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Le divin Apollon, les Muses, ni les Grâces,
Ne me feront jamais, jamais poétifer.

Le Recueil de M. le Ch. de Cubières eft très-varié & très agréable. On y lira avec plaifir la Pièce fur les Femmes, intitulée, le Pour & le Contre, l'Épître d'un Cenobite à un Homme du monde, Chloe, imitation de Geffner, l'Épîrre d'un Homme du monde à fes anciennes connoiffances, & l'Éloge de Voltaire, par lui-même, Ouvrage très in génieux, un des meilleurs qui aient été faits en vers fur l'Auteur de la Henriade, & dont nous avons déjà rendu compte. Mais beau coup de Lecteurs préféreront à toutes ces Pièces eftimables, les je vous Hais & les je vous Aime, Pièce vraiment charmante & originale, & que nous allons tranfcrire.

PHILIS, Vous avez mille attraits;
Mais à tous mes defirs rébelle,
Pour vous feule vous êtes belle:
Philis, je crois que je vous hais.

MALGRÉ Votre rigueur extrême,
Je me fouviens que l'autre mois
Je baifai le bout de vos doigts :
Philis, je crois que je vous aime,

UN foir chez vous j'arrive exprès
Pous vous déclarer mon martyres

Vous partez d'un éclat de rire:
Philis, je crois que je vous hais.

JAMAIS Votre cœur n'eft le même.
Qu'arriva t'il? le même foir
Vous me laifsâtes quelque espoir :
Fhilis, je crois que je vous aime.

Je vous apporte deux bouquets.
Vous les donnez en ma présence,
L'un à Valcour, l'autre à Gernance :
Philis, je crois que je vous hais.

I E même jour, bonheur fuprême
Dont je veux toujours m'occuper!
Vous m'invitâtes à fouper:
Philis, je crois que je vous aime.

UN revers fuivit ce fuccès;
Quel est donc l'état de mon ame?
Vous aimé-je, en effet, Madame ?
Oui, je vous aime, & je vous hais.

Voltaire, M. de Saint-Lambert, ou M. de la Harpe ne défavoueroient pas une Pièce auffi fimple à la fois & auffi ingénieufe. Nous croyons que M. le Chevalier de Cubières peut remplacer, peut-être avec quelque avantage, l'Auteur des Fantaifies, s'il

veut mettre à profit les confeils que fon
prédéceffeur lui a légués en vers charmans.

Du Ciel tu reçus en partage

Cette facilité, don funefte & charmant, T
Qui trop fouvent, hélas! d'un Poëte volagenort
Fait le plaifir & le tourment, anh p2 2008
Crains cette perfide Sirène;

Vers des écueils cachés tôt ou tard elle entraîne :
Les pleurs & les regrets font alors fuperflus.
Polis tes vers long-temps; des vers faits avec peine,
Avec plaifir font toujours lus.

SPECTACLES.

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ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

ON fe prépare, dit-on, à faire reparoître

la Fête de Mirza avec des changemens. Une Pantomime de cette nature eft elle fufceptible d'en éprouver d'affez heureux pour pouvoir être revue avec quelque plaifir? Nous le defirons. Vraifemblablement on en aura banni toutes les fituations faites pour affliger l'ame; on aura fenti que dans un Spectacle qu'on annonce comme une Fête, les maffacres & les fupplices font des objets auffi déplacés que repouffans. Au furplus, fi l'on a fu trouver des moyens de rappeler le

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Public, & de forcet fon fuffrage, nous les ferons connoftre avec un plaifir d'autant plus vif, que ce n'eft pas fans quelque peine que nous avons rendu un compte fi rigou reux de la première repréfentation de cette Pantomime nous aurions youlu pouvon nous en difpenfer; mais la caufe du goût réclamoit notre févérité, & toutes les confidérations particulières doivent fe taire de vant elle.

Nota. Les Amateurs de l'Art du Chant n'ont pas oublié tout le plaifir que leur a fait la voix touchante, flexible & jufte de Mde Todi dans les Concerts de Paris, & les applaudiffemens qu'ont obtenus les beaux Airs qu'elle y a chantés. Ils apprendront fans doute avcc plaifir qu'elle a eu le même fuccès fur le Théâtre de Turin, dans le premier rôle de l'Opéra d'Andromaque, Poëme de Métaftafe, Mufique du fieur Vincent Martoni, Maître de Chapelle de S. A. R. le Prince des Afturies.

COMÉDIE FRANÇOISE. RIEN de neuf à ce Spectacle depuis le Jaloux fans Amour. On y prépare Richard III, Tragédie imitée de Shakefpéar ; mais quelques raifons, qui ne font pas encore publiques, en retarderont les repréfentations. En attendant cette nouveauté, on a remis deux Pièces qui'dormoient depuis longtemps dans le Répertoire de la Comédie

Françolfe. L'une eft Pyrrhus, Tragédie de Crébillon; l'autre, le Roi de Cocagne, Comédie de le Grand.

Si l'on compare Pyrrhus à l'Ouvrage de Thomas Corneille, qui porte le même nom, on lui doit beaucoup d'éloges; on peut le regarder comme un chef-d'œuvre fi on lui oppofe les Imbroglio tragiques de nos modernes; mais en ne le comparant qu'à une des Tragédies de fon Auteur, comme Rhadamifte ou Électre, on eft obligé de convenir que c'est un des plus foibles Drames qu'il y ait au Théâtre, un des moins intéreffans. Ce n'eft pas qu'on ne remarque de la connoiffance de l'Art dans la conduite de la Pièce, qu'on ne diftingue des traits de grandeur & de nobleffe dans les caractères de Glaucias & de Pyrrhus, qu'on ne doive même regarder comme héroïque le dévoument de ce dernier, 'quand il fe fait connoître à l'Ufurpateur du trône de fon père, qui tient la vie, pour ainfi dire, entre fes mains; mais quelques idées, quelques vers heureux, & une fituation, ne forment pas un intérêt affez puiffant pour attacher pen dant le cours de cinq Actes; d'ailleurs, la catastrophe eft trop clairement annoncée dès le troisième Acte, & le moment où le Héros fe livre au Tiran, ne caufe aucune furprise au Spectateur, parce qu'il eft prévu & qu'on l'attend. On fe plaignoit depuis long temps que cette Pièce fut négligée; on prétendoit

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