Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[blocks in formation]
[ocr errors]

<< Ponches, amis, dist-il, vostre âme soit sauvée!
Des nouvielles de là ne me faittes celée. »>
Et Ponces li a dist la vérité prouvée :
«A! sire, ce dist Ponces, pour la virtu loée,
3390 Ne revenrés-vous plus viers vo dame senée?
<< Nanil, dist Hélyas, par le virtu loée,
Ains femme n'abitay depuis ma désevrée ;
Ne ne feray jamais tant que j'aye durée.
Or me dittes comment ma dame s'est gardée. »
« Sire, dist li vassaus, elle est nonne sacrée ;
Pour l'amour de vous s'est en abbye boutée.
La tierre de Buillon tient Ydain la senée :

3395

Au conte de Boulongne fu la tierre donnée.

3370 L'aube crêvée, voy. plus avant.

3372 L'estrée, le chemin, la rue, fl. straet,

latin stratum. Virg. : strata viarum.

5375 Messe notée, messe en musique. 3376 Refrotoir, réfectoire.

3379 Tempre, de bonne heure.
3381 Vo, le MS : vostre.
3388 Li a dist, le MS: li dist.
3393 J'aye, le MS : j'ay.

Esmeré va avec Ponce et l'abbé de SaintTrond, trouver Hélyas dans son monastère.

Fol. 52 ro.

Hélyas remet à Ponce l'anneau qu'il avait reçu de sa femme en l'épousant.

Fol. 52 vo.

Dons d'Hélyas en faveur de l'abbaye de SaintTrond.

((

Sire, ce li dist Ponces, par le mien sierment,
3400 Liés suy quant vous voy, et s'ay le cuer dolent
Que vous ne retournés en vostre tènement.

Or vous prie pour celui à qui le mons apent,
Qu'enseignes me voelliés donner sy vrayement,
Que la dame les puist congnoistre plainement.
3405 Et Hélyas li dist: « Vé-le-chy, en présent

Vous arés cest aniel qui en mon doit s'estent,
Que jadis me donna tant amoureusement ;
Et le me salués et ma fille ensement.

Je suy jà vielles homs et brisiés laidement;
3410 Car j'ay éut assés de paine et de tourment.
Plus que je n'en dyray, Dieux le set seulement.
Vous dinerés o moy et avoec le couvent;
Et puis départirés à vo commandement.

Et dittes à ma femme et ma fille, au corps gent,
3415 Qu'elles ne prendent pas la paine nullement
De venir chy-endroit par nésun couvenent;
Car je ne vyveray mie trop longhement.
Adont plora li dus, l'abé par le main prent;
En la sale le maine et fist asamblement.
3420 De l'abbéye ly moustre tout le défiement.

[ocr errors]

Dist li abbés Gérars : « Véchy lieu excélent,
Pléuist à chelui Dieu qui fist pluève et vent,
Que Sainteron l'abie fust aussy noblement !
« Sire, dist Hélyas, à vo département
3425 Arés xxm mars de mon trésoer présent,
Pour l'abie amender bien et souffisamment :
Et Ponces autretant en ara vrayement

3400 Vous voy, le MS je vous voy.
3401 Retournés, le MS: retourneres.

3402 Prie, la mesure exige pris, comme ail-
leurs. Le mons, le monde.

5405 Enseignes, marques.

5414 Et dittes à ma femme, le MS a laissé échapper à.

[ocr errors]

5416 Couvenent, le MS : couvent.

3420 L'abbéye, pour la mesure il faut l'abbie. Défiement ou plutôt définement, l'ensemble, le composé.

5422 Pluève, pluie.

3430

Pour ma fille porter, où biautés se comprent:
Bien croy que sy enfant luy cousteront grandement.

Seigneur, or escoutés, s'orés bonne canchon.

Ly bons abés Gérars, qui fu de Sainteron,
Ot adont d'Élyas ung moult très-noble don,
Et sy paya moult bien le bon vassal Ponçon :
Son trésor envoya sur ung mul aragon
3435 A la contesse Ydain, qui tant ot de renon.
Puis se sont retourné au restoré Buillon.
Là furent bien siervi à leur devision:
On leur fist des présens assés et à foyson;
Et furent convoyet hors de la région.
3440 Enssy sont départit en consolacion.

A joie chevaucièrent, s'ont dit mainte raison:
Oncques n'ont ariesté jusques à Sainteron.
Puis vinrent à Buillon, à une Assension :
Ly contes tenoit court, o lui sont sy baron,
3445 Et Ydain sa moullier qui tant ot de renon,
Et la ducoise oussy, qui clère ot le façon.
A la table séoient en consolacion.

Atant ès-vous l'abé qui Gérars ot à non

Et Ponche de lès lui, qui blanc ot le grenon, 3450 Plus noir et plus halet que dire ne puist-on. Le conte salua à moult haute raison,

Et la ducoise oussy dont j'ay fet mencion.

5429 Vers trop long; au lieu de grandement mettons granment.

3454 Ung mul aragon, un mulet d'Aragon. Les mulets et les chevaux de ce pays étaient fort estimés. Le destrier aragon revient sans cesse dans les chansons de geste. 3456 Se, le MS: ce.

3443 A une Assension, voy. vers 2998:

Avint à haut jour comme l'Ascencion.

E. CHARRIÈRE, Chr. de B. du Gues-
clin, I, 6.

Ce fu droit à l'Ascension,
Qu'il avoit grant dissention
A Malrepair ens el palès.

>>

Le couronnement Kenart.

La Pentecôte était aussi un jour solennel, ainsi
qu'on l'a vu.

3448 Es-vous, le MS: est venus.

5450 Halet, hâlé.

Invocation.

Ponce et l'abbé Gérard s'en retournent.

Ils reviennent à Boullou.

Fol. 53 r.

Mort d'Hélyas et de la duchesse, sa femme.

La dame le regarde assés et à foyson.

Adont s'est escryé : « Et! n'esse mie Ponçon?

3455 Pour Dieu! comment vous est, chevaliers de renon? >>
- « Dame bien le véés, céler ne le puet-on ;
S'ay tant alet sur mer, sur tierre et sur sablon,
Que j'ay oyt nouvielles d'Élyas, vo baron.
Tenés ycest aniel, sy en dittes vo bon. >>
3460 La dame prist l'aniel qui estoit biel et bon:
Douchement le baisa c fois en ung randon.

<< Ponches, dist la ducoise, tenrement en plorant,
Véchy vrayes ensengnes, bien les voy congnissant.
Et où est mon seigneur? ne le m'alés chélant. »
3465 Ponches ly a contet li ciertain convenant
Et dou riche lignaie k'Ydain y a si grant.
Des chines raconta la miracle poissant :
De cief en cief leur va la cose devisant.
Ly conte de Boulongne en ot le cuer joiant
3470 Or nous dist li istore, et le va tiesmoignant,
Que la dame depuis y ala cheminant,

Et sa fiille avec lui, qui de biauté ot tant;
Et que il le trouvèrent sy malade gissant,
Qu'entre ses bras moru Hélyas, le poissant ;
3475 Et la ducoise en ot le cuer sy très-dolant
Qu'elle moru de duel, ce dient ly romant.

3454 Le vers est trop long d'une syllabe; supprimez et!

5455 Comment vous est? dans quel état êtesvous?

3466 Lignaie, lisez lignage.

3475 Sy trés-dolant. Cette manière de parler qui semble vouloir aller au delà du superlatif, a été longtemps usitée et l'est sans doute encore dans quelques provinces. Le P. Bouhours, qui

FIN.

a contribué à donner à la langue de la précision et de la justesse, quoique son purisme ait paru affecté et pédantesque, l'a sévèrement condamnée, en remarquant qu'il n'appartient qu'à la langue italienne de relever ses superlatifs par des adverbes, des prépositions et des particules, ce que le P. Bartoli appelait accrescimento à superlativo. Doutes sur la langue française. Paris, 1674, pages 159 à 162.

PROVERBES

ET

LOCUTIONS PROVERBIALES CONTENUS DANS LE CHEVALIER AU CYGNE.

Vers

36 Et, pour le grant avoir dont elle fut douée
L'espoussa icheux roys, dont j'ay fuit devisée.
Mariages qu'est fait par telle désirée,

As paines vient à bien; c'est bien cose prouvée :
Quant c'est par avarisce, il ne valent rien née.
Quant par amours est fais, de cuer et de pensée,
Sy voit-on bien souvent que c'est cevre encombrée.
89 Plaisance entra en lui, c'est d'amours le sourgon,
Qui tient tous vrais amans en la subjection.
160 Et qui n'a sa plaisance, il a petit vaillant 1.
183 Car le boin cuer se met à elle endoctriner

Mieus que tous les consaus c'on lui saroit donner.
225 Pour quoy elle ne sot encor qu'à l'eul li pent,
Et le fol parle moult, on le voit moult souvent.

Cette maxime est ainsi développée par l'auteur de Bauduin de Seboure, 1,81:

plaisanche est j biens! qui l'a pas ne vit ente:
Car qui aroit tout l'or qui est jusqu'en Tarente,
Se plaisanche n'avoit, qui les coers ratalente,
Ne vauroit ses avoirs une vièse parlante.

« VorigeDoorgaan »