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ULRICH DE HUTTEN.

SA VIE, SES ŒUVRES, SON ÉPOQUE.

HISTOIRE

DU

TEMPS DE LA RÉFORME.

PAR J. ZELLER,

DOCTEUR ÉS LETTRES.

Jacta est alea.

Ep. de Hutten.

PARIS,

JOUBERT, LIBRAIRE ÉDITEUR, RUE DES GRÉS.

1849.

210. e. 157.

Rennes, imp. de F. DB FOLLIGNÉ

INTRODUCTION.

Souvent en histoire, la réputation d'un homme qui a rempli tout un siècle de son nom nous empêche d'apprécier, comme il convient, l'époque même où il a vécu. Le rôle éclatant d'un pareil personnage, en attirant toute l'attention, empêche de tenir compte de tous les éléments qui seuls peuvent autoriser à porter sur ce siècle même un jugement complet et définitif. En pareil cas, n'est-ce point une contre-épreuve sûre que d'étudier un autre personnage, important aussi dans le même temps, mais jusque-là laissé dans l'ombre, et de se rendre bien compte de l'influence moindre, mais réelle cependant, qu'il peut avoir aussi exercée? Une pareille étude, à notre sens, peut mettre en relief maints détails inaperçus, éclaircir bien des doutes, fruits d'une trop grande préoccupation, et modifier un jugement trop prompt. Le personnage principal, loin de rien perdre, a lui-même tout à gagner à cette sorte de révision; jusque-là il était entrevu dans l'éclat plutôt que dans la lumière; il commence alors à se dessiner plus nettement, à se caractériser mieux, comme, dans un tableau, dont un clair obscur habilement pratiqué illumine subitement tout l'ensemble.

La grande révolution désignée au xvie siècle en Allemagne sous le nom de Réforme, n'est-elle point une de ces époques dont nous parlons? Le nom du moine augustin Luther ne jette-t-il point quelque trouble dans

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l'appréciation de ce grand mouvement qui, pendant plus d'un siècle, a secoué, dans ses fondements, l'Allemagne et l'Europe tout entière? Nous n'en sommes plus au temps où l'on pouvait attribuer à un homme seul, à Luther, l'honneur ou la responsabilité d'un pareil ébranlement; mais la réputation du moine de Wittemberg éblouit encore assez les esprits, pour qu'on ne sache décider s'il a été le contemporain d'une révolution religieuse, politique ou intellectuelle, et qu'on ne puisse tomber entièrement d'accord sur le vrai caractère de ce grand événement. A ceux qui n'y veulent voir que l'affranchissement de la pensée, la naissance du libre examen, on rappelle que Luther a enfermé la raison dans l'Évangile, on objecte son livre du Serf-Arbitre et sa doctrine de la grâce; à ceux qui n'y trouvent qu'une rénovation chrétienne, un retour à l'Évangile, on raconte les intérêts politiques des princes réformés, et les sécularisations nombreuses des biens ecclésiastiques; à ceux qui n'y montrent qu'un mouvement d'indépendance nationale à la faveur duquel les petits États allemands s'affranchissent du pouvoir impérial, on cite la foi profonde de Luther, visible dans ses écrits et surtout dans sa conduite à la diète de Worms; de telle sorte qu'en ne tenant compte que d'un homme, l'esprit n'est satisfait d'aucune des solutions qu'il avance.

Une juste appréciation de l'état de la société au moyen âge, de l'histoire du sacerdoce et de l'empire, de Rome et de l'Allemagne, des rapports de la religion et de la science pendant cette époque curieuse, pourrait faire pressentir déjà que la révolution du xvie siècle, qui a changé complétement les bases de l'ordre social, a dù

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