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en 1429, il ne s'était présenté personne pour toucher à son héritage. Jean Flamel copia pour le duc de Berri plusieurs romans. Nous avons une note de Nicolas dans ce beau recueil de voyages qui fut donné par le duc de Bourgogne au duc de Berri, et qui est aujourd'hui un des livres les plus curieux de la Bibliothèque impériale. La calligraphie de ce peu de lignes n'est pas exempte de raffinement et de mauvais goût.

Les somptueuses et lourdes reliures étaient extrêmement recherchées, surtout des ducs de Berri et de Bourgogne. On y voulait des cuirs tantôt en grain, tantôt velus, tantôt de couleurs variées, surtout blanc, noir et vermeil; des velours bleus ou verts, des draps de Damas, de soie ou même d'or, relevés de broderie, de fleurettes, etc.; des empreintes de fers, des clous d'or ou d'argent, des fermoirs émaillés de sculptures, ornés de perles et de pierres précieuses; sur les plats, des basreliefs («ymages enlevez ») en or ou en argent; à l'intérieur, des pipes ou signets garnis de pierreries, soutenus par un riche pençoir. Quelquefois un tuyau d'argent doré servait à tourner les feuillets. Le tout était souvent enfermé dans une chemise de velours. Comme les livres étaient posés à plat dans des armoires, non rangés sur des rayons, les saillies sur les plats, qui sont dans nos bibliothèques modernes d'un effet si désastreux, avaient moins d'inconvénient. Le livre étant d'ordinaire appuyé sur un pupitre, on ne redoutait pas non plus le poids des reliures. On sait que Pétrarque fut grièvement blessé à la jambe par un volume des Lettres de Cicéron, que son poids faisait tomber fréquemment. Tel livre d'heures des ducs de Bourgogne portait soixante-huit grosses perles, et l'étui en camelot était encore garni de perles. On chercha pour les romans des reliures plus légères en velours ou en soie; mais les ais furent toujours de bois. Les heures de Charles V sont ainsi décrites dans l'inventaire de «l' Estude du roi en la tour du bois de Vincennes : >> « Grans heures très bien escriptes et très noblement enlumi«<nées et historiées... lesquelles heures sont couvertes de bro«< deure à plusieurs ymages, à lozanges et à rondeaulx de per<«<les. Et sont les courroyes des fermouers couvertes chascune «<de sept fleurs de lys d'or, à compter le clou qui tient aux aiz << desdites heures, et en chascune fleur de lys a quatre perles;

Villain, Hist.

de Nic. Flamel,

P, 203.

Giles Malet,

p. 197.

Laborde,

t. II, p. 279 et suiv.

V. de Viriville,

tc., p.9. 16,

29, etc.

Duchesne,

Ann. de la Soc.

de l'hist. de Fr., 1837.— Merlin,

Rev. archéol., juill. et août 1859.

« et sont les fermouers desdites heures d'or garni chascun de << deux balaiz, deux saphirs et deux grosses perles, et les ti«<rouers d'un laz de soie à or, en chascun ung gros bouton de «perles. Et est la pippe desdites heures garnie de deux balaiz «<et ung saphir, et quatre grosses perles. Lesquelles sont en << ung estuy de cuir bouilly pendant à ung large laz de soie azu«rée, semée de fleurs de lys d'argent doré. »

Il y aurait exagération à donner place parmi les artistes du siècle aux nombreux relieurs, relieresses, broderesses, mentionnés dans les Comptes du temps. On nommera seulement ici Guillaume de Villiers, Jacques Richier, relieurs de la maison d'Orléans; Emelot de Rubert, broderesse à Paris, qui travaille pour la même maison; Martin Lhuillier, relieur du duc de Bourgogne à Paris; Godefroi Bloch et sa femme, au service du duc de Brabant (1375, 1383). On connaît aussi le nombreux personnel qui travaillait aux livres de la reine Isabeau, et où le brodeur Huguenin Arrode occupe le premier rang.

Les cartes à jouer ou tarots furent au XIVe siècle et dans la première moitié du suivant une des applications de l'art de la miniature. C'est sous le règne de Charles VI que ce jeu, probablement venu de l'Italie, commence chez nous à se propager. En 1392, Jacquemin Gringonneur, peintre, reçoit cinquante-six sols parisis « pour trois jeux de cartes à or et à « diverses couleurs, ornés de plusieurs devises, pour porter << devers ledit seigneur (Charles VI) pour son esbattement. >> L'ordonnance de 1369 contre les jeux énumère tous ceux qui étaient alors en usage, et ne parle pas des cartes. L'ordonnance de 1395 n'en parle pas non plus. On peut croire qu'à cette date c'était encore un plaisir rare et qui ne sortait pas de la cour. Mais une ordonnance du prévôt de Paris datée de 1397 mentionne les cartes parmi les jeux interdits. Il paraît que l'origine doit en être cherchée dans les « naïbis » ou petits feuillets peints représentant toute une encyclopédie enfantine, et destinée à l'amusement aussi bien qu'à l'instruction du premier âge. C'étaient le fou, l'empereur, le pape, la roue de fortune, la mort, les vertus, les éléments, les signes du zodiaque, plus tard les dieux de la Fable. Le jeu de tarots reposa d'abord sur les combinaisons ingénieuses que l'on faisait de ces petits

feuillets. Loin d'être un jeu défendu, il passait pour un jeu grave, une sorte de moralité, qu'on cherchait à mettre en place du jeu de dés et des autres jeux de hasard. Puis, on y attacha des valeurs numériques qui firent ressembler le jeu nouveau à ceux que l'on prétendait ainsi remplacer. Le synode de Langres, en 1404, interdit le jeu de cartes aux ecclésiastiques. Nous ne possédons pas de collection de tarots du XIVe siècle. Sans doute les cartes de Gringonneur étaient de ces cartes à devises, dont on pouvait faire une sorte de jeu solitaire, un «<esbattement » pour un esprit en enfance. C'est au siècle suivant que la fabrication de ces petits objets prit assez d'importance pour conduire à deux découvertes qui tiennent un rang capital dans l'histoire de l'esprit humain, la gravure et l'imprimerie.

PEINTURE

SUR VERRE.

Lasteyrie,

sur verre, t. I, p. 217 et suiv.

La peinture sur verre, qui a tant de rapports avec la miniature et qui constitue avec elle le véritable fleuron de notre gloire artistique au moyen âge, ne résista pas aussi longtemps Hist. de la peint. que la miniature à la décadence générale de l'art. Les vitraux du XIVe siècle, bien que remarquables encore, sont inférieurs à ceux du XII et du XIII. Certes les verrières de Saint-Nazaire de Carcassonne, des cathédrales de Beauvais, de Lyon, de Strasbourg, de Metz, d'Évreux, de Notre-Dame de Semur, sont de très-beaux ouvrages; celles de Saint-Martial de Limoges, de Saint-Gengoult de Toul, sont vraiment admirables. Mais l'harmonie des tons et la fermeté des dessins sont perdues. L'effet du coloris est bien moins intense; l'ensemble en est peu agréable et tourne à la grisaille. Le bleu et le rouge avaient été jusque-là la base de l'ornementation; maintenant

mon., t. II,

p. 248,249.

le blanc et le jaune prennent le dessus. Les verriers du XIIIe Lenoir, Archit. siècle ne cherchaient pas à figurer les lointains et les perspectives. Après eux, on encadre les personnages dans des détails d'architecture d'un effet lourd et confus. L'emploi de grands morceaux de verre, en affaiblissant la force du dessin, fut aussi une cause de décadence. Enfin, la peinture sur verre obéit de plus en plus à ce fâcheux égoïsme qui la portait à se rendre indépendante de l'architecture. Jusque-là le verrier s'était envisagé comme un simple auxiliaire de l'architecte. Maintenant le

Ann. archéol.,

Laborde, t. II, p. 204.

verrier voudra travailler pour lui seul. Il ne se préoccupe que de la perfection de sa verrière, envisagée en elle-même; l'effet général de l'édifice lui échappe. De là des discordances, des fautes d'agencement dont le XIIIe siècle n'est jamais coupable. En perdant son abnégation, le verrier gâta en réalité les conditions de son art, art essentiellement subordonné et assujetti à de tout autres exigences que la peinture de chevalet.

L'école de verriers la plus célèbre de ce temps paraît avoir t. XIV, p. 203. été celle de Lille. Jacques des Marcs, Jean de Courtrai et Jacquemon as Pois sont mentionnés dès 1384; cette école se continue avec éclat durant le XV et le XVIe siècle; on voit que les plus grands ouvrages sortaient de ses ateliers. Les Comptes de Bourgogne mentionnent les travaux de Pierre «le «voirier » et de Thibaut le verrier, demeurant à Arras, aux années 1396, 1398. Lyon eut aussi ses verreries en 1347, une ordonnance royale est rendue en faveur de la verrerie lyonnaise. Une partie des vitraux de la cathédrale de Metz sont l'œuvre de maître Hermann « li valrier, » de Munster en Westphalie, mort à Metz en 1392. En général, les plus belles verrières se trouvent, pour ce temps, dans l'est de la France, surtout à Strasbourg. On employait plus qu'on ne l'avait fait jusqu'alors la peinture sur verre à décorer des édifices profanes, palais, maisons riches, hôtels de ville; on se plaisait à s'en servir pour étaler des armoiries ou écussons. Louis d'Orléans fit faire pour ses résidences des verrières chèrement payées.

Lenoir,

ibid., t. Il, p. 89, 90.

t. III, p. 5.

La peinture sur verre resta ainsi, sur son déclin, ce qu'elle avait été à son origine, un art tout français. L'usage de ce bel ornement est fort ancien en notre pays et date de la période Ann. archéol., romane; mais il prit de singuliers développements au XII° siècle avec Suger, au moment même où naissait le style gothique. La peinture sur verre devint une partie intégrante de ce style, une sorte de conséquence obligée des jours énormes qu'il laissait, une réparation pour deux arts que la nouvelle architecture étouffa presque complétement, la peinture murale et la mosaïque. Née avec le gothique, cette belle industrie se corrompit avec lui. Comme tous les arts où l'effet résulte d'un ensemble

et non de la perfection des détails, la peinture sur verre, de même que la miniature, ne fit que perdre aux progrès du dessin; l'imagerie plate était la condition de ces deux arts. Les progrès de la peinture furent le signal de la décadence pour l'un et l'autre, à peu près comme les tapis et les châles de nos manufactures, si supérieurs pour la justesse des dessins à ceux de l'Orient, n'en égalent point l'effet. On voulut faire des tableaux placés entre le jour et le spectateur : on se trompa; car ce qui fait le charme de la grande peinture n'y pouvait trouver place, l'expression disparaissant dans une lumière surabondante, et la correction du dessin ayant ici peu de prix. Quoi de plus choquant que de voir une image de grandeur naturelle entre le ciel et soi, les masses les plus solides rendues diaphanes, et les effets d'ombre et de lumière intervertis? Une sorte d'imagerie cyclique, à teintes plates, où par la réunion de plusieurs médaillons se constituait un ensemble harmonieux, voilà ce que firent le XIII et le XIVe siècle. La peinture sur verre n'était pas susceptible d'autre chose. La Renaissance la tua, ainsi que la miniature, par la raison toute simple que le grand art du dessin n'y était pas applicable, et qu'elles supposaient toutes les deux une naïveté de composition dont des artistes savants n'étaient plus capables. En exigeant une rigoureuse vraisemblance, la Renaissance noya cette atmosphère d'une transparence toute idéale où vivaient ces deux arts. On leur appliqua les règles générales de la peinture; on les gâta. Il est des arts dont les conditions sont limitées, où le progrès en un sens est la décadence en un autre, et dont le développement est attaché d'une manière exclusive à certains états de la science du dessin.

L'émaillerie continuait d'être florissante en France, et y subissait d'importantes transformations. Limoges, qui depuis le XIIe siècle s'était fait en cet art une réputation européenne, en fut toujours le centre. Les cuivres émaillés où cette ville avait excellé étant passés de mode par suite des progrès du luxe, qui faisaient considérer l'or et l'argent comme la matière obligée soit des objets du culte, soit des riches vaisselles, les émailleurs limousins entrèrent dans une voie d'essais fructueux,

ÉMAUX.

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