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Mais de racines nourrissantes'

Qui rendent les âmes savantes.

L'élégance de la versification du Jardin des Racines grecques a été au moins égalée, sinon surpassée, dans la Géométrie en vers techniques, Paris, 1801, in-8.

L'angle dont le sommet à la courbe se rend,

A moitié des degrés de l'arcque qu'il comprend;
Lorsqu'il est au dehors, le cas devient complexe,
Du concave moitié, moins moitié du convexe.

Le triangle rectangle et son hypotenuse
Ont des propriétés que pas un ne récuse;
La perpendiculaire allant à l'angle droit,
De nous le démontrer aura bientôt le droit.

Nous ne savons pas si c'est au même ouvrage qu'appartient cette définition des parallèles que nous avons lue autrefois :

A labri de l'envie, en compagnes fidèles,

On voit marcher de front deux lignes parallèles.

Si elle ne s'y trouve pas, elle mériterait certainement d'y être.

Parmi les ouvrages plus récents, nous ne devons pas oublier la Géographie de la France, en vers techniques, divisée en régions, avec des notes, rédigées en style lapidaire, par Balestrier. Nous regrettons de ne pas connaitre cet ouvrage dont la poésie aurait pu nous offrir quelque échantillon curieux.

DE L'IMITATION.

Nodier, dans ses Questions de littérature légale, a défini l'imitation en ces termes : « On est convenu d'appeler ainsi toute traduction d'une langue morte introduite dans un ouvrage d'imagination, qui n'est pas lui-même la traduction exacte de l'écrit dont elle est tirée. »

On considère encore comme imitation l'emprunt qu'un auteur fait à une langue vivante, étrangère à la sienne. Mais ce dernier genre d'imitation est déjà un peu plus répréhensible que l'autre, car l'auteur l'avoue rarement, et le public ne s'en aperçoit que difficilement.

« Le Marin (J.-B. Marini) disait, rapporte Scudéri dans sa préface d'Alaric, que prendre sur ceux de sa nation, c'était larcin; mais que prendre sur les étrangers, c'était conquête, et je pense qu'il avait raison. Nous n'étudions que pour apprendre, et nous n'apprenons que pour faire voir que nous avons étudié....... Si j'ai pris quelque chose dans les Grecs et dans les Latins, je n'ai rien pris du tout dans les Italiens, dans les Espagnols ni dans les Français, me semblant que ce qui est étude chez les anciens est volerie chez les modernes. » Lamothe Levayer, qui partageait ce sentiment, s'exprime ainsi dans sa cent trenteneuvième lettre : « Prendre des anciens et faire son profit de ce qu'ils ont écrit, c'est comme pirater au delà de la ligne; mais voler ceux de son siècle, en s'appropriant leurs pensées et leurs productions, c'est tirer la laine au coin des rues, c'est ôter les manteaux sur le Pont-Neuf. L'on peut dérober à la façon des abeilles, sans faire tort à personne; mais le vol de la fourmi qui enlève le grain

entier ne doit jamais être imité.» Aces différentes citations, ajoutons-en encore une autre, tirée du Dictionnaire de Bayle (article Éphore): « Je crois que tous les auteurs conviennent de cette maxime, qu'il vaut mieux piller les anciens que les modernes, et qu'entre ceux-ci il faut épargner ses compatriotes préférablement aux étrangers. La piraterie littéraire ne ressemble point en tout à celle des armateurs. Ceux-ci se croient plus innocents lorsqu'ils exercent leurs brigandages dans le nouveau monde, que s'ils les exerçaient dans l'Europe. Les auteurs, au contraire, arment en course bien plus hardiment pour le vieux monde, et ils ont lieu d'espérer qu'on les louera des prises qu'ils y feront... Tous les plagiaires, quand ils le peuvent, suivent le plan de la distinction que j'ai alléguée ; mais ils ne le font point par principe de conscience, c'est plutôt afin de n'être pas reconnus... Malheur à l'auteur, néanmoins, s'il y a une trop grande disproportion entre ce qu'il vole et ce à quoi il le coud! Elle fait juger aux connaisseurs non-seulement qu'il est plagiaire, mais aussi qu'il l'est maladroitement. Ils se persuadent qu'il a gâté une excellente matière, et qu'il l'avait dérobée, puisqu'il y a mis une si mauvaise forme. ».

Outre les nombreuses imitations que nos grands écrivains ont faites des Grecs et des Latins, ils ont souvent, et à notre profit, puisé sans scrupule dans les poètes ou les prosateurs antérieurs ou peu connus. Comme ces faits sont en général peu connus, nous allons entrer dans quelques détails.

La Sophonisbe de Mairet renferme cette imprécation que Corneille a imitée dans les Horaces:

Cependant, en mourant, ô peuple ambitieux !

J'appellerai sur toi la colère des cieux :

Puisses-tu rencontrer, soit en paix, soit en guerre,
Toute chose contraire et sur mer et sur terre;
Que le Tage et le Pô contre toi rebellés,

Te reprennent les biens que tu leur as volés;
Que Mars, faisant de Rome une seconde Troie,
Donne aux Carthaginois tes richesses en proie;

Et que, dans peu de temps, le dernier des Romains
En finisse la race avec ses propres mains!

On trouve dans Hippolyte, ou le Garçon insensible, de Gabriel Gilbert, mort avant 1680, le dialogue suivant :

HIPPOLYTE.

Si je suis exilé pour un crime si noir,

Hélas! qui des mortels voudra me recevoir ?

Je serai redoutable à toutes les familles,

Aux frères pour leurs sœurs, aux pères pour leurs filles.

THÉSÉE.

Va chez les scélérats, les ennemis des cieux,

Chez ces monstres cruels, assassins de leurs mères;
Ceux qui se sont souillés d'incestes, d'adultères;
Ceux-là te recevront.

Racine a ainsi imité ce passage:

HIPPOLYTE.

Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez, Quels amis me plaindront quand vous m'abandonnez?

THÉSÉE.

Va chercher des amis dont l'estime funeste

Honore l'adultère, applaudisse à l'inceste;

Des traîtres, des ingrats, sans honneur et sans foi,
Dignes de protéger un méchant tel que toi.

Plusieurs endroits du Triomphe de la Ligue, de R.-J. Né

rée, Leyde, 1607, in-12, rappellent certains vers d'Athalie, On trouve dans la première pièce :

Ne redoutez-vous point qu'un ligueur vous écoute?
– Je ne crains que mon Dieu, lui tout seul je redoute.

Racine fait dire à Joad :

Je crains Dieu, cher Abner, et n'ai point d'autre crainte. Ailleurs Nérée s'exprime ainsi :

Las! nos petits enfants en auroient bien besoing;
Dieu nous les a donnés, Dieu en aura le soing.
Les pourrions-nous laisser en si grande misère?
Celuy n'est délaissé qui a Dieu pour son père;
Il ouvre à tous la main, il nourrit les corbeaux,
Il donne la viande aux jeunes passereaux,

Aux bestes des forêts, des prés et des montagnes.
Tout vit de sa bonté.

Toutes ces pensées, Racine les a mises dans la bouche de Joas:

Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin?
Aux petits des oiseaux il donne leur pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.

Molière, qui, tout en faisant son profit des anciens, des Italiens, des Espagnols, et de nos vieux écrivains, n'en est pas moins resté inimitable, Molière a tiré presque littéralement du Pédant joué, de Cyrano de Bergerac, une des meilleures scènes des Fourberies de Scapin. Tout le monde pouvant recourir à cette dernière pièce, nous nous bornerons à donner un extrait de la première.

Granger (le pédant), ayant appris du valet de son fils (Corbineli) que celui-ci s'est laissé prendre par les Turcs

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