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tiques par où ils ont passé sans doute pour la plupart avant d'être réduits. à une simple articulation? Pour le charretier français, hue c'est droite » et dia c'est « gauche », et sans doute il ne concevrait pas qu'il en pût être autrement, ni son cheval non plus; mais nul autre ne croira à un rapport naturel entre le signe et la chose signifiée. Bref, j'aurais grand peine à suivre l'auteur sur ce terrain. Mais faut-il regretter qu'il s'y engage? Non, pour ma part: c'est dans les voies moins fréquentées que se font parfois les découvertes.

On pourrait encore relever çà et là dans ce livre quelques propositions obscures ou téméraires; mais on se refuse volontiers ce plaisir trop facile, en présence d'un ensemble aussi satisfaisant. D'ailleurs cette constatation elle-même est moins encore une critique qu'un éloge. Il y a pour un auteur deux façons de bien mériter de son lecteur : lui enseigner beaucoup, ou le faire beaucoup réfléchir. La première est pleinement à la portée de M. Winkler; mais il préfère très souvent la seconde. Le lecteur lui saura gré de cette marque d'estime.

A.-A. G.

220.

Antonio de SALVO. Notizie storische et topographiche intorno Metauria e Tauriana. Naples, 1886, grand in-8, 135 pages et un plan. Librairie Furchheim.

« Metauria et Tauriana sont deux antiques cités qui s'élevaient, nous dit l'auteur en commençant, sur le versant occidental de la grande Grèce, et qui figurèrent ensuite parmi les cités secondaires du Bruttium. » C'est l'histoire de ces deux villes, leur origine, leurs vicissitudes dans l'antiquité et au début du moyen âge que M. de Salvo a voulu étudier. Il l'a fait avec un soin minutieux et une abondance de renseignements qu'on ne saurait trop louer. Cette double monographie sera certainement appréciée des érudits qui habitent les villes voisines, héritières actuelles des deux cités antiques, et dont le nom est rappelé en tête du volume; mais il faut bien dire que l'intérêt du livre est tout local. Un plan des ruines de Tauriana figure avant le quatrième chapitre, qui n'en est qu'une explication; l'archéologie n'a pas beaucoup à en profiter, tant la cité a laissé peu de traces sur le sol; il est vrai qu'elle n'en a pas laissé beaucoup plus dans l'histoire.

R. C.

221.

C. Sallusti Crispi Catilina Jugurtha Historiarum reliquiæ codicibus servatæ... Henricus Jordan tertium recognovit. Berlin, Weidmann, 1887. In-12, xx, 172 p. (Prix: 1 mark 50 pf).

L'éloge de l'édition critique de Salluste par Jordan n'est plus à faire. Cette troisième réimpression - malheureusement posthume se distingue notamment des précédentes par l'insertion des fragments nouveaux des Histoires découverts l'année dernière sur un Codex ter seriptus de la bibliothèque d'Orléans. Le premier éditeur de ces fragments, M. Ed. Hauler, a disséminé sa trouvaille dans divers recueils (Archiv für lateinische Lexicographie, Revue de philologie, Comptesrendus de l'Académie de Vienne) et quoiqu'il ait depuis résumé et groupé ces publications partielles dans le tome IX des Wiener Studien, cette collection est si peu répandue en dehors de son pays d'origine, que pour beaucoup de savants, les fragments d'Orléans sont encore inédits. En tout cas, ament meminisse periti: on aura plaisir à les trouver soigneusement reproduits dans le présent volume, d'un format si maniable et d'un prix si modique. Ajoutons que M. Paul Krueger, à qui incombait la tâche de terminer la publication inachevée de Jordan, a fait au sujet des manuscrits des fragments une remarque qui a son prix : c'est que les feuillets du Vatican (R), auxquels nous devons quelques débris du III livre des Histoires, sont détachés du même manuscrit que les feuillets de Berlin (B) et d'Orléans (A), dont l'identité avait été reconnue immédiatement. Cette circonstance est de nature à nous faire espérer qu'on découvrira ultérieurement, dans d'autres bibliothèques, quelques nouveaux feuillets de ce manuscrit, si malheureusement lacéré, du chef-d'œuvre de l'historiographie romaine.

Un mot encore sur les fragments d'Orléans. Ces fragments ne sont pas, par eux-mêmes, d'un intérêt bien palpitant; les détails nouveaux qu'ils apportent sur les campagnes de Servilius en Isaurie et de Pompée en Espagne - concernent des évènements militaires de second ordre; l'importance de la découverte de M. Hauler consiste surtout, à mon sens, dans la preuve nouvelle et décisive qu'elle fournit de l'autorité prépondérante exercée par le récit de Salluste sur les meilleurs historiens de l'époque des Antonins, notamment Plutarque et Dion Cassius. Qu'on mette en regard l'un de l'autre les deux paragraphes suivants :

Salluste, livre II, fr. 16 (Jordan, p. 132-133).

Hae litterae principio sequentis anni recitatae in senatu... Dein proxumi consules L. Lucullus et M. Cotta litteris nuntiisque Pompei graviter perculsi,cum summae rei gratia (?), tum ne exercitu

Plutarque, Vie de Lucullus, c. 5.

Διὸ καὶ χρήματα αὐτοῦντος αὐτοῦ (Pompée) καὶ γράφοντος, ὡς, εἰ μὴ πέμποιεν, ἀφεὶς Ἰβηρίαν καὶ Σερτώριον, εἰς Ἰταλίαν ἀπάξει τὰς δυνάμεις, συνέ πραξεν ὁ Λούκουλλος προθυμότατα πεμφθῆναι τὰ χρήματα καὶ μηδ' ἀρ

1. Il s'agit de la lettre menaçante de Pompée (demandant des renforts et de l'argent pour l'armée d'Espagne) qui nous a été conservée en entier par le Codex Vaticanus des Orationes de Salluste (Ed. Jordan, p. 118).

in Italiam deducto neque laus sua neque dignitas esset, omni modo stipendium et supplementum paravere, adnitente maxime nobilitate....

ἡστινοςοῦν προφάσεως ἐκεῖνον ἐπανελθεῖν ὑπατεύοντος αὐτοῦ· πάντα γὰρ ἐπ' ἐκείνῳ γενήσεσθαι τὰ τῆς πόλεως πα· ρόντι μετὰ τοσαύτης στρατιᾶς.

Ce simple rapprochement, si on le corrobore par d'autres coïncidences analogues, montre que Salluste a été la source principale de Plutarque dans la Vie de Lucullus; Plutarque l'a parfois suivi mot pour mot. Il est donc probable que le récit qui suit immédiatement chez Plutarque le paragraphe cité - intrigues de Lucullus auprès de Précia, maîtresse du tribun Céthégus, pour se faire décerner le gouvernement de Cilicie, devenu vacant - récit qui a excité les soupçons de quelques historiens modernes, est également emprunté à Salluste. Il n'en faudrait pas conclure que ce récit soit absolument conforme à la vérité; Salluste rapporte souvent des on-dit calomnieux sans s'en porter garant, et il affectionne les « histoires de femmes » (voir les histoires de Fulvia, Sempronia, Orestilla dans le Catilina).

Le fragment 16 de Salluste, que je viens de reproduire, confirme l'opinion que j'ai exposée ailleurs sur la date exacte de la 3° guerre mithridatique, faussement placée par la plupart des historiens (Clinton, Mommsen, etc.) en 74 av. J.-C. Nous voyons, en effet, par Salluste : 1o que l'Octavius, proconsul de Cilicie, que Lucullus remplaça en vertu d'un plébiscite spécial, n'est autre que le consul de l'an 75 2; 2o qu'Octave ne se rendit dans son gouvernement, conformément à l'usage ordinaire, qu'à l'expiration de sa magistrature, c'est-à-dire dans le courant de 74. Comme il fallait six semaines pour se rendre de Rome en Cilicie, autant pour que la nouvelle de la mort d'Octavius parvînt à Rome, un temps considérable pour mettre en mouvement le corps électoral et gagner les gens influents, tout porte à croire que Lucullus ne partit pour la Cilicie qu'à la fin de son propre consulat (74) et ne put prendre le commandement de l'armée contre Mithridate qu'au début de 73. C'est donc par erreur que l'épitome de Tite-Live' l'appelle encore Consul au moment des premières batailles. Son véritable titre est donné par Velleius Paterculus: ex consulatu sortitus Asiam (lisez Ciliciam) 4. D'ailleurs on m'a signalé tout récemment, au Cabinet des médailles de Berlin, un tétradrachme du roi Nicomède (III) de Bithynie portant la date AKE 224. L'année 224 de l'ère bithyno-pontique va d'octobre 74 à octobre 73; comme Eutrope 5 nous apprend que Nicomède mourut en 74, on voit que la date de sa mort est maintenant exactement déterminée et se place dans le dernier trimestre 74. Les

1. Revue numismatique, 2o trimestre 1887.

2. Consules decretas a patribus provincias inter se partivere: Cotta Galliam citeriorem habuit, Ciliciam Octavius.....

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Romains eurent encore le temps de faire main-basse sur son royaume et d'enlever ses trésors avant l'invasion de Mithridate: celle-ci n'eut donc lieu qu'au printemps 73.

Théodore REINACH.

222.

Correspondance de Rubens et documents épistolaires concernant sa vie et ses œuvres publiés, traduits, annotés par Ch. RUELENS, conservateur des manuscrits à la Bibliothèque royale de Belgique, à Bruxelles. Tome premier 1600-1608. Anvers, veuve de Backer, 1887, in-4 de xvi-440 p.

M. Ruelens, au début de son Introduction, cite le mot de feu Armand Baschet : « Il ne faudrait rien ignorer de la vie d'un artiste tel que Rubens », et il ajoute : « Nous prenons cette parole pour épigraphe de notre travail, en y changeant un mot, et nous disons: il ne faut rien ignorer de la vie d'un homme tel que Rubens ». Ainsi formulée, cette parole exprime rigoureusement le principe qui préside à notre publication, principe adopté par le congrès d'Anvers, en 1877, et par l'Administration qui a fondé le comité chargé de recueillir les documents relatifs à la vie et aux oeuvres de notre illustre compatriote. » L'excellent éditeur du Codex diplomaticus Rubenianus rappelle que Rubens n'a pas été seulement un des génies supérieurs de l'art, mais qu'il a été encore un grand citoyen, un savant, un lettré; que, dans les missions diplomatiques dont il fut chargé, sans porter le titre d'ambassadeur, il accomplit, par le seul ascendant de sa haute intelligence, des choses que l'on peut qualifier de prodigieuses; que, dans ses relations avec des savants de renom, il n'accuse aucune infériorité; que, dans ses écrits, il fait preuve d'un esprit cultivé, fort au courant du mouvement littéraire. Si sa carrière artistique est connue, si les services politiques qu'il a rendus, longtemps ignorés, ne sont découverts que d'hier, pour ainsi dire, ses qualités d'écrivain, ses connaissances variées n'ont pas encore été suffisamment révélées. A cet égard, un jugement complet, définitif, ne pourra être porté sur Rubens, que le jour où l'on aura sous les yeux, non pas l'ensemble - hélas! impossible à recueillir - mais tout au moins une partie notable de ses écrits et de sa correspondance.

M. R., jaloux de nous faire connaître Rubens sous ses multiples aspects, réunit dans son beau recueil les témoignages les plus abondants. Aux lettres écrites par l'éminent artiste sont jointes celles qui lui furent adressées, et aussi celles qui se rattachent directement ou même indirectement à quelque circonstance de sa vie. On voit combien est large le programme du très zélé éditeur et combien sera précieuse cette série de pièces d'où la lumière rayonne sur Rubens, sur ses parents, sur ses protecteurs, sur ses amis, sur les milieux dans lesquels ont vécu d'aussi intéressants personnages, ce qui permettra d'écrire enfin l'histoire mi

nutieusement exacte du merveilleux artiste, de son groupe et de son temps.

M. R., après avoir énuméré les publications de ses devanciers (MM. Armand Baschet, Gachard, Emile Gachet, Sainsbury, Villaamil, etc.), s'exprime ainsi (p. Iv): « Par ce résumé bibliographique, on voit que, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de tentative de réunir, même partiellement, en un corps, les documents épistolaires de Rubens, en leur donnant cette extension qui, seule, les fera considérer comme des maté riaux historiques de premier rang. C'est ce travail que nous avons entrepris. Nous recueillons donc, d'abord, tout ce qui a été publié avant nous; nous y ajoutons, ensuite, ce que nous avons puisé à différentes sources, ouvrages ignorés des éditeurs précédents, dépôts d'archives, bibliothèques publiques ou privées que nous avons été explorer en divers pays.

La réputation de M. R. comme consciencieux et habile travailleur est tellement bien établie, que je regarde comme inutile de constater que tous les textes du recueil sont publiés « avec l'exactitude que l'on exige aujourd'hui dans la reproduction des monuments ». Pour ce qui regarde ceux de ces matériaux historiques de premier rang » qui avaient déjà vu le jour, le diligent éditeur n'a voulu les réimprimer qu'après avoir religieusement collationné les textes sur les originaux à Aix-en-Provence, à Paris, à Mantoue, etc. Il a pu ainsi améliorer en bien des points les publications précédentes et, comme éditeur, arriver à la perfection.

Les lettres de Rubens sont, pour la plupart, en italien et en latin; un certain nombre sont en espagnol et en anglais; une quantité moindre est en flamand; quelques-unes sont en français. M. R. remarque très justement que cette diversité d'idiomes, qui n'était pas une difficulté pour Rubens, en serait une pour beaucoup de lecteurs. Afin de rendre le recueil accessible à tous, la Commission de publication a décidé de faire suivre chaque document d'une traduction française. Cette partie du travail ne mérite pas moins d'éloges que les autres parties: les versions de M. R. sont remarquables par leur fidélité. Le nouveau traducteur, se préoccupant beaucoup moins de l'élégance que de l'exactitude, s'est efforcé de rendre toujours le sens littéral et il y a toujours réussi.

Jusqu'à présent, les divers éditeurs de correspondances de Rubens avaient fait deux parts de celles-ci, en séparant les lettres diplomatiques des lettres particulières. M. R. a cru devoir adopter un procédé plus simple et plus logique rapprochant les dépêches du diplomate des missives de l'homme privé, il a constitué un corps unique de correspondance, où les documents sont classés par ordre chronologique. Le système préféré par M. R. offre surtout un grand avantage pour les commentaires : il ne donne lieu ni à des répétitions, ni à des renvois; il assure une «< continuité historique » à l'annotation.

Cette annotation était indispensable. M. R. dit très bien (p. vII) à ce

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