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Ainsi donc Hélyas descendait par les femmes des barons de WaldLes barous de Wald- bourg. Tout cela n'est qu'un tissu de fables, mais ces fables confirment

bourg.

Pontanus.

A. Van Slichtenhorst.

l'origine germano-belge de la tradition. Quant au nom de Gral, Grail, Gralius, Gracilis, le fil qui unit, quoique de loin, le Chevalier au Cygne au cycle de la Table ronde, a échappé à Malbrancq, étranger à la connaissance de cette mythologie, alors entièrement dédaignée.

J. I. Pontanus, en marquant sous l'année 850 la mort de Baudouin, septième comte (?) de Clèves et de Teisterbant, qui passe pour avoir assisté aux obsèques de Charlemagne, dit: Fratrem habuerat Robertum improlem; patrem Johannem, avum Curonem, qui Carolo Magno stipendia fecerat adversus Saxones; proavum Rinoldum, copiarum Pipini ductorem; abavum Theodoricum; atavum denique ELIAM GRACILEM, de quo et CYGNO, qui eum rexerit, multi multa fabulantur 1.

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Arend Van Slichtenhorst, traducteur hollandais de Pontanus, ajoute à ce passage une note, où il développe son érudition mythologique, et insiste pour établir, ce qu'on lui accordera volontiers, que le cygne ne pouvait pas être un animal vivant qui traînait l'esquif d'Hélyas, mais un ornement de cette légère embarcation. Cette note est ainsi conçue : Deze klucht is zoo oud, gemeen en diep in-geworteld, dat hy ook een angel van waerheyd schynt te hebben. Die van zulk een vonnis » zyn, dat het jacht, daer Aelius den Rhyn mede op-gevaeren en te Nymegen, daer Beatrix zich doen op-hield, geland is, niet van een levendigen zwaen zy voortgeschooven, dan alleen aen 't vorste ofte » hinderste eynd, als mede (zoo ik giste) in 't zeylen de vaenen een geschilderden zwaen hebben vertoont, ende daer van zyn van ontleent (want, niet alleen in onze, maer ook in oude tyden yeder schip zyn bezonderen naem voerde, als, by voorbeeld, van een Dolfyn, Cen

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>> tauwer, Leeuw, Haen, waer door het van van andere wierd beken>> den onderscheyden) slaen de spyker wel op 't hoofd, dan en ontdecken

Hist. Gelrica, lib. XIV. Hardervici Geldr., 1639, in-fol., p. 53.

» of en weten niet van deze vertelling het pit ofte geheymenis. Myne meeninge zoude zyn, dat Aelius ofte Eliae als een grick en on-chris

» ten daer mede heeft willen beteykenen het over-spel van zyn landsman en afgod Jupiter, welke de dichters versieren onder de gedaente van een zwaen te hebben geboeleert met Leda, en deze Leda wt een ey-dop te hebben geteelt, behalven Helena, de brand-strooxter van

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» den Griexen en Troyaensen oorlog, de tweelingen Castor en Pollux, » die naderhand in den hemel ende tot sterren verheeven zyn, welke men zeyd door hun zoete invloeyingen den schippers op zee en wegvaerdige luyden (gelyk Aelius was) behulpzaem te wezen en helder » weder aen te brengen. Hier van heeft men zelf bewys wt de H. Schrift. >> Na drie maenden, zegt Paulus, voeren wy af in een schip van Alexandryen, hebben tot een teeken Castor en Pollux. De Zwaen is op gelyk een wyze verheerlykt,

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«

Quem coelo Jupiter ipse

Imposuit, formae pretium qua cepit amantem.

(OVIDE.)

» Effen alzoo heeft ook Jupiter Europa op een stier door de zee wech gevoert, dat is, op een schip den stier geheeten. Ideoque Europa poetis dicetur faLSO SUBJECTA JUVENCo. Ende dit is 't geen yk onlanx in beknoopte rymen, geschreeven aen den heer Herm. Theod. Caesar, deken von Cleven, hebbe vervat :

Turris olorinae (Schwanentorren), valeat, deliria quisquis
Aestimat et quicquid fabula plebis habet.
Aelius adveniens pictum praefixit olorem,
Agnomen Graiae praesidiumque rati;
Quo Jovis et notos Ledae signaret amores,
Ac geminos nautis, sidera fausta, Deos.
Haec vera est, vero vel proxima, gentis origo.

Vivus at est vester, Clivia, Caesar olor 1. »

1 XIV boeken van de Geldersse geschiedenissen. T'Arnhem, 1654, in-fol., II, 37-38.

Pighius.

1453.

Ce commentaire est tout à fait dans le genre des explications enfantines de l'abbé de Tressan, auteur oublié de la Mythologie comparée avec l'histoire. Pighius, beaucoup plus savant, n'est pas accouché d'un commentaire beaucoup plus concluant, quoique curieux, ainsi qu'on peut s'en assurer par nos appendices 1.

Adolphe de Clèves en La tradition du Cygne n'en resta pas moins dans la maison de Clèves, mais on ne peut dire au juste depuis quel temps. En 1455, Adolphe de Clèves, neveu de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, étant à Lille avec toute la cour, fit crier, au nom du Chevalier au Cygne, serviteur des dames, que le jour du banquet du Faisan, on le trouverait armé de harnais de jouste, en selle de guerre, pour tenir tête à quiconque se présenterait. Un des entremets du festin donné quelques jours avant par le prince, représentait toute l'histoire d'Hélyas et de Béatrix 2.

De Rouck prétend que, quelques années avant 1500, Thiéri de Clèves changea l'écusson de sa maison, et, au lieu de deux cornes de taureau, lui donna pour cimier un cygne, en mémoire d'Hélyas. Le Paige Les dues ou comtes de ajoute que les ducs ou comtes de Stormarie, qui tiraient leur origine,

Stormarie.

* I, n° 15.

2 Introd. au 2 vol. de Phil. Mouskés, p. xxxvi. Dict. de la conversation, article: Cygne (ordre du), t. XVIII, pp. 395-96. Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, édit. de Denis Godefroy, p. 665. De Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, édit. Lacrosse, t. VI, pp. 9-11. Favin, Théâtre d'honneur et de chevalerie. Paris, 1620, in-4°, t. II, pp. 1574-75. Trad. angl. Londres, 1623, in-fol., t. II, p. 248. Palliot, La vraie et parfaite science des armoiries, p. 496. Griphius, Von geest und weltlichen Orden, Leipz., 1709, p. 488. Hélyot, Hist. des ordres religieux et militaires, 1792, in-4°, t. VIII, pp. 454-55. Th. De Rouck, Den Nederl. Herauld, Amst., 1645, in-fol., pp. 156-57. Schreiber, Trad. popul. du Rhin, Heidelb., s. d., pp. 42-43. Nos Ruines et souvenirs, 1832, in-8°, p. 22. Koberstein, Grundr., p. 139. M. Mone, Uebersicht der Nied. Volks-liter., p. 72, cite un MS. de Munich, U 226, welche eine ganz Sagenhafte GENEALOGIE de Clèves enthält. Der Schwanenorden (celui de Brandebourg), seine Ursprung und Zweck, seine Geschichte und Alterthümer, von Rudolf Maria Bernhard Frhrn von Stillfried-Rattonitz. Zweite Ausgabe, Halle, 1845, in-8° maj. (Conf. Neue Jenaisch Allg. Liter. Zeitung. Déc. 1845, no 512, p. 1244.) Hillert, Gesch. der Swan. ord. (Brand.), 1844, in-8°. C.-F.-F. Strantz, Gesch. der Deutschen Adels. Bresl., 1845, in-8o, III, 74-75.

par la maison d'Oldenbourg et par les anciens landgraves de Hesse, de la maison de Clèves, ne prirent d'autres armes, selon Chifflet, qu'un écu d'azur, ou, selon Imhof, de gueules au cygne d'argent, colleté d'une couronne d'or, quartier que les rois de Danemarck adoptèrent, en qualité de ducs de Stormarie. Ces circonstances héraldiques sembleraient indiquer que la tradition du cygne n'était pas nouvelle dans ces maisons 1. Nous avons déjà dit qu'en 1615, Charles de Gonzague de Clèves, Charles de Gonzague. duc de Nemours, voulut rétablir la chevalerie du Cygne, et que ce projet, qui n'eut pas de suite alors, fut repris d'une manière grotesque en 1790, par un curé de village, qui se croyait de bonne foi comte souverain de Bar et successeur d'un des premiers chevaliers d'un ordre L'abbé Le Paige. imaginaire du Cygne, qu'il affirme avoir été institué en 1290, par l'empereur Rodolphe, lorsqu'il accorda sa fille au comte Thiéri de Clèves 2.

Le roi de Prusse, héritier des ducs de Clèves, vient de restaurer Le roi de Prusse. ou plutôt de créer l'ordre du Cygne de Brandebourg 3, qu'il destine à récompenser des œuvres de charité et de bienfaisance; ce qui vaut un peu mieux que les fumées princières du bon abbé Le Paige. Mais celui-ci n'est pas le seul qui ait donné dans ces chimères. L'illustre Bilderdyk, Bilderdyk. qui prétendait descendre à toute force des comtes de Teisterbant, et qui plaçait cet avantage très-équivoque fort au-dessus de son talent de poëte, a traité, en qualité d'arrière-cousin, le sujet du Chevalier au Cygne dans une longue romance intitulée : Elius. Ce n'est pas la première fois qu'une folle inspiration a produit un bon ouvrage.

d'Arkel.

La maison d'Arkel, en Hollande, avait pareillement son Chevalier du Le cygne de la maison Cygne. Suivant une tradition ce fut un cygne qui ramena de France

chez lui Jean II, sire d'Arkel, vivant en 697. Le cygne le conduisit de

l'Alm à la Meuse, et de la Meuse dans la Linge 4.

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✦ J.-W. Wolf, Nied. Sagen, pp, 32-34. Abr. Kemps, Leven der doorluchtige heeren van Arkel

Tом. I.

e.

Comparaison du roman en vers et de la légende de Clèves.

Les frères Grimm.

On remarquera que, dans l'histoire d'Hélyas, envisagé comme protecteur de la princesse de Clèves, il manque quatre actes des plus importants qui forment l'exposition de notre poëme : le mariage d'Oriant et de Béatrix, dont Hélyas est le fils; la calomnie dont Béatrix est victime, la métamorphose en cygnes de ses enfants, à l'exception d'un seul; et le choix que le ciel fait d'Hélyas pour venger l'innocence d'une reine infortunée. Ce n'est pas non plus la princesse de Clèves que défend ensuite Hélyas, mais la duchesse de Bouillon, dont il épouse la fille. Suivant la chronique de Brogne, de laquelle on lit un fragment dans nos appendices 1, Béatrix (?) était duchesse de Lorraine. Mais, remarque le curé Le Paige, comme les ducs de Lorraine et de Mosellane sont sortis de cette princesse, par les comtes de Teisterbant, c'est par anticipation que le chroniqueur donne à Béatrix le nom et le titre que ses descendants ont portés depuis 2.

D'après la légende de Clèves, Helyas, offensé de l'indiscrétion de sa femme, disparaît sans retour; notre roman, au contraire, nous renseigne de point en point sur ce que devient ce preux, et nous le montre finissant sa vie dans un monastère.

Les frères Grimm, qui ont donné jusqu'à neuf versions différentes de l'histoire du Chevalier au Cygne, l'exposent aussi conformément à notre chanson de geste 5; leur principal guide a été un livre populaire flamand, dont nous allons parler.

Postérieurement, Jacques Grimm, cette lumière de la philologie germanique, secondé de nouveau par son digne frère, a raconté, pour les enfants, des aventures qui ressemblent en plusieurs points à celles de Béatrix, sous le titre des Six Cygnes (die sechs Schwäne). Le grand

en de jaarbeschryving der stad Gorinchem. Gorinchem, 1656, p. 5. Note de M. le Dr Coremans, pp. 107-108 du tome XI des Bullet. de la Commis. royale d'histoire.

I, N° 1.

2 Hist. de l'ordre héréd. du Cygne, t. I, pp. 23-24.

3 Deutsche Sagen, 1848, t. II, pp. 291-304. Trad. franç., t. II, pp. 348-364.

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