public, de peur de les livrer à une dérifion » générale. "Mais ce qu'il ne doit pas tenter pour la Société, il peut l'efpérer dans la Magif»trature. La Magiftrature eft naturellement »faite pour conferver le dépôt des mœurs 1 comme celui des loix; elle a dégénéré des » vertus & des principes de fes pères; mais "la mémoire & le befoin de ces vertus & de ces principes vivent encore dans fon "fein. دو "Magiftrats, peut leur dire leur Cen feur, je vous parle de l'austérité de vos devoirs, comme on parle aux autres hommes de ce qu'ils ont de plus cher & de » plus glorieux. Il ne vous eft pas donné de vous corrompre fans choquer votre fiècle » lui même. Si vous defcendez de la gra viré de votre caractère, de la majeftè de vos travaux, de la fainteté de vos mœurs; » fi vous vous tournez vers les hommes frivoles, & fi vous vous dégradez jusqu'au defir de leur plaire, prenez-y garde; ils vous reprocheront un jour ce defir même; » ils vous puniront d'avoir voulu leur reffembler. Vous formez dans l'État un » ordre à part, qui doit décrier les vices de fon fiècle par fes exemples, qui ne doit. communiquer avec lui que par les lumières, qui ne doit connoître d'autre luxe que le goût des Sciences, des Arts & des » Lettres, ornement & récompense de la vertu; un ordre enfin qui, fimple & facile dans fes mœurs, doit cependant » conferver toujours cette dignité des ma»nières, qui eft un garant de celle des fen» timens. Magiftrats, voilà notre rôle fur » la fcène de la vie, & je n'en conçois ni un plus noble ni un plus doux. »Ne croyez pas qu'un tableau pareil, tracé par un Magiftrat dont la conduite en feroit le modèle, foit offert fans fuccès à des hom» mes que j'aime à me figurer encore fi peu éloignés des mœurs qu'il retrace. Il restera » peut-être dans le Sanctuaire de la Juftice des hommes qui le fcandaliferont par » leur molleffe, par leur fafte, par le mé» pris de leurs devoirs, peut-être même par » une corruption fans pudeur. Eh bien! » point de grace pour ceux qui ne favent »ni abjurer leurs vices, ni même en rou gir. Les Loix commandent l'honneur & » la décence aux Magiftrats, & c'est en» core peu en exiger. Le Vengeur des Loix » ne fera t-il pas retentir leurs menaces, quand les vices affrontent fes regards? Cependant, il faut toujours que le zèle de » la vertu ait de la douceur & de la fageffe. » La rigueur eft un remède cruel qu'il faut fouvent différer; une réforme volontaire » eft un bien meilleur exemple, & il y a » une efficacité particulière dans les exhor»tations de celui qui pouvoit punir. Peutêtre même qu'il eft des hommes fur qui » la cenfure doit fe taire, parce qu'elle n'en peut rien efpérer. Que feroit-elle contre la # » vieillesse, destinée à mourir avec les dé » fauts de fon ame comme avec les infirmi»tés de fon corps, & incapable des vertus qu'elle n'a pas montrées? Hélas! le » trifte intérêt qu'elle infpire, doit changer " en pitié la haîne même de fes vices Il » fuffit de leur enlever l'autorité qu'elle pourroit leur prêter. C'eft la facile & » heureufe jeuneffe qu'il faut plier au joug » des mœurs & des devoirs; la jeuneffe, avec qui croiffent & s'affermiffent les vé rités ou les erreurs, les vertus ou les vices, objet touchant des efpérances du Sage, à qui feule il ofe confier des pensées nouvelles, & par qui les anciens Légiflateurs changeoient la face des Empires.» " LES Hochets de ma Jeuneffe, en deux Parties, par M. le Chevalier de Cubières, avec cette épigraphe de Fontenelle : Il eft des hochets pour tout âge. A Paris, chez Valleyre l'aîné, Imprimeur- L'Ouvrage de M. le Chevalier de Cubières eft divifé en deux Parties. La Préface, qui eft en vers, indique affez dans quel efprit la première a été faite. ANACREON, mon maître, a chanté tour-à-tour De la rofe la plus nouvelle Chaque jour il fe couronnoitan : 1 Et pour maîtreffe il fe donnoitp assis Puis fous la treille tour-à-tour Il chantoit les Plaifirs, les Grâces & l'Amour. C'EST lui qu'au milieu d'une fête, D'un petit fouper clandeftin, On proclamoit Roi du feftin; C'est lui que pour un tête-à-tête On préféroit encor; c'eft lui qui chaque jours Des Rois, dont il eut la tendreffe Sa préfence embellit la Cour; Il s'y fit des amis, y changea de maîtreffe, VEUT-ON réuffir à fon tour ? Il faut qu'on imite fes maîtres: A la Cour, à la Ville, & fous l'ombre des hêtres, J'ai chanté les Plaifirs, les Grâces & l'Amour. D'ANACREON le tendre Ouvrage Sera lu, relu d'âge en âge; " Les belles, les amans l'admirent tour-à tour. fin de chaqué stance, eft d'une grâce infinie. La première Partie des Hochets ne contient que des Pièces érotiques ou galantes: elles avoient déjà paru dans différens Recueils, mais il n'en eft aucune que l'Auteur n'ait retouchée. Prefque toutes décèlent un talent aimable, fécond & gracieux. Celles adreffées à Thémire méritent fur-tout d'être particulièrement diftinguées. Le Serment, le Portrait, les Pourquoi, l'Hypothefe doivent plaire à tous les efprits fenfibles & délicats. En voici une qui prouve que quand il veut, il fait être court & correct. Pour chanter les appas de la belle Clarice, Si la rofe jumelle, hôteffe de fon fein, |