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son origine, et avait plus d'une fois augmenté ses collections; ni M. le colonel d'état-major Saint-Hypolite, qui, venu parmi nous, en 1844, pour diriger les travaux de la carte militaire de la France, n'avait cessé depuis lors de prendre une part active à nos travaux, et avait enrichi nos Mémoires de si excellentes notices sur les monuments celtiques de Château-Larcher, les anciennes enceintes d'Avaricum, et les quatre grandes batailles livrées en Poitou, qui eurent tant d'influence sur les destinées de la France.

Nos regards cherchent aussi vainement dans cette enceinte M. l'abbé Dubois, ce zélé confrère que nous avions coutume de voir si assidu à ces réunions annuelles. La Société lui devait les tables de deux volumes des recueils de D. Fonteneau, plusieurs rapports insérés dans les bulletins, et d'importants travaux commencés sur l'abbaye de Nouaillé et sur les poëtes latins du Poitou, travaux malheureusement demeurés incomplets.

Enfin, Messieurs, Dieu, qui tenait en réserve un autre trésor pour l'Eglise de Poitiers, a couronné les vertus de ce pontife au cœur si bon et si affectueux, qui aimait tant vos études, ces études qui, selon ses propres expressions, s'élèvent par delà les monuments et remuent l'intelligence et la pensée dans un grand intérêt de moralité '. Jaloux de la beauté de la maison du Seigneur, Mgr Guitton voulait que tout, dans son ornementation, s'harmonisât avec son architecture, et il daignait consulter sur les

1V.séances générales de la Société Française pour la conservation des monuments, tenues à Poitiers en 1845.

réparations de toutes les églises de son diocèse une commission qu'il avait choisie parmi vous.

Nous garderons avec soin, Messieurs, ces mémoires chéries; car si le culte des souvenirs, auquel se sont voués les antiquaires, devait périr partout ailleurs, il conserverait toujours un dernier sanctuaire dans le sein. de notre Société.

PRONONCÉ A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 26 DÉCEMBRE 1849,

Par Mgr P¤E, Évêque de Poitiers.

MESSIEURS,

Je savais, en venant dans ce grand diocèse, que sur cette terre antique je trouverais des hommes voués à l'étude, à l'admiration, à l'amour, au culte de l'antiquité. Je le savais, et, m'est-il permis de vous le confier, je prévoyais que cette Société de savants, à qui la Providence a laissé assez de loisirs pour leur permettre de se livrer à de si intéressantes investigations, réveillerait en moi un sentiment douloureux, un sentiment mêlé d'envie et de regret. Oui, Messieurs, en votre présence, en présence de vos travaux, de vos écrits, je sens s'appesantir plus douloureusement sur moi ce sublime, mais accablant ministère de l'épiscopat, qui condamne à faire de soi et de sa vie un holocauste absolu, qui interdit à l'esprit comme aux pieds de se porter désormais où ils veulent.

Naguère encore, Messieurs, j'étais libre comme vous l'êtes, et je donnais à mes travaux et à mes instants, aussi bien qu'à mes pas, la direction que je voulais : Cingebas te et ambulabas ubi volebas. Mais désormais l'itinéraire de ma pensée, comme celui de mes courses diocésaines, est tracé par le devoir, et il me mènera souvent

là où mon choix, ma nature ne m'eussent pas conduit. Je ne puis me le dissimuler, Dieu m'a imposé une vie où les obligations sont si multipliées, qu'il ne reste plus place même aux goûts les plus légitimes, aux études les plus chères et les plus saintes. Je dis les plus saintes : car cela est incontestable, Messieurs; Jésus-Christ, depuis dix-huit siècles, a si bien pris possession de la terre, et surtout de la France, qui est son royaume, son empire, que les moindres débris qui s'y rencontrent parlent toujours de lui, sont frappés à son empreinte, à son effigie. Çà et là, sans doute, l'antiquaire exhume encore quelques souvenirs des temps païens; et généralement ils offrent un contraste qui les fait tourner euxmêmes à la gloire du christianisme. Mais presque toujours les monuments qui attirent votre attention sont les œuvres de la foi catholique : l'archéologie, Messieurs, c'est de la théologie encore, et les richesses de vos musées sont à peu près exclusivement des médailles du millésime chrétien.

Ainsi vos études sont saintes dans leur objet. Elles sont saintes aussi dans leur résultat. La foi, Messieurs, est plus forte et en même temps plus naïve, la piété est plus généreuse et aussi plus tendre quand elles se mettent en contact avec les temps anciens, avec les beaux siècles du christianisme. Ces siècles sans doute nous sont connus par l'histoire; mais les monuments subsistants parlent bien plus haut que l'histoire. Vous êtes, à ce titre, Messieurs, d'intelligents auxiliaires de notre ministère évangélique. Je l'avoue, pour ma part, il est tel acte de foi, tel acte d'amour, tel acte de sacrifice ou de dévoûment, que je n'ai jamais mieux compris, mieux ac

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