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Alors, en effet, cette suspension permet aux extrémités de substituer, dans leurs déplacements horizontaux, au frottement du premier ordre un frottement du second, et l'on sait que c'est à une substitution de cette nature qu'un poids considérable, et qui, posé sur le sol, ne saurait avancer sous les efforts simultanés de plusieurs hommes, doit de pouvoir être mis en marche sans aucune peine, lorsqu'on interpose des rouleaux entre le sol et lui.

Désireux d'avoir une idée de la sensibilité comparative de la nouvelle balance et de celle en usage, j'ai fait charger l'une et l'autre de 4,000 kilogrammes, et après les avoir équilibrés, j'ai ajouté à ce poids de petits poids de 50, 100, 200 et 300 grammes. La balance Dunial oscillait, et ses couteaux accusaient une dénivellation sous l'addition d'un poids de 100 grammes.

Il fallait un poids de 250 à 300 grammes pour produire le même effet, à la balance ordinaire.

En résumé, il m'a semblé que les innovations apportées par M. Dunial, et surtout celles qui se rattachent à la romaine, constituaient un véritable progrès ; et comme M. Dunial annonce pouvoir livrer ces instruments au même prix que ceux en usage, je ne mets pas en doute que, dans un avenir peu éloigné, ces perfectionnements ne soient généralement adoptés.

(M. LEVEILLÉ, membre titulaire.)

RECHERCHES

SUR LA

MÉTHODE D'ENGRAISSEMENT DES POULARDES,

Telle qu'on la pratique dans les environs de la Flèche,

PAR P. LETRÔNE.

En 1850, M. le préfet de la Sarthe proposa à la commission d'agriculture de notre Société, au nom du président du

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comice de Saint-Quentin, de donner de la publicité au procédé d'engraissement de ces belles volailles désignées indifféremment sous les noms de poulardes du Mans ou de la Flèche, procédé que l'on pratique avec tant de succès dans toutes les communes avoisinant cette dernière ville. Cette proposition fut agréée; mais comme aucun des membres de cette commission ne se trouva à même de pouvoir fournir de suite des renseignements certains et suffisamment détaillés, on dut différer de répondre à ce désir exprimé par M. le préfet, espérant pouvoir le faire plus tard avec toute certitude, en saisissant une occasion prochaine, quoique non arrêtée, d'une inspection agricole qui devait avoir lieu dans cet arrondissement, et dont les membres, en profitant de leur présence sur les lieux, se seraient chargés de recueillir toutes les instructions se rapportant à cette industrie locale. Jusqu'ici, si cette proposition n'est pas tombée dans l'oubli, cette occasion, que l'on espérait ne pas tant attendre, ne s'est pas encore présentée; alors si ces renseignements, recueillis fortuitement par un des membres de cette Société, qui n'a pas reçu de mission spéciale à cet effet, pouvaient être acceptés de confiance par ses collègues, celui-ci se trouverait heureux d'avoir fait un bon emploi de son temps dans le cours de trois voyages, faits à des intervalles assez rapprochés, dans les communes principales où s'élaborent ces produits, et où son désir de peupler sa basse-cour l'a appelé dernièrement pour se procurer l'espèce préférée pour l'engraissement. En faisant donc un nouvel appel à l'amicale bienveillance de la Société, l'auteur de ces recherches se décide à leur adresser ce rapport qui en est le fruit.

RAPPORT.

§ I.

Le procédé pour l'engraissement des volailles n'est point un secret dans la contrée où l'on obtient ces poulardes si estimées, dites du Mans; cette industrie, toute particulière par ses résul

lats surprenants et tant appréciés avec raison par les plus fins gourmets, se circonscrit dans les communes de Mezeray, qui jadis avait toute la supériorité sur ses voisines, et qui maintenant en est quelque peu déchue, Malicorne, Arthézé, Courcelles, Bousse, Villaines qui tient le premier rang pour les beaux produits et le nombre des nourrisseurs; Crosmières et Veron, où l'industrie ne languit pas; Bailleul, Saint-Germain du-Val, Sainte-Colombe, La Flèche, Cré-sur-Loir et Bazouges. C'est à l'arrondissement de La Flèche qu'appartiennent ces communes, c'est dans la ville chef-lieu que tous les nourrisseurs viennent apporter leurs produits les jours de marchés, où l'on en voit en étalage par centaines à la fois. Ce commerce de première main, d'un produit spécialement local, ne devrait-il pas plus justement faire désigner ces poulardes comme étant de La Flèche plutôt que du Mans?

On paraît avoir oublié, dans le pays, vers quel temps a commencé cette industrie de l'engraissement des poulardes, et i qui l'on doit attribuer l'initiative de cette entreprise; quelques gastronomes érudits pourraient peut être éclaircir cette question, que je laisse de côté, à défaut de connaissances sur la matière.

Le travail spécial de l'engraissement appartient principalement à des marchands de la campagne et à quelques petits cultivateurs, que l'on nomme poulaillers Les uns et les autres achètent dans les marchés, ou chez leurs voisins, les coqs et poulettes qu'ils nomment gelines, et qui paraissent les plus belles et les plus aptes à s'engraisser. C'est vers l'âge de sept à huit mois qu'elles sont réputées assez avancées dans leur croissance pour être mises à la graisse. Pour faire ces belles pièces non moins estimées que l'on désigne sous le nom de coqs vierges, ce sont de jeunes coqs de l'année n'ayant pas encore servi à la reproduction, que l'on traite de la même manière que les gelines, sans qu'on leur fasse subir aucun genre de mutilation; leur engraissement demande un peu plus de temps et de nourriture.

Les plus belles poulardes peuvent atteindre le poids de

4 kilogrammes, et les coqs vierges celui de 6 kilogrammes; on en voit quelquefois dépassant ce poids.

Les poulaillers traitent depuis cinquante, quatre-vingts et même jusqu'à cent volailles à la fois. Ce travail commence en octobre et se poursuit jusqu'à l'époque du carnaval, le plus ordinairement. Pour cela, on commence à établir, tout à l'entour et sur le sol d'une chambre ou d'un autre local disponible, des petites loges faites simplement avec des pieux en bois brut, des croûtes ou relèves à la scie, et même enfin avec le bois le plus défectueux et de moindre valeur, qui pourra servir pour l'entourage et les divisions à claire-voie. On recouvre une partie de ces loges à demeure, et l'autre reste mobile afin qu'on puisse introduire et retirer les volailles. Ces constructions grossières sont faites par les poulaillers, et ne coûtent pour ainsi dire que le temps employé à les faire et l'achat de quelques clous. La grandeur de ces loges est arbitraire, mais elles ont cinquante à soixante centimètres de hauteur; les plus grandes ne doivent pas contenir plus de six poules réunies, et doivent ne fournir que l'espace nécessaire pour que chaque animal puisse y être à l'aise sans pouvoir néanmoins circuler.

On intercepte toute lumière venant directement du dehors. On calfeutre les portes et les fenêtres du local, afin que l'air extérieur ne s'y introduise pas trop librement.

Pour habituer les poules au régime de nourriture et de réclusion forcées auquel on va les assujettir pendant les huit premiers jours, on les renferme dans un lieu un peu sombre et on ne leur donne pour toute nourriture qu'une pâte délayée, un peu épaisse, faite avec la même farine qui sert à la composition des pâtons, et mêlangée avec soit un tiers, soit moitié de son. Pendant la durée de cette première épreuve, on leur donne à boire et on les laisse manger à volonté.

La mouture qui sert à la composition des pâtons se fait ordinairement dans les proportions suivantes: moitié de blé noir, un tiers d'orge et un sixième d'avoine, on en retire le gros son. Tous les jours on détrempe de cette farine, dans du lait

doux ou tourné, la quantité nécessaire pour deux repas, celui du soir et celui du lendemain. Quelques-uns ajoutent à la composition de cette pâte un peu de saindoux, surtout vers la fin du traitement ; et cette pàte, qui ne doit être ni trop ferme ni trop molle, est roulée de suite en pâtons ayant la forme d'une olive d'un centimètre et demi de diamètre, et d'une longueur de six centimètres.

Le poulailler ou nourrisseur, à l'heure des repas, qui doivent être bien réglés, prend trois poules à la fois, les lie toutes trois ensemble par les pattes et les pose sur ses genoux, el, éclairé d'une lampe, il commence, pour unique fois, à leur faire avaler une cuillerée d'eau ou de petit lait, quelques-uns ne donnent pas à boire, puis il introduit un pâton tour à tour dans le bec de chacune de ces poules; et, pour faciliter l'introduction immédiate de ce pâton, il exerce une pression légère avec le pouce et les deux premiers doigts en faisant glisser la main le long du col de l'animal jusqu'à sa poche: on évite ainsi le rejet du pâton. En soignant de la sorte trois poules à la fois, on leur donne le temps suffisant pour la déglutition, et elles sont empansées à leur degré dans un prompt et égal intervalle.

Dès les premiers jours du pâtonnement, on se contente de faiblement remplir la poche de chaque volaille, et on augmente par degrés la dose des pâtons. C'est ainsi que l'on arrive à en donner, à chaque repas, douze, et même jusqu'à quinze. Il est essentiel de les plonger dans un plat d'eau avant de les faire avaler, cela facilite leur introduction.

Le temps déterminé pour l'engraissement n'est pas fixe, il se subordonne à la plus ou moins bonne disposition de l'animal et à son degré de force. Quelques poulardes ne peuvent être conduites au complet engraissement sans danger d'accidents; le nourrisseur expérimenté sait le moment où il doit arrêter son travail. Nuls ne sont à l'abri de subir des pertes: il y a, disent-ils, malgré leur savoir et leur attention, de la bonne et de la mauvaise chance, des années plus ou moins favorables, sans qu'ils puissent s'en expliquer les causes. Tels,

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