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sées fendues. La vérité de cette assertion est tellement bien sentie de tous les carrossiers, qu'aujourd'hui ils n'essayent les ressorts de leurs voitures qu'en parcourant au galop de chevaux de poste les quelques rues qui, çà et là, dans Paris, n'ont pas été converties.

Cependant ce mode a encore un inconvénient grave: lorsque l'eau vient à être lancée par les roues ou les pieds des chevaux, les personnes placées sur les trottoirs sont promptement atteintes, et l'eau arrive même jusque dans les magasins. Aussi l'usage des ruisseaux sous trottoirs, bien qu'entraînant dans une dépense beaucoup plus considérable, devient-il de jour en jour plus général. Ce mode peut exister sans lavage quotidien et sans égouts cependant ces deux auxiliaires et l'emploi de cantonniers-balayeurs lui sont d'un grand secours.

Les trottoirs ne reçoivent que l'eau de pluie, néanmoins il importe de l'éloigner le plus et le plus tôt possible des murs de face; de là, une pente transversale de 4 centimètres par mètre. La pente longitudinale à donner aux ruisseaux, le relief des trottoirs, viennent quelquefois gêner l'écoulement des eaux intérieures, bien qu'elles passent dans l'épaisseur du trottoir. Cette circonstance oblige non-seulement à réduire singulièrement la pente transversale, mais même à la diriger vers les maisons, à 30 ou 40 centimètres desquelles on établit une gargouille en fonte qui reçoit directement les eaux intérieures, et, par sa fente supérieure, celles du trottoir. Ces gargouilles viennent, après un certain parcours, et lorsque les localités s'y prêtent, sortir du trottoir, soit dans une rue transversale, soit dans le ruisseau même de la rue. Quoi qu'il en soit, il importe de ne jamais donner moins de 5 millimètres de pente transversale au trottoir, soit dans un sens, soit dans l'autre. Lorsqu'une gargouille est placée contre les maisons, il faut tenir le revers du côté des maisons le plus raide possible, pour empêcher les eaux du trottoir d'envahir les magasins, dans le cas où la gar gouille viendrait à se boucher ou à ne pouvoir écouler toutes les eaux qui lui arrivent.

Écoulement des eaux pluviales et ménagères.

Ce que je viens de dire sur la nécessité où l'on est quelquefois de modifier la pente régulière des trottoirs pour satisfaire à certaines exigences des localités riveraines, ne doit pas faire supposer que les propriétaires aient le droit d'exiger que la commune supporte tout ou partie des dépenses à faire pour assurer l'écoulement de leurs eaux; cet écoulement est une faculté laissée aux riverains, à condition qu'ils se soumettront à toutes les mesures que la police doit prescrire dans l'intérêt général; c'est ainsi qu'à Paris, les ordonnances de police ont exigé l'établissement de tuyaux de descente pour les eaux de toit, et la pose de gargouilles en fonte pour faire traverser les trottoirs par les eaux intérieures qui, l'hiver, lorsqu'elles gelaient, rendaient les trottoirs impraticables.

La pose des tuyaux de descente, celle des gargouilles, sont et doivent donc être entièrement supportées par les propriétaires riverains, ainsi que le remaniement des cours et des dessous de portes cochères, lorsque ces remaniements sont nécessaires pour amener les eaux aux endroits fixés pour l'établissement des gargouilles.

C'est, comme je viens de le dire, au moyen de gargouilles en fonte que les eaux pluviales et ménagères doivent traverser les trottoirs. En général, ces gargouilles sont placées normalement à la longueur du trottoir; cependant, à l'entrée des portes cochères, et pour permettre aux voitures de tourner sans passer sur les gargouilles qu'elles casseraient, on oblique leur direction par rapport à la bordure, de manière à donner à cette direction 1/2 de base pour 1 de hauteur; comme d'ailleurs, elles partent de dessous les chasse-roues, elles sont tout à fait en dehors de la voie. Quelquefois on les laisse perpendiculaires à l'arête du trottoir, mais alors on les éloigne de l'axe de la porte cochère, et une gargouille à double courbure réunit la gargouille rectiligne et le ruisseau placé sous la porte cochère. Le premier parti est celui qui est le plus généralement adopté

aujourd'hui; mais comme cette disposition laisse entre l'extrémité de la gargouille et l'arête des trottoirs un angle vide, on le remplit à l'aide d'une bride en fer qui a encore l'avantage d'offrir plus de résistance, pour le cas où une roue viendrait à l'atteindre.

Bien que jusqu'ici j'aie supposé que les chaussées seraient bombées dans les rues où des trottoirs seraient établis, cependant l'on peut construire des trottoirs, même dans les rues à chaussées creuses, Paris en présente de nombreux exemples; seulement, comme cette forme de chaussée n'est maintenue que provisoirement, il faut donner aux trottoirs le relief qui se raccordera avec le futur galbe de la chaussée; les eaux qui auront traversé le trottoir se rendront au ruisseau central, au moyen de ces ruisseaux transversaux qui ont le grave inconvénient de donner de très-fortes secousses aux voitures, et de multiplier les causes d'éclaboussement.

Matériaux.

Les trottoirs se composent d'une bordure et d'un dallage, établis l'un et l'autre sur une fondation. La bordure est en calcaire, grès ou granit; on a proposé de les faire en fonte, on a garni de bandes de fer le parement vertical des bordures circulaires qui forment l'angle des trottoirs. Toutes les bordures en calcaire s'usent très-rapidement; celles en grès et en granit sont beaucoup plus résistantes. A Paris, le granit est préféré au grès, parce qu'on peut l'obtenir en morceaux de dimensions beaucoup plus considérables, sans que sa qualité ait à souffrir de cette sujétion. Ainsi, les bordures en granit en usage à Paris ne peuvent avoir moins de 4 m. 10 de longueur, 0 m. 50 de largeur et 0 m. 24 de hauteur: il serait à désirer que cette hauteur fût portée à 0 m. 30, afin d'augmenter l'encastrement sous la chaussée. Des morceaux aussi considérables seraient extrêmement difficiles à obtenir en grès dur, et cependant la masse d'une bordure est une chose importante sous le point de vue de la résistance au choc des roues.

La fonte serait trop chère et trop cassante, et l'expérience de ce qui a lieu daus Paris me fait penser que l'on peut se dispenser de garnir de fer les bordures circulaires.

Les dallages ont été exécutés en pavés, en briques, en calcaire, en lave, en bitume, en granit; l'on a proposé de les faire en béton et en ciment.

Il existe encore à Paris une quantité considérable de dallages en pavés refendus reposant sur une couche de mortier, et dont le mortier forme les joints; ces dallages, qui existent également dans beaucoup de départements, sont très-solides, et lorsque la face des pavés a été taillée avec soin, le parcours n'en est ni trop désagréable, ni trop sujet à la boue; cependant la marche use les arêtes, et il en résulte un nombre considérable de joints qui se rencontrent sous les pieds et les fatiguent, qui se remplissent d'eau lors des pluies, et donnent naissance à de la boue. Nonobstant, ce système souvent beaucoup plus économique que les bons dallages, beaucoup plus durable que la brique et le calcaire, peut être employé dans nombre de cas.

La brique a été employée à plat et de champ sur plusieurs points de Paris; nulle part elle n'a réussi ; ce n'est pas, toutefois, que je croie qu'il faille la proscrire; l'expérience a montré que le mal résidait dans l'inégalité de dureté des briques employées, et dans le défaut d'entretien : des briques de bonne terre et bien cuites, comme celles que l'on emploie dans le nord de la France et en Hollande, le soin de faire disparaître les briques plus tendres qui auraient échappé à l'examen du constructeur, pourraient donner de bons résultats, surtout dans les villes où la circulation est moins active qu'à Paris.

Le calcaire soit des environs de Paris, soit de ChâteauLandon, soit même le calcaire bleu du Nord, ont été essayés et n'ont pu résister à la circulation; des flaches nombreuses se sont manifestées dans les dalles employées, et il eût fallu, soit les retravailler, soit les rebuter. Dans le cas où l'économie exigerait l'emploi de ces matériaux, je conseillerais de leur donner la moindre étendue possible, afin que chaque dalle pût

être renouvelée sans trop de perte, dans le cas où elle viendrait à s'user plus vite que les dalles voisines.

Cependant, pour la commodité de la marche, je ne pense pas qu'on doive donner à ces dalles moins de 30 à 35 centimètres dans le sens de la longueur du trottoir, et moins de 15 à 20 centimètres dans l'autre sens; ainsi le pied pourrait toujours poser à plat sur une seule dalle, et, par suite, ne pas être fatigué par la présence des joints.

La pierre de Volvic a joui, pendant un certain temps, d'une assez grande faveur; mais si, en effet, quelques-unes de ces pierres ont assez bien résisté, la majeure partie, de qualité médiocre, s'est promptement usée et a présenté les mêmes inconvénients que la pierre calcaire ; cependant, je crois que si elle n'était employée qu'après un sévère examen, si l'on avait le soin de remplacer immédiatement les morceaux qu'un mauvais usage montrerait avoir échappés à une première inspection, l'on pourrait tirer de la lave un parti avantageux sous le rapport économique.

Ces divers matériaux ont été essayés à Paris; le mastic de Pouilly l'a été également, mais en petites portions; l'on a dû renoncer aux uns et aux autres, en présence de l'immense circulation de la capitale. Seuls, le bitume et le granit ont survécu : le premier, grâce à la facilité avec laquelle on répare ses plus petits défauts; le second, grâce à sa dureté.

Deux espèces de bitumes ont été et sont encore en présence : le bitume naturel qui emploie exclusivement le sable, les roches bitumeuses, et le goudron que l'on en extrait. Il est plus liant et plus malléable; son odeur est moins nauséabonde. Le bitume artificiel, moins cher, mélange le bitume extrait de la houille à des calcaires très-friables, à la terre à four et aux sables.

L'addition d'une certaine quantité de sable très-bitumineux, connu sous le nom de mollasse d'Auvergne, donne au bitume factice une partie de la malléabilité qui fait tout l'avantage du bitume naturel, sans cependant en accroître le prix d'une manière notable.

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