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Nous laissons à de plus compétents le soin de décider. Il nous suffit d'avoir fait connaître l'opinion qu'avait sur ce sujet, vers la fin du XIIe siècle, un moine de l'abbaye de Saint-Denis, car, il est bon de le constater, le ms. de la bibliothèque Mazarine provient de ce célèbre monastère où l'on recueillait alors tous les renseignements qui pouvaient intéresser notre histoire.

NOTES DE NICOLE DE SAVIGNI,

avocat parisien du XVe siècle, sur les exploits de Jeanne d'Arc et sur divers événements de son temps.

Nicole de Savigni, avocat, figure sur la liste des bourgeois notables de Paris, au temps de Charles VI, que MM. Le Roux de Lincy et Tisserand ont insérée dans leur beau volume intitulé Paris et ses historiens aux XIVe et XVe siècles. Comme beaucoup de ses contemporains, Nicole de Savigni aimait à consigner sur les pages blanches d'un manuscrit les particularités historiques qui venaient à sa connaissance et frappaient son imagination. Plusieurs notes qu'il avait ainsi tracées dans un de ses livres ont été recopiées à la fin d'un Rituel de l'église de Châlons que possède la Bibliothèque Nationale (ms. latin 10579, fol. 195 vo). Ces souvenirs d'un bourgeois de Paris m'ont paru d'autant plus dignes d'être signalés, qu'une place notable y est réservée à la mission de Jeanne d'Arc, et que le témoignage de Nicole de Savigni doit s'ajouter aux textes originaux que notre confrère M. Quicherat a réunis avec tant de science et de sagacité dans son édition des Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc.

En dehors du paragraphe consacré à la Pucelle, les notes de Nicole de Savigni ont trait à l'assassinat du duc d'Orléans dans la rue Barbette en 1407, à la chute des ponts de Paris la même année, à la naissance du prince qui depuis régna sous le nom de Louis XI, aux travaux que l'évêque de Châlons fit exécuter en 1423 à son hôtel épiscopal, à la victoire remportée par Charles VI le 27 novembre 1382 sur les Flamands, à une cloche donnée par Charles V, et au sacre de

à l'abbé Lebeuf, ou permet, tout au moins, d'attribuer l'origine de cette dénomination à un personnage dont le nom d'origine franque s'écrivait Baldecharius à l'époque mérovingienne et Bauderius au x siècle; de même Lohier, Garnier, s'écrivaient Chlothacharius, Warnacharius au vi et au vii siècle. D'autre part, si Porta Bagaudaria avait été le nom primitif de la porte, la forme française serait certainement Porte Baudière.

(Note du comité de publication.)

1. Page 361.

Charles VII. Plusieurs de ces notes sont des vers chronogrammatiques, c'est-à-dire qu'on peut compter les lettres numérales (M, C, L, X, V et I) contenues dans ces vers pour avoir la date exacte des événements auxquels les vers font allusion.

Voici le texte des notes de Nicole de Savigni :

Vidi scriptum in quodam libro magistri Nicholai de Savigny, quondam in parlamento Parisius advocati, manu ejusdem magistri, in hec verba : Anno Domini millesimo пe vi, vigilia sancti Clementis, quo dux Aurelianensis, frater regis Francie, fuit hic Parisius occisus, quo pontes Parisienses dirrupti fuerunt, dies Veneris sancta evenit die annunciacionis beate Marie, et fertur quod, quocienscunque ita contingit, illo anno stupenda eveniunt et admiracione digna.

Similiter ita contingit anno Domini millesimo e XXIX; et in brevi post pasca, Puella suscepit arma, et vexillum tulit contra Anglicos, eos expulit a obsessione civitatis Aurelianensis, a villis de Jargolio, de Meduno, de Baugenci, et in brevi eos debellavit in Belsia; et estate sequenti Karolus, rex Francie, cum suo excercitu, dicta puella associatus, transivit Secanam, in civitatibus Trecensi, Cathalanensi, Remensi, Suessionensi, Silvanetensi et Belvacensi, que antea Anglicis adherebant, receptus, et Remis per dominum Reginaldum de Carnoto, archiepiscopum Remensem, dominum Johannem de Sarraponte, gallice de Sarrebruche, episcopum et comitem Cathalaunensem, parem Francie, assistentibus domino Johanne de Tournebu episcopo Sagiensi, et quodam domino Scoto episcopo Aurelianensi, consecratus XVII Julii, anno predicto.

Le dalphin, premier filz du roy Charles, fut nez l'an mil e xxi, le mr jour de juillet.

Item dicto anno, mense Marcii et Aprilis, dictus Johannes de Sarraponte fecit fieri muros domus sue circa jardinum suum et muros civitatis, et plura edificia in dicta domo fecit et reparavit.

Nota de la nef que le vent fait aler, et est en ung pays nommé Allecaire près de Sarisigannes.

Tu trouveras l'an par ces vers

Que Charles mist Flandrois envers.

Rex Karolus quintus, nomen venerando Marie,

Me dedit hic intus ut resonem varie.

Remis sacratur Karolus Francie

Ergo frustratur Hanricus Anglie.

м CCCC et VII.

Ex dictis occasu lex et rex grexque mirantur
Pre terrore ruunt pons minor atque novus.
Territur et major glacierum sustinet ictus.

Annum si queris, virgula prima canit.

Comme les notes de Nicole de Savigni se recommandent principalement par les détails qu'on y trouve sur Jeanne d'Arc, je profite

1. Le mot dictis est sans doute une faute de copie pour nivis.

de l'occasion pour mettre en lumière quatre articles de compte, relatifs à des dépenses faites en 1429 par ordre de Charles VII pour la Pucelle. Je les ai rencontrés dans un recueil de Blanchard, qui, après avoir fait partie du cabinet de Lamoignon, a été récemment acquis par la Bibliothèque Nationale 1. Blanchard les avait tirés du huitième compte de Guillaume Charrier, receveur général des finances du roi. Le premier et le quatrième de ces articles ont été connus de M. Quicherat, qui les avait empruntés à l'Histoire de Charles VII publiée par Godefroy. Les deux autres sont probablement restés inédits.

Je copie les notes de Blanchard, qui doit avoir un peu abrégé et modifié le compte original.

Du huitième compte de Guillaume Charrier, receveur general de toutes finances depuis le 1er janvier 1427 jusques au dernier septembre 1429.

A Jean de Mets, escuier, la somme de c livres, pour le deffraiement de luy et autres gens de la compagnie de la Pucelle, n'avoit guieres lors, venue par devers le roy du pais de Barrois, des frais qu'ils avoient faits en la ville de Chinon, et qu'il leur convenoit faire au voyage qu'ilz avoient intention de faire lors, pour servir iceluy seigneur en l'armée par luy ordonnée pour le secours d'Orleans, par lettres du roy du 21 avril 1429.

A Mathelin Raoul, commis au faict de la despence de l'hostel de la Pucelle, xve livres; 26 juin 1429.

A Jeanne la Pucelle, la somme de vc diverses fois depuis quatre mois en ça,

escus d'or, qui luy a esté baillée à par commandement du roy, pour ses harnois et chevaux, par lettres du roy du 26 septembre 1429.

A messire Gilles de Rais, conseiller et chambellan du roy et mareschal de France, la somme de м 1. à luy ordonnée par lettres du roy du 21 juin 1429, pour le recompenser des frais et despens par luy faictz pour assembler grosse compagnie de gendarmes et de traict, et les avoir entretenus, pour les emploier au service du roy en la compagnie de Jeanne la Pucelle, pour remettre en l'obéissance dudit seigneur la ville de Jargeau, que tenoient les Anglois. L. DELISLE.

UN JOURNAL PARISIEN DES ANNÉES

1709 ET 1710.

A l'une des premières réunions du Conseil de la Société de l'histoire de Paris, notre confrère M. Rathery signalait, comme dignes d'une étude particulière, les journaux tenus aux xvie, xvII et xvшe siècles par des Parisiens appartenant aux différentes classes de la société. L'existence d'un certain nombre de documents de ce genre a déjà été constatée, et plusieurs ont été largement mis à contribution par les historiens.

1. Nouv. acq. lat. 184, fol. 153 et vo. 2. Procès, V, 257 et 261.

La Bibliothèque Nationale s'est récemment enrichie d'un fragment de journal, tenu à Paris en 1709 et 1710, qui a reçu le no 4037 dans le fonds français des Nouvelles acquisitions. Il est malheureusement bien court et l'auteur, qui avait été l'intime ami de « feu M. Bouthier, avocat, n'a point fait connaître son nom. Il contient cependant quelques articles dignes d'être relevés. A titre d'exemples, je citerai les suivants, dans l'espoir qu'un de nos confrères pourra un jour nous dire ce que sont devenus les plans en miniature saisis le 27 juillet 1710 chez l'abbé Dupin, et aussi ce qu'étaient les planches préparées par l'ingénieur Beaume, dont les cuivres furent fondus et les épreuves mises au pilon.

Le 27 juillet, le sieur d'Argenson reçut à 8 heures du matin un ordre par M. de Torcy de savoir ce qu'etoient devenus des plans en miniature de plusieurs villes de Flandres, Hollande, etc., qui avoient passé par les mains de l'abbé Dupin, et d'en informer le Roy dans le jour. D'Argenson ordonna à Roux, exempt, de sçavoir où demeuroit M. Dupin, et se transporta vers le soir avec un commissaire et un autre exempt nommé Champy, au logis de l'abbé Dupin. On lui dit qu'il n'y étoit pas. Il alla le chercher chez Madame Vignon, rue Serpente, où ne trouvant que son valet, et celui-ci disant que son maitre pouvoit être au Luxembourg il y alla avec sa cohorte et suivi du peuple qui s'amassa. Il rencontra M. Dupin, qui se promenoit avec quelques docteurs; il le tira à part et lui demanda compte de ces plans. L'abbé lui dit qu'ils étoient chez lui, où ils allèrent, le commissaire étant dans le carosse avec eux et les exempts suivant à pied et grand monde. L'abbé lui remit les quatre volumes qui étoient dans deux cassettes et le reconduisit jusqu'à la porte où d'Argenson lui demanda s'il vouloit qu'il le remenât à Luxembourg. M. Dupin le remercia et lui dit qu'il auroit bien pu épargner tout ce fracas en lui mandant de l'aller trouver avec moins de bruit. L'autre dit qu'il étoit étrange qu'il ne pût venir chez une personne sans que le peuple s'ameutât. L'abbé lui dit comme il avoit eu ces cartes, et qu'il y en avoit encore douze volumes dans la bibliothèque de feu M. Daquin, évêque de Seez. L'abbé ne coucha pas chez lui, et ne parut que le mercredi suivant à midi chez la Vignon, où il dina.

› Madame Chamblin, veuve d'un homme d'affaire, à qui appartenoient ces cartes a été parler à M. d Argenson, qui lui a dit qu'elles étoient entre les mains du roi et qu'il ne s'en mêloit plus. On étoit prié d'en avoir 5000 livres.

> Quelques jours auparavant le sieur Beaume, ingenieur, ayant eu privilege pour faire graver et vendre des plans de toutes les villes fortifiées en France, M. Pelletier de Souzy ayant obtenu un arrêt pour faire mettre les stampes au pilon et faire fondre les planches,

l'ordre fut envoyé a d'Argenson qui fit mettre Beaume à la Bastille, d'où il est sorti au bout de huit semaines, après que ses planches ont été fondues et ses estampes lacérées. Comme il est venu pour se plaindre et représenter à d'Argenson qu'il étoit ruiné, y ayant depensé plus de 10000 livres à cet ouvrage, il lui a ordonné de se retirer, le menaçant que, si dans 24 heures il étoit dans Paris, on le remettroit à la Bastille, d'où il étoit sorti environ deux jours avant l'affaire de l'abbé Dupin.

» Vers ce tems, l'affaire d'un homme de Bordeaux, négociant aux Indes, qui a été treize jours chez l'exempt Champy, quarante-trois jours à la Conciergerie et deux ans à la Bastille, et à qui on a pris pour 2500 livres de marchandises.

» Le 8 et le 9 août, il a plu extraordinairement, particulièrement le 9; tout etoit inondé. Ce jour là, durant le plus fort de la pluye, on a pris le sieur Derbaut, marchant à Petit Pont. Des gens deguisez feignant de se mettre à couvert de la pluye, sont entrez dans une grande allée qui est avant le magasin. L'exempt étoit entré auparavant, qui feignoit d'acheter des étofes, et le marchand en le reconduisant jusqu'à la porte de la rue fut pris et mené au grand (?) Châtelet. Il étoit en pantoufles et en robe de chambre.

» Le 10, madame (nom en blanc), veuve de Bellinzani, commis de M. Colbert, et lequel fut mis à la Bastille pour les pièces de 4 sous, où il mourut, est décédée vers 11 heures du matin, âgée de 85 ans. Elle a été portée le lendemain aux Théatins, où elle est enterrée auprez de son mari. Elle étoit mère de madame la présidente Ferrand et cousine germaine de feu M. Bouthier, avocat, mon intime ami. »

NOTE SUR LES SCEAUX PARISIENS

DES ARCHIVES NATIONALES.

On sait que les Archives nationales possèdent une collection sigillographique des plus riches. Le marquis de Laborde, son fondateur, s'était proposé d'y réunir dans un vaste ensemble les sceaux de la France entière, et son successeur, M. Alfred Maury, fait poursuivre cette utile entreprise.

Les sceaux de la Picardie, de la Flandre, de l'Artois, de la Normandie sont venus successivement s'ajouter au groupe primitif provenant du dépôt central et porter à plus de 30,000 le nombre des moulages de la collection.

Le dépouillement, en voie d'exécution, des titres scellés appartenant à la Bibliothèque nationale a déjà fourni plusieurs milliers de types inédits, dont un très-grand nombre se rapportent à la ville de Paris et à l'Ile-de-France.

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