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des invocations monogrammatiques, mais on ne saurait citer une seule charte de ce temps qui commence comme celle-ci.

Vient ensuite la suscription: Chilpericus, divina prœveniente clementia, rex Francorum. Cette formule trahit encore l'ignorance du faussaire, puisque l'usage constant des rois mérovingiens était de s'intituler simplement : N. rex Francorum, vir inluster. Cela pourra paraître bien bourgeois à nos libéraux de bas lieu, amateurs forcenés des titres d'altesse, de monseigneur et d'excellence, mais cela n'en est pas moins vrai, et le faussaire n'y a pas pris garde. La suscription, telle qu'on vient de l'énoncer, composait la première ligne des diplômes.

Si le commencement offre des signes évidents de fraude, la fin n'est pas aussi suspecte que l'avait cru le marquis du Chasteler Et ut hæc autoritas firmior habeatur, manus nostræ subscriptione firmavimus et annuli nostri impressione consignare atque corroborare præcepimus.

Les rois mérovingiens, je l'avoue, n'annonçaient pour l'ordinaire que leur suscription exclusivement. Cependant nous trouvons un autre diplôme de Chilpéric, où je remarque aussi l'annonce du sceau, quoiqu'elle fût alors infiniment rare : c'est celui de 583, pour la reconstruction de l'église de S'-Lucien de Beauvais (1). M. De Brequigny ne le mentionne pas dans sa table.

Si l'on passait au style et aux usages, la supposition ne serait pas moins manifeste. Cette partie exigerait une discussion détaillée, à laquelle je ne puis me livrer ici. Je me

(1) Nouveau traité de dipl., III, 646; N. De Wailly, Éléments de paléographie, I, 280.

contenterai d'affirmer que pour quiconque a l'habitude des anciens monuments, le style et l'ensemble de cette pièce décèlent une époque bien postérieure à l'année 575 (1), et que les expressions justitia de teloneo et mensa canonicorum, sont particulièrement des indices d'un âge plus récent.

Après cela, si l'on répond que le diplôme a été vidimé par Philippe-le-Bel en 1290, sans contester l'authenticité du vidimus même, je dirai qu'il n'y a rien d'étonnant qu'on ait admis au XIIIe siècle une pièce de fabrique, puisque plus près de nous semblables déceptions ont eu lieu (2), et qu'aujourd'hui même que les moyens de vérification se sont multipliés, on est encore pris pour dupe.

ARCHÉOLOGIE.

Apollon et Hercule se disputant la biche; peinture de vase, expliquée par M. Roulez, membre de l'académie.

La peinture inédite, à figures noires sur fond jaune, dont j'ai l'honneur d'offrir un dessin à l'académie, décore la face principale d'une amphore tyrrhénienne, que j'ai eu l'avantage d'examiner en 1839, dans les magasins de M. Basseggio, à Rome. Elle représente Hercule et Apollon se disputant la possession d'une biche, que l'un emporte et que l'autre veut lui arracher. Le fils d'Alcmène, vêtu de la peau du lion, ayant l'épée au côté, l'arc et le carquois

(1) Catullius, Poutrain et la Chron. de Cisoing, mettent 578 (et non pas 678, Ph. Mouskes, I, 534).

(2) Mabillon, De re dipl., 2o éd., 22, 23, 24, 25, 29, 250, 251.

sur l'épaule, tient d'une main l'animal, et de l'autre, brandit sa massue contre son adversaire. Apollon porte une tunique courte que recouvre une nébride; un carquois est suspendu à son dos. En arrière du dieu on voit sa sœur, vêtue de la tunique longue et du péplus, et coiffée d'une espèce de modius ou de calathus (1); du côté opposé du tableau, en face d'Hercule, est placée Minerve dans une attitude roide. Un casque à cimier élevé couvre sa tête, et l'égide, hérissée de serpents, sa poitrine. On ne connaît, jusqu'à cette heure, que trois monuments anciens offrant ce sujet; ce sont, outre le vase qui vient d'être décrit, un cyathus inédit du musée de Leyde, et un magnifique casque de bronze, appartenant à M. le duc de Luynes, et publié par lui (2). En rapprochant cette représentation de celle de l'enlèvement du trépied où figure la biche (3), on se demande d'abord si elle n'en est pas une variante, et si la substitution du quadrupède au trépied n'est pas l'effet d'un caprice d'artiste, ou l'expression d'une légende perdue pour nous (4); mais pour recourir à cette hypo

(1) Cette coiffure est donnée à Diane sur plusieurs peintures de vases. Voy. Gerhard, Auserlesene Gr. Vasenbilder, I, taf. XV, XVII, s. 60. Cf. Rapporto volcente, not. 347. De Witte, Catalogue Durand, no 314. Catalogue Magnoncour, 44.

(2) Monuments inédits, publiés par la section française de l'institut archéol., pl. III.

(5) Voy. le Bulletin de la dernière séance de l'académie, t. IX, part. I, pag. 59.

(4) Le trépied et la biche sont non-seulement l'un comme l'autre l'emblême de la lumière, mais même de la prophétie ; Valer. Flaccus (Argonautic. VI, 70 sq., fait mention chez les Scythes, d'une biche aux bois et au poil d'or, laquelle prédisait l'avenir. Du reste, une circonstance qui mérite d'être prise en considération, c'est que les trois monuments en question proviennent tous d'une même localité, notamment de Vulci.

thèse, il faudrait que la vie aventureuse d'Hercule ne fournît aucun trait applicable à la représentation en question. Or, nous allons voir que ce recours est parfaitement inutile.

Suivant Apollodore (1), le troisième (2) travail imposé par Eurysthée au héros Thébain, consistait à prendre vivante la biche Cérynite, aux cornes d'or, laquelle était consacrée à Diane (3). Hercule poursuivit un an de suite l'animal fugitif, et l'atteignit enfin sur les bords du fleuve Ladon, après l'avoir estropiée d'un coup de flèche. Il la chargea ensuite sur ses épaules et traversait ainsi l'Arcadie, quand il rencontra Apollon et Diane. La déesse voulut lui arracher sa proie et lui reprocha d'avoir tenté de tuer le quadrupède divin. Le fils d'Alemène allégua pour excuse les ordres d'Eurysthée, et, étant parvenu à apaiser la colère de la déesse, il apporta à Mycènes la biche vivante. Cette entreprise d'Hercule se trouve figurée sur un grand nombre de monuments de l'art (4), mais ils n'offrent tous

(1) II, 5, 3.

(2) D'après Diodore de Sicile (IV, 13), c'est le quatrième travail, selon Callimaque, du moins d'après la leçon vulgaire de son texte, ce serait le dernier, voy. Hymn. in Dianam, v. 109, avec la note des commentateurs. Sur les monuments qui représentent la série des travaux d'Hercule, il n'existe point d'ordre fixe : sur un bas-relief du Vatican (Visconti, M. P. C., t. IV, tav. XL, p. 260) la conquête de la biche se trouve en tête de tous les travaux; aux métopes du temple de Thésée à Athènes, elle vient en troisième lieu, mais dans la suite la plus ordinaire, elle occupe la quatrième place. Cf. Hagen, de Herculis laboribus, cap. III, § 1, p. 67 sq. Müller, Handbuch der Archæologie, § 416, 4.

(3) Elle lui avait été consacrée par la nymphe Taygète, Pindar., Olymp., III, 53, ib. Schol., avec la note de Dissen, p. 47.

(4) Cf. Zoëga, Bassirilievi di Roma, II, p. 67 sq., not. 76, Hagen, op. cit., p. 48 sqq. Sur une amphore à figures noires de la collection de

que la répétition d'un même type presqu'invariable (1): on voit le héros à genoux sur le dos de l'animal dont il a saisi les bois d'une ou des deux mains. Je pense que le sujet de la peinture qui fait l'objet du présent article, est emprunté au même travail d'Hercule, et qu'il faut y reconnaître la rencontre du héros avec les enfants de Latone, lorsqu'il retournait à Mycènes avec sa proie. Dans le récit d'Apollodore, c'est Diane, il est vrai, qui lui arrache la biche, mais l'artiste, et cela n'a droit d'étonner personne, a jugé plus convenable de prêter le rôle actif à Apollon et de borner celui de la déesse à adresser au ravisseur de son animal chéri des reproches, dont son geste trahit la vivacité. Sur notre peinture, le quadrupède, objet de la dispute, est un faon, tandis que le casque de Vulci montre une biche cornue (2). Cette confusion entre la femelle du cerf et son petit, assez fréquente sur les monuments de l'art, et due probablement au caprice des artistes, n'entraînait aucun inconvénient, la signification symbolique restant toujours la même. La présence de Minerve à une scène représentant une lutte du fils d'Alemène, s'explique d'ellemême.

M. Roggers à Londres, Hercule, vêtu d'une tunique et armé d'une lance tient par un des bois la biche Cérynite, devant laquelle marche Mercure. Les monuments de l'art montrent assez souvent ce dieu accompagnant le héros thébain dans ses expéditions; mais il faut remarquer en outre qu'ici l'action se passe en Arcadie, centre principal du culte du fils de Maïa.

(1) Antholog. Palat., II, p. 653 Cf. Visconti. Mus. Pio-Clement. IV, p. 261, 5, éd. Milan. Müller, Handb. der Arch., § 97, 19.

(2) Je crois à peine nécessaire de rappeler que la poésie et l'art anciens, donnaient quelquefois des bois à la femelle du cerf, bien qu'il fût connu que la nature les lui avait refusés. Voy. Schol. Pindari, Olymp., III, 52.

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