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Ce qui donne:

M. L.V.V. IIII ou M.LXIIII

c'est-à-dire 1064.

Sur le clocher de l'horloge du Palais, fabriquée en 1371, se trouvaient les six vers suivants; les trois premiers contiennent le chronogramme, les trois derniers l'expliquent.

CharLes roi VoLt en ce CLoCher
Cette noble CLoChe aCroCher,
Faltte poVr sonner ChaCVne heVr.

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Voici encore quelques chronogrammes français; le pre

mier donne la date de la victoire remportée à Graves, en

1455, par le duc de Bourgogne Philippe le Bon sur les Gantois;

peChlé sans ConsCIenCe est la Mort des gantoIs.

Le second a rapport à la bataille de Montlhéry, livrée en 1465:

à CheVaL, à CheVaL, gendarMes, à CheVaL.

« A Paris, dit Tabourot qui a fait d'assez nombreuses recherches sur les chronogrammes, en l'hôtel assis entre la chambre des comptes et le Palais, sur le chemin par lequel on va en l'île dudit Palais, est écrit en lettres d'or numérales, les autres d'azur,

aV temps dV roI CharLes LebVIt
CestVI hostel sI fVt ConstrVit,

dont on peut colliger 1485. »

Au seizième et au dix-septième siècle, on fit grand usage des chronogrammes, surtout en Allemagne et dans les Pays-Bas. Il ne se passait guère d'événement un peu important, il ne naissait pas un prince, il ne mourait pas un homme plus ou moins illustre, qu'on ne vît immédiatement paraître un chronogramme. Martin Cuthénus, syndic de la ville de Prague, mort en 1564, composa, pour mettre sur le tombeau où sont renfermés l'empereur Charles IV et ses quatre femmes, cinq vers hexamètres latins dont chacun indique, par un chronogramme, l'année de la mort de la personne à laquelle il est consacré. L'empereur Rodolphe II le récompensa magnifiquement, et fit graver les vers sur une table de marbre que l'on plaça sur le tombeau. Un médecin allemand, mort en 1684, eut plus de patience, car il fit un poème chrono

grammatique latin, intitulé: Memoria pacis, centum hexametris, quorum singuli annum illius restauratæ, 1679, per litteras numerales computant, in-4.

Citons encore, bien qu'elle soit un peu leste, une épitaphe faite sur le maréchal de Saxe. Elle offre quelque analogie avec les chronogrammes; car la somme des chiffres qui terminent chaque vers donne l'àge auquel mourut le vainqueur de Fontenoy.

Son courage l'a fait admirer d'un chac....
Il eut des ennemis, mais il triompha....
Les rois qu'il défendit sont au nombre de..................
Pour Louis, son grand cœur se serait mis en..
En amour c'était peu pour lui d'aller à.......
Nous l'aurions s'il n'eût fait que le berger Tir.
Mais pour avoir souvent passé douze, hic ja.......
Il mourut en novembre, et de ce mois le......
Strasbourg contient sa cendre en un tombeau tout
Pour tant de Te Deum pas un De profun...

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DES AMPHIGOURIS.

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On appelle ainsi une pièce, en vers ou en prose, qui ne renferme que des idées sans ordre et d'un sens vague et indéterminé. Le plus célèbre exemple que l'on ait de l'amphigouri dans l'antiquité, est le poème grec de Lycophron, intitulé ; l'Alexandra. Nous empruntons les détails sui

vants au spirituel article que M. Boissonade a consacré à ce poète, dans la Biographie Michaud (t. XXV, p. 509):

« Ce poème, dit le savant helléniste, véritable prodige d'une érudition comme d'une patience sans bornes, est un monstre de bizarrerie et de ténèbres plus que cimmériennes. Près de quinze cents vers sont remplis par une interminable prophétie d'Alexandra que les modernes connaissent davantage sous le nom de Cassandre. Du haut de sa tour, où Priam la tient enfermée, de peur que son funeste délire n'inquiète et ne trouble la ville, elle voit partir le vaisseau qui transporte, aux rivages du Peloponnèse, le vaisseau d'Hélène. Ce spectacle redoublant les accès de sa sainte manie, l'avenir tout entier se déroule devant elle. Ses regards prophétiques aperçoivent, par avance, tous les malheurs que ce fatal voyage doit attirer sur l'Asie; et, cédant à l'assaut victorieux du démon qui l'obsède, elle raconte ces longues calamités dans un langage inspiré que les hommes n'avaient point entendu, et qu'ils pourront à peine comprendre. Ce n'est plus une mortelle, c'est Apollon même qui parle par sa voix; non pas cet Apollon qui chantait les vers faciles qu'Homère écrivait; c'est l'Apollon des trépieds, le dieu qui dictait à ses prophètes des paroles inintelligibles, et que l'obscurité de ses réponses, que les tortueuses ambiguïtés de ses oracles avaient fait surnommer Loxias.

« Pour atteindre à la sublimité de ce style énigmatique, et rester, quatorze cents vers de suite, constamment amphigourique, Lycophron eut besoin d'un travail qui ne se peut concevoir, et des ressources, incessamment présentes, de la plus vaste lecture et de la mémoire la plus fidèle. Son artifice perpétuel est d'em

ployer la syntaxe la plus irrégulière, les mots composés les plus étranges, les mots les plus rares et les plus surannés, les formes de dialectes les plus insolites, les locutions les plus éloignées de la langue vulgaire écrite ou parlée; de se tenir sans cesse à perte de vue dans les plus hautes régions du pindarisme; d'entasser les métaphores les plus dures et les plus baroques, d'user des rapprochements les plus inattendus; de tendre un long. tissu d'éternelles périodes, artistement enchaînées par des conjonctions et des pronoms, où le lecteur confondu s'égare comme en un labyrinthe; d'enchevêtrer de longues digressions dans d'autres digressions, tellement que le sujet principal s'efface si bien de la mémoire, qu'on ne le reconnaît plus lorsqu'enfin il reparaît; de ne jamais donner à tant de dieux et de déesses, à tant de héros et d'héroïnes, introduits tour à tour dans ce trésor de mythologie, le nom que tout le monde leur connaît, mais de les désigner toujours par quelque surnom bizarre, par une allusion à quelque rare événement, par quelque obscure périphrase; de ne point indiquer un pays par ses villes, ses fleuves, ses montagnes les plus célèbres, mais par des villages, des ruisseaux, des collines que les habitants eux-mêmes ne connaissent peutêtre pas. Voilà par quels procédés Lycophron a composé cette indéchiffrable énigme, que Suidas appelle « le poème ténébreux, » et Stace « le dédale du noir Lycophron. >>

Ce poème, malgré sa bizarrerie, a eu bien des lecteurs dans l'antiquité. C'est du moins ce que l'on peut conjecturer du nombre des manuscrits et des commentaires qui nous sont parvenus.

Parmi les Latins, nous ne connaissons qu'Ausone qui

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