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Les fabricants du bitume factice avouent la plus grande malléabilité des bitumes naturels; cependant, je crois, avec eux, d'après les expériences comparatives de longue durée qui ont été faites avec les deux espèces de bitumes, que l'infériorité de qualité est plus que couverte par la différence de prix ; et, dans bien des cas, je n'hésiterais pas à donner la préférence au bitume factice.

Le bitume a de l'élasticité et n'offre pas de joints. Aussi les pieds, en le foulant, éprouvent-ils quelque chose de cette sensation agréable que fait éprouver un bon matelas lorsque l'on y étend ses membres fatigués.

D'un autre côté, la différence de prix est telle (7 fr. pour le mètre carré de surface bitumée, et 23 fr. pour le mètre carré de dallage en granit), que, malgré la nécessité de réparer, chaque année, la surface bitumée, et de la renouveler tous les sept ans dans les rues fréquentées de Paris, l'Administration fait exécuter en bitume les dallages des boulevarts, des rues trèslarges et de celles peu fréquentées.

Le bitume, mais avec une plus grande épaisseur et fabriqué de la manière toute spéciale enseignée par M. l'ingénieur en chef de Coulaines, devient propre à recouvrir la partie des trottoirs qui correspond aux portes cochères, et à remplacer les pavés et le granit que l'on emploie encore à cet usage. Des expériences, faites par moi aux Champs-Élysées et dans la traversée des boulevarts par la rue Laffitte, mettent cette propriété hors de doute.

Mais, quel que soit le bitume dont l'on fasse usage, il est de la plus haute importance d'intéresser l'entrepreneur à ne donner que de bons produits. En effet, avec d'excellents matériaux et l'emploi de bonnes proportions, un feu poussé un peu plus, un peu moins activement, la matière brassée avec plus ou moins de soins, le manque de précautions dans la réunion des coulées successives, peuvent faire manquer un dallage, et donner un produit qui casse lors des froids, ou se fende lors des chaleurs ; un produit qui se fissure aux points de contact des

coulées successives, et qui, par les fissures, laisse passer l'eau qui, plus tard, gonflée par la gelée, brisera le dallage. Aussi, a-t-on l'habitude de laisser à la charge de l'entrepreneur l'entretien du dallage pendant au moins trois années.

Il y a du choix à faire dans les granits; ceux à gros grains, à contexture peu adhérente, s'usent plus facilement, deviennent rugueux, retiennent l'eau, donnent de la boue et fatiguent le pied. Il est tel autre granit, à grains très-fins et de ténacité trèsgrande, qui se polit et devient extrêmement glissant.

Les granits friables, qui se réduisent en poudre entre les doigts et sous un léger coup de marteau, ceux que la rouille atteint facilement, doivent être prohibés.

L'on a essayé, à Paris, un porphyre, qui est naturellement divisé en lames plus ou moins épaisses. On le présentait comme du granit, et on l'a généralement refusé, parce que les dalles n'avaient pas les 10 centimètres d'épaisseur minima exigés par les devis; mais l'expérience de la lave qui s'emploie sans casser, et bien que beaucoup moins dure, avec des épaisseurs de 4 à 5 centimètres, démontre que les devis pourraient accepter ces porphyres et les dalles de granit, en réduisant beaucoup la limite inférieure de leur épaisseur.

Les dalles doivent avoir au moins 40 centimètres de largeur et une superficie d'au moins 3/10 de mètre carré.

L'on pourrait abaisser la largeur à 35 centimètres, et exiger qu'une seule dalle formât la largeur du trottoir, tant que cette largeur ne dépassera pas ! mètre 50 centimètres. Pour les trottoirs, dont la largeur serait comprise entre 1 m. 50 et 3 m. 00, il ne pourrait être employé que deux dalles. Leur joint devrait découper le joint suivaut, et le joint précédent d'au moins 15 centimètres, et cependant les dalles être de dimensions aussi peu différentes que possible.

Les conditions analogues seraient imposées aux dalles des trottoirs plus larges.

Longtemps, à Paris, le dessous des dalles et des bordures fut très-irrégulier, et leurs joints étaient taillés en chanfrein. Le

premier défaut occasionne des ruptures fréquentes; le second permet aux pierres de s'épaufrer facilement, et ensuite de basculer, les points d'appui fournis par les pierres voisines ayant disparu. L'expérience m'a montré que l'on pouvait exiger que ces défauts disparussent, et amener l'entrepreneur à fournir des matériaux bien taillés.

Les flaches de la surface horizontale doivent être sévèrement prohibées, l'eau s'y amasse et donne lieu à des éclaboussures et à de la boue.

Projets.

Bien qu'un arrêté du préfet de la Seine, rendu sur les propositions de M. Partiot, ait depuis longtemps fixé la largeur à adopter pour les trottoirs en raison de la largeur de la rue, la rapide succession des ingénieurs du pavé de Paris, un défaut de clarté dans les termes de l'arrêté, défaut qui a donné lieu à des interprétations qui variaient avec chaque ingénieur, ont amené, pour la majeure partie des rues de Paris, une diversité choquante dans la largeur des trottoirs. Tel qui devrait être de même largeur que celui qui le précède ou le suit est plus large, tel plus étroit. De là, aspect disgracieux, gène pour les piétons et pour les voitures.

Des motifs analogues, et, de plus, l'incertitude qui a longtemps régné sur la matière à adopter dans la construction des trottoirs, font une véritable mosaïque des dallages d'une même rue; ici, l'impérissable granit touche la pierre calcaire ou la brique, ou s'intercale au milieu de surfaces bitumées : ainsi, dans la rue Royale, au milieu d'une large et belle surface en bitume, vient faire tache un seul trottoir en granit.

Aussi, importe-t-il de ne permettre l'établissement d'aucun trottoir, qu'un projet spécial n'ait arrêté l'alignement, le profil et la nature des trottoirs de toute la rue.

Je l'ai déjà dit: bien que les trottoirs puissent être établis dans les rues encore en chaussée creuse, cependant ils se combinent mieux avec les chaussées bombées dont les ruisseaux longent leurs bordures et donnent ainsi lieu à une saillie de

17 centimètres environ, qui guide les roues et les empêche d'empiéter sur la voie réservée aux piétons. Ce changement dans la forme des chaussées, tout en donnant aux trottoirs à peu près le relief des anciens revers, oblige cependant à modifier quelques seuils; car, si l'imperfection des revers a permis de les exhausser et de les baisser presque à volonté pour raccorder la chaussée avec les diverses entrées, l'établissement des trottoirs nécessitera généralement une régularité plus grande, et, par conséquent, enterrera certains seuils en même temps qu'elle en déchaussera d'autres.

Un projet pour les trottoirs à établir dans une rue ne comporte donc pas seulement une fixation de largeur et d'alignement.

Le projet sera un plan sur lequel seront indiqués, avec les ruisseaux, tous les seuils et les soupiraux. Si l'on peut mettre une ou plusieurs marches devant une porte bâtarde, l'on peut tout au plus tolérer, au seuil d'une porte cochère, un relief de 8 centimètres au-dessus de la surface du trottoir, et encore ce relief doit-il être réduit à 4 centimètres au moyen d'entailles faites sur le parcours des roues.

Aussi la nature des seuils doit-elle être soigneusement relatée. Ce plan, qui pénétrera dans les cours dont l'écoulement des eaux présenterait des difficultés, contiendra, en outre des cotes de longueur et de largeur, des cotes de hauteur placées entre parenthèses, et nécessaires pour faire connaître la pente des eaux, celle de la chaussée et le relief des divers seuils ; la couleur bleue indiquera les cotes d'eau, celles en noir les cotes de l'état actuel du pavé et des seuils.

Deux profils en long, levés chacun dans l'emplacement à occuper par les ruisseaux futurs, c'est-à-dire au pied des trottoirs, reproduiront de nouveau les seuils et les sorties de'au de chacune des cotes de la rue.

C'est sur le plan et sur ces deux profils que sera tracé en rouge le profil des trottoirs projetés; des cotes spéciales indiqueront les quantités dont les seuils attaqués seront enterrés ou déchaussés.

Quelques plans et des profils particuliers feront connaître la manière dont l'auteur du projet entend rétablir l'écoulement des eaux et l'accès des seuils.

Enfin, un détail estimatif de la dépense à faire pour l'établissement de tous les trottoirs de la rue donnera à l'Administration une idée aussi exacte que possible du sacrifice qu'elle devra faire. La partie de cette dépense afférente à la bordure divisée par le nombre de mètres courants de bordure à poser, et le reste des dépenses divisé par le nombre de mètres carrés de dallage, donneront des chiffres à l'aide desquels on pourra dresser un tableau indicatif de la cotisation individuelle de chaque propriétaire riverain. Mais il doit être bien entendu et spécifié, dans la délibération, que ce ne sont là que des chiffres provisoires, et que la cotisation individuelle et réelle ne sera déterminée qu'après l'achèvement du travail, en suivant d'ailleurs les mêmes bases de répartition.

J'ai dit que le projet devait contenir un certain nombre de petits projets particuliers destinés à rétablir l'accès de certaines propriétés et l'écoulement des eaux de quelques autres. Ces projets seront appuyés de détails estimatifs des dépenses à faire ou plutôt des indemnités à allouer aux propriétaires pour qu'ils exécutent eux-mêmes ces travaux d'appropriation ; ces dépenses constitueront une partie des faux frais nécessités par l'exécution du travail, et devront être partagées entre la commune et les riverains, dans la proportion voulue par la loi ou par la coutume.

Il vaut mieux donner aux intéressés la valeur des travaux à faire que de se charger de l'exécution de ces travaux ; l'on permet aussi aux riverains d'améliorer leur propriété, en ajoutant à la somme allouée une somme souvent beaucoup plus considérable. En tous cas, il importe de restreindre dans de justes limites l'estimation de ces dépenses accessoires.

A cet effet, il conviendra de se rappeler que le public n'est tenu de rendre à chacun que le mode d'accès dont il jouissait antérieurement aux travaux, et que l'établissement de mar

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