titution impériale de 1825, est des plus libérales et des plus avancées, ce qui ne lui doit pas être indifférent, car c'est l' Italie qui a fourni au Brésil le plus grand nombre d'immigrants, plus d'un million en cinquante ans, de 1855 à 1905. L'étranger veut-il devenir brésilien ? Il est en possession immédiate de tous les droits politiques, hors une seule barrière très juste, l' élégibilité aux fonctions de président et de vice-président de la République. N'importe quel culte ou quelle religion peuvent être publiquement, en toute liberté, exercés par des étrangers non naturalisés. Dans ce but ils peuvent s'associer ou non, acquérir des biens de toute espèce en se soumettant aux règles du droit commun. Le droit de proprieté, l'habeas-corpus, l'inviolabilité de la cosrespondance, le libre exercice des professions, toutes les grandes conquêtes de la pensée contemporaine ont leur lieu et place dans la constitution brésilienne marquée au coin laïque. L'enseignement public est laïque, les cimetières sont sécularisés, la république ne reconnait que le mariage civil. Brésiliens et étrangers ne sont forcés à s'incliner que devant la loi, devant laquelle ils sont tous égaux. Cette égalité se rapporte aux rélations de droit commun, elle protège la famille, les biens, les contracts, l'exercice de toute profession ou industrie, les prérogatives et les droits individuels ou commerciaux. Les étrangers sont d'ailleurs encore à l'abri des cas réglés par les principes de droit international, ce qui ne fait que tourner à leur avantage. Pour vous prouver encore à quel point le souffle libéral anime la constitution de la république brésilienne, il faut vous dire qu'elle défend les guerres de conquête et qu'elle pose le principe de l'arbitrage comme la scule solution possible pour vider les différends avec d'autres nations. Aussi le Brésil a eu l'honneur d'être invité à prendre part à la première conférence de la paix, et ce fut l'une des premières invitations de l'empereur de Russie, Nicolas II. Aussi le Brésil a eu l'honneur de régler pacifiquement ses questions de limites, en les soumettant à l'arbitrage des Etats Unis, de la Suisse et de l'Italie. Ces vieilles questions qui traînaient à travers les siècles, à travers nombre de vieux traités poussiéreux, les traités de Madrid, de Pardo, de Paris, d'Utrecht, d'Amiens, de Badajoz et de Fontainebleau, ont été closes à jamais par l'homme le plus populaire du jeune Brésil, le baron de Rio-Branco, le fils du vicomte de Rio-Branco, auquel l'Empire est redevable d'une de ses plus remarquables gloires humanitaires. Le baron de Rio-Branco, auquel aussi le sort a réservé un beau soir de vie, mène nos affaires internationales, il y a bientôt sept ans, comne ministre des affaires étrangères. Il est à mieux dire le ministre de l'accroissement national. Il a pu et su, pacifiquement ou par l'arbitrage, agrandir son pays et en reculer les frontières. Ubique patriæ memor, c'est sa devise familière. Ce n'est donc pas à tort que j'ai demandé surtout à la jeunesse italienne le concours de sa bienveillance et l'honneur de son attention. Perchè sono orgoglioso del mio paese vous dira mieux que moi le livre superbe du comte Affonso Celso, un brésilien d'élite, dont le livre a été traduit par votre compatriote Giuseppe Gaja. Rien n'est plus beau que la jeunesse. Son enthousiasme pour la liberté, sa ferveur à la deféndre attendrissent les cœurs les plus durs et lui gagnent les admirations les plus rebelles. C'est la jeunesse qui sait mieux réaliser dans la vie les vers de Dryden empreints d'une grave tristesse: il appartient aux offensés de pardonner, car ceux qui ont commis l'offense ne pardonnent jamais. Forgiveness to the injured doth belong But they ne'er pardon who have don the wrong La jeunesse connait le pardon et l'oubli, mais à l'occasion elle doit se souvenir... Que la jeunesse de l'Italie se souvienne du Brésil et qu'il me soit permis, en finissant cette conférence, de lui demander de redire avec moi les vers du poète, mon compatriote: Ed ancora il nome tuo nei secoli Sia benedetto, Italia! Italia ! Italia ! Mais l'écho ne doit pas s'éteindre dans cette salle sans que j'aie redit le nom qu'il me faut bénir et ne pas taire, ce nom si doux sur mes lèvres et si fort au fond de mon cœur: Brésil! Brésil! Brésil I |