Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

On rencontre aussi quelques vers latins que l'on peut considérer comme vers brisés.

[blocks in formation]

Les mots de la seconde ligne servent à la fois à la première et à la troisième ligne pour former les deux

vers:

Quos anguis dirus tristi mulcedine pavit
Hos sanguis mirus Christi dulcedine lavit.

[blocks in formation]

Et canis in sylvis venatur et omnia servat

Et lupus in sylvis nutritur et omnia vastat.

Le dicton suivant est dû certainement à un malheureux qui avait trouvé peu de bonheur dans son ménage :

[blocks in formation]

Qui capit uxorem litem capit atque dolorem

Qui caret uxore lite caret atque dolore.

On trouve des vers de ce genre dans la Moysiade attribuée à Rousseau.

DES VERS PROTÉES.

Ce sont des vers que l'on peut, sans en altérer le sens, modifier de plusieurs manières différentes par la simple transposition les mots. Tel est le vers célèbre:

Tot tibi sunt dotes, virgo, quot sidera cœlo.

Il est tiré du recueil des épigrammes du P. Bernard Bauhuis, Anvers, 1615, in-12.

Le nombre des combinaisons dont il est susceptible se montait, dit-on, à 1 022, chiffre égal à celui des étoiles énumérées par Ptolémée. Il fut publié sous ses diverses formes par H. Dupuy (Erycius Puteanus), dans le volume intitulé: Pietatis Thaumala in Protheum parthenicum unius libri versum numeris sive formis 1022 variatum, Anvers, 1617.

Ce vers a depuis occupé deux habiles mathématiciens, Jacques Bernouilli et le P. Prestet. Le second l'a trouvé susceptible de 3376 combinaisons; mais en né gligeant la mesure, suivant Bernouilli, les mots dont ce vers se compose peuvent être combinés de 40 327 manières. Le P. Robert s'est également exercé sur le vers de Bauhuis dans ses Récréations littérales, chap. 55, où il cite un vers français qui peut se combiner de seize manières.

On peut former 59 916 800 combinaisons différentes avec ce vers de Th. Lansius :

Crux, fax, fraus, lis, mars, mors, nox, pars, sors mala, Styx, vis.

Nous répéterons volontiers ce que dit Paschase, auteur

d'un traité curieux, Poesis artificiosa, 1668, in-12, après avoir donné le nombre des combinaisons dont est susceptible un autre vers: Ego certe credere malim quam experiri.

On peut transposer de 24 manières différentes les quatre vers suivants :

Saint Honoré

Est honoré

Avec sa pelle

Dans sa chapelle.

DES VERS MONOSYLLABIQUES.

Il y a très-peu de vers monosyllabiques. Tout le monde connaît les suivants sur la Passion:

[blocks in formation]

Tabourot en a fait quelques-uns, et le mathématicien Gua de Malves, mort en 1786, avait composé ainsi un poème tout entier qui, nous le croyons, n'a jamais été imprimé. On peut affirmer sans crainte que le public n'y a pas perdu grand chose.

Ausone, dans sa Technopégnie, a terminé un assez grand nombre de vers par des monosyllabes, et l'on connaît le plaisant chapitre de Pantagruel (liv. V, chap. 28):

Comment Panurge, interrogeant ung frère Fredon, n'eust response de luy que en monosyllabes.

Par opposition à ces sortes de vers, Swift s'est, dit-on, amusé à faire des vers anglais de vingt, de trente et même de soixante syllabes. Scarron n'a pas été aussi loin; toutefois, il existe de lui deux chansons à boire, dont la première renferme des vers de quatorze pieds et la seconde. des vers de treize pieds.

Si l'on me voit devant Mardic

Me puisse venir la teigne ou le tic;
Bon à faire à Gassion d'être friand de batailles,
Un coup de canon,

N'est ma foi ni beau ni bon;

Il vaut mieux dedans Paris manger perdreaux et cailles, Que d'aller aux Pays-Bas,

Et de n'en revenir pas.

Que de biens sur la table

Où nous allons manger,
O le vin délectable

Dont on nous va gorger!

Sobres, loin d'icy; loin d'ici buveurs d'eau bouillie,
Si vous y venez, vous nous ferez faire folie,
Que je sois fourbu, châtré, tondu, bègue-cornu,
Que je sois perclus alors que je ne boirai plus.

Et d'estoc et de taille

Parlons comme des fous,

Qu'un chacun crie et braille,

Hurlons comme des loups,

Jetons nos chapeaux, et nous coiffons de nos serviettes,
Et tambourinons de nos couteaux sur nos assiettes,
Que je sois fourbu, châtré, tondu, bègue-cornu,
Que je sois perclus alors que je ne boirai plus.

DES CHRONOGRAMMES.

On appelle chronogramme (du grec chronos, temps, et gramma, lettre) une inscription en prose ou en vers dont les lettres numérales (en chiffres romains) offrent la date d'un événement. Les chiffres romains sont composés des caractères suivants :

[blocks in formation]

Il y a différentes espèces de chronogrammes : le chronogramme simple ne donne que la date de l'année; le chronogramme double présente non-seulement l'année, mais le fait ou l'événement. Le naturel dispose les numérales de manière que la lettre de la plus grande valeur soit la première, et ainsi des autres; on connaît par là l'année sans faire l'addition. Dans le chronogramme additionné, la date ne se trouve que par un calcul. Ordinairement les lettres numérales d'un chronogramme sont en majuscules, tandis que les autres sont en caractères moins gros. Il arrive quelquefois que l'on n'emploie pas toutes les lettres numérales du chronogramme, et alors le chronogramme est dit libre. Dans le cas contraire, on le nomme exact.

Le chronogramme remonte à une assez haute antiquité, s'il faut en croire le Dictionnaire de Trévoux, qui rapporte l'inscription suivante mise sur une vitre de l'église Saint-Pierre, à Aire:

bls septem præbendas VbaldVIne dedIstI.

« VorigeDoorgaan »