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derrière le grand autel de la cathédrale. De toute manière, il a été écrit plus de trente ans après les évènements accomplis; aussi ne faut-il lui demander aucun fait nouveau concernant la biographie du prélat. Tout au plus les miniatures ajoutent-elles quelques éléments à l'iconographie ancienne de Thomas Becket (p. XLI). C'est surtout à ce point de vue qu'il faut déplorer la perte de la plus grande partie du manuscrit et aussi, d'autre part, se féliciter des feuillets qu'on en a retrouvés.

Le texte est publié avec la scrupuleuse exactitude que M. P. M. apporte à tous ses travaux. Après avoir comparé la transcription qu'il a fait imprimer aux fac-similés du manuscrit original, je ne vois qu'un point où je lis autrement que M. Meyer. C'est dans la miniature du 3e feuillet. La scène de droite (recto) représente le roi Henri II servant à table son fils aîné qu'il vient de faire sacrer par l'archevêque d'York. Derrière le vieux roi un personnage prononce des paroles notées sur une longue banderolle qui part de sa main droite. M. M. lit, page 15: « Ne (?) majestas nimis inclinata. » Je crois bien qu'il y a Ecce au lieu de Ne; encore n'oserai-je l'affirmer. M. M. paraît avoir revu de moins près les citations latines qu'il a multipliées dans sa préface 1; quelques fautes d'impression lui ont échappé, mais ce ne sont que des vétilles.

En somme, il faut remercier vivement M. Paul Meyer de sa nouvelle publication. Puisse-t-il nous donner bientôt l'édition du poème de Garnier de Pont-Sainte-Maxence qu'il a été chargé de préparer pour la collection du Maître des rôles avec les textes français relatifs à Thomas Becket; puisse-t-il aussi ne pas nous faire trop longtemps attendre le poème composé en l'honneur de Guillaume le Maréchal!

Charles BÉMONT.

262. — 1, Friedrich der Grosse als Kronprinz, von Reinhold KOSER, a. o. Professor an der Universität Berlin. Stuttgart, Cotta, 1886. In-8, vi et 267 p. 4 mark. (5 fr.)

2. Friedrich der Grosse als Philosoph, von Eduard ZELLER. Berlin, Weidmann, 1886. In-8 et 298 p. 7 mark. (8 fr. 75).

1.-M. Koser est plus compétent que tout autre pour écrire la vie de Frédéric II. C'est lui qui tout récemment, a publié les mémoires et journaux si intéressants du lecteur de Catt. Il s'occupe depuis longtemps de la correspondance politique du grand roi ; il a pu consulter les documents si nombreux et si importants des archives de Berlin; er sitzt an der Quelle, comme on dit en allemand, il est à la source et il sait y pui1. Page viij, on a imprimé Solisburg au lieu de Salisbury. Page ix, citation du Quadrilogus, 4 ligne, lire: qui eum, non eim.- Page xv, citation de Herbert de Bosham, ligne 5, lire tam affectuosae, non tum; 5° ligne avant la fin, arguens eum, au lieu de cum. Page xix, citation de Herbert; ligne 3, lire litteras impetraverat; ligne 6 archiepiscopi Cantuariensis, au lieu de Cartuariensis. Page xxvj, ligne 4; omnes conclamantes, au lieu de conclamentes.

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ser. Il nous donne aujourd'hui une étude sur Frédéric II, prince royal, et ce travail est le meilleur que nous ayons jusqu'ici sur la jeunesse, encore assez peu connue, du vainqueur de Rossbach 1. M. K. retrace d'abord l'enfance du prince royal ou, comme on le nomma jusqu'à la paix d'Utrecht, du prince d'Orange, l'enseignement de Duhan de Jandun et de Francke, les jours de Sturm und Drang, les premiers démêlés entre le père et le fils. Puis vient le chapitre le plus intéressant, le plus instructif du livre, celui que M, K. consacre à la fuite du jeune prince. Les relations de Frédéric avec Hotham et Guy Dickens, la promesse qu'il donne d'épouser une princesse anglaise, son intimité avec le malheureux Hans Hermann de Katte, sa tentative d'évasion qui est trahie par un page, la colère de Frédéric Guillaume, l'arrestation du prince royal et de son confident, l'interrogatoire des prisonniers, l'execution de Katte à Küstrin sous les fenêtres du Kronprinz, tout cela est raconté par M. K. avec une simplicité saisissante, d'après un grand nombre de documents inédits, et l'on saura à l'auteur le plus grand gré de ce récit définitif d'un épisode sur lequel on avait forgé tant de légendes absurdes. Le prince fut grâcié et après avoir juré devant une commission, à haute et intelligible voix, sans reservationes mentales » qu'il ferait toujours strikte und gehorsamlich la volonté du roi, attaché, en qualité d'auditeur, à la chambre des domaines de Küstrin, pour y apprendre son métier de souverain, c'est-à-dire, comme disait son père, non seulement de Landesherr, mais de Wirt et d'Oekonomus. Il habitait dans la ville la maison du prédicateur de la cour; mais il ne devait, sous aucun prétexte, sortir de la forteresse, et les soldats ne lui présentaient pas les armes. C'est dans la correspondance du directeur Hille avec le général Grumbkow que M. K. a trouvé les informations qu'il nous donne sur ce séjour de Frédéric à Küstrin; le prince, dit Hille, se pique extrêmement d'avoir de l'esprit;... il ne connaît presque les Allemands;... il croit que les Français sont tels qu'ils se dépeignent dans leurs livres. Au bout d'un an, son père le fiança et lui donna un régiment. Le jeune prince qui n'avait pas, comme on l'a cru, de repentir et de remords et qui ne désirait qu'une chose, sortir de Küstrin, échapper à sa captivité déguisée et obtenir sa liberté à quelque prix que ce fût, le jeune prince se consacra tout entier à ses nouvelles fonctions de colonel dans sa garnison de Ruppin, sa « garnison chérie, » comme il ne tarda pas à

1. L'ouvrage est ainsi divisé : I. Dans la maison paternelle (Im Elternhause). II. La tentative de fuite (Der Fluchtversuch). III. A la Chambre et au régiment (In der Kammer und beim Regiment). IV. Rheinsberg. V. La politique du prince royal. VI. Dernières relations de Frédéric avec son père (Spæteres Verhältniss zum Vater). Il se termine par un appendice (Anhang) qui renferme les notes et remarques justificatives et par des annexes (Beilagen): deux poésies du prince royal écrites en 1731, un portrait du jeune Frédéric tracé par Hille dans une lettre à Grumbkow du 8 février 1732 et une relation dictée par Frédéric Guillaume I à Mylius von des Cron Printzens Hoheit intendirten retraite.

l'appeler. En 1734, il se rendit à l'armée du prince Eugène et se familiarisa avec le service de campagne. Au retour, il se maria et habita le château de Rheinsberg. M. K. trace le tableau de l'existence que mena Frédéric dans ce « Sans-souci », ne cessant de se livrer à la lecture que son père lui avait si sévèrement défendue autrefois, s'ensevelissant dans les livres, s'entourant de joyeux compagnons qui sont aussi des lettrés, Jordan, Keyserlingk, Fouqué, le major Stille, Chasot, expliquant Descartes et Wolff, entrant en correspondance avec Voltaire. Mais pendant ces quatre années qui semblent vouées uniqnement à la littérature et aux plaisirs de l'esprit, Frédéric étudiait son Europe; il écrivait ses Considérations sur l'état présent du corps politique; il publiait son Antimachiavel; dès 1737, il jugeait la situation de l'Autriche très critique; il ne cachait pas de belliqueuses visées; Seckendorff assurait qu'il commencerait son règne par un grand coup, et son père, le montrant du doigt, disait : « Voilà quelqu'un qui me vengera un jour ». La réconciliation s'était faite entre Frédéric Guillaume et son fils; mais elle n'était pas pleine et entière. M. K. montre qu'il y avait encore des soupçons, des méfiances, et que la confiance ne fut rétablie qu'après la mort de Grumbkow. L'auteur fait là dessus, à propos de certaines paroles fort dures et cruelles qui échappèrent au jeune Frédéric, de fines réflexions (p. 202). Remarquons encore les pages consacrées au voyage de Königsberg; M. K. traduit la lettre que Frédéric écrivait alors à Voltaire et qui démontre la maturité de son esprit, qui prouve que le prince admirait sincèrement la sage administration de son père, son infatigable activité, son souci des moindres détails. Le 31 mai 1740 mourait le roi-sergent. Il nous paraît que M. K. l'a jugé trop favorablement, et que dans son désir de rester impartial, de sembler plus juste que ses devanciers, il a jugé Frédéric II, son héros, plus sévèrement qu'il l'aurait dû. Il avoue quelque part que le père et le fils sont tous deux coupables; mais il ne marque pas assez ce que le père avait de rude et de brutal, pour ne pas dire de barbare. Frédéric Guillaume cachait peut-être un bon cœur sous sa grossière écorce; mais il s'y prit fort mal pour gagner l'affection de son fils: il n'eut aucune indulgence, aucune pitié pour des égarements de jeune homme; plus d'une fois il saisit Frédéric par les cheveux et le jeta à terre, lui fit les plus sanglantes réprimandes devant toute la cour, l'accabla au point de dire « Si mon père m'en avait fait autant, je me serais brûlé la cervelle ». Voilà la critique principale que nous ferons à M. Koser. On croit, à le lire, que Frédéric Guillaume n'eut jamais tort; qu'il avait le droit d'élever son fils à sa façon, de le tourmenter à son gré, de le tyranniser. Dirons-nous encore que M. K. n'a pas donné une assez grande importance aux études militaires de Frédéric, et qu'il ne parle point,

1. Citons cette jolie phrase: Urkundliche, hæssliche Worte; das krankhafte Nachzittern des alten Grolles, der allzu tief sich eingefressen hatte, wie ein Gift, dessen tückischer Rest sich nie ganz aus dem Korper ausscheiden læsst.

par exemple, de la lecture de Feuquière, qu'il n'a pas traité avec assez de détail la période de Rheinsberg? Lui reprocherons-nous d'avoir employé le mot blumenreich en parlant du style de Charles XII (p. 145) et de faire de Gresset un Epiker (p. 154)? Nous terminerons plutôt notre article en louant de nouveau les qualités que M. K. a déployées dans ce nouvel ouvrage; la profonde connaissance du sujet entièrement rajeuni par des pièces authentiques, le choix habile des détails, l'heureuse disposition des chapitres, le style clair, facile, élégant. Son livre est le digne commencement d'une grande histoire de Frédéric II. Ajoutons que le récit n'est pas embarrassé par les notes; c'est à la fin du volume, selon l'usage allemand, que M. Koser a relégué les remarques, et on ne lira pas sans intérêt cet appendice important avec toutes ses indications bibliographiques et ses preuves tirées des archives ou des documents imprimés.

2. On nous permettra d'annoncer brièvement le volume de M. Edouard Zeller sur Frédéric philosophe : il comprend, outre l'introduction, sept chapitres : rapports de Frédéric avec les philosophes de son temps et ceux du passé; ses opinions sur les principales questions de la philosophie, Dieu et le monde; la nature et l'homme; la vie morale, ses devoirs et ses lois; la vie de l'Etat; l'attitude de Frédéric à l'égard de la religion; ses idées sur l'enseignement et l'éducation. C'est, comme tout ce qui part de la main de M. Ed. Zeller, une œuvre consciencieuse et solide, un peu froide et sévère, écrite avec une extrême simplicité, remarquable par sa clarté et ses vues d'ensemble, faite naturellement au point de vue allemand et rapprochant, par exemple, Frédéric de Kant et de Lessing. Elle est suivie de remarques (Anmerkungen) ou mieux de notes au nombre de 496 (p. 183-296) — qui renvoient aux passages cités de la correspondance et des œuvres de Frédéric.

A. CHUQUET.

263.

Archiv für Geschichte der Philosophie, dirigé par Ludwig STEIN. 1er fascicule, 1887. Berlin, Reimer.

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On constate depuis quelque temps une transformation dans le caractère des Revues philosophiques allemandes. Le dogmatisme — qu'il s'appelle idéalisme ou naturalisme y perd du terrain; on s'occupe davantage de l'histoire des idées dans le passé et dans le présent; on commence même à comprendre que toute la philosophie moderne ne tient pas dans les publications des professeurs allemands et que le mouvement philosophique en France, en Angleterre, en Italie mérite d'être étudié de plus près qu'autrefois. Ce changement était déjà manifeste dans le nouveau cararactère qu'a pris l'année dernière un des plus an

ciens périodiques consacrés à la philosophie, la Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik. Fondé par Fichte (le fils) et Ulrici, dans un esprit très dogmatique et batailleur, ce recueil est actuellement dirigé par MM. Krohn et Falckenberg. Leur préface exprime très nettement les idées qu'on vient d'esquisser et sonne comme le « Déposons les armes » du choeur de Gounod. Mais la tendance nouvelle est encore plus clairement marquée dans une publication dont nous recevons aujourd'hui le premier fascicule : l'Archiv für Geschichte der Philosophie, dirigé par M. Ludwig Stein. M. Stein qui est, croyonsnous, un Suisse, a composé une remarquable étude sur la psychologie stoïcienne dont nous avons rendu compte ici même; il a su s'associer les collaborateurs les plus distingués: MM. Zeller, Diels, Benno Erdmann, etc. Comme l'indique le titre du recueil, le dogmatisme est absolument exclu de la nouvelle Revue; elle est consacrée exclusivement à l'histoire de la philosophie, entendue au sens le plus large. Sur les huit articles de fond du premier numéro, l'un est un aperçu d'ensemble, une sorte de programme signé Zeller; quatre se rapportent à la philosophie grecque, trois à la philosophie moderne; enfin cinq comptesrendus très nourris étudient le mouvement historico-philosophique en Allemagne et en Angleterre pendant l'année 1886. Ce qui n'est pas moins remarquable que le large éclectisme philosophique qui a présidé à cette nouvelle publication, c'est son caractère international. On a demandé à des Anglais, MM. Bywater et Schurman, le compte-rendu des ouvrages anglais; à un Français, M. Paul Tannery, celui des livres français et ces comptes-rendus sont publiés dans la langue même où les ont rédigés les auteurs, en anglais et en français. On ne saurait pousser le cosmopolitisme scientifique plus loin! La Revue critique n'a jamais reconnu de frontières en matière de science; elle ne peut donc que souhaiter bonne et longue vie à ses nouveaux confrères.

Th. R.

CHRONIQUE

FRANCE. M. Hartwig DERENBOURG a fait tirer à part l'article de quatre pages qu'il avait donné à la Jubelschrift publiée à Breslau pour le 70° anniversaire de la naissance du professeur Graetz (31 octobre 1887). Cet article a pour titre Un passage sur les Juifs au x11° siècle traduit de l'autobiographie d'Ousâma. « Juifs et chrétiens unis contre les musulmans, dit M. H. Derenbourg, voilà le spectacle rare que l'autobiographie d'Ousâma présente à deux reprises dans le morceau dont j'offre la traduction à l'illustre historien des Juifs. »

- M. l'abbé F. VIGOUROUX a fait paraître chez Roger et Chernoviz le tome troisième de son ouvrage Les livres saints et la critique rationaliste, histoire et réfutation des objections des incrédules contre la Bible, avec des illustrations d'après

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