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m'impute des torts à l'égard de M. O'Looney prouve, de nouveau, qu'il ne m'a pas lu.

Le reproche de grossières contre-vérités » grobe Unwahrheiten, s'applique, p. 167, au récit que j'ai fait de la façon dont j'ai été accueilli par les Franciscains de Dublin. Sous prétexte d'un règlement, on a re fusé de me recevoir plus de trois heures par jour et on ne m'a pas accordé l'autorisation que j'ai demandée de tirer les manuscrits tous en même temps du coffre-fort où ils sont renfermés sans aucun classement, pêle mêle avec des imprimés. Je voulais les mettre dans l'ordre du catalogue dressé par M. Gilbert, les numéroter conformément à ce catalogue et voir ainsi clairement si les manuscrits indiqués par M. Gilbert existaient, si même il y en avait d'autres. Les révérends pères ont trouvé désobligeante mon observation sur le mauvais ordre de leur précieuse collection, et je suis parti, n'ayant pu voir qu'une portion des manuscrits. Ce récit est faux, répond M. Z.; le règlement dont parle M. d'Arbois n'existait pas on m'a, dit-il, laissé étudier les manuscrits sept heures par jour au lieu de trois, comme le raconte M. d'Arbois, etc., etc.

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Mais de ce que le règlement a été opposé à M. d'Arbois, il ne suit pas que ce règlement existe ou qu'habituellement il s'applique. Je n'en sais rien. M. d'Arbois a très mauvais caractère : tout le monde le sait; il a eu la maladresse de dire aux révérends pères des vérités peu agréables on ne lui a ouvert la bibliothèque que trois heures par jour; bienheureux qu'on ne la lui ait pas fermée tout à fait. Le premier jour, 18 juillet 1881, il n'a pu obtenir qu'un seul manuscrit, le Liber Hymnorum, dont il a dû encore se contenter le 19. On a consenti le 20 à lui en communiquer un autre; le 21, il en a obtenu davantage, mais sans cependant recevoir réponse favorable à sa demande d'être autorisé à ranger les uns à la suite des autres, dans l'ordre du catalogue, tous les manuscrits. C'est alors qu'il a quitté les Franciscains pour ne plus les revoir.

M. Z., à l'opposé de M. d'Arbois, a, comme tout le monde le sait, le caractère le plus charmant, surtout quand il le veut bien. Il n'a dit aux révérends pères que des choses aimables et on ne lui a pas opposé un règlement qui n'existe point ou qui ne s'applique pas. Mais il ne suit pas de là que les manuscrits des Franciscains soient en ordre et qu'ils portent des numéros de catalogue; M. Z. est obligé de reconnaître implicitement cette fâcheuse situation, quand, page 176, il se vante d'avoir découvert que deux manuscrits du « Dialogue des vieillards, » Agallam na Seneorach, décrits par lui l'un aux pages 168-170, l'autre aux pages 170-175, sont identiques, le premier au no IV, « Dialogue of sages », du catalogue de M. Gilbert; le second au numéro XXIX, Dialogue of sages » du même catalogue. Il n'y aurait pas pour lui à être fier de cette trouvaille si les manuscrits avaient été l'objet d'un numérotage régulier, correspondant au catalogue. En

constatant le désordre dans lequel se trouve la précieuse collection des Franciscains, j'ai eu la maladresse de ne pouvoir contenir un sentiment d'indignation bien naturel chez un ancien archiviste qui a eu pendant vingt ans une bibliothèque publique sous sa surveillance. Ce sentiment qui persiste chez moi et que tout bibliothécaire partagera, me rend indifférent à l'irritation que mes paroles auraient, suivant M. Z., soulevée à Dublin, tant chez les Franciscains que chez leurs amis : « Die « Entrüstung über die oben angeführte Münchhausiade des Herrn d'Ar<< bois ist daher in Dublin nicht bloss bei den davon betroffenen Fran<< ziskanern zu treffen. » (p. 168). Cela m'est égal. J'ai dit la vérité. Tant pis pour ceux qu'elle blesse; tant pis pour ceux qui n'ayant ni la notion de l'ordre, ni le respect des livres, sont incapables de saisir ma pensée!

M. Z. réserve pour le coup de la fin (p. 198) un passage du livre de Leinster, que, suivant lui, M. d'A. n'a pas su lire, ou n'a pas su compris. Il s'agit des lignes 30-41 de la page 245. M. Z. les reproduit en en retranchant la partie centrale, c'est-à-dire la fin de la ligne 31, les lignes 32, 33, 34, 35 et le commencement de la ligne 36, et il arrive ainsi à un sens différent de celui que donne M. d'Arbois. Ce texte, abrégé comme l'a fait M. Z. par la suppression de presque moitié, peut se traduire ainsi : « Voici l'énumération des histoires préliminai<«< res du Táin Bó Cualnge; il y en a douze, savoir: « La prise du « Sid, » etc. (ici la suppression). On dit aussi qu'aux histoires prélimi naires appartiennent les récits dont le titre suit : « 1° Comment Cûchu<< lainn se rendit à la maison de Culann le forgeron; » « 2o Comment Cù<«< chulainn prit les armes et monta en char pour la première fois; » « 3o Comment Cúchulainn alla à Emain Macha trouver les jeunes gens. » << Mais c'est dans le corps du Táin Bó Cualnge que sont racontées ces << trois dernières histoires. » De ce texte au milieu duquel un etc. remplace cinq lignes, M. Z. conclut que je me suis trompé quand j'y ai renvoyé pour justifier l'affirmation que les trois histoires mentionnées en dernier lieu font partie des histoires préliminaires du Táin Bó Cualnge. Je répondrai par une traduction intégrale du texte inconsciemment mutilé par M. Zimmer: « Voici l'énumération des histoires « préliminaires du Táin Bó Cualnge; il y en a douze : 1o La prise « du Sid; 2o La vision du fils d'Oc; 3o La dispute des deux porchers; « 4° L'enlèvement des vaches de Regaman ; 5° Les aventures de Nera; «6° La conception de Conchobar; 7° La demande en mariage de .....; << 8° La conception de Cûchulainn; 9° L'enlèvement des vaches de Fli« das; 10° La demande en mariage d'Emer. On dit aussi qu'aux his<toires préliminaires appartiennent les récits dont le titre suit : «< 1o Comment Cûchulainn se rendit à la maison de Culann le forge<«<ron; 2o Comment Cûchulainn prit les armes et monta en char pour « la première fois; 3° Comment Cúchulainn alla trouver les jeunes <«< gens à Emain Macha. Mais c'est dans le corps du Táin Bó Cualnge « que sont racontées ces trois dernières histoires. »

Ces trois dernières histoires sont des divisions du morceau intitulé : « Exploits juvéniles de Cúchulainn », Macgnémrada Conculaind. Dans les rédactions du Táin Bó Cualnge que nous ont conservées deux mss., l'un de la fin du xio, l'autre du milieu du xe siècle, ce morceau est intercalé comme épisode dans le Táin bien que racontant des évènements antérieurs à ceux qui font le sujet de cette épopée. Il y avait une autre recension qui plaçait les « Exploits juvéniles de Cuchulainn » parmi les histoires préliminaires. Et, en effet, quand le rédacteur du passage que nous avons traduit veut énumérer les douze histoires préliminaires, il n'en peut trouver que dix, si l'on compte le titre incomplet « 7o Demande en mariage de..... », ou neuf dans le cas où l'on retrancherait ce titre incomplet qui peut être fait double emploi avec le n° 10, << Demande en mariage d'Emer ». Si l'on réduit l'énumération à neuf histoires préliminaires, il faut les trois divisions des « Exploits juvéniles » pour compléter le nombre de douze histoires. Si l'on maintient le chiffre de dix, en lisant par exemple, no 7, « Demande en mariage de [Ferb] », les « Exploits juvéniles » fournissent deux numéros au lieu de trois dans la liste des douze histoires préliminaires. Quoiqu'il en soit, l'impossibilité où le rédacteur du livre de Leinster se trouve d'énumé rer les douze histoires préliminaires qu'il annonce, nous donne le droit d'y comprendre, conformément à la tradition constatée par lui, les « Exploits juvéniles de Cúchulainn ». Voilà ce que M. Z. cache aux lecteurs de son article en ne leur offrant qu'un texte incomplet. Je ne songe nullement à incriminer sa bonne foi. Le pauvre garçon ! Il ne peut lire le nom de M. d'Arbois, et à plus forte raison tenir entre les mains un livre de M. d'Arbois, sans se trouver dans un état de surexci. tation et de malaise qui lui trouble la vue. M. d'Arbois a eu de si grands torts envers lui!

Cependant je ne demande pas mieux que de rendre justice à M. Zimmer. Dans son mémoire, comme dans tout ce qu'il publie, il y a beaucoup d'excellentes choses. Ainsi on y trouve toutes sortes de détails intéressants et instructifs sur des pièces qui devraient être mentionnées dans un traité complet de la littérature épique de l'Irlande, mais qui, manquant de titre, restaient en dehors du cadre que s'est proposé de remplir l'auteur de l'Essai d'un catalogue, puisque son travail consiste en une nomenclature par ordre alphabétique de titres. Pour les pièces dépourvues de titre, un catalogue par ordre alphabétique des premiers mots du texte serait un très utile travail. J'ai réuni en partie les matériaux de ce travail; mais je laisse à d'autres l'honneur de le faire; jamais je n'ai pris l'engagement de m'en occuper, et personne n'a le droit de me reprocher de ne l'avoir pas entrepris.

Cependant M. Z. a de loin en loin signalé quelques pièces dont les titres m'ont échappé. Tel est le morceau intitulé: « Mort de Find », Aided Find, dont le titre manque dans Laud 610 fo 122, mais est donné dans Egerton 1782, fo 24 b. 2. M. Z. doit cette observation à M. Kuno

Meyer. Elle est parfaitement fondée. En effet, quand le samedi 20 août 1881, j'ai transcrit au British Museum le commencement du morceau dont il s'agit, j'ai par distraction oublié de copier le titre, ainsi qu'il résulte du passage relatif à ce morceau, page 106 du recueil des notes que j'ai prises dans les Iles Britanniques. De là, dans Essai d'un catalogue, p. 24, cette mention erronée : « Aided Find. Cette pièce est perdue. » La pièce existe dans deux mss. Cette indication n'est qu'un exemple des quelques excellentes rectifications que l'on pourra trouver dans le mémoire très savant, bien qu'un peu passionné, de M. Zimmer. Mais, dans son intérêt même, que M. Z. se calme! Qu'il redevienne maître de lui-même, et qu'à l'avenir il lise avec un peu plus d'attention les livres qu'il critique, même les livres des gens qu'il considère comme ses plus grands ennemis, et qu'il étudie un peu plus froidement les documents qu'il leur oppose. Que dis-je? J'oublie que je suis un des adversaires de M. Z. Je dois rentrer dans mon rôle. Puisse M. Z. rester toujours le même, et continuer, lorsqu'il m'attaque, à se trouver dans un tel état d'irritation qu'il ne sache pas ce qu'il dit! H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.

154.

Giessener Studien auf dem Gebiete der Geschichte. III. Beitræge zur neueren Geschichte von Wilhelm ONCKEN. Giessen, Ricker, 1886, 11, 90 p. in-8.

Nous avons parlé déjà de ces Giessener Studien, renfermant des travaux sur l'histoire moderne, élaborés au séminaire historique de Giessen, et publiés sous la direction de M. W. Oncken, professeur d'histoire à l'Université de cette ville'. Le troisième volume de ces Etudes comprend quelques dissertations rédigées par M. O. lui-même et qui se rapportent, pour la plupart, à des critiques de détail dont certains travaux de l'auteur ont été récemment l'objet. La première de ces études est une réplique à M. Koser, archiviste à Berlin, qui dans la Revue historique de M. de Sybel, avait attaqué plusieurs données du Siècle de Frédéric le Grand, ouvrage savant et volumineux que M. O. a fait paraitre dans la grande Histoire universelle (Allgemeine Geschichte in Einzeladarstellungen) qu'il dirige depuis une dizaine d'années. L'auteur y discute principalement la question de savoir si la rédaction. du fameux manifeste de 1756 est due à Frédéric II lui-même, ou bien à son futur ministre Hertzberg, et se prononce pour la collaboration du ministre Finckenstein et du conseiller de légation Hertzberg. Sur quelques autres points encore, M. O. défend naturellement contre Koser la manière de voir qu'il avait exposée dans son grand ouvrage. La seconde dissertation se rapporte à une prétendue lettre du baron de

1. Revue critique, 6 juillet 1885.

Stein. Dans son ouvrage, Oestreich und Preussen im Befreiungskriege (I, 230-231), M. O. avait publié une lettre de Breslau, datée du 17 février 1813, qu'il attribuait au célèbre ministre et patriote prussien. Sur les observations de M. Max Lehmann, il a dû reconnaître aujourd'hui que c'est d'un autre Stein, obscur gentilhomme silésien, qu'émane le document en question. Mais il a profité de l'occasion que lui offrait cette polémique pour donner d'intéressants détails sur le rôle joué par Stein (le vrai) dans les négociations entre Alexandre Ier et Frédéric-Guillaume III, détails qui écartent plus d'une donnée de la tradition courante à ce sujet.

Dans un troisième mémoire, Zur Maria-Stuart Frage, M. O. reproduit l'exposé des récentes controverses relatives à Marie Stuart qu'il a publié dans une revue illustrée allemande. Abstraction faite de sa polémique contre M. Gaedeke, l'auteur d'une Vie de Marie Stuart, à propos de quelques menus détails ', il s'y occupe surtout de l'état actuel de la question des fameuses lettres de la cassette. Il démontre, ou cherche à démontrer, l'innocence de Marie Stuart par des extraits de la correspondance de Cécil, d'Elisabeth, de la comtesse de Lennox, etc. M. O. n'a pas grand peine à établir, après beaucoup d'autres, la probabilité d'une falsification, soit partielle, soit même absolue, des lettres de la reine, trouvées dans ladite cassette. Mais cette démonstration, très importante vis-à-vis des auteurs qui basaient uniquement sur elles leur opinion relativement à la culpabilité de Marie Stuart, n'est pas aussi décisive qu'on veut bien le dire, pour ceux qui n'admettent pas l'innocence absolue de la reine d'Ecosse, tout en ayant fait le sacrifice, depuis longtemps déjà, de cette correspondance si discutée. Nous aurions beaucoup désiré voir M. Oncken appliquer son remarquable talent d'historien à la discussion des autres charges qui pèsent sur Marie Stuart et surtout à celle de son attachement pour Bothwell, attachement qu'on a bien souvent nié, il est vrai, mais en fermant volontairement les yeux à l'évidence.

R.

155. Histoire du cardinal Le Camus, évêque et prince de Grenoble, par l'abbé Charles BELLET. Paris, Alph. Picard, 1886, grand in-8 de xx-416 et 84 p.

M. l'abbé Bellet constate (Préface, p. 1x) que si l'on met à part quelques rares et courtes biographies, on ne trouve sur le cardinal Le Camus aucun travail sérieux. Le seul écrivain qui l'ait entrevu sous son vrai jour, dit-il, est Sainte-Beuve qui, avec sa pénétration ordinaire, lui a consacré dans son Port-Royal (3o édit., t. IV, p. 528-55) une no

1. La discussion sur l'orthographe du nom de Darnley (Darley ou Darnley?) joue encore ici un rôle trop considérable, eu égard à l'importance minime de la question,

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