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Piez ad copiez e les gambes ad plates,
Curte la quisse e la crupe bien large,
Lungs les costez e l'échine ad bien halte,
Blanche la cue et la crignete, jalve,
Petite les oreilles, la teste tute falve.

Beste n'en est nule ki encontre lui alge.

(Éd. de M. FR. MICHEL, p. 58.)

Le coursier de Perceval ne pouvait être un animal ordinaire :

A tant este-vous Perceval
Ki se séoit sour son cheval

C'au vermel chevalier toli.

(FR. MICHEL, Frégus, p. 6.)

Suivant la croyance populaire de l'Irlande, les Elfs célèbrent deux grandes fêtes dans l'année, l'une au commencement du printemps, quand le soleil approche du solstice d'été; alors le héros, O'Donogul, qui jadis régna sur la terre, monte dans les cieux sur un cheval blanc comme le lait, entouré du cortége brillant des Elfs. Heureux celui qui l'aperçoit; lorsqu'il s'élève des profondeurs du lac de Killarnay! cette rencontre lui porte bonheur 1.

Enfin le petit cheval de bois ou de fust, fabriqué par le nain Pacolet, passe par l'histoire des deux nobles et vaillants chevaliers Valentin et Orson, neveux du roi Pepin 2, comme par celle de Cléomadès, et un conte des Mille et une Nuits ou des Mille et un Jours, pour achever sa course dans le chef-d'œuvre de Cervantes, incomparable satire des imaginations ro

manesques.

On remarquera que le cheval ne paraît pas dans le Reinaert flamand ni dans le Reynke de Fos, en bas saxon. Il figure à peine dans l'une ou l'autre branche des Renards français.

1 Maury, Les fées au moyen âge, p. 58, note.
2 Bibl. univers. des Romans, mai 1777, p. 122.

Telles sont les traditions disséminées dans les monuments du moyen âge et qui concernent les armes et les coursiers merveilleux, deux choses qui résument la vie militaire et aventureuse de la chevalerie et des temps qui l'ont préparée.

La poésie est la plus vaste, la plus capricieuse, la plus indépendante des facultés de notre esprit. Enumérer d'avance, déterminer à priori les moyens qu'elle emploie, les machines qu'elle fera mouvoir, est chose impraticable; cependant il est dans certaines de ses productions des éléments communs qu'on y retrouve presque toujours, et qui, en conséquence, sont saisissables par une analyse en quelque sorte préétablie. Nous n'osons dire que nous avons prouvé, par l'essai qu'on vient de lire, l'intérêt dont cette analyse est susceptible.

poëme du Chevalier au Cygne.

Nous avons fait un immense détour, et le pieux Hélyas qui s'est mis Suite de l'analyse du courageusement à la suite du Cygne, doit être déjà fort loin. Il arrive à Nimègue juste au moment où l'empereur Otton Ier y tient ses grands jours et où le comte de Blancquebourc ou Brancquebour (Blankenheim?), que Desrey appelle Francqbourg, avait cité la duchesse Clarisse de Bouillon (appelée Béatrix par le trouvère qui prend le nom de Renaud), à laquelle il contestait son héritage. Une autre rédaction en vers, analysée par M. P. Paris, substitue Renier, duc de Saxe, au comte de Blancqueboure 1:

Là fist li emperères son conseil assambler
Car le conte avoit fait ij jours continuer
Pour avoir son conseil, et que sy XII per
Oissent le plaidier pour la cause ordener 2.

C'est la seconde fois qu'Hélyas est le protecteur de l'innocence, et, si l'on compare entre elles les diverses versions de notre fable, on sera

1 Les manuscrits français, t. VI, p. 187.

2 V. 2385.

Ancienne procédure.

porté à croire que cet épisode appartient à une des versions les plus an

ciennes.

Quant à la procédure, elle est entièrement conforme à l'ancien droit germanique. George Schubart, qui a traité doctement des tournois et des combats chevaleresques, a, par une confusion singulière, supposé un duel judiciaire, du temps de Godefroid de Bouillon, entre Hélyas et Drogon, peut-être le géant Druon ou Antigone vaincu par Salvius Brabon: « Quae « de duello, pro liberatione innocentis adferuntur, illa tendunt pe» rinde ad certum scopum, et magnam cum torneamento affinitatem. habent, quod alibi jam ostendimus. Jungantur in simili negotio, et caussa favorabili christianorum, quae sub Godofredo Bulioneo, Ar» noldus, III Chronici Slavorum, c. XI (et à la marge, cap. III, § XVI; cap. IV, § xix), de tyrocinio sive duello equestri cum lanceis, inter Dro>> gonem et Heliam, prolixe tradit 1. »

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Guillaume de Tyr rapporte un combat en champ clos que soutint Godefroid de Bouillon pour une partie de son patrimoine 2. Ce duel n'est pas sans rapport avec la lutte contre le comte de Blancquebourc. « Dans un combat singulier, auquel il ne se résigna que contre son gré, dit Guillaume de Tyr 3, mais qu'il n'avait pu refuser, pour se conformer aux usages de son pays et conserver sa réputation intacte, Godefroid se distingua par une action mémorable, que je rapporterai en quelques mots. Il fut provoqué, dans le palais même de l'empereur, par un homme noble et puissant, qui était du nombre des princes, et qu'on disait même son parent, au sujet de quelques riches domaines et d'un vaste patrimoine; en conséquence, un jour fut assigné aux deux parties pour en venir à l'épreuve, et, au jour fixé, l'accusateur et l'accusé se présentèrent à la cour. Les débats ouverts, l'adversaire du duc proposa de vider

1 D. G. Schubarti de ludis equestribus,..... commentatio historica. Halae Magdeb., 1725, in-4o, c. V, § XII, pp. 129-30.

2 Recueil des hist. des croisades. Paris, imprimerie royale, 1846, in-fol., t. I, pp. 372-74. 5 Coll., Guizot, t. XVII, p. 12.

le différend par les armes; le duc résista autant qu'il lui fut possible; mais, conformément aux lois de leur patrie, on leur adjugea le combat singulier. Les plus grands princes de l'empire faisaient tous leurs efforts pour que des hommes aussi illustres ne se donnassent pas en spectacle au peuple d'une manière indigne d'eux, en s'engageant dans un combat qui devait, sans nécessité, mettre en péril l'honneur et la réputation de l'un ou de l'autre des adversaires; cependant la sentence impériale fut exécutée; le peuple se rassembla en foule, les princes prirent les places qui leur étaient dévolues par l'usage, et les deux champions s'avancèrent vers le lieu destiné pour le combat, afin de tenter le sort toujours incertain des armes. Tandis que ces illustres guerriers combattaient avec vaillance et déployaient toutes leurs forces, il arriva que le duc brisa son épée en portant un coup vigoureux sur le bouclier de son adversaire, en sorte qu'il ne lui resta dans la main, en dehors de la poignée, qu'un demi-pied de fer environ. Les princes qui assitaient au combat, voyant que le duc aurait désormais trop d'infériorité, donnèrent le signal de paix, s'avancèrent vers l'empereur, le supplièrent de traiter de composition entre les deux adversaires, et en obtinrent l'autorisation. Ils s'y employèrent aussitôt avec le plus grand zèle; mais le duc repoussa absolument ceux qui voulaient la paix, et, persévérant irrévocablement dans son entreprise, il recommença lui-même la bataille. Son adversaire, dont l'épée était demeurée entière, paraissait avoir sur lui un très-grand avantage, et ne lui laissait pas un instant de repos; le duc, enfin, enflammé de colère et recueillant toute la force par laquelle il se distinguait entre tous les autres, s'élance sur son ennemi, tenant toujours en main le tronçon de son épée, et le frappe si violemment à l'instant où il ne s'y attendait pas, que celui-ci tombe par terre tout étourdi et comme un homme mort. Le duc alors jette au loin son épée brisée, saisit celle de son ennemi étendu à ses pieds, et, appelant à lui les princes qui tout à l'heure avaient voulu parler de composition, il les invite à s'en occuper maintenant, pour arracher à une mort ignominieuse l'illustre guerrier

Le nombre douze.

Cri de saint George.

qui vient de succomber sous ses coups. Tous les princes admirèrent sa force, sa bravoure et son incomparable magnanimité; ils conclurent la paix, terminèrent la querelle de la manière la plus convenable, de telle sorte cependant que le duc fut reconnu vainqueur, et parut, aux yeux de tout le monde, digne d'une gloire immortelle. » Le dénoûment, dans l'histoire, est plus noble et plus gracieux que dans le roman.

Guillaume de Tyr raconte ensuite comment Godefroid vengea l'empereur Henri contre les Saxons, le plus féroce de tous les peuples germaniques, et contre le comte Rodolphe qu'ils avaient choisi pour chef de leur révolte et pour leur roi. Le Chevalier au Cygne, dans plusieurs des légendes qui le concernent, combat aussi un prince saxon, mais ce n'est pas pour la défense d'un empereur, c'est pour protéger une faible femme.

Il est encore question ici de douze pairs. Ce nombre douze, on ne l'ignore pas, reparaît sans cesse dans les codes des peuples d'origine tudesque. Dans la loi des Francs Ripuaires, le nombre des aides-jurés est toujours un multiple de 6; ainsi nous trouvons 6 jurés pour une valeur de 3 à 100 sous, 12 jurés pour une valeur de 100 à 200 sous, 36 jurés pour une valeur de 300 sous, et 72 jurés pour une valeur de 600 sous. M. C. P. Bock, dans une très-curieuse dissertation sur l'hôtel de ville d'Aix-la-Chapelle, parle de la Table Ronde de Charlemagne et de ses douze convives, mentionnés dans un poëme de Théodulphe1. Nous nous taisons sur les douze fils du roi finnois Waidivurt 2. Le caractère en quelque sorte sacré du nombre douze remonte, au surplus, à l'antiquité la plus reculée, et les citations, pour le prouver, se multiplieraient à l'infini 3. Hélyas frappe des coups les plus rudes le comte de Blancquebourc au cri de saint Georges, si familier aux chevaliers. Ce saint, dont la légende

1 Das Rathaus zu Aachen. Aachen, 1843, in-8°, pp. 76 et 185.

2 Léouzon Le Duc, La Finlande. Paris, 1845, in-8o, I, XLIV.

3

5 Aquisgrani Nithardus inter XII VIROS quibus Carolus (Calvus) vias suas in divisione imperii commiserat. » Pertz, Nithard. hist., in-8°, IV, 1. Le Roux de Lincy, Le roman de Brut, analyse. Rouen, 1836, part. III, § 2, pp. 98-105. Ann. de la bibl. royale de Belgique, 1841, pp. 103-104; 1844, pp. 45-46.

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