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que le Public étoit privé d'un bon Ouvrage; on l'a remife, & les repréfentations en font défertes.

Puis, fiez-vous à Meffieurs les Savans.

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Le Roi de Cocagne eft tiré, partie de la Bibliothèque Bleue, partie de la Bague de l'Oubli, Comédie de Rotrou, qui l'avoir lui-même imitée, de Lopez de Vega. Il faut la diftinguer des farces anciennes que l'on repréfente de temps en temps pendant le Carnaval, on n'y rencontre point les ordures dont font garnies les Comédies de Scarron, & elle en a toute la gaieté. C'eft une folie, une extravagance fi l'on veut, mais au moins cette extravagance peut, dans un temps de délire, être répréfentée devant les honnêtes gens. Il y a fouvent de ce qu'on appelle la groffe joie, infiniment de bouffonnerie, & quelquefois du vrai comique. Cette Pièce a été remife avec foin; auffi le Public y vientil en foule.

COMÉDIE ITALIENNE.

NCORE deux Opéra-Comiques en Vaudevilles à ce Théatre depuis trois femaines. Le premier eft l'Amant ftatue: en voici le fujer.

Dorval a vu Célimène & en eft devenu amoureux; il lui a fait l'aveu de fa flamme en amant timide, c'èft-à-dire, par lettres; cés

lettres font reftées fans réponse, mais on les a gardées. Encouragé par ce procédés il a inis dans fes intérêts la Femme-de chambre de fa Maîtreffe; il s'introduit chez elle d'abord en Chanteur, & lui remet un Almanach, qui a pour titre l'Amour Fidèle; enfuite il fe place fur un Piédeftal au lieu d'une ftatue que Célimène attend. Frontin, fon valet, qui joue le rôle d'un Sculpteur, prétend que la ftatue eft organifées en confequence Dorval exécute plufieurs airs de Aûre, ce qui jette Celimène dans un raviffement inexprimable: elle ne veut pas qu'un fi bel ouvrage refte expofé dans fon jardin aux rigueurs des faifons; fon appartement eft l'afyle qu'elle lui deftine. A peine a-t-elle dit ces mors, que Dorval fe jette à fes genoux, fe fait connoitre, & vient à bout d'ob ́tenir sa main.

Il n'y a, comme on le voit, nulle vraifemblance dans une pareille intrigue & jamais confentement n'a été obtenu d'une manière fi bifarre. Mais ce petit ouvrage n'eft pas fans agrément il eft écrit avec facilité; les couplets font bien coupés, & les idées en font fraîches & gracieuses. M. Clairval eft charmant dans le rôle de Dorval.

Le fecond eft la Rufe de Carnaval ou les Deux Morts; il eft tiré d'un Conte Oriental, & a été représenté pour la première fois le

Mardi-Gras.

Léandre aime Ifabelle; mais comme M. & BAMde Caffandre ne veulent point lui donner

leur fille, il ne peut voir fa Maîtreffe qu'en cachette, & par l'entremife de Pierrot & de Colombine, domestiques de la Maison. Surpris par les Vieillards, il eft chaffé honteufement, & les Valets font mis à la porte. Mais Colombine imagine un ftratagême. Ellen'ignore pas que Pierrot, fon mari, a plû à Made Caffandre, & qu'elle a touché le cœur de fon vieux Maître; en conféquence chacun d'eux contrefait le mort tour-à-tour, *& chacun d'eux auffi, en verfant des larmes fur le fort de l'autre, qu'il dit mort de défefpoir, obtient fa grâce de M. & de Made Caffandre. Ceux-ci, en s'expliquant enfemble fur le pardon qu'ils ont accordé, fe querellent fur celui de leurs Domestiques qui eft mort, & conviennent de s'en consta vaincre en examinant le cadavre; ils font bien furpris d'en trouver deux au lieu d'un; ils le font davantage, quand Léandre, qu'on a averti du ftratagême, arrive déguisé en Commiffaire, & les accufe d'avoir empoifonné ces deux prétendus morts. Néanmoins, il confent à étouffer l'affaire, fi on veut lui donner Ifabelle en mariage. Après quelque réfiftance on y confent; Léandre le fait connoître; les deux morts reffufcitent, & M. Caffandre, ainfi que Made fon époufe, ne reprennent point leur parole; ce qui ne laiffe pas que de paroître ridicule, même dans une rufe de Carnaval.

Très-peu de gaîté, quelques équivoques dont on peut rire à la Foire, deux ou trois

idées affez jolies, des Vaudevilles la plu part mal coupés, des vers lâches & mal tournés, beaucoup de fauffes rimes : voilà, à-peu-près tout ce qu'on peut dire de ce! petit Opéra, qui ne nous a point paru Comique.

VARIÉTÉ S.

PROGRAMM (E.

UN Particulier zélé, pour le bien public, & qui pénfe qu'une bonne éducation y peut beaucoup contribuer, defireroit qu'il fut composé un Traité Elémentaire de Morale qui expliquât & prouvât les devoirs de l'Homine & du Citoyen. Il voudroit que ce Traité fût fait d'après les Principes du Droit Naturel; qu'il fût clair, méthodique, & propre toutes les Nations.

Comme il eft destiné aux Écoles, on defire qu'il foit court & écrit dans un ftyle fimple, qu'il n'excède pas cent ou cent vingt pages d'une impreffion in-12, d'un caractère ordinaire, afin que fervant aux Enfans qui apprennent à lire, il puifle être lu & retenu dans le cours de l'éducation, & qu'il puisse être acheté à un très-bas prix.

Pour engager les Gens de Lettres à la compofition de cet Ouvrage, on a dépofé 1200 liv. chez Me Sauvaige, Notaire, rue de Bully.

Des Perfonnes inftruites, éclairées & connues, feront priées par l'Auteur du préfent Programme,de vouloir bien être Juges du Concours, & Me Sauvaige délivrera le prix à celui qui, d'après ce jugement, aura le mieux rempli les conditions cideffus.

On prévient qu'il faut que l'Ouvrage foit im

primé & approuvé, ou fi l'on ne veut pas rifquer les frais d'impreffion, il faut que le manufcrit foit revêtu d'une approbation ou permiffion d'im preffion.

Les Exemplaires imprimés ou manufcrits & permis d'être imprimés, feront remis audit fieur Sauvaige, Notaire, d'ici au premier Mai 1782, fans nom d'Auteur, mais avec une Sentence ou Epigra phe, dont pareille fera enfermée avec le nom de l'Auteur dans un papier cacheté, qui ne fera ouvert lors de la diftribution du Prix. Ce Prix fera que donné le jour de la S. Louis 1782.

ON a dit dans le Mercure du 24 Février,

page 181, que M. Garat, à qui l'Académie Françoife, dans fon Affemblée du 8, avoit adjugé pour cette année le legs de 1200 liv. de M. le Comte de Walbelle, n'avoit pas jugé à propos d'accepter ce legs, & avoit prié l'Académie de vouloir bien lui permettre de le rendre; qu'en conféquence cette Compagnie, dans la Séance du 17, en avoit difpofé en faveur de M. Court de Gebelin, qui l'avoit déjà obtenu l'année dernière. On auroit dû ajouter que le motif qui a déterminé M. Garat à ne pas accepter le legs dont il s'agit, non-feulement ne peut offenfer ni l'Académie, ni les Gens de Lettres, mais fait autant d'honneur à M. Court de Gébelin, qu'à la modeftie & à la noble délicateffe de M. Garat. «L'Académie, dit-il dans la Lettre qu'il a écrite fur ce fujer, à M. d'Alembert, m'honore infini ment dans le choix qu'elle a fait de moi pour m'ajuger le legs annuel inftitué par M. de Walbelle. Un fecours qu'un Homme de Lettres fans fortune reçoit des mains de l'Académie, n'est pas feulement un fecours, c'eft encore une diftinc

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