employée mêine en Égypte , comme l'attestent d'antiques monumeus d'écriture égyptienne, où l'on voit des lettres de différentes couleurs. C'est dans la Grèce que l'écriture rouge brilla avec le plus d'éclat; et même sous les empereurs grecs, elle devint une prérogative de la famille royale. L'empereur Léon I, statua , par un rescrit donné en 470, que le décret impérial ne serait point estimé authentique , s'il n'était signé de la main de l'empereur avec l'encre pourpre, ( sacrum encaustrum ) (1). Cette coutume a duré jusqu'à la fin de l'empire; mais dès le XIIe siècle, cette prérogative fut accordée aux grands officiers de l'empire. On voit à la bibliothèque impériale de Paris, un manuscrit, intitulé : les Règles du couvent de la Vierge, écrit par ordre de l'impératrice Irène, et qu'elle a signé elle-même en caractères rouges. V. Catal. de la bibliot. du Roi , to. II, page 53, n° 384. Dans le siècle d'Auguste et même avant, les manuscrits étaient ornés de différentes manières avec le cinabre. On marquait de traits rouges les premières lettres des périodes et des paragraphes; on fit même ces lettres entièrement rouges. Cela devint tellement nécessaire par la suite , qu'il se forma une classe particulière d'ouvriers attachés à la librairie , dans le moyen âge, et connus sous le nom de rubricatores, d'illuminatores, de miniatores et de miniculatores. Ils existaient encore dans le quinzième siècle, et au com (1) La marque de la signature des empereurs grecs, était une croix, faite avec cette encre sacrée , composée du sang de la pourpre , coquillage dont parle amplement Pline le naturaliste. On faisait cuire au feu ce coquillage; et avec ses écailles réduites en poudre, on composait cette encre. Elle était considérée comme sacrée; puisqu'il était défendu sous peine de la vie d'en avoir chez soi, ou de tâcher d'en obtenir des officiers qui en avaient la garde. Agir autrement, c'était se rendre suspect d'aspirer à la tyrannie, s'exposer à la perte de tous ses biens, et même au dernier supplice. mencement du seizième. On a beaucoup de livres imprimés dans le premier siècle de l'imprimerie, où l'on voit les capitales et les premières lettres des périodes , faites à la main , et peintes en rouge ou en bleu, mais sur-tout en rouge. Delà est venue sans doute par la suite, la coutume d'imprimer les frontispices des livres en rouge et en 'noir, coutume qui a subsisté jusques vers 1780; et delà est venu aussi le mot rubrique, employé dans les livres de droit et dans les livres de lithurgie. Passons à quelques ouvrages écrits sur parchemin de couleur. Les manuscrits les plus précieux étaient sur parchemin pourpré, avec des lettres d'or et d'argent; et même dans les commencemens, il n'était permis d'employer ce luxe que pour les ouvrages tirés de l'écriture sainte. Il paraît que cet usage était déjà commun au IVe siècle, car Saint Jérôme dit à la fin de sa préface du livre de Job: Habeant qui volunt veteres libros, vel in membranis purpureis auro argentoque descriptos , vel uncialibus ( ut vulgò aiunt ), litteris, onera magis exarata quam codices, etc (1). On connaissait aussi des manuscrits sur parchemin violet. Nous en allons citer quelques-uns en pourpre et autres couleurs, On conserve à la bibliothèque impériale de Vienne, un manuscrit grec , écrit sur parchemin pourpre, avec des lettres majuscules d'or et d'argent; il contient le livre de Moïse, et paraît être du troisième ou quatrième siècle. Bjoerostabla vu, dans la bibliothèque de la cathédrale de Vérone, un manuscrit des Quatre Évangélistes, en latin, sur papier ( papyrus ) violet, entièrement écrit en caractères (1) Cette magnificence a été connue en Espagne dans le VIIe siècle: Isidore de Séville dit formellement dans ses Origines, en parlant des livres: Inficiuntur colore purpureo in quibus aurum et argentum liquescens patescat in litteras, d'argent, qui ressemblent aux évangiles gothiques d'Ulphilas et qu'on croit être du quatrième ou cinquième siècle. L'auteur des Remarques d'un voyageur ( en allemand ) Allenb., 1775, in-8°, p. 48, parle d'un Pseautier qui se trouvait à Saint-Germain , écrit en lettres d'or sur vélin pourpre, dont on prétend que Saint Germain s'est servi luimême au cinquième siècle. · Le Codes argenteus d'Ulphilas , conservé dans la bibliothèque d'Upsal; renferme les quatre Évangiles , en lettres d'or et d'argent sur vélin pourpre. Il a en tout 187 feuillets, mais il est incomplet au commencement et à la fin, Nous avons parlé ailleurs de ce monument précieux de l'antiquité. La bibliothèque de Bâle possède un Pseautier grec, écrit sur parchemin pourpre, avec des majuscules d'argent et les rubriques en lettres d'or. Vid. Gerberti iter allemanicum, italicum et gallicum, p. 44. Le même auteur parle d'un pareil manuscrit, qui est du VIIIe ou IXe siècle, et qui se trouve dans la bibliothèque de Zurich. Les Bénédictins de Florence ont dans leurs archives un Pseautier latin, écrit en lettres d'or sur parchemin pourpre, il appartenait à Engelberge, femme de l'empereur Louis II, dans le neuvième siècle. On garde encore à Aix-la-Chapelle un Livre d'Évangiles, écrit en lettres d'or sur vélin pourpre, qui fut trouvé dans le tombeau de Charlemagne, lorsque l'empereur Othon III le fit ouyrir au onzième siècle. Le manuscrit connu sous la dénomination d'Heures de Charlemagne, a été conservé pendant plus de dix siècles dans la sacristie du chapitre de Saint-Sernin à Toulouse. Ce sont les quatre Évangiles disposés pour les différentes fêtes de l'année. Ils composent un petit in-folio de 126 feuillets sur vélin, fond pourpre. Les lettres sont en or. Il y a quelques lettres d'argent, mais elles sont effacées et noircies. On croit ce manuscrit du huitième siècle. Gerken parle d'un Codex quatuor Evangel., écrit sur papier violet avec des lettres d'or, et vers la fin avec des lettres d'argent. Il est du IXe siècle, et se voit à la bibliothèque de Munich. (V. l'ouvrage de Gerken, intitulé : Reisen durch schwaben , Bayern , etc. Stendal, 1783-88, 4 vol. in-8°, le jer to. p. 339 ). Le Livre d'or, ou Codex aureus de la bibliothèque royale de Stockolm , renferme les Évangiles. Les feuilles sont pourpre, et les lettres en or ou en couleur blanche; les capitales sont en noir. Le manuscrit des Évangiles qui existe dans la bibliothèque Cottonienne, en Angleterre, est intitulé : Harmonia evangelica. Les deux premiers feuillets de Saint Mathieu sont teints en pourpre, et les deux ou trois premières pages de chaque évangile sont en lettres d'or capitales. Il existe beaucoup de manuscrits, sur-tout de pontificaux du IXe siècle, qui ont seulement quelques feuillets pourprés, ou même des portions de pages. Cette décoration était réservée pour les canons de la messe, les frontispices des livres, les titres, les endroits les plus remarquables. La bibliothèque électorale de Dresde possède une Chronique turque, écrite sur papier de différentes couleurs. On voit dans la bibliothèque de Butner à lena, un beau manuscrit de Saadi, Rosarium , sur papier couleur rose, et un ouvrage de Poésie turque sur papier de plusieurs couleurs, trouvés l'un et l'autre dans la tente du grand visir, lors de la levée du siège de Vienne, en 1683. Nous ne citerons pas un plus grand nombre d'anciens manuscrits sur vélin ou papier de couleur, parce qu'ils ne sont pas l'objet principal de cette seconde partie; ce que nous venons d'exposer, suffit pour prouver que ce genre de livres a été connu des anciens, et très-en usage danis le moyen âge. Ce petit détail sert naturelleinent d'introduction à ce que nous avons à dire des ouvrages imprimés sur papier de couleur. Ceux-ci ne sont maintenant qu'un objet de curiosité et de rareté. Il est cependant certaines personnes qui prétendent que le papier très-blanc est éblouissant, sur-tout quand les caractères dont il est couvert sont fort noirs; et elles préféreraient un papier verd-tendre , bleu-de-ciel ou rose pâle. Le grand Frédéric dont la vue était affaiblie par l'âge, se trouvait dans ce cas. ( Voyez l'art. VOLTAIRE ). Mais en général on se servira toujours de papier blanc, tant parce qu'il est moins dispendieux , que parce qu'il fait mieux ressortir l'impression. Et les papiers de couleur seront toujours rares, soit à raison du petit nombre de livres à l'impression desquels ils sont employés, soit parce qu'ils sont beaucoup plus chers que ceux qui sont imprimés sur papier blanc. C'est ce qui nous a engagé à faire quelques recherches sur d'ouvrages ces sortes |