Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

nier; & fur la démiffion de M. le Garde des Sceaux à qui le Roi a confervé les honneurs de cette charge S. M. en a pourvu le Comte de Vergennes, Miniftre & Secrétaire d'Etat au département des affaires étrangères, qui s'eft démis en conféquence de celle de Secrétaire des ordres de S. M. qui en a pourvu M. Amelot, Secrétaire d'Etat, qui, le 25 du même mois, a prêté ferment entre les mains du Roi.

Le même jour LL. MM. & la Famille Royale fignèrent le contrat de mariage du Marquis de Lordat, Meftre de Camp de Cavalerie, & gentilhomme d'honneur de Monfieur, avec Mademoiselle de Caumont. M. le Comte de Villemontée a eu l'honneur d'être préfenté à LL. MM. & la Famille Royale.

De PARIS, le 6 Mars.

M. de Graffe eft maintenant à Breft; on dit qu'il embarque environ 6000 hommes. On dit que la deftination de M. de Marin, qui devoit l'accompagner, est changée, & qu'il partira pour l'Ile de France; on ajoute même que le Régiment de Pondichéry & partie de celui d'Anftrafie, s'embarqueront pour fe rendre dans cette par tie du monde. M. de Barras de St-Laurent eft auffi deftiné à aller remplacer M. le Chevalier de Ternay à Rhode-Ifland; il; y conduit fon vaiffeau l'Augufte, de 80 ca nons; M. de St-Cefaire eft fon Capitaine de Pavillon.

M. le Comte d'Hector, Chef-d'Efcadre, vient d'être pourvu du commandement de la Marine à Breft, vacant par la démiffion de M. le Comte de Guichen. La place de Directeur général, qu'avoit M. d'Hector, a été donnée à M. le Chevalier de Beauffet.

Si l'on en croit certains rapports, M. de Monteil, ayant laiffé un feul vaiffeau à St-Domingue, a été avec quatre autres fe joindre à M. de Solano. Si cette nouvelle eft vraie, on avoit exagéré les dommages que les vaiffeaux Efpagnols avoient effuyé dans la tempête qu'ils efluyèrent fur la route de Penfacola; il faut qu'ils aient été peu confidérables, & d'une réparation facile, puifqu'ils projettent une nouvelle expédition.

On apprend de l'Orient que la frégate le Serapis, commandée par M. Roch, & deftinée pour l'Inde, en eft partie le 20 Février. Les autres navires en armement dans ce Port pour l'Ile de France, font le Briffon, les Trois Amis, le Maurepas & l'Union. Il paroît qu'ils fe rendent à Brest fous escorte pour y joindre les autres bâtimens du convoi deftiné pour l'Inde, qui doit partir inceffam

ment.

Le 17 Février les gabarres du Roi la Bayonnoife & la Pintade, venant de Bayonne, arrivèrent à Rochefort. A cette époque le vaiffeau du Roi le Fier étoit en rade. Ce vaiffeau commandé par M. Dolabaraz, Capitaine de vaiffeau, eft armé en flûte & defti. né à joindre le convoi à Breft. L'Amphion &

le St-Michel, arrivèrent le 23 de ce Port à celui de Rochefort.

On reçoit de St-Malo les détails fuivans du coup de vent du 12 au 13 Février.

Le navire le Mefnil, fervant de dépôt aux marelots novices-volontaires, appareilla le 10 de cette rade, pour aller dehors exercer & amariner les jeunes novices; le foir, M. Duclos - Guyot, Lieute nant de faégate, commandant ce bâtiment, mouil la dans la baie de Cancale, où il pafla la journée du 11, le vent ne permettant pas de faire des évolu tions. Le 12 au foir, il s'éleva une tempête violente de la partie du S. O., qui, après avoir caffé tous les cables du Mefnil, força M. Duclos Guyot de fe mettre à la voile fous le petit foc, qui ne tarda pas à être emporté. Le danger étoit éminent, ne pouvant, fur l'autre bordée, doubler les Iles de Choufey, ni aller par la déroute d'une nuit la plus obfcure & d'une baffe mer; il ne ref. toit qu'un parti à prendre pour fauver la vie à près de seo hommes, c'étoir de faire côte avant que la mer fe fût retirée. La tempête étoit manifeste, & la mer devint effroyable, lorsque le bâtiment étoit à peine à une lieue de la côte de Normandie entre le Mont Saint Michel & Granville. M. Duclos fit auffitôt jetter les canons à la mer pour alléger d'au zant le Mefnil; enfuite il manoeuvra pour arriver droit fur la côte; ntais la barre du gouvernail ayant aflé, il fit couper le mât d'artimon, & alors il arriva fous les fanons de mifaine. Tous les jeunes novices étoient fur le tillac, & M. Duclos les encourageant de fon mieux, lorfque trois lames & la mifaine, qu'il avoit heureufement confervée, poufferent le vaiffeau fur les rochers les plus efcarpés. Dans cet inftant, M. Duclos fit couper le grand mât, qui forma un pont; il défendir à qui que ce foit de defcendre, & tout le monde refta

( 85 )

dans cette pofition pendant une demi-heure, con vert par les lames qui fe brisèrent contre le bâtiment. La mer s'étant enfuite retirée, M. Guyot fir defcendre fur le grand mât fucceffivement tous les novices matelots, & débarqua le dernier. En abordant le rivage à 11 heures & demie du foir, & par la nuit la plus obfcure, fon premier foin fut de faire l'appel des novices, & fur un nombre de près de 500 hommes, il eut la fatisfaction de ne trouver que deux infortunés qui manquoient. Ce Lieutenant de frégate fe loue beaucoup du courage des novices & des fecours généreux & humains du Curé de la Paroiffe du lieu du naufrage. (Carolles, à 2 lieues de Granville).

[ocr errors]

Mardi dernier on effuya ici à Paris, & dans les environs, une tempête affreuse qui commença à s'élever vers les ƒ heures du foir, & qui dura bien avant dans la nuit. Le nombre de cheminées & de toits enlevés n'eft pas peu confidérable; & dans les Jardins des Tuileries & du Luxembourg, plufieurs arbres de la première grandeur ont été déracinés ou coupés par le milieu. A Charenton & à Melun plufieurs bateaux, chargés de vin, de charbon & autres provifions ont été emportés, brifés & engloutis dans la rivière. C'eft à cette heure que la troupe des mafques venant du Fauxboug St-Antoine, fe rendoit aux Porchétons, à la Courtille, &c. La violence du vent ayant éteint les lanternes, cette foule à demi ivre fe pouffa & fe culbuta pour chercher un afyle; il y a eu quelques perfounes bleffées, mais heureufement aucune

[ocr errors]

n'a péri; il n'en a point été porté à la Morgue, comme on l'avoit publié. Cet ouragan, qui venoit de l'Ouest & de l'O.-S.-O. a été encore plus terrible que celui du 12 au 13. On apprend qu'il a jetté bas la belle grille de la cour du Château de Versailles; on doit s'attendre qu'il aura caufé de grands ravages en mer. Heureusement nous n'y avons rien dans ce moment; & nous ne craignons que pour quelques-uns de nos Corfaires & pour la flotte Espagnole. Cependant comme la première tempête ne s'eft pas étendue au-delà du Cap Finifterre, puifqu'à peine s'eft-elle fait fentir à la Rochelle, peut-être que cette dernière n'aura pas non plus caufé de ravages vers le Midi. Ce qui concourt à raffurer, c'eft que des lettres. d'Algéfiras, du commencement de Février, portent que les vigies de la côte avoient fignalé la flotte Espagnole croifant entre les caps Spartel & Trafalgua; ce qui prouve qu'elle ne s'eft pas avancée dans l'Océan & qu'elle croife vis-à-vis le Détroit. Si les vents d'Oueft fe font fait fentir dans ces parages, elle aura été chaffée dans la Méditerranée, où elle aura trouvé une mer large; au lieu que fi elle avoit été fur le cap St-Vincent, l'armée auroit couru rifque d'être jettée fur la côte, malheur que l'Amiral Rodney, n'au roit pu éviter l'année dernière, après la rencontre qu'il fit de D. Juan de Langara, file vent s'étoit foutenu une heure avec la même force.

« VorigeDoorgaan »