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un moment dans la question et rendre compte des remarques faites depuis le 18 juillet, époque à laquelle elle a communiqué son dernier rapport.

A cette date, la culture désignée par ordre d'inscription, sous le N° 4, avait été superficiellement envahie par le petit champignon parasite et destructeur auquel on attribue la maladie, et qui du moins en est ordinairement le précurseur.

De tous côtés les tiges et les feuilles tombaient en pourriture, et la totalité en eût été perdue sans l'active intelligence du cultivateur, qui les fit enlever à la faucille et employa à la nourriture des vaches celles qui n'étaient pas encore trop altérées. Les lignes furent rechaussées de manière à recouvrir complétement la souche restée hors de terre. Cette opération eut lieu à la fin de juillet. L'époque de la récolte arrivée, nous avions hâte d'en connaître le résultat, et nous pûmes nous convaincre que tous les tubercules avaient été préservés ; ils étaient sains, nombreux et bien nourris; pas un ne présentait l'apparence de la maladie. Nous n'avions pas encore eu l'occasion de voir par nous-mêmes le résultat de cette pratique qui n'est pas nouvelle, mais qui mérite d'être recommandée. Cependant, aucune partie du champ n'ayant été abandonnée à l'influence du champignon épiphyte, comme point de comparaison, il y aurait peut-être de la témérité à affirmer que l'enlèvement des tiges et le rechaussage ont été les seules causes de la préservation dont nous avons été témoins; surtout si l'on considère que les circonstances atmosphériques exceptionnelles de cette année ont dû exercer une influence dont il n'est pas facile d'estimer la portée. Quoi qu'il en soit, nous croyons que, dans des circonstances analogues, il y aura prudence à adopter un système qui a produit sous nos yeux des résultats aussi remarquables, soit par lui-même, soit aidé d'influences dont nous ne pouvons apprécier la valeur.

La culture N° 5 a vu aussi une partie de ses plantes couvertes du champignon; mais, au lieu de couper les tiges à la faucille, le fermier a trouvé plus simple de les arracher en

pressant tout autour le sol avec les pieds pour s'opposer à la sortie des tubercules. Ce moyen, qui économise beaucoup de temps, puisqu'il dispense de rechausser, a fourni des résultats aussi complétement satisfaisants que le premier.

Après avoir terminé nos remarques sur les cultures particulières de nos concurrents, nous avons dû jeter un coup d'œil sur la question envisagée d'une manière plus générale. Nous nous sommes demandé si les essais que nous avions suivis, essais dirigés pour la plupart avec zèle et intelligence, avaient jeté quelques lumières sur le point que nous voulions éclairer; c'est-à-dire, si la plantation anticipée de la pomme de terre peut être considérée comme un moyen assuré de préservation. Il faut bien l'avouer, notre concours, cette année, a été sous ce rapport d'une bien faible valeur, et nous sommes loin de nous en plaindre. La Providence, pressée sans doute de diminuer les souffrances occasionnées par une année de disette, a répandu l'abondance indistinctement sur toutes les récoltes que nous avons vues, sans laisser pour ainsi dire de termes de comparaison entre les différents modes de culture. Les plantations anticipées dont nous avons suivi le développement, ont toutes été préservées; mais, à côté, les plantations tardives n'ont pas souffert davantage. Sommes-nous arrivés à la fin du fléau? Ne serait-ce qu'une pause dans les épreuves qui nous seraient encore réservées ? Ces questions sont d'un autre ordre que celles dans lesquelles nous devons nous renfermer.

CONCLUSIONS.

Si le but que la Société s'est proposé en publiant son programme n'a pas été atteint, ainsi que nous le disions tout à l'heure, ce n'est pas assurément la faute des cultivateurs qui ont pris part au concours. C'est pour cela que votre commission vous propose d'accorder à tous un témoignage de satisfaction et à plusieurs d'entre eux une récompense proportionnée à leur mérite.

Quoique les cultures que nous avons plus particulièrement

distinguées aient été dirigées avec zèle et intelligence, aucune n'a paru assez supérieure aux autres pour mériter à elle seule le prix de 200 francs indiqué au programme. Conséquemment votre commission vous propose de le répartir de la manière suivante :

Un premier prix de.
Un deuxième prix de.

Une médaille en argent.

80 fr. à la culture no 3, dirigée par M. Bay.
60

à la culture no 5, dirigee par M. Portebœuf.
à la culture no 1, dirigée par M. Simon.
à la culture no 4, dirigée par M. Gomber.
à la culture no 6, dirigée par M. Gasselin-
Duverger.

Peut-être que la culture N° 1 eût mérité d'être classée plus haut, relativement à ses produits; mais le propriétaire se trouve dans des conditions tellement exceptionnelles relativement à la masse d'engrais dont il dispose, que la commission n'a pas cru devoir lui tenir compte d'un avantage particulier dont ne jouit aucun des autres concurrents. Il a semblé plus équitable de prendre pour base des appréciations les méthodes et les soins de culture dans des circonstances ordinaires, et c'est la marche que la commission a suivie.

La Société adopte les conclusions de la commission.

COMMUNICATION

relative a la culture de pluSIEURS VARIÉTÉS DE POMMES De terre; PAR M. DUGRIP.

MESSIEURS,

Au moment où la Société cherche par tous les moyens en son pouvoir à découvrir un remède à la maladie des pommes de terre, où dans l'espérance d'arriver à ce résultat elle offre un prix au concours à celui qui par une plantation précoce aura obtenu le plus beau résultat, j'ai pensé que vous accueilleriez

avec votre bienveillance habituelle le rapport des essais que j'ai faits dans le même but.

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Dans le cours de 1852, j'ai obtenu de M. Brard deux variétés de pommes de terre dont il avait présenté des caisses à notre dernière exposition; elles avaient été remarquées alors par la hauteur et la vigueur de leurs tiges; elles paraissaient aussi saines qu'on pouvait le désirer. L'une de ces variétés avait été apportée par lui d'Oran (Afrique), il la cultivait depuis plusieurs années, il la vantait comme d'une fertilité bien supérieure à toutes les espèces que nous cultivons; il me dit n'avoir eu qu'un très-petit nombre de tubercules gâtés.

L'autre variété, qu'il appelle pomme de terre de Bretagne, est blanche, légèrement tachée de rose; la chair en est moins farineuse que celle de nos pommes de terre jaunes; cette espèce était, me dit-il, remarquable parce qu'elle avait été jusqu'alors à l'abri de la maladie.

:

Je me proposai de faire l'expérience suivante de planter pendant sept mois de suite ces deux variétés à côté de la pomme de terre jaune précoce, dite de Saint-Jean, que nous cultivons avec beaucoup de succès depuis très-longtemps, mais qui a été fortement atteinte par la maladie depuis deux ans. (Plus d'un tiers de mes pommes de terre ont été jetées de côté au moment de la récolte dernière sans pouvoir en tirer aucun parti pour les porcs; depuis, j'ai fait faire des choix continuels pour faire consommer celles qui commencent à s'attaquer.) Le 20 octobre 1852, j'ai planté dans une terre parfaitement saine, de très-bonne qualité, un peu sablonneuse, dans la commune de Valennes, deux pommes de terre d'Oran, de grosseur moyenne, deux de Bretagne et deux jaunes précoces.

Le 20, novembre j'ai fait une semblable plantation; j'ai ainsi continué jusqu'au 20 avril; mes sept plantations se composaient par conséquent de 14 pommes d'Oran,

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Indépendamment de cet essai, fait dans un jardin de bonne qualité qui aurait pu difficilement donner une preuve convainquante du succès pour la grande culture, j'ai planté le 20 novembre deux hectolitres de pommes de terre jaunes dans un terrain argileux et siliceux passablement sain; j'ai planté en outre ce qui me restait de petites pommes de terre d'Oran, environ une douzaine, et quelques pommes de terre bretonnes; cet essai a complétement échoué. Je ne peux attribuer à la gelée la destruction de mes pommes de terre, l'hiver de 1852 à 1855 n'ayant pas été rigoureux; je ne puis l'attribuer qu'à l'excès d'humidité dans mon terrain un peu argileux. Au mois de mai, je n'avais pas quarante pieds qui fussent levés; j'ai fait faire un nouveau labour et remplacé mes pommes de terre par un autre ensemencé. Au mois de janvier 1853, j'ai planté quatre pommes de terre d'Oran dans mon jardin du Mans; elles ont levé, les feuilles et les tiges ont poussé misérablement, probablement à cause de l'ombrage trop épais des arbres du jardin; les tiges se sont desséchées de très-bonne heure. Lorsque j'ai voulu connaître le produit, je n'en ai pas trouvé la moindre trace. Au mois de septembre 1853, j'ai fait la récolte de mes trois variétés plantées dans le jardin de Valennes pendant les sept mois consécutifs; j'avais pris des notes très-exactes du nombre de tubercules et du poids de chaque variété par chaque plantation, je regrette d'avoir égaré ou perdu ces notes, je ne peux aujourd'hui vous présenter qu'un résultat approximatif.

Les plantations d'octobre, novembre, décembre et janvier, ont été généralement peu productives, surtout pour les variétés jaunes et bretonnes : environ quatre ou cinq fois la semence; la variété d'Oran la rendait au moins huit fois. J'ai remarqué quelque taches, mais en petit nombre, dans les variétés d'Oran et dans les jaunes. La variété bretonne était saine.

La plantation de février a été remarquable : les pommes de terre bretonnes et jaunes me donnaient au moins dix fois la semence; celles d'Oran me l'ont rendue vingt-cinq fois.

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