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SPECTACLES.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

LA première représentation d'Iphigénie en Aulide, donnée le Mercredi 14, pour la capitation des Acteurs, a excité les plus vifs applaudiffemens. De tous les Ouvrages de M. Gluck, c'eft celui qui nous paroît réunir ici le plus de fuffrages; & nous n'en fommes pas furpris, puifqu'au mérite d'une mufique favante & pleine d'expreffion, il joint celui de la variété des fituations & de l'ac tion la plus intéreffante. L'art de parler tout à-la-fois à l'oreille & au cœur, de prêter à chaque paffion le langage qui lui eft propre, de mefurer les accens au caractère & au rang de chacun des perfonnages, y eft porté prefqu'à fa perfection. S'il eft des momens où la critique trouve quelques obfervations à faire, elle eft défarmée fur le champ par les beautés du premier ordre qui viennent forcer l'adiniration. Chaque repréfentation que l'on donne de cet Opéra femble y faire diftinguer des traits, des détails échappés à l'attention du connoiffeur. Les Ouvrages créés par le génie ont feuls cet avantage, auquel fi peu de gens ont le droit d'afpirer.

Le Ballet de Ninette à la Cour a été revu avec plaifir. Son principal mérite confifte dans l'Acte du Bal, auquel nous avons déjà

donné de très-grands éloges dans plufieurs Numéros de ce Journal. Le Spectacle en eft raviffant, & la réunion des premiers fujets de la Danfe y produit l'effet le plus brillant.

COMÉDIE FRANÇOISE.

ON n'a pas toujours rendu à Crébillon la juftice qui lui eft due: pendant un certain nom bre d'années on a beaucoup parlé de fes défauts en les exagérant, & l'on a gardé le filence fur une partie des grandes qualités qui le placent au rang de nos premiers Dramatiques. Dès qu'un Artifte eft perfécuté, il devient inté reffant; mais fi cet Artifte n'existe plus, s'il a eu un grand talent, il devient, pour ainfi dire, un être facré aux yeux de bien des gens. Crébillon étoit mort; il avoit mérité beaucoup de réputation; en conféquence, dès qu'il fut déprimé par les uns, prôné avec enthoufiafime par les autres: de l'enthoufiafme au fanatifme il n'y a qu'un pas, & ce pas fut bientôt franchi. Dès-lors il fut dangereux de parler de cet homme célèbre, la moindre obfervation fur la rudeffe de fon ftyle, fur la foibleffe de quelquesunes de fes Tragédies, parut un attentat contre fa mémoire ; & tout Critique qui voulut élever la voix, non pour infulter aux mânes d'un Auteur estimable, mais pour apprécier fes productions à leur jufte valeur, excita la colère des enthousiastes, & fut ac

il fut

C

que

cufé de fervir l'envie & la haine. La remife de Pyrrhus, en nous rappelant ces faits, dont nous avons été témoins, nous fit fentir nos idées fur cette Tragédie trouveroient des contradicteurs. Cette réflexion ne nous intimida point. Trop juftes pour refufer au génie de Crébillon le tribut d'estime qui lui eft dû, nous aimons trop l'Art dans lequel il a trouvé fa gloire, pour diffimuler combien fon Pyrrhus eft foible & dénué d'intérêt. Nous en avons parlé avec tous les ménage mens que peut employer un Critique honzenête & délintérefle; nous avons eu foin de convenir des beautés qui le diftinguent, de ne pas même parler de certains défauts que tous les connoiffeurs ont remarqués, & que nous ne pourrions relever aujourd'hui fans être foupçonnés d'animofité; mais notre dé licatelle a été payée par de l'emportement. On a imprimé, dans un Journal qui avoit déjà fait un éloge pompeux de cet Ouvrage, une Lettre, où, en attaquant notre opinion, on fait de Pyrrhus un éloge plus pompeux encore. On l'appelle une fuperbe Tragedie; on dit que l'action eft d'une fimplicité atta chante, tandis qu'elle manque de fimplicité; con loue l'énergie du tyle, fans penfer que.... mais nous nous fommes interdit toute nouvelle critique; enfin, on laille entendre que cette Tragédie, étant imprimée dans les Euvres de Crébillon, fa lecture fuffit pour prouver contre notre jugement, comme li on avoit tort de trouver Agefilas & Suréna des

productions foibles & traînantes, parce qu'elles font imprimées dans les Œuvres de Corneille à côté de Rodogune & de Cinna. Nous répondrons à cette fuperbe logique en invitant les connoiffeurs à lire Pyrrhus, à le voir fi on le redonne, & à jeter enfuite un coup-d'œil fur le premier article que nous avons imprimé dans le N°. 1o du Mercure. A l'égard du reproche qu'on nous a fait d'avoir annoncé que les repréfentations étoient défertes, en affurant que des deux qui ont été données, la première a produit 100 liv. & la feconde 2000 liv. Voici notre réponse. Lemot défertes eft trop fort, & nous l'avouons très-volontiers. Quant aux repréfentations, nous avons vu celle qui a produit une recette très-médiocre en hiver, nous n'avons point vu l'autre. Après celle-ci on a cessé de donner l'Ouvrage, fans informer le Pubic des raifons qui arrêtoient fon cours, chofe qu'on it ordinairement en cas de fuccès,

& voilà

ce qui nous a induits en erreur. Poifque Mlle Sainval est devenue malade au point de ceffer tout travail, il falloit révéler au Public ce fecret néceffaire à faire con noître pour l'intérêt même de la fuperbe Tragédie de Pyrrhus. Pour nous, grâces au Ciel, nous ne fommes point à portée d'être informés avant le Public des mystères de la Comédie; & dans ce fiècle des Drames, des Proverbes & des Pantomimes, 'heureux 'Homme de Lettres qui n'a pas besoin du fecret des couliffes, ou ***

Wish won at nui mari,

COMÉDIE ITALIENNE. LES changemens defirés dans le fecond

acte de Blanche & Vermeille ont été faits, & la feconde représentation de cette Comédie a eu lieu le Jeudi 15 de ce mois. Voici le fujet & la marche de la Pièce, telle qu'elle exifte aujourd'hui.

Blanche & Vermeille ont été élevées par une Fée qui veut faire leur bonheur. La première a aimé Colin; mais depuis qu'elle a rencontré un Prince dans une forêt, l'ambition a pris dans fon cœur la place de l'ar mour. La feconde, aimée deLubin, ne defire d'autre bien que fa tendreffe; c'eft le vœu qu'elle forme, quand la Fée donne aux deux fœurs un fouhait à faire à leur choix. Pour Blanche, elle demande à régner. Elle eft conduite à la Cour; & tandis qu'on la revêt des habits convenables à fon nouvel état, Colin vient implo rer la pitié du Prince, & lui raconter la perfidie de fa Maîtreffe. Celui-ci fe propofe d'éprouver la tendreffe de Blanche, il feint que pour la féduire il a pris un nom & un rang qui ne lui appartiennent point; que le Prince qui l'a apperçue s'eft enflammé pour elle d'une paffion très-violente; il lui demande fi l'amour qu'il a cru lui infpirer lui fera obtenir la préférence fur un rival fi redoutable : l'embarras, la furprise de Blan

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