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partie d'icelle, et le demourant sont jardins ou champs labourez ou vignes ou désers. Le pueple demourant en ladicte cité, ce sont pescheurs, ou marchans, ou maronniers, ou fossoieurs, ou gens du mestier. Et quant aux nobles, il en y a pou et sont désarmez,

Il ne se borne pas à parler des lieux, il mentionne aussi leurs productions et les animaux qui les habitent ; ainsi il parle de l'aloès *, et dit avoir vu au Caire trois éléphants vivants, merveille dont il fait cette description, qu'il est curieux de comparer avec les anciens traités appelés Physiologus :

«Est autem animal valde magnum, pellem habens duram ad modum squammarum piscis, valde disciplinabile, » ad sonum instrumenti chorizat et saltat. Dentes de ore exeunt ad modum apri valde longi. Supra os habet pro>> muscidam longam ad modum nasi, rotundam, praeacutam, cartilaginosam, ad omnem partem flexibilem » qua utitur loco manus. Cibum per eam sumit et incurvando infra subtus in os mittit eaque plura recipit et distri» buit. Solatiatur et ludit, se prosternit et se levat. Unde verum non est quod jacens se denuo erigere non possit. » Ad praeceptum magistri sui advenientibus alludit, caput inclinando, genua flectendo, terramque osculando, » quia hic modus honorandi in illa patria communiter est assuetus. »>

Puis il décrit en abrégé la girafe, que Levaillant a fait connaître pertinemment en Europe:

Vidi etiam in Cadro animal Indiae Jeraffa nomine, in anteriori parte multum longissimum habens collum, Dita ut de tecto altitudinis domus posset comedere; retro ita dimissum est ut dorsum ejus manu hominis tangi possit. Non est ferox animal, sed ad modum jumenti pacificum, colore albo et rubeo pellem habens ordinatis» sime decoratam. »>

Le manceau Pierre Belon, imprimé plusieurs fois à Anvers par Plantin, et notamment en 1555, donne le portrait gravé sur bois et la description de la girafe, fol. 209-210 verso. Il l'avait examinée dans la ménagerie du Caire**. Description d'un four à poulets vu par Bolunzele au Caire. Les pyramides :

Ultra Babyloniam, ad fluvium Paradysi, versus desertum quod est inter Aegyptum et Africam, sunt plura antiquorum monumenta figurae pyramidalis, inter quae sunt mirae magnitudinis et altitudinis de maximis lapidibus, in quibus inveni scripturas diversorum idiomatum. In uno inveni hos versus latinos petri inscriptos. »

Vidi pyramidas sine te, dulcissime frater,

Et tibi quo potui lacrymas hic moesta profudi.
Sit nomen decimi anni pyramide alta ***

Pontificis comitisque; tuis, tyranne, triumphas
Lustra sex intra censoris consulis esse.

« Horum versuum obscura expositio aliquantulum me tenebat. »

Notre voyageur se moque ensuite de ceux qui croyaient que ces monuments étaient les magasins de blé des Pharaon, puisqu'il ne se trouvait dans les pyramides que des salles fort petites.

Le chapitre quatrième offre cette rubrique : De itinere versus montem Synaï in Arabia ac locis sanctis usque initium terrae promissionis.

Monastère situé au pied du mont Sinaï, dans l'enceinte duquel il ne pouvait y avoir ni mouches, ni vermine. « Intra septa hujus claustri nec muscae nec pulices aut hujus modi immunditiae possunt esse, cum tamen extra » per desertum undique molestent plurimum transeuntes et non minus utique habitantes, de quo mirarer si non » oculis meis vidissem quod hujusmodi animalia importuna moriebantur. Informatus fui quod olim orationibus sanctorum in eodem loco commorantium, qui in tantum hujusmodi animalibus vexabantur, quod etiam locum

* Joinville, le naïf Joinville, qui croit que le Nil sort du paradis terrestre, dit qu'on y trouve des filets où l'on pêche l'aloès, la rhubarbe, le girofle et la cannelle que le vent abat dans ce paradis, d'où ils viennent en droite ligne par le fleuve. Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie, et autres pays étrangers.

*** Il manque un pied à ce vers.

Fol. 44 ro.

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crémeteux comme femmes, et paoureux comme juifz et comme ceulx qui ne sceurent oncques que c'est d'aler en bataille, ne combattre en fait d'armes, ne fère guerre contre son ennemi. Or doncques se appreste le siége devant Constantinople en ceste manière, c'est assavoir par terre et par mer. Par terre, à la porte que on appelle la Porte dorée et à l'environ en iiij ou en v lieux ou plus, selon ce qu'il samblera estre le plus expédient. Je dis que on mette le siége ad ce lez-cy, pour ce que c'est emprès la mer dont on pourra avoir ayde et secours plus franchement. Les murs aussi n'y sont pas haultz, et les fossez aussi n'y sont pas profondz: parquoy on les pourroit tantost remplir. Ne il n'y a illec au par dedans nul hault édefice prochain au mur, ains, hors et ens, y a lieu plus solitaire que ailleurs; et quant ladicte porte seroit prinse et ouverte, l'entrée seroit plus légière à tous, et par là pourroient gens de pié et de cheval courir plus à l'aise contre la partie habitée. Et se fauldroit pourvéoir souffisamment des engins de l'ost: c'est assavoir de moutons 2 pour approcher jusques aux murs, là où on les pourra abatre

cogitabant dimittere, a pio Deo impetratum esse ut nullus tali taedio deinceps in dicto loco sanctissimo gra

» varetur. »

Chapitre cinquième : De initio terrae promissionis quod est Bersabee versus Arabiam et locis sanctis usque ad Jherusalem.

Chapitre sixième : De civitate sancta Jherusalem et locis sanctis in ea et primo de templo Domini.
Ce temple n'était pas celui de Salomon, quum hoc penitus dirutum est.

« Rotundum figura, satis longum et altum, plumbo coopertum, ex magnis lapidibus et politis, habens atrium
longum et latum in circuitu

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La description du temple est détaillée et curieuse. On peut la comparer avec celles des voyageurs des époques voisines, et, de nos jours, avec celle de M. de Châteaubriand.

Chapitre septième: De monte Calvariae et sepulchro Christi et sancta ecclesia sepulchri.

Chapitre huitième: De locis sanctis in circuitu Jherusalem usque fluvium Jordanis.

Chapitre neuvième : De fluvio Jordani et locis sanctis quae sunt in itinere versus Galileam ac in Galilea et de maritimis. Le voyage se termine par un tableau abrégé du Liban.

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de Bouledeselle et Baldesel par M. le

Bolunzele est appelé Guillaume de Boldensel par le Colonial Magasine comte L. De La Borde **. Son voyage, commencé en 1318, a été imprimé, mais cette impression est assez rare pour que nous ayons donné un extrait du manuscrit, bien que le Magasin assure qu'elle ne contient rien de remarquable ***.

1 Cremeteux, timides.
2 Moutons,

Le mouton conmande c'on fasse

As murs hurter et c'on l'abate.

Renart le nouvel, MÉON., IV, 163.

Machine à enfoncer les portes et à abattre les murailles; espèce de bélier; de plus sorte de hie ou de lourd billot de bois garni de fer, qu'on élève et qu'on laisse retomber ensuite. Le mot latin festuca signifie, dans Vitruve, nonseulement le mouton et la hie, mais en général toute machine propre à enfoncer les pieux et les pilotis, même la demoiselle dont se servent les paveurs. Dict. de Trévoux, nouv. éd., 1771, VI, 87.

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Des ambassades européennes en Chine, trad. de l'anglais, pp. 257-309 des Nouvelles annales des voyages, 4a série, 4e année, 1843, décembre.

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plus aiséement, et aussi des cigongnes1 plaines des hommes armez pour venir jusques aux murs sans péril et sans dangier; item des eschièles pour monter sur les murs, et du feu pour ardoir les portes par où on devera entrer en la cité, et de pluseurs autres choses convenables et neccessaires pour la besongne. Et n'est jà mestier de y affuster gros engins volans, ne autres pour ce que les murs n'y sont pas haultz ne les fossez parfons, que on ne les peust bien tantost remplir, comme dit est, et lors pourront gens de pié et de cheval, à tout leur escu ét leur lance, combattre main à main sur la terre en tous fais d'armes que la cité vouldra fournir. De ceste partie de la terre, il n'y a aussi nulles tours haultes, ne chasteaulx, ne palais sur lesdicts murs ne emprès eulx. Mais vers la partie de la cité qui est sur la mer du costé de Père, dont j'ay fait mention ci-dessus, il fault savoir que la mer vient jusques aux murs en aucuns lieux, à une lance près, en autres à demi-lance; et ailleurs, elle touche aux murs, tèlement que entre la cité et la mer il y demeure petit espace et ung chemin bien estroit. Toutesfois la mer y est parfonde en si bonne manière, sans roches et sans pierres, qu'il n'est nef tant soit grande qui ne se puist deschargier et mettre escale près de terre à iiij ou vj palmes ou au plus, jusques à une canne qui monte environ ij aunes de Lille. Pour assaillir doncques et combattre la cité bien et deuement par ceste partie, il fauldroit apprester grandes nefz et wider à tout haultz chasteaulx et patentes hunes, bien garnies de mangonneaulx et d'arbalestres de diverses manières; et fauldroit esdrécher sur Fol. 44 ve, chacune nef ung édifice moult légier et proffitable, dont et par quoy sauldront à coup et ensamble sur les murs et sur les tours cccc hommes ou plus, armez et furnis de toutes leurs armures, qui, en déboutant les adversaires arrière des murs et des tours, donneront place aux autres qui monteront par les eschièles par avant industrieusement ordonnées pour ce fère. Je véis premièrement cest engin ou cest édifice, quant se fist la bataille où je fus contre les Turcz, par messire Martin Zacharie, citoyen de Jennes, homme industrieux, preu, vaillant, noble et loyal, qui, moy présent, obtint pluseurs victoires et maint triumphe des Turcz et fu nepveu de feu messire Bénédic Zacharie, duquel, en fait de mer, vit encoire une glorieuse renommée, lequel messire Martin, l'empereur des Grecz tient maintenant prisonnier par trahison injustement et indeuement. Et se vous l'aviez, mon souverain seigneur, ainsi que vous l'auriez s'il vous plaisoit, vous auriez j homme qui a fait des plus beaulx, des plus vaillans et des plus honnestes fais de bataille en mer que nul homme que je croie vivre sur la terre: car c'est cellui qui oncques ne s'arma contre quelque chrétien catholique, ains tousjours

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Cigongnes. Nicolaus Specialis lib. IV de Rebus Siculis, cité par Du Cange, Gloss. au mot ciconia, nouv. éd., II, 347, s'exprime ainsi : « Cumque adhuc Jacium obsidioni cedere penitus recusaret, procul a castro ingens » turris trabibus tabulisque consertis.... construitur, quae summis occulte rotis contra castrum funibus traheba»tur, habens in summo eminentem longamque trabem, quam vulgo alii telonem, alii ciconiam vocant, qua, » postquam lignea turris haereret saxo, viros bellatores exponerent supra castrum. »

TOM. I.

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• Fol. 45 ro

Fol. 45 yo.

a voulu exercer et expérimenter ses forces et ses vertus encontre les Turcz ennemis de nostre foy, ausquelz il a fait de grans dommages, lequel sire Martin vous pourriez exposer en toutes choses qui demandent loyauté et requièrent preudommie. Il fauldroit aussi avoir pluseurs barques couvertes par-dessus en manière d'une roitz pendant, et les appelle-on barbotes, et léans n'y voit-on point les galiotz et les hommes d'armes; et ilz voient bien tout autour d'eulx et aussi les arbalestriers font bien retraire leurs ennemis en leurs murs, tours, créniaulx. Et quant ces arbalestriers estans en leurs barbotes iront à l'entour, emprès le rivage, et tireront seurement leurs viretons contre leurs adversaires, il ne sera homme qui se ose monstrer ne près ne loingz. Et lors les autres qui seront ordonnez curieusement ad ce fère, pourront plus franchement abattre les fondemens des murs à tout leurs moutons et palis. On aura aussi des hyars ou hyes dont on se aidera en moult de manières, car en aucunes on y mettra de grans baux fiérez qui auront j becq de fer bien agu, et seront levez entre deux malz de long par cordes pendans au corps dudit hyart, et se bouteront par dehors par la porte de la poupe; et en ceste manière et à pou de hurt les portes seront tantost débrisiées et les murs légièrement craventez. Et ès autres hyars y aura des engins qui jetteront à j coup XL ou L pierres pesans iij ou iiij livres, et seront boutées en ung sacq, et quant le sacq à tout les pierres sera levé en hault et qu'il commencera à descendre, il se rompera et les pierres se esparderont. Lors en seront fouldroiez et destruitz les toitz des maisons qui sont faittes de meschante et vile matière; puis après ès autres hyars, il aura bonne disposition d'autres engins assis ès vaisseaulx à ce ydoines qui jetteront flotz de feu ardans, et cherront dedens les maisons qu'ilz trouveront toutes descouvertes. Et puis quant les maisons de la cité, qui sont presque toutes de boys, excepté aucuns palais, seront arses en feu et en flamme, il fauldra que les ennemis laissent adoncques les murs, quant ilz se verront avironnez de toutes pars de feu et d'assaultz, et qu'ilz sequeurent au feu de la cité, ou qu'ilz se soubmettent à la voulenté de leurs adversaires. Et ne fais nul doubte que quant toutes ces choses seront ainsi disposées par terre et par mer, et que les gens d'armes et les assaultz soient ordonnez, comme dit est, et encommenceront tous ensamble d'un accord, la cité sera prinse dedens j jour naturel. Je n'ay pas descript toutes ces choses-ci pour tant que je croye qu'elles soient toutes nécessaires pour obtenir ladicte victoire, pour ce que je ne croy pas; ains le sçay bien qu'ilz ne sont pas puissans assés pour fère résistence souffisante; mais j'ay prémis ces choses-cy, affin qu'il n'y eust lors aucunes des parties d'Occident qui, en oubliant leur loy et foy catholique, ne fussent induis par argent et par promesses et séduis, pour obvier à ceste tant prouffitable et salutaire besongne encontre l'application de la sainte foy catholique, et qui présumeroient de donner confort et ayde pour deffendre ces faulx

Hurt ou heurt, choc, action de battre, frapper.

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hérétiques. Jà soit ce qu'il ne doive chaloir en riens de cecy, ne ne face à crémir nullement, car nous lisons que ceste cité de Constantinoble a esté prinse jà deux fois par ung assés petit exercite de Baudouin, c'est assavoir lorsqu'elle estoit plus pueplée et remplie de gens, quant l'empire estoit en sa fleur et en sa force, que les ennemis ne l'osoient pas ainsi assaillir ou dissiper ne autres gens d'estranges contrées.

DE QUELZ GENS POURRA ESTRE PRINSE THESSALONIQUE.

La cité de Thessalonique pourra estre prinse de l'ost qui passera la mer par Ydronte Fol. 46 ro. et par Brandis; et pour ceste cause ay-je introduit cy que aucuns ostz s'en alaissent vers Thessalonique. Et combien que la circuite des murs de ladicte cité soit moult grande, et que en aucune partie ilz soient destruitz, toutesfois aussi au par dedens il y a pou de pueple, qui est vil, paoureux et désarmés. C'est aussi bonne chose pour noz gens que les murs sont aussi en tant grant circumférence extendus; car de tant que ce pueple vil et meschant aura affère en pluseurs parties, d'autant aura-il moins de vertu et de puissance pour résister. Ceste cité fu jà piécà prise par le marquis de Montferrat à tout bien petit ost, auquel elle avoit esté donnée en conqueste par Baudouin, quant il conquist l'empire de Grèce, comme je l'ay touchié ci-devant. On puet bien et aiséement donner de toutes pars bataille et assault, jà soit ce qu'elle soit assise en plain pays, et sur la marine; et me samble qu'il n'est nulle nécessité que on face nul appareil par la mer, car l'ost de par la terre le pourra légièrement prendre en bonne disposition.

COMMENT LA CITÉ DE ANDRENOPOLISERA PRISE AISÉEMENT SANS PAINE.

De la cité de Andrenopoli et de toutes les autres citez, villes et chasteaulx de l'empire, je ne me deffie point que on ne le puist tantost prendre: car tantost que la cité de Constantinople, qui est le chief et fondement de toutes les citez de l'empire et • Fol. 46 vo. de tout le pays, sera prinse et conquestée, toutes les autres se mettront tantost en obéissance.

1 Voyez Bertrandon de la Broquière, Mém. de l'institut, sciences morales et politiques, IV, 569.

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