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II.

VARIÉTÉS.

FOUILLES ET DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES

FAITES A PARIS

pendant le premier semestre de l'année 1874.

Pendant le premier semestre de la présente année, le Service Historique de la Ville de Paris a fait une assez ample récolte de renseignements topographiques et d'objets d'antiquité dans les fouilles exécutées sur les ateliers de travaux publics; les travaux des particuliers, parfois si intéressants au point de vue archéologique, n'ont, pour ainsi dire, rien produit.

Sur le chantier de la Préfecture de Police on a retrouvé la base de trois murs épais et solides, parallèles au quai actuel. Le premier, le plus éloigné de la Seine, était le mur d'enceinte du Palais de la Cité au temps de Saint Louis les deux autres formaient le revêtement d'un quai bordant un ancien bras du fleuve indiqué par feu Berty et par M. Boutaric; ce bras fut comblé dès la fin du règne de Philippe-le-Bel.

Les excavations pratiquées sur la berge de la rive gauche de la Seine pour construire un pont reliant le boulevard Saint-Germain à l'île Saint-Louis, ont fait apparaître l'extrémité de l'enceinte de Philippe-Auguste et quelques substructions du bâtiment de la Tournelle. En amont de ce pont on a dégagé l'embouchure du canal qui, dérivé de la Bièvre, traversait l'abbaye de Saint-Victor.

De nombreuses tranchées d'égouts ont permis de relever des cotes d'altitude des sols historiques et même anté-historiques, c'est-à-dire qu'elles ont fourni de nouveaux documents propres à reconstituer graphiquement les anciens reliefs du site parisien et à établir conséquemment la base indispensable de toute topographie sérieuse. Plusieurs de ces tranchées ont, en outre, présenté un intérêt plus direct. L'une d'elles, ouverte dans la rue Bonaparte, a momentanément rendu à la lumière le passage souterrain communiquant de l'hôtel de Vauquelin des Yveteaux aux jardins qui en dépendaient. D'autres tranchées, creusées dans le sol de la rue Taranne, ont offert

aux yeux plusieurs sarcophages de plâtre démontrant par leur situation, que l'ancien cimetière Saint-Père avait été, dans l'origine, plus étendu qu'on ne le croyait.

Puisque nous parlons de sépultures, il convient de signaler particulièrement celles qu'ont fait découvrir des fouilles purement archéologiques, exécutées durant plusieurs mois par les soins du Service Historique de la Ville, sur l'emplacement de l'antique cimetière Saint Marcel.

On a trouvé l'an dernier dans ce cimetière de nombreux tombeaux datant du ive siècle, comme l'indiquaient, d'une manière indubitable, les objets et les médailles qu'ils renfermaient. Le point où se sont portées cette année les recherches scientifiques ne possédait pas de tombes d'une époque aussi reculée : les plus anciennes ne remontaient guère qu'au vie siècle, mais il y avait plus de variété. C'était une superposition, un enchevêtrement d'inhumations à même la terre et de sarcophages en pierre, en plâtre, en briques ou en maçonnerie de moellons. C'est au nord de l'emplacement qu'occupait l'église SaintMarcel, et sous son collatéral de gauche, que se trouvait cette accumulation de sépultures. Des sarcophages entiers de diverses natures de pierres, des panneaux de plâtre décorés provenant de cercueils faits en cette matière, des portions de sculptures, des fragments d'architecture, des inscriptions en ont été extraits et ont été déposés au Musée Municipal en voie de formation.

Depuis le commencement de l'année, le Musée dont il vient d'être question, collection essentiellement parisienne, s'est également enrichi d'un grand nombre d'objets sortis du sein de la terre en différents endroits. Nous mentionnerons principalement des silex taillés et des débris de vases de l'époque de la pierre polie, deux seaux en bronze, des vases et des poteries des époques gauloise et gallo-romaine, des armes en fer, des poids en pierre et en terre cuite, des objets et des ustensiles variés en bronze, en fer et en os.

TH. VACQUER.

FAUSSETÉ DE LA CHARTE DE LOUIS LE GROS
pour Amédée Laiguesin, bourgeois de Paris.

Le grand recueil des Ordonnances des rois de France de la troisième race contient une charte de Louis-le-Gros, dont les éditeurs ont emprunté le texte à Fontanon, et qui est ainsi conçue :

« In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Ludovicus, Dei gratia Francorum rex. Notum facimus universis, presentibus pariter et futuris,

1. Tome II, p. 381.

quod, ad requestam Amedei Leiguesin, Parisiensis burgensis, utentis geometrica arte, ipsum commisimus et committimus ad statuendum, arpentandum et mensurandum terras ubicunque fuerit in regno Francie nostro, ad gagia, jura et emolumenta ad istud officium pertinentia. Propter hoc damus in mandatum preposito nostro Parisiensi et omnibus seneschallis, baillivis, vicecomitibus et aliis justiciariis nostris subditis, sibi in hoc pareri et obediri volumus, et ipsum post juramentum ab ipso prestitum in manibus vestris, instituatis, et predicto instituto et mandato nostro et cujuslibet vestrum obediatur. Quod ne cujuslibet usurpatoris temeritate infirmari valeat, literarum memorie commendari et nominis nostri caractere sigillo sigillari et corroborari fecimus. Parisius, anno incarnationis Verbi millesimo centesimo decimo quinto, regni vero nostri septimo, adstantibus in palatio quorum nomina subtitulata sunt et signa: signum Ancilli dapiferi; signum Guilberti fratris ipsius, cubicularii; signum Guidonis constabularii; signum Guidonis camerarii. Data per manum (monogramme) Stephani can

cellarii. »

D'après cette charte, un bourgeois de Paris, expert en géométrie, nommé Amédée Laiguesin, aurait été nommé, en 1115, arpenteur général du royaume. Il ne semble pas qu'on ait encore élevé des doutes sur l'authenticité de cette pièce, qui est mentionnée sans observations, à la date de 1115, dans la Table chronologique des diplômes rédigée par Bréquigny', et dans la Table chronologique des ordonnances publiée en 1847 par M. Pardessus 2.

Il suffit cependant de la parcourir pour y reconnaître à chaque ligne les traces d'une supercherie. L'expression ad requestam ne convient point au xe siècle. Le nom d'Amédée n'était guère usité en France à cette époque. La formule de commandement damus in mandatum preposito nostro Parisiensi et omnibus seneschallis, baillivis, vicecomitibus et aliis justiciariis nostris subditis, se rapporte à l'organisation administrative du XIIIe siècle au plus tôt. La charte est adressée à tous présents et à venir (universis presentibus pariter et futuris), et néanmoins, dans le corps de l'acte, nous trouvons des formules qui supposent un mandement adressé à des agents royaux : post juramentum ab ipso prestitum in manibus VESTRIS, - ipsum...

INSTITUATIS.

Je ne pousserai pas plus loin cet examen. C'en est assez pour mettre en garde contre un texte qu'on aurait pu être tenté d'employer pour l'histoire de la bourgeoisie parisienne, et dont il ne faudra plus s'occuper, sinon pour rechercher à quelle époque et dans quel intérêt il a été fabriqué.

L. DELISLE.

1. Tome II, p. 448. 2. Page 2.

JUZIERS CONNU DÈS 919.

Flodoard rapporte dans sa Chronique, sous l'année 922, que de nombreux miracles s'accomplissaient dans l'église de Saint-Pierre du village de Gesedis, en Parisis (in pago Parisiaco), depuis bientôt quatre ans, époque à laquelle quelques poils de la barbe du prince des apôtres y avaient été déposés. On évaluait à plus de 170 le nombre des aveugles, des boiteux et des perclus qui y avaient été guéris et, suivant le chroniqueur, beaucoup d'autres faits merveilleux avaient signalé la présence des reliques de saint Pierre'.

On n'a pu réussir jusqu'ici à reconnaître l'emplacement de Gesedis. Il semblait que ce village ne devait pas être cherché en dehors du diocèse de Paris qui correspond assez exactement au pagus Parisiacus. L'abbé Lebeuf, auquel le texte de Flodoard n'avait pas échappé, pensa tout d'abord que Gesedis pouvait être identifié avec Gisy, hameau de la paroisse de Bièvres (Seine-et-Oise, arr. Versailles, c. Palaiseau), mais il n'osa pas répondre à cette question dans le sens affirmatif, car Gisy, à son avis, ne fut jamais le siége d'une paroisse 2. De plus, comme le remarque aussi le savant abbé, Gisy est désigné au XIIe siècle sous le nom de Giry et ce nom, dirons-nous, ne peut être rapproché de celui de Gesedis.

Aujourd'hui, la question se présente sous cette alternative. Ou le village de Gesedis, avec son église dédiée à saint Pierre, faisait véritablement partie du pagus Parisiacus, comme le dit Flodoard, et il aura été détruit dans les guerres du moyen-âge puisqu'on ne le trouve mentionné dans aucun des anciens pouillés du diocèse de Paris, ou bien Flodoard qui écrivait à Reims ne connaissait pas exactement les limites du pagus Parisiacus et alors les mots in pago Parisiaco ne sont plus chez lui qu'une expression vague désignant les environs de Paris c'est à cette dernière hypothèse que nos recherches viennent donner raison.

En effet, l'église de Saint-Pierre de Gesedis, dotée vers 919 d'une relique du saint apôtre, n'est pas différente de l'église de Saint-Pierre de Juziers (Seine-et-Oise, ar. Mantes, c. de Limay), comprise avant 1790 dans le diocèse de Rouen la distance qui sépare Juziers de Paris (32 kilom. environ à vol d'oiseau) justifie, chez un chroniqueur

1. « In pago quoque Parisiaco, in villa quæ dicitur Gesedis, multa mira» cula in ecclesia S. Petri a quarto superiore anno, ex quo scilicet reliquiæ de barba ipsius apostoli illuc sunt relatæ, facta memorantur: ita ut inter » cœcos et claudos vel contractos, amplius quam centum septuaginta sanitate ⚫ donati referantur. Dæmoniaci vero, quotquot illo abierunt, sano sensu, » pulsis dæmonibus, redierunt : præter alia innumerabilia quæ ibidem sunt >> acta »> (Chronicon Flodoardi).

2. Histoire du diocèse de Paris, t. VIII, p.417.

étranger à la contrée, l'emploi des mots in pago Parisiaco. Au xe siècle, Gesedis dépendait du Vexin (pagus Velcassinus) comme le prouve une charte de l'année 978 par laquelle la comtesse Ledgarde donna l'église de S.-Pierre de Juziers et le village même de Juziers à l'abbaye de Saint-Père de Chartres : c'est à ce document qu'on doit la connaissance de la plus ancienne forme vulgaire du nom de Juziers, Gizei, qui se distingue à peine de la dénomination latine employée par Flodoard. Nous ne croyons pas inutile de relater ici les diverses formes du nom de Juziers que nous avons rencontrées dans les documents du xe au xue siècle :

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Gesedis (Chronicon Flodoardi, anno 922) — Gizei, 978 (Cart. de l'abb. de S. Père de Chartres, p. 64) Gisiacum, 986 (ibid., p. 170) Gesiaci cella, 1033 (ibid., p. 115) — Jociacensis cella, Josiaci cella, avant 1061 (ibid., p. 174 et 178) — Gisecium, av. 1071 (ibid., p. 171) Gisez, v. 1213 (ibid., p. 677) - Gysiers, 1233-1244 (Pouillé du diocèse de Rouen, dans le Recueil des Historiens de France, t. XXIII, p. 320) — Gisecii, 1280 (Cart. de S. Père de Ch.; p. 717) Jusiers, Gisiers, 1289 (ibid., p. 721).

A. LONGNON.

NOTE SUR UNE ESTAMPE

de la Communauté des maîtres fondeurs-ciseleurs
de la ville de Paris.

L'estampe dont nous allons donner la description vient d'être acquise par la Bibliothèque de la ville de Paris. Elle manque au Cabinet des Estampes de la rue de Richelieu; cependant ce dépôt possède un recueil des plus précieux, formé par un amateur du commencement du dix-huitième siècle, renfermant de nombreuses planches identiques à celle qui nous occupe, c'est-à-dire relatives aux corporations et confréries de la ville de Paris. Mais ce Recueil ne contient que des pièces antérieures à 1725 ou 1730; ce qui explique l'absence de notre estampe qui porte la date de 1746. Nous observerons en outre que toutes les planches de ce volume sont grossièrement gravées sur bois et ressemblent beaucoup plus à ces affreuses images de dévotion qu'on fabrique à bon compte dans certains quartiers de Paris, qu'à une œuvre d'art. Sous ce rapport, celle des maîtres fondeurs que nous venons de découvrir leur est bien supérieure. Voici la description de cette estampe :

1. « Ecclesiam in honore apostolorum principis clavigerique regni cælo>> rum, Petri, consecratam, in loco qui dicitur vulgariter Gizei, cum villa >> eodem vocabulo dicta Gizei... Sunt autem præfatæ res in pago Velcasino » super fluvium Sequanae.» (Cart. de S. Père de Chartres, éd. Guérard, p. 64).

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