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-M. le chanoine De Smet présente encore un mémoire sur Guillaume d'Ypres ou de Loo et les compagnies franches du Brabant et de la Flandre, au moyen âge. (Commissaires : MM. le baron de Reiffenberg et Marchal.)

HISTOIRE NATIONALE.

Note sur le séjour du roi Édouard-le-Confesseur, à l'abbaye de Saint-Pierre, à Gand, en 1006, et sur les biens possédés par cette abbaye en Angleterre. Par M. le baron Jules de S'-Genois, correspondant de l'académie.

Les facilités qu'offrait la traversée et la commodité des abords de nos anciennes côtes maritimes, furent de bonne heure l'occasion de relations fréquentes et suivies entre l'Angleterre et la Flandre. On sait qu'à une époque fort reculée, des colonnies de Belges allèrent former des établissements considérables chez les peuples des Iles Britanniques. Il est certain que la ville de Winchestre (Venta Belgarum) leur doit sa fondation. Toute la partie du littoral qui s'avance vers Londres, fut originairement habité par des peuplades de race belge (1). Après la descente des Saxons Hengist et Horsa chez les Angles, la similitude des mœurs, des usages, du langage mirent davantage encore les deux pays en rapport. Plus tard des missionnaires partis d'Écosse, et entre autres saint Liévin, vinrent convertir les païens de la Flandre au christianisme, et donnèrent

(1) Voy. trois Mémoires de l'ancienne académie de Bruxelles, année 1778, sur les émigrations des Belges.

ainsi une sanction religieuse aux liens politiques qui unissaient déjà deux pays, séparés seulement par un bras de mer.

Ces liens devinrent plus étroits encore lorsqu'à la fin du IXe siècle Baudouin-le-Chauve, fils de Baudouin-Bras-deFer, comte de Flandre, obtint en mariage Elstrude, fille d'un prince anglo-saxon, nommé Edgard, et nièce du roi Alfred-le-Grand. Pendant les incursions des Danois en Angleterre, Arnoud-le-Grand, comte de Flandre, donna sa fille Edelstrude à Siegfried, prince du sang royal de Danemarck. Celui-ci était un de ces hardis aventuriers qui, dès le commencement du IXe siècle, menaçaient sans cesse, sous le nom de Nordmans, de s'établir définitivement chez les Anglo-Saxons. Il s'était détaché de ses compatriotes pour faire une excursion en Flandre, où il parvint à obtenir le comté de Guines et, comme nous l'avons vu, la fille du comte Arnoud (1).

A l'arrivée de Guillaume-le-Conquérant en Angleterre, c'est encore une princesse flamande que nous voyons paraître. En effet, l'heureux bâtard avait épousé Malthilde, fille du comte Baudouin-le-Pieux. Un peu plus tard, lors de la réaction, tentée en 1086 par Canut, roi de Danemarck, contre les Normands, nous trouvons ce prince uni à Adelaïde, fille du comte Robert-le-Frison, mariage dont provint Charles-le-Bon, assassiné à Bruges en 1127 (2). Dans son intéressant mémoire sur la part que les Flamands ont prise à la conquête de l'Angleterre par les Normands (5),

(1) Voy. Meyer, Despars, le Corpus chronicorum Flandriæ, etc., etc. (2) Voy. ma note dans le Bulletin de la commission d'histoire, III, 284-288. Meyer et les autres chroniqueurs rapportent, au reste, toutes ces alliances.

(5) Nouvelles archives historiques (Gand, 1840), II, 330 et suiv.

M. Gantrel nous a fait connaître des particularités de la plus haute importance sur l'histoire de nos relations avec l'Angleterre. Il nous y parle longuement aussi de la redevance annuelle de 300 marcs que Guillaume de Normandie s'obligea à payer annuellement au comte de Flandre et à ses successeurs, pour le récompenser des secours qu'il avait obtenus de lui dans sa guerre d'invasion.

Pendant les longues et sanglantes luttes entre les indigènes et les étrangers qui déchirèrent l'Angleterre au XI® siècle, ces étroites relations de pays à pays, qui dataient d'une époque si reculée, eurent pour résultat d'amener en Flandre, y cherchant un asile ou des secours, plusieurs princes et grands personnages appartenant à la race anglo-saxonne ou à la race danoise, dont les événements qui changeaient presque tous les jours de face, compromettaient la sûreté et la vie.

Veuve en secondes noces de Kanut-le-Grand, roi d'Angleterre, Emma de Normandie avait, après l'avénement au pouvoir du roi Harald, son beau-fils, voulu faire détrôner ce dernier au profit d'Alfred, son propre fils, prince qu'elle avait eu d'Ethelred II, son premier époux. Obligée de fuir la colère de Harald, elle vint chercher un asile en Flandre (1). Sollicité par sa mère de se rendre en Angleterre, le même Alfred fut, en Flandre, équiper une flotte puissante avec le secours du comte Baudouin (2). Goodwin, ce simple fils de bouvier, devenu favori d'un roi, ce vieux et courageux Anglo-Saxon, qui joua un si grand rôle en Angleterre sous

(1) Aug. Thierry, Histoire de la Conquête de l'Angleterre par les Normands (édit. de Brux., Œuvres, 1839), 64-65. — Messager des sciences et des arts (Gand, 1833), 450, 431 et notes.

(2) Thierry, ibid., 64. Nouvelles archives, ibid., 335.

le règne d'Édouard-le-Confesseur, alla se réfugier en Flandre en 1048. On sait qu'il avait été banni de son pays natal pour y avoir voulu provoquer un soulèvement national contre les Normands, qui régnaient en maîtres sur l'esprit du roi Édouard. Dans cet exil, il fut accompagné de sa femme Édith et de ses trois fils Sweyn, Tostig et Gurth. C'est de Bruges que partit ce chef formidable, lorsqu'en 1052 il s'embarqua avec une flotte puissante pour aller combattre les courtisans du monarque anglais (1).

Une curieuse inscription, trouvée à Bruges et publiée avec des notes intéressantes dans le Messager des sciences et des arts (2) par feu M. Scourion, nous fait connaître qu'après la conquête de l'Angleterre par les Normands, Gunehilde, fille du fameux Goodwin, ayant appris la mort de son frère Harald, à la bataille d'Hastings, quitta sa patrie pour se réfugier à Saint-Omer, et qu'elle vint mourir à Bruges.

Ce fut encore de la Flandre que partit Tostig, autre fils de Goodwin, lorsqu'après la mort d'Édouard, il alla, en 1066, engager Guillaume de Normandie à détrôner Harald, son propre frère, qui avait été proclamé roi d'Angleterre (3).

Dans le siècle précédent, nous voyons par une charte du roi Edgard, de l'an 964, que le saint archevêque Dunstan, persécuté injustement sous le règne du roi Edwy ou Édouard, fut forcé de s'exiler, et que le pieux prélat reçut l'hospitalité des moines de St-Pierre, à Gand (4).

(1) Thierry, ibid., 72-74.

(2) Année 1833, pp. 425-441.

(3) Thierry, ibid., p. 82.

Nouvelles archives, citées 533.

(4) Cartulaire no 7 (archives de la Fl. orient.), fol. 10, no 1.

Ainsi, la Flandre fut, de bonne heure, pour l'Angleterre cette terre hospitalière à laquelle bien des siècles après le roi Charles II vint demander un abri.

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Parmi tous ces personnages qui, au XIa siècle, émigrèrent dans nos contrées, nous ne trouvons pas que l'histoire fasse mention du roi Édouard. Nous n'avons vu nulle part qu'il soit parlé du séjour qu'aurait fait, en Flandre, ce fils obscur du roi Ethelred II et d'Emma la Normande (1) qui obtint plus tard tant de retentissement sous le nom d'Édouard-le-Confesseur. Nous pensons qu'il n'est pas sans intérêt de savoir que ce prince fut, en 1006, étant fort jeune encore, accueilli splendidement dans le monastère de S'-Pierre, à Gand. Un curieux serment qu'il prêta, à cette accasion, dans cette abbaye, nous fournit la preuve de son séjour en Flandre. Cet acte, important à plus d'un titre, repose aux archives de la Flandre orientale (chartes de St-Pierre). En voici le texte, qui est publié aujourd'hui pour la première fois (2).

26 décembre 1006.

Au mont Blandin à l'abbaye de St-Pierre (à Gand).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Sanctæ Trinitatis et individuæ Unitatis Aeduuardus misericordia Dei indigus (sic). Atque

(1) Nous ferons remarquer ici, en passant, qu'à son arrivée en Angleterre les Saxons donnèrent à cette princesse le nom d'Elfgive (Thierry, ibid., p. 60). Cette circonstance a fait commettre une erreur à plusieurs historiens, et entre autres, à l'auteur de l'Art de vérifier les dates, qui, sur la foi de ces deux noms, attribue deux femmes au roi Ethelred: Emma et Elgive, tandis que ces deux noms ne s'appliquent qu'à la seule épouse à laquelle il s'unit.

(2) Le fac-simile ci-joint reproduit l'original de la pièce.

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