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rédacteur de l'inventaire que Gaius Scholasticus était l'auteur de la glose, mais c'est à lui qu'une ancienne transcription de Lucain aura été dédiée : ce personnage, qui s'appelait Gaius Scholasticus Bonus, occupait une charge de chef des gens de lettres, Primus Musion. Le texte et le commentaire, quoiqu'aussi peu instructifs que la plupart des scholies de cette espèce, à l'exception de celles de Servius, méritent d'être encore examinés. Ils sont précédés d'un fragment en prose sur César et Pompée, ainsi que de l'épitaphe de Sénèque et de celle de Lucain, qui se trouvent dans l'Anthologie de P. Burman, I, 417.

A la suite de la Pharsale on lit, sous un intitulé plus récent que le texte : Versus ut feruntur Virgilii de Est et non, puis une autre épigramme sur l'y grec, qu'on lit toutes les deux dans la même Anthologie, II, 413–417.

Litera Pythagoræ discrimine secta bicorni
Humanæ vitæ speciem proferre videtur, etc.

Dans cette seconde, attribuée également à Virgile, même par M. L.-V. Raoul, il s'agit, on le sait, de l'allégorie pythagoricienne, tirée de l'y grec et dont Perse a dit :

Et tibi quæ samios deduxit littera ramos,
Surgentem dextro monstravit limite callem.

SAT. III, v. 56-57.

Le volume se termine par un morceau déjà publié : Versus Firmiani Lactancii de Fenice.

Est locus in primo felix oriente remotus

At fortunate sertis foliisque volucrum.

III.

Dracontius.

Je ne prétends point épuiser le manuscrit de Cuss, dont j'ai déjà présenté de nombreux extraits, mais je ne puis le quitter, pour le moment, sans revenir sur un fait assez singulier. Au verso du feuillet 212 se termine un poëme de la manière suivante : Explicit liber S. August. de Laudibus Dei; or c'est l'Hexaemeron de Dracontius, revu par Eugène, évêque de Tolède, pour satisfaire aux désirs du roi Goth Chindaswinth, et signalé par M. OEhler. S'il n'est point ici précédé de l'épître dédicatoire en prose de cet évêque et de sa préface en vers, il est escorté d'un préambule qui manque dans les imprimés, et, au lieu de ne former qu'un seul livre, il y est divisé en trois, dont les deux derniers sont également inédits. En outre il présente pour la partie connue quantité de variantes et de corrections qu'un nouvel éditeur devrait nécessairement recueillir.

L'exorde se compose de 115 vers, après lesquels vient le début de J.-B. Carpzov (éd. de Helmstadt, 1794), mais avec des différences notables :

MS.

Prima dies nam lucis erat in oris una tenebris;
Lux datur ante polos, lux clari causa diei,
Lux jubar ætherium, lux noctis limes et umbris,
Lux facies rerum, dux lux cunctis elimentis
Lux genitis per cuncta color, lux gratia solis,
Lux decus astrorum, lux aurea cornua lunæ,
Lux fulgor cœli, lux et primordia mundi :
Lux splendor flammæ, lux magni temporis index,
Lux opus auctoris primum, lux cardo pudoris,
Lux honor agricolis, requies lux omnibus ægris,
Lux cui media es, lux quæ dat tempora mœstis.

Carpsov. Prima dies lux est terris, mors una tenebris :
Lux datur ante polum, lux claræ caussa diei;
Lux jubar ætherium, lux noctis limes et umbræ;
Lux facies rebus cunctis et lux elementis ;
Lux genitis factisque calor ; lux gratia solis,
Lux decus astrorum, lux aurea cornua lunæ,
Lux fulgor cœli, lux et primordia mundi.
Lux splendor flammæ, lux magni temporis index.
Lux honor agricolis, requies lux omnibus ægris.
Lux opus auctoris primum, candorque pudoris,
Lux ævi mediis dat lux quoque tempora metis.

:

On voit que les deux leçons diffèrent beaucoup. Si le texte manuscrit n'est pas irréprochable, il est au moins meilleur en général que l'imprimé. Carpzov déclare ne pas comprendre le onzième vers, tel qu'il le donne. Il n'est guère plus intelligible selon notre version, excepté toutefois dans le second hémistiche (1).

IV.

Diplôme de Chilpéric I en faveur de Chrasmar, évêque de Tournai. Dans une précédente publication, j'ai laissé voir que je partageais l'opinion commune des savants qui regardent cette pièce comme fausse ou falsifiée, et j'ai parlé d'un mémoire inédit du marquis du Chasteler, que malheureusement je n'ai pu retrouver, et qui faisait de ce diplôme l'objet d'un examen particulier (2). Le problème semblait depuis

(1) Dans la notice sur Sédulius Scottus, dont le même manuscrit contient les poésies, (t. VIII, no XI), on a mal imprimé les années du règne de l'empereur Lothaire. Au lieu de 945-950 il faut lire 840-855.

(2) Phil. Mouskes, I, 45-46 (p. 45 notes, col. a, lig. 3, XIIIe siècle, lisez VIIIe siècle). Le système du marquis du Chasteler, qui attribue cette pièce à Chilpéric II, n'est pas nouveau ; il avait été imaginé par Bucherius (Recoll. c. 3), qui fait vivre l'évêque Chrasmar au VIII' siècle au lieu du VI; mais il est re

longtemps résolu, quand au sein de l'académie, un de nos confrères qui, après avoir parcouru d'une manière triomphante le domaine de la science, fait souvent des incursions heureuses dans celui de la littérature, a invoqué le prétendu diplôme de Chilpéric à l'appui d'un ingénieux système que je regrette de ne pouvoir adopter (1), et a prononcé qu'on avait eu tort d'en contester l'authenticité. Comme j'ai eu ce tort, je demanderai à l'honorable académicien la permission de déduire rapidement les principales raisons sur lesquelles mon sentiment se fonde; il y aura peut-être un peu de pédantisme à rappeler des choses trop connues, mais j'ai affaire à un homme de talent et d'esprit, et ces gens-là sont portés à l'indulgence.

jeté par Poutrain, qui ne semble pas avoir beaucoup de confiance dans ce monument, en alléguant néanmoins des raisons pour et contre.

(1) Moi aussi je considère la cathédrale de Tournai comme un des édifices les plus remarquables et les plus dignes d'être étudiés, sans en placer cependant l'origine à une époque aussi reculée qu'on le fait. Quoique je ne puisse croire, par exemple, qu'une voûte élevée à 150 pieds du sol ait quatre pieds d'épaisseur, j'attribuerais volontiers cette construction aux géants qu'une tradition fabuleuse donnait pour architectes à Charlemagne, ainsi que le témoigne ce passage qu'on n'avait peut-être pas encore remarqué :

De gigantibus Hiltigardis et Caroli.

Cum imperatrix fortunata, semper Hiltigardis dicta,
Campidonæ vixit et machinam incepit,

Ibidem cænobii ipsius prima die fundationis,

Gigantes sic duos habuit in nomine dictos,

Sanctimont et Celebrant, ut poetæ uobis scribant,

Qui stricte laborarunt ac ibi lapides portarunt;

Unus tantum in die perficiens et solum opere complens

Quanto alias octo viri vix potuerunt niti, etc.

J. Birckii Tractatus de monasterio Campidonense apud Mich. Kuen, Col

lectio scriptorum. Ulmæ, 1755, III, 176.

Si l'original de ce diplôme, mentionné dans la chronique de Cisoing (1), n'avait pas péri, au dire de Foppens, dans l'incendie de l'église cathédrale de Tournai, en 1567, nous aurions pu tirer des preuves des caractères extrinsèques de cette pièce, et quoique les quatre lettres que Chilpéric, cet autre Claude, essaya d'introduire, ne fussent pas encore en usage, nous aurions certainement examiné avec fruit la forme de l'écriture et sa matière subjective. Mais il faut nous contenter des caractères intrinsèques, qui sont, au surplus, les plus importants et les plus décisifs.

Le diplôme de Chilpéric a été publié d'abord par Cousin (Hist. de Tournai, liv. I, ch. LXVI, p. 322), et par Miræus, (Oper. dip., t. I, p. 6), mais d'une manière peu exacte, ce qui a forcé Foppens, dans son supplément à Miræus, d'en donner un texte nouveau d'après une copie vidimée des archives de Tournai (Op. dipl., t. II, p. 1310). Poutrain a fait de même (2).

La pièce débute ainsi ; In nomine omnipotentis dei et salvatoris nostri Jhesu Christi. Or, aucun diplôme mérovingien ne porte d'invocation explicite (3); à la tête des diplômes des rois francs du VIme siècle, on voit tantôt le signe de la croix, tantôt des traits entortillés, que l'on prend pour

(1) Dans mon édition de Ph. Mouskes, I, 534.

(2) Cf. H. Le Cointe, Ann. eccles. Franc., t. II, p. 156. — Catullius, Tornacum civitas Nerviorum, p. 196, ad ann. 578, ex chartul. eccl. Tornac.-Chifflet, Anastasis Chilperic., p. 306, sub anno 580, ex archiv. urb. Tornacen. Poutrain, Hist. de la ville et cité de Tournai, I, 129-30, preuves, I, 6. — De Bréquigny, Table chron. des diplômes. Paris, 1769, in-fol., t. I, p. 52.

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(5) Mabillon, De re dipl., 2o éd., 430, 31.

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