovet, etc. En quelques pages d'une forme attrayante, M. C. a résumé tout ce qu'il y avait de plus intéressant à dire sur les autographes et auteurs des autographes, joignant aux indications les plus sûres, bon nombre de piquantes particularités. Sa plume d'homme d'esprit touche à mille sujets : tantôt nous sommes transportés en plein XVIe siècle, en l'agréable compagnie de l'auteur des Essais; tantôt nous faisons une rapide excursion en Chine avec Feuilllet de Conches « le prince des amateurs d'autographes ». Nous saluons, un peu plus loin, le glorieux fondateur de l'École historique moderne, Augustin Thierry, l'École des chartes et ceux de ses élèves qui sont devenus des maîtres. Puis défilent devant nous Villenave, « l'initiateur du commerce des autographes », Jacques Charavay, qui eut l'honneur de transformer ce commerce en une véritable science, son successeur Aug. Laverdet, M. Thibaudeau, et le savant rédacteur du catalogue de la collection Alfred Morrison 1, laquelle est la plus belle de l'Angleterre, comme celle de M. Bovet était la plus belle de la France, Vrain-Lucas, Guillaume Libri, M. Léopold Delisle, MM. H. Bordier et L. Lalanne, Ph. de Béthune et Royer de Gaignières, et, à côté de ces deux grands collectionneurs d'autrefois, tous les collectionneurs français et étrangers d'aujourd'hui. En lisant la notice de M. Charavay, chacun se dira: Ah! qu'il fait bon voir traiter un sujet intéressant par un homme qui le possède à fond!

T. DE L.

grand in-4° de 1,000 pages, imprimé par Claude Motteroz, sur papier de luxe, avec encadrement rouge à chaque page. Tiré à 500 ex. numérotés, dont 320 mis dans le commerce, 20 sur Japon à 300 fr., 240 sur papier vergé teinté à 150 fr., 60 sur papier vélin blanc à 150 fr. M. Charavay a pu dire avec une juste fierté, de la part prise par lui à ce travail (p. LII): « Je me suis dévoué tout entier à cette œuvre capitale et je lui ai consacré trois années de ma vie. » Voir encore (p. LvI) des renseignements à cet égard qu'on ne lira point sans une vive sympathie.

1. Je demande la permission de joindre à l'adjectif savant l'adjectif aimable, car je garde le plus reconnaissant souvenir de l'extrême gracieuseté avec laquelle M. Morrison m'a communiqué diverses lettres autographes de Peiresc. Payons une autre dette M. Charavay c'est sa seule omission! n'a pas mentionné la remarquable collection de feu l'abbé Eglée, vicaire-général de l'archevêché de Paris, collection dont une partie me fut très généreusement donnée par son possesseur, vieil ami de ma famille.

Les peuplades de Madagascar, par M. Max LECLERC. (Paris, Leroux, 1887, broch. in-8 de 68 p.)

213.

En 1886, à la séance publique annuelle des cinq Académies, M. Grandidier prononça un discours fort remarquable sur Madagascar et ses habitants. Après avoir décrit succinctement le sol, la flore et la faune de la grande île, le savant académicien recommandait à ses auditeurs l'étude de l'ethnographie madécasse : « S'il y a, disait-il, un intérêt réel à observer les animaux et les plantes de Madagascar au double point de vue des sciences naturelles et de la géographie du globe dans les temps anciens, il y en a un non moins grand à étudier ses habitants dans leurs origines, dans leur histoire, et dans leur état actuel.» - C'est au désir exprimé dans les lignes qui précèdent, que M. Max Leclerc donne aujourd'hui satisfaction. Il passe rapidement en revue les groupes divers de cette population, qui, bien que composée de vingt familles différentes, ne parle qu'une seule et même langue, sauf quelques altérations insignifiantes. C'est, d'abord, la race nègre; (Vazimbas, Sakalaves. Antankares); l'auteur croit qu'elle a été la première habitante de l'île, sans toutefois oser l'affirmer formellement, en présence du désaccord qui existe à ce sujet entre M. Grandidier et lui. C'est ensuite la race jaune; (Malais, Tagals, Indonésiens); puis les Polynésiens, jetés sur les côtes par les tornados; les Sémites; (Arabes Musulmans, Juifs ou Phéniciens); les Aryens; (Persans, Indous, et les descendants des forbans anglais et languedociens.) Tous, quelle que soit leur origine, parlent une langue parfaitement unie et cohérente, de la grande famille des langues malaises (p. 5). Mais (chose importante à noter), les noms des animaux domestiques sont africains, ce qui est un bon argument en faveur de l'opinion de M. Leclerc.

Cette petite brochure est le fruit d'un très grand travail; il est facile de voir que l'auteur a étudié presque tout ce qu'on a écrit sur Madagascar. Nous lui indiquerons pourtant une source qui semble lui être restée inconnue; en 1665, la Congrégation de la Mission envoya à la Compagnie des Indes Orientales six prêtres et trois frères, sous les ordres du P. M. Montmasson . Quelques lettres de ces Lazaristes ont été publiées dans les Mémoires de la Congrégation de la Mission; (T. II, p. 396-425) un grand nombre d'autres doivent se trouver aux archives de l'ordre; il serait d'autant plus intéressant d'en avoir connaissance que le P. Montmasson semble avoir été un observateur sagace, et qu'il avait appris la langue des indigènes.

Nous ne terminerons pas sans féliciter M. Leclerc d'avoir mis le lecteur en garde contre les nombreuses erreurs (souvent commises de parti pris) qui remplissent les livres que les auteurs anglais ont consa

1. C'est le même qui fut cruellement martyrisé et attaché à la bouche du canon, le 5 juillet 1688, à Alger, où il était vicaire apostolique. Ce meurtre fut commis en représailles du bombardement exécuté par le maréchal d'Estrées.

crés aux Malgaches', et nous attendons avec confiance le grand ou vrage dont son instructive brochure n'est sans doute que la préface. H. D. DE GRAMMONT.

214. Studia Etymologica commentatio academica scripsit Per Persson, Upsaliae, Edv. Berling, MDCCCLXXxvi 2, In-8, 123 pp.

Les intéressantes conjectures par lesquelles M. Persson apporte sa contribution à l'étude de l'étymologie indo-européenne, ne manquent ni d'originalité ni même de hardiesse parfois, l'échafaudage qui les étaie semble si léger que l'auteur hésite à s'y aventurer (v. g. p. 95, n. 2), comment le lecteur ne partagerait-il pas ses scrupules? Mais la méthode est saine, les recherches consciencieuses, les connaissances très étendues, et, si l'œuvre est, comme tout le fait supposer, le premier essai d'un débutant, il n'est pas besoin d'indulgence pour y voir un début plein de promesses.

La thèse de M. P. consiste à retrouver en sanscrit, en grec et en latin - ce n'est que très accessoirement qu'il traite des autres langues de la famille les restes d'un ancien thème démonstratif ara, dont on reconnaîtrait encore la trace dans un certain nombre de suffixes dérivatifs contenant un r (pp. 84-118). Cette dernière partie est de beaucoup la plus hypothétique, ce qui ne saurait surprendre; car, s'il est peut-être abusif d'assimiler le suffixe dérivatif de do-tó-ç au thème démonstratif *tó-, dont l'existence est avérée, à bien plus forte raison se refusera-t-on provisoirement à admettre dans la finale de óné-p la trace d'un démonstratif r encore mal défini. Il est vrai que M. P. a préalablement établi l'existence de ce thème, entre autres preuves, par le sk. áram, arvák, rdhak, etc. (pp. 5-15), par la particule grecque ap apa pa (encl.) ǎpa, etc., dont à cet effet il a discuté et analysé les divers sens avec le soin le plus méritoire (pp. 15-58), enfin par les préfixes latins ar (ar-cessó, ar-biter) et re (red redi) de re-cêdô, red-dô, etc. (pp. 59-75). Il y a certainement beaucoup d'excellentes choses à prendre dans toutes ces pages; mais j'ai peur qu'elles ne soient moins liées qu'elles ne le paraissent au premier abord, et que, de ce système quelque peu artificiel, la science ne doive en définitive retenir que de nombreuses et ingénieuses vues de détail. Sans doute, l'auteur lui-même ne s'est point fait illusion à cet égard; mais, en tout cas, réduite même à cette mesure, son œuvre marque pour la grammaire comparée un réel progrès, en même temps qu'elle atteste de sa part un effort extraordinaire et une rare pénétration.

1. Voir la note de la p. 4, pour J. Mullens; celles des p. 6 et 7 pour S. Wake et L. Dahle, etc, etc.

2. Le post-scriptum est daté du 10 juin 1887.

Avant tout, j'aurais souhaité que M. P. s'expliquât plus nettement sur la nuance vocalique du monosyllabe qu'il désigne par les schèmes ar, ra et r. Quelle est au juste la valeur de l'a? Est-ce un a véritable? Mais, iudépendamment de la question de savoir si une syllabe ar ra peut se réduire en r, question qu'avec M. Brugmann je résoudrai volontiers par l'affirmative', il est impossible de concevoir comment cet a aurait donné un e en grec (dans èpt-aúxny, p. 57) et un e en latin (dans le préfixe re-). Posera-t-on, au contraire, er re? Alors c'est àpí-yvwtos, et ar-cessô qui deviennent absolument énigmatiques. Certes, ce ne sont pas là des objections phonétiques péremptoîres: on en rencontre de pareilles dans toutes les décompositions de particules, éternel et cher tourment des étymologistes; mais peut-être eût-il été bon d'en prendre moins aisément son parti.

Le système admis toutefois, j'en voudrais indiquer une conséquence qui semble avoir échappé à M. P. : c'est que deux formes au moins du médiopassif latin pourraient bien être le produit de l'agglutination d'un verbe et d'un enclitique, comme le serait en grec, selon M. Osthoff, le parfait dédwxe =* dédw xe. Supposons en effet que le celto-latin préhistorique ait dit * vehet r, * vehont r, locutions équivalentes à celles du grec ἔχει ῥα, ἔχουσι ῥα : le réflexe latin serait naturellement vehitur, vehuntur. Il resterait à rechercher par l'effet de quelle analogie ces locutions auraient pris le sens passif en regard de vehit et vehunt; mais phonétiquement l'hypothèse serait irréprochable. Si elle se vérifiait, on voit ce dont nous serions redevables à M. Persson.

-

Je terminerai en lui signalant quelques points où sa vigilance habituelle m'a paru en défaut. Il est bien difficile de croire, avec M. Danielsson (p. 49 i. n.), que ipse équivaille à ápi sá; car d'abord on attendrait au neutre * iptud ou tout au moins* ipsud, et ensuite la locution reapse en deviendrait inexplicable. J'ai peine à comprendre comment κῆνος serait dérivé de l'instrumental κῆ (p. ro i. n.) : κῆνος est lesbien et dorien, tandis que x est exclusivement néo-ionien, et d'ailleurs interro. gatif. Mais peut-être M. P. veut-il parler d'un *x démonstratif, dont rien toutefois n'atteste l'existence. Quelque opinion qu'on se fasse de cûr cû-r quô-r (? pp. 87 sq.), il faut, ce semble, admettre que ce mot a la même forme que les illatifs hû-c, illû-c, etc., qui ont comme lui un enclitique surajouté ainsi cûr signifierait étymologi. quement & dans quel but? ». - Sur le type patraster, mátertera, le dernier mot paraît avoir été dit par M. Bréal 2; sur le pronom deiva, par MM. Baunack 3, qui ne sont pas cités (pp. 91 et 117). Enfin, sur la disjonction nécessaire de sé et sed, M. Persson s'est à peu près rencontré avec moi (p. 70 i. n.) 4: ce que je constate beaucoup moins

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1. Cf. Grundriss, I, no 318.

2. Mém. Soc. Ling., V, p. 346.

3. Stud. auf dem Gebiete d. Gr. u. d. Ar. Spr., I, 1, p. 46.

4. Cf. Mém. Soc. Ling, VI, p. 91.

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pour revendiquer la priorité que pour m'applaudir de la coïncidence. Bien que l'ouvrage soit de médiocre étendue, l'absence d'un index des mots s'y fait assez vivement sentir. Aucun livre de grammaire comparée, à plus forte raison d'étymologie pure, ne devrait se refuser ce complément nécessaire.

V. HENRY.

FRANCE.

CHRONIQUE

C'est de Jérôme Maurand, prêtre d'Antibes, que M. Hippolyte BAZIN, directeur du petit lycée de Saint-Rambert à Lyon, s'occupe dans une brochure bien courte, mais pleine de choses (Vienne, 1887, grand in-8°, de 12 p.). Dans le tome V, seconde partie, du Corpus inscriptionum Latinarum, M. Mommsen, donnant en tête du chapitre cxII, p. 915, des notices sommaires sur les épigraphistes auxquels il a fait des emprunts pour la région de Nice et de Cimiez, mentionne en six lignes l'érudit, objet de la notice de M. Bazin. On voit qu'il en ignore jusqu'au nom exact, puisqu'il l'appelle Maurandus ou Mauritanus. Tout ce qu'il en dit est emprunté au titre d'un recueil de la Bibliothèque nationale (ms. 8957, fol. 218) : Li epitaphi antichi da diverse parti, raccolti per messer Hieronymo Maurando, pretio Antipolitano. Les études entreprises par M. Bazin sur les antiquités antiboises lui ont donné l'idée de faire des recherches sur ce prêtre archéologue si peu connu, un des premiers en date parmi les épigraphistes provençaux. Dans le registre VIII de la collection Peiresc à l'Inguimbertine de Carpentras, est conservé le récit du voyage à Constantinople de Jérôme Maurand d'Antibes, aumônier de Paulin de la Garde, envoyé en 1544 par François Ier en mission extraordinaire auprès de Soliman. M. Bazin analyse ce curieux document qui fut dédié à Catherine de Médicis. Il établit, d'après les notes que l'auteur a jetées sur la couverture et sur les marges de sa relation, qu'il avait formé une remarquable collection d'inscriptions, de médailles, d'autres objets antiques, que venaient admirer les savants français et étrangers dont l'archéologue a énuméré les noms et les titres. M. Bazin, après avoir critiqué les transcriptions de Maurand, termine ainsi son excellente notice : « On n'en doit pas moins rendre justice à son activité scientifique; on lui est redevable de la préservation du texte de plus de dix inscriptions d'Antibes aujourd'hui perdues; il fournit sur l'emplacement où d'autres ont été découvertes d'utiles renseignements; enfin il n'a pas tenu à lui que nous n'ayons une riche collection archéologique, dont nous tirerions le plus grand profit pour l'histoire de la Provence au temps des Romains. T. DE L.

· Un chapiteau de l'église de Saint-Pierre de Caen. Sous ce titre, M. Armand Gasté vient de publier une plaquette luxueusement imprimée, ornée de trois belles planches, et qui contient une étude archéologique et littéraire fort intéressante (Caen, Henri Delesques, 1887, grand in-fo de 54 p.). L'abbé De La Rue (Essais historiques sur la ville de Caen) avait signalé le chapiteau de l'église Saint-Pierre comme un des plus curieux morceaux d'architecture qu'on puisse rencontrer. M. Gasté, développant ce que l'abbé De La Rue s'était contenté d'indiquer, décrit avec le plus grand soin les huit sujets sculptés sur le célèbre chapiteau; il accompagne cette minutieuse description d'explications non moins exactes qu'ingénieuses. Divisant en trois groupes

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