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LA RELIGION,

28.761 POË ME


Par M. RACINE, de l'Académie Royale
des Inscriptions & Belles-Lettres.

NOUVELLE EDITION

Augmentée de quelques Lettres.

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PREFACE.

L

A Raifon qui me démontre avec tant de clarté l'existence d'un Dieu, me répond fi obfcurément lorfque je l'in terroge fur la nature de mon Ame, & garde un filence fi profond quand je lui demande la caufe des contrariétés qui font en moi, qu'elle-même me fait fentir la néceffité d'une Révélation, & me force à la defirer. Je cherche parmi les différentes Religions, celle dont cette Révélation doit être le fondement. Par le premier de tous les Livres, que me donne le premier de tous les peuples, & par la fuite de l'Hiftoire du monde, je trouve à la Reli gion Chrétienne tous les caracteres de certi tude que je fouhaite. Plein d'admiration pour elle, je m'y foumettrois auffi-tôt, fi je n'étois arrêté par l'obfcurité de fes myfteres, & par

la féverité de fa morale. J'examine la foiblef fe de mon efprit, & je reconnois que ma Raifon ne doit pas être ma feule lumiere. J'examine mon cœur, & je reconnois que la morale Chrétienne eft conforme à fes befoins. J'embraffe avec joie une Religion aussi aimable que refpectable.

Tel eft le plan de cet ouvrage,que j'ai conduit fur cette courte penfée de M. Pascal: A ceux qui ont de la répugnance pour la Religion, il faut commencer par leur montrer qu'elle n'eft pas contraire à la Raifon, enfuite qu'elle est vénérable s après, la rendre aimable faire foubaiter qu'elle foit vraie, montrer qu'elle est vraie, & enfin qu'elle eft aimable.

Cette pensée eft l'abregé de tout ce Poëme, dans lequel j'ai fouvent fait ufage des autres pensées du même Auteur, auffi-bien que des fublimes réfléxions de M. de Meaux fur l'Hiftoire Universelle. En fuivant ces deux grands Maîtres, j'ai choifi les deux hommes qui ont écrit fur la Religion de la maniere la plus convaincante, la plus noble, & la plus digne d'elle.

Quoique chaque Chant contienne une matiere différente, & faffe, pour ainsi dire, un Poëme particulier, ils doivent tous cependant

répondre au deffein général, & être liés enfemble; de façon que le premier amene le fecond, celui-ci le troifiéme, & ainfi des

autres.

CHANT I.

La vérité fondamentale de toutes les autres vérités, eft l'existence d'un Dieu. Elle fait le fujet du premier Chant. J'en tire la preuve des merveilles de la nature & de l'harmonie de toutes fes parties, qui concourant à la même fin, font voir l'unité du deffein de l'Ouvrier. Je montrerai dans la fuite, que cette même unité de deffein regne auffi dans l'établiffement de la Religion; parce que ces deux grands ouvrages ont le même Auteur. L'idée que nous avons d'un Dieu me fournit la fe conde preuve. Cette idée eft commune à tous les hommes, qui n'ont couru après les fauffes divinités, que parce qu'ils cherchoient la véritable. Ainfi l'idolatrie me fournit une nouvelle preuve. La derniere eft prise de notre confcience intérieure, & de la loi naturelle, qui avant toutes les autres loix, a toujours for. cé les hommes à condamner l'injustice, & à admirer la vertu.

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