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colline voisine de Santa-Lucia, pour y protéger les habitants, et leur donna des magistrats (1).

Les naturels, voyant avec inquiétude les Espagnols s'établir au milieu d'eux, avaient formé le projet de les chasser de la colonie. Valdivia, instruit de leur intention, arrêta quelques-uns des seigneurs de la vallée, les renferma dans le fort, et ayant commis à leur garde son lieutenant Alonzo de Monroy, il se rendit sur les bords du Cachapoal, à quatorze lieues de là, avec soixante cavaliers pour observer les mouvements de l'ennemi. Mais, pendant son absence, les Indiens tombèrent avec toutes leurs forces sur la ville, brûlèrent les maisons à moitié construites, et mirent le siége devant la citadelle où les habitants s'étaient retirés. L'attaque continua depuis le point du jour jusqu'à la nuit, et tandis les soldats combattaient sur les que Doña remparts, Inès Suarez tua les caciques prisonniers à coups de hache, pour empêcher leur fuite. Le fort n'ayant point d'esplanade, et les assiégeants s'étant retranchés derrière des palissades où la cavalerie ne pouvait les attaquer, Monroy résolut de l'évacuer et de se retirer dans la plaine. Les Chiliens l'y suivirent, mais la cavalerie mit le désordre dans leurs rangs, et tua la fleur de leur jeunesse. Valdivia, informé de ce qui venait de se passer, accourut aussitôt au secours des Espagnols. Il vit avec peine ses maisons brûlées, ses provisions détruites, mais il n'en persista pas moins dans la résolution d'établir une colonie en cet endroit.

trée du port, avec une batteric à fleur d'eau; le Castillo grande, où réside le gouverneur, et le troisième qui occupe le faîte d'une colline, et commande la plaine, à l'est, appelée el Almendral. Elle renfermait autrefois deux couvents et un college de jésuites. Sa population, qui, en 1744, était de deux mille åmes, est aujourd'hui de cinq mille. Don Ulloa donne un plan de la baie et du port de Valparaiso, levé par ordre du roi, en 1744.

Frézier a donné un plan des forteresses et bourgades de ce port (pl. 12). Voyez aussi Vancouver, lib. VI, cap. 6.

(1) On a loué Valdivia, dit Molina, d'avoir montré tant de discernement dans le choix de cet emplacement pour y établir le siége du gouvernement de la colonie. Toutefois, si l'on considère les besoins d'une grande ville, on verra qu'elle eût été beaucoup mieux placée à quinze milles plus au sud, sur les bords du Maypo, belle rivière qui communique directement avec la mer, et qui est susceptible d'être rendue navigable pour les plus gros

navires.

1542. Toutefois quelques-uns de ses gens, empressés de regagner le Pérou, tramèrent un complot contre ses jours. Valdivia, instruit de leur dessein, arrêta les chefs, convoqua une assemblée des magistrats de la ville, et s'étant fait nommer gouverneur, punit de mort les auteurs de la conspiration. La découverte d'une riche mine d'or dans lat vallée de Quillota imposa silence aux autres mécontents. Valdivia fit élever un fort aux environs pour protéger les ouvriers, et donna ordre de construire une frégate à l'embouchure de la rivière de Chile, qui arrose cette vallée, pour communiquer par mer avec le Pérou.

1543. Voulant aussi ouvrir une communication par terre avec ce pays, il expédia dans cette direction les deux capitaines Alonzo Monroy et Pédro Mirando, avec six autres officiers et une escorte de trente cavaliers. Pour exciter la cupidité des Espagnols du Pérou, et les attirer au Chili, Valdivia avait donné aux officiers des mords, des étriers et des éperons d'or. Toutefois, comme ils cheminaient vers la vallée de Guasca, ils furent attaqués par une centaine d'archers aux ordres de Cotéo, officier de l'ulmen de la province de Copiapo. Monroy et Miranda échappèrent seuls à la mort, grâce à la protection de la femme de ce chef, qui leur sauva la vie à condition qu'ils enseigneraient à son fils à monter à cheval. Ces deux capitaines y ayant consenti, l'ulmen leur donna deux des chevaux qu'il avait pris; mais, à la première occasion qui se présenta, ils poignardèrent leur élève, gagnèrent le désert du Pérou et retournèrent à Cuzco, où ils apprirent à Vaca de Castro, qui commandait dans cette ville, la triste situation des Espagnols du Chili. Vaca envoya aussitôt à leur secours une compagnie de soixante hommes sous les ordres de Monroy.

Le capitaine Juan Bautista de Pastène, Génois de nation, fit un voyage par mer au Chili, avec un chargement de vêtements et d'autres choses nécessaires, dont il attendait un bon profit. Valdivia l'envoya reconnaître la côte jusqu'au détroit de Magellan, sur lequel il recueillit des renseignements satisfesants, et, à son retour, il lui donna commission d'aller au Pérou chercher de nouveaux renforts.

Sur ces entrefaites, les Quillotanes se soulevèrent et massacrèrent tous les mineurs espagnols, dans une embuscade qu'ils leur tendirent à un endroit où ils leur dirent avoir trouvé un pot d'or qu'ils présentèrent à Gonzalo de los

Rios. Ce dernier et un noir libre, nommé Juan Valiente, échappétent seuls au carnage. Les Indiens brûlèrent ensuite la frégate qui était presque achevée, ainsi que l'arsenal. Valdivia, à la nouvelle de ce désastre, s'y rendit en toute hâte, et après avoir vengé la mort de ses soldats, il fit construire un fort pour la sécurité des mineurs, et les travaux furent repris avec une nouvelle activité.

Fondation de la ville de Séréna, ou de Coquimbo (Sirénes, Cochimbum, ou Cochimpus), en 1544. Valdivia, ayant reçu un renfort de trois cents hommes que lui amenérent du Pérou Francisco Villagran et Christoval Escobur, conçut le projet d'un établissement dans la partie septentrionale du Chili, pour servir de dépôt d'armes et de réfuge aux convois qui pourraient y arriver. Il partit de Santiago, avec soixante cavaliers, traversa la province de Parmacanès et de Rio de Maule, pénétra dans les royaumes de Guéler et de Tata, visita plusieurs grandes villes, et s'avança jusqu'à Quilacura, où il établit son camp. Attaqué pendant la nuit par les naturels, il les repoussa facilement, mais il perdit dans l'action plusieurs chevaux, qui coûtaient alors 1,000 pièces de huit chaque. Cette perte le décida à la retraite, et il retourna à Santiago. Il résolut peu après d'ouvrir une communication par terre et par mer entre le Chili et le Pérou, et pour cela il chargea le capitaine Juan Bohon d'aller jeter les fondements d'une ville à Cuquimpu, à l'embouchure de la rivière du même nom. Il l'appela Séréna (1) (Ciudad de la Sérénao Coquimbo), de la ville d'Espagne où il avait vu le jour.

(1) Cette ville, qui a pris le nom du fleuve sur lequel elle s'élève, est située par lat. sud 29° 55'* à un quart de lieue de la baie de Coquimbo, à quinze lieues de la Conception, et à cinquante-huit de Santiago. Elle est bâtie sur une petite éminence de quatre à cinq toises de haut, que la nature a formée comme une terrasse régulière. Les rues sont tirées au cordeau, et les maisons de torchis et recouvertes en paille. Feuillée dit (en 1710) qu'on y voit des rues longues de plus d'un quart de lieue, et dans lesquelles on compte à peine six maisons. Celles-ci ont toutes un vaste jardin clos de murs. On y comptait

Dans le voyage de D. Ulloa, on la place crronément, d'après le père Feuillée, par lat. 24° 54' (tom. III, n. 565, édit. de Madrid). La population actuelle est environ 7,000.

Après la fondation de Séréna, Valdivia marcha dans le pays des Promauciens. Les historiens contemporains, dit Molina, n'ont parlé d'aucune bataille que ce peuple belliqueux ait livrée aux Espagnols; mais il est peu probable qu'après avoir repoussé les armées réunies de l'Inca et d'Almagro, il les ait laissés violer impunément son territoire. Valdivia est peut-être parvenu à lui persuader de se réunir à lui contre les autres Chiliens; et en effet, depuis cette époque, les armées espagnoles ont toujours été renforcées par des corps auxiliaires de Promauciens, De là vient sans doute cette. haine invétérée que les Araucaniens conservent encore pour les restes de cette nation. Valdivia, ayant franchi le Maule, s'avança, en 1546, jusqu'à l'Itata, où il établit son camp en un endroit appelé Quilacura. Attaqué dans cette position, il éprouva une perte si considérable, qu'il se vit dans l'impossibilité de pénétrer plus avant, et retourna à Santiago.

1547. Cependant Valdivia, ne recevant pas les secours qu'il attendait du Pérou, se décida à s'y rendre en personne. Le récit que Pastenes lui fit des dissentions entre les conquérants de ce pays, ne changea en rien sa résolution. Il s'embarqua avec lui, arriva heureusement au Pérou, avec quatre-vingt mille pésos qu'il avait à bord, et se trouva à la bataille qui décida du sort de Gonzalo Pizarro. Le président la Gasca, pour le récompenser des services qu'il lui avait rendus à cette affaire, lui conféra le titre de gouverneur, lui fournit tout ce dont il avait besoin, et lui donna pour retourner au Chili, deux navires sur lesquels il plaça tous ceux dont il voulait se défaire.

autrefois quatre couvents et un college de jésuites, et de cinq à six cents familles (1742). Coquimbo est le principal port du district minéral. Il est formé par une belle baie, d'un accès facile, - et près de l'île des Tortugas; il y a un bon ancrage dans six à dix brasses, où les navires sont à l'abri de tous les vents, et en sûreté contre la houlle. La ville de Coquimbo fut détruite par les Araucaniens, en 1547. Sir Francis Drake l'attaqua en 1579, mais sans succès, ses hommes ayant été contraints de regagner leurs navires par trois cents cavaliers et deux cents fantassins. Le pirate anglais Bartholemew Sharp, y ayant débarqué, en 1680, à la tête d'une centaine de flibustiers, la prit et la livra au pillage. La garnison espagnole, qui la défendait, était forte de trois cents hommes. Frézier donne le plan de la baie de Coquimbo, levé géométriquement le 5 juin 1713.

Valdivia après avoir expédié par mer des hommes, des armes et des munitions de guerre et de bouche, se rendait par terre à Arequipa, lorsqu'il fut rejoint dans la vallée de Atacama, par Pedro de Hinojosa, que le président avait envoyé pour le ramener à Lima. Il confia le commandement de sa troupe au capitaine Francisco de Ulloa, et retourna au Pérou avec Hirojosa. Quelques colons espagnols du Chili, à qui Valdivia avait enlevé l'or qu'il avait porté au Pérou, s'étaient plaints de sa conduite, et l'avaient accusé de meurtre, d'avoir entretenu des intelligences avec Pizarro, et méconnu les ordres du président (1). Valdivia démontra facilement la fausseté de ces accusations, et reçut ordre de retourner dans son gouvernement. On lui fournit à cet effet deux galions, dont l'un avait appartenu à Pizzaro, et sur lesquels il embarqua cinquante ou soixante nouveaux soldats, et des munitions de guerre et de bouche, et fit voile pour le Chili, où il arriva à la fin de 1548. Toutefois de nouvelles difficultés l'attendaient à son arrivée.

Lorsque Francisco Pizarro donna le gouvernement du Chili à Pédro de Valdivia, Pédro Sanchez de Hoz s'y était 'opposé en vertu d'une commission royale, qui le nommait gouverneur de tout le pays qui serait découvert le long de la mer du Sud, au-delà du gouvernement du Marquis, et de celui qui avait été cédé à un particulier de Truxillo, nommé Camargo, et frère de l'évêque de Plasencia, aux frais de qui ces découvertes avaient été faites. Pizarro, néanmoins, avait trouvé moyen de décider de Hoz à accompagner Valdivia. Il aida même à l'établissement de Santiago, et reçut des terres et des Indiens en récompense de ses services. Mais, toujours jaloux de Valdivia, il avait formé le projet, après le départ de celui-ci pour le Pérou, de mettre à mort son lieutenant Francisco de Villagra, et de saisir le gouvernement, Cet officier, instruit de son dessein, l'arrêta et l'envoya au supplice avec Roméro, son principal complice.

1549. Le gouverneur apprit à son retour que les Indiens de la vallée de Copiapo avaient tué le capitaine Juan Bon, et

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(1) Suivant Herréra; Zarate dit que le président le rappela parce qu'il emmenait avec lui plusieurs cavaliers et fantassins bannis du Pérou, et d'autres qui avaient été condamnés aux galères pour avoir favorisé la rébellion de Gonzalo Pizarro. (Žarate, lib. VII, cap. 10.) *

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