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peu attendu, a écrit au Lord Hilsborough une lettre remplie de plaintes les plus fortes fur la né gligence du Comte de Sandwich, en le priant de la mettre fous les du Roi. Milord Hilsborough en fir part au Comte de Sandwich, qui lui répondit par une juftification qu'il le pria de préfenter au Roi, s'il lui remettoit la lettre du Commodore. Cependant fur les plaintes du dernier, on s'eft hâté de réparer le Héros. Dès le 19, les régimens de Fullarton & Humberton s'étoient rendus à Portf mouth, où le 22, le Marlborough a conduit cinq vaiffeaux de la Compagnie des Indes, qui doivent être du convoi. On prétend que ce n'eft pas avec le Lord Sandwich feul que M. Johnstone s'est brouillé; i s'eft élevé auffi des différends entre lui & le Colonel Meadows, chargé du commandement des troupes de terre destinées à cette expédition.

Le Chevalier Yorke arriva le 23 du mois dernier & defcendit à l'Hôtel du Comte de Hardwike fon frere, où les Lords Hillsborough & Stormont allèrent lui faire une vifite. Le 24 il eut l'honneur de rendre fes refpects au Roi avec lequel il eut un long 'entretien.

La guerre avec la Hollande dont on fe faifoit des efpérances fi brillantes, commence à fe préfenter fous un point de vue plus fombre. La ville de Norwich eft dans la dernière confternation. Ses manufactures dont les produits paffoient en grande partie en Hollande, font entièrement tombées depuis la déclaration de guerre. Quatre des principales Maifons viennent de fufpendre leurs paiemens, & quantité d'ouvriers fe

trouvent exposés à périr de faim. On a choifi ce moment pour renouveller les défenfes aux ouvriers de quitter la Grande-Bretagne & ordonner l'exécution des peines portées contre les émigrans & leurs fauteurs. Ce n'eft pas par des loix qu'on retient les fujets d'un Empire; c'est en leur rendant la vie aifée en affurant leur bonheur & leur tranquillité.

de

Les féances du Parlement offrent peu détails. Le 23 la Chambre des Communes délibéra fur la manière de punir les déferteurs; on objecta que cette résolution ne devoit pas s'étendre fur les troupes en Irlande, dont la difcipline devoit être déformais du reffort du Parlement Irlandois ; & cela fit obferver que pas à pas la GrandeBretagne renonçoit à fa fouveraineté fur l'Irlande.

On espère qu'enfin le budget fera ouvert le 7 de ce mois par le Lord North; il devoit l'être le 27 du mois dernier, mais il paroît que le travail de ce Miniftre n'eft pas fini, & que l'emprunt qu'il doit faire a éprou vé des difficultés qu'il fe flatte d'avoir le tems de lever d'ici au 7.

Le feul article curieux qu'offre la Cham bre des Communes, eft l'efpèce d'interrogatoire qu'eurent le 26 devant le Comité de cette Chambre les Indiens qu'il devoit entendre fur les griefs allégués contre les Cours de judicature établie au Bengale.

Le Bramine, attendu depuis plufieurs jours,

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préfenta le 26 au Comité avec deux autres Indiens appellés Préfés, du pays des Marattes. Ils s'af firent à la droite du Préfident, & M. Boughton Roufe, un des Membres du Comité, offrit de leur fervir d'interprète; cet examen intéressant dura depuis midi jufqu'à trois heures; on y expofa affez au long les loix & les mœurs des Bramines & des Hindous. Les crimes foumis à la plus forte expiation, dit le Bramine font le meurtre d'un homme, d'une femme, d'un enfant ou d'une vache. L'homme riche qui commet un de ces quatre crimes, les expie ordinairement en payant une groffe fomme, qui eft employée à quelque charité publique ; & fi le coupable eft un Bramine ou un pauvre Hindou, il lui eft impofé un péleinage, qu'il doit faire nuds pieds, & qui dure quelquefois fept ans ; un Bramine cependant peut être puni de mort; mais le Bramine remarqua qu'il ne fe fouvenoit pas d'en avoir vu d'exemple. Le meurtre volontaire d'un Bramine est un crime capital. La peine de mort eft prononcée de même dans les cas de trahifon ou de délits graves contre l'Etat, & il eft cependant très-rare, même alors, que la rigueur de la loi ait fon effet. Quoique la peine de mort foit infligée quelquefois, les coupables condamnés ne font jamais pendus mais on les exécute en leur paffant une épée à travers le corps, Ce genre de punition eft conforme aux anciens ufages du pays. La raison pour laquelle on a préféré cette manière de faire mourir les coupables à celle de les pendre, eft qu'on croit que l'effufion de fang expie le crime, au lieu que de pendre une perfonne, eft, felon leur opinion, la mettre hors de ce monde fans être foulagée du fardeau de son crime; & on ne pense pas que pendre quelqu'un ce foit le purifier; on eft perfuadé qu'en lui ôtant ainfi la vie, il conferve après la mort, toute l'impureté pour laquelle il a fouffert, Il n'eft pas d'ufage parmi

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les Hindous d'arrêter ou d'emprisonner pour dette. Lorfqu'une femme maitreffe de fon bien, ou jouil fant d'un revenu adminiftré par elle, refufe d'acquit ter une dette, qu'on la fuppofe en état de payer, on porte plainte au Magiftrat de fon District; celui-ci lui envoie ordinairement une fommation, Jui ordonnant d'acquitter la dette ; cette fommation eft réitérée, fi elle ne paie point, & elle reçoit ordre de paroître devant le Magiftrat. Lorfqu'elle eft arrivée à la maison du Magiftrat, les femmes la reçoivent & la lui conduifent. Il l'interroge fur fa dette, mais il y a toujours un rideau tiré entr'eux, de forte que le Magiftrat ne voit jamais une fem me. Enfin une femme n'eft forcée en aucun cas de fe défendre en juftice. On tient généralement à grand déshonneur de paroître devant une Cour de Jul. tice, & jamais une femme n'y eft appellée. — Les Zenimdars font quelquefois purfuivis pour dette, mais on y gagne peu, quelque févérité qu'on em. ploie. Lorfque les hommes refusent de payer une dette quelconque, on met une garde à leur mai fon, afin que rien n'en puiffe fortir, & quelque fois la garde a ordre de ne laiffer entrer aucuns comeftibles; lorfque les débiteurs ont de quoi fatis. faire leurs créanciers, & qu'ils s'y refufent, leurs effets font faifis & vendus, mais alors leurs dieux & autres chofes appartenans au lieu confacré à leur culte, font exceptés; leur mobilier n'eft ja mais mis en vente. Les frais de demande à la char ge du plaignant, font d'environ 20 pour cent; la quatrieme partie de cette fomme eft verfée dans le tréfor. Le Bramine expofa les caufes qui peu vent les priver de leur dignité. Un Bramine doit ap prêter fon manger lui-même, ou il doit être apprê té par un autre Bramine, & il ne pout pas manger avec quelqu'un d'un autre étar Celui qui donnoit ces détails, dit qu'il ne pouvoit même pas manger avec les deux Préfés qui l'avoient accom, agné en

Europe;

Europe; que s'il le permettoit, il perdroit fa dignité. Si tout autre qu'un Bramine, par exemple, un Hollychor (c'eft ainsi qu'on appelle les Bramins qui ont perdu leur dignité), entre dans la maison d'un Bramine pendant qu'il mange, le Bramine eft obligé de jetter fon repas, & de laver fa maison avec de l'eau; & fi un Hollychor approche d'un Bramine pendant qu'il mange en plein air, celui-ci eft obligé de fe laver pour fe purger de la fouillure qu'il a reçue. Quant aux femmes, elles ne font pas gardées auffi ftrictement par les Hindous que par les Mahometans. Lorfqu'un Bramine a quelqu'un chez lui, fes femmes peuvent entrer avec le dîner, & elles le font, mais elles ne prennent ja mais place à côté des hommes, ni ne converfent avec eux. Dans l'Indoftan, & fur-tout parmi les fujets Mahométans, il existe une coutume parmi les femmes qui eft de fe brûler fur le bûcher de leurs maris. Lorfqu'un citoyen perd fon état, ni fes amis, ni fa famille ne peuvent faire fociété avec lui, & il eft dès ce moment regardé comme mort, on fait même fes funérailles, & on doit l'effacer de fon fouvenir; fi un Hindou ou un Bramine cependant a été forcé à l'action qui l'a fait décheoir de fon état, c'eft aux favans Bramines à juger s'ils peuvent, fans bleffer les loix, le rétablir, & quelquefois ils le rétabliffent. Quant à la nourriture, quoique leurs loix les obligent à ne rien manger que ee qui eft apprêté par eux-mêmes ou par d'autres de kur fecte; ils peuvent quelquefois manger ce qui a été apprêté par d'autres que par des Bramines mais feulement dans des circonftances extraordinaires, comme une maladie foudaine, ou après un long jeûne; & dans ces cas même, ils ne peuvent manger la nourriture apprêtée par d'autres mains à moins qu'ils n'aient jeûné affez long-temps pour perdre les fens, & qu'ils ne reconnoiflent point. ceux qui leur donnent cette nourriture. Les Bra17 Mars 1781.

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