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M. le Président fait connaître les noms de deux nouveaux adhérents: MM. Hudes-Lépine et M. le vicomte Paultre de Lamotte. - D'après l'avis du Comité des fonds, le Conseil, revenant sur le vote qui a eu lieu dans la séance du 14 décembre 1875, décide que le plan conservé dans un exemplaire de l'ouvrage de Pigafetta, sera l'objet d'une reproduction réduite.

- Sur la demande de M. Longnon, et en raison de l'augmentation du nombre des membres de la Société, le Conseil vote aussi l'élévation du tirage du Bulletin à 750 exemplaires.

Communications.

M. Robert de Lasteyrie communique un arrêt du Conseil du Roi du 10 décembre 1595, rendu sur la demande de la Ville de Paris, et ordonnant la démolition du château de Pierrefonds. Cet arrêt, inconnu jusqu'à ce jour, et qu'on trouvera dans un de nos prochains bulletins, ne fut pas exécuté; le démantèlement de la forteresse n'eut lieu, en effet, qu'en 1618.

- M. Leguay demande la parole pour une rectification au procèsverbal imprimé de la séance du 9 novembre dernier. Ce n'est pas, paraît-il, de 1528, mais seulement de 1549, qu'est daté le plus ancien des documents, connus jusqu'alors, où l'on avait remarqué le mot architecte. Ce document, qui appartient à la Société centrale des Architectes, est relatif au tombeau de François Ier : il semble indiquer François Marchand et Pierre Bontemps, sculpteurs imagiers, comme les auteurs des statues qui décorent ce monument et que certaines personnes avaient cru pouvoir attribuer à Jean Goujon.

La pièce ainsi signalée offre, on le voit, un réel intérêt pour l'histoire de l'Ile-de-France, et M. Leguay ne doute pas que la Société centrale des Architectes n'en autorise la publication dans notre Bulletin.

M. Cousin annonce que la bibliothèque de la Ville a acquis récemment un exemplaire du plan de Paris désigné depuis la publication de M. Bonnardot sous le nom de « plan de Du Cerceau ». Selon lui, l'attribution de ce plan à l'éminent architecte n'est rien moins que certaine. L'examen des planches et certains détails héraldiques semblent prouver que les planches ont été gravées en Allemagne. Cette communication de M. Cousin fera l'objet d'une note qui prendra place dans le Bulletin.

M. A. Longnon regrette que l'heure avancée ne lui permette pas de donner lecture d'un court travail intitulé Conjectures sur l'auteur du Journal parisien de 1409 à 1449 et qu'il destine au IIe volume de nos Mémoires. Il fait connaître cependant l'hypothèse à laquelle il s'est arrêté : le journal lui paraît avoir été écrit par le

curé de Saint-Nicolas-des-Champs, de Paris; il n'a pu cependant, jusqu'ici, trouver le nom du titulaire de cette cure pendant l'occupation anglaise et appelle l'attention des membres de la Société sur ce petit problème.

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L'ERMITAGE DE FRANCHARD.

A côté de la légende qui se raconte aux visiteurs des sites de Franchard, il y aurait une histoire à reconstituer d'après les titres authentiques, et le sujet, remontant tout au moins jusqu'au xire siècle, tentera quelque jour un antiquaire. Je n'en indiquerai ici que les premiers et les derniers épisodes.

Sous Philippe-Auguste, alors que la forêt portait encore son nom primitif de Bière, l'emplacement où s'élève la maison de garde bien connue était occupé par l'ermitage d'un solitaire nommé Guillaume, qui, prétend-on, avait été chanoine à Orléans. La simplicité de l'existence de Guillaume, l'aspect désolé, horrible, des gorges qu'il avait choisies pour sa retraite, et le sort malheureux de deux de ses prédécesseurs, tués par les brigands', lui attirèrent la protection du roi et d'Agnès de Méranie, qui venait de remplacer sur le trône la malheureuse Ingeburge. Dans un séjour au château de Moret, en 1197, Philippe-Auguste lui donna la propriété à vie du terrain qu'il habitait, et assura cette même propriété, après la mort de l'ermite, à l'abbaye Saint-Euverte d'Orléans, pour y entretenir deux prêtres ou religieux voués, comme Guillaume, à la vie cénobitique3, mais placés sous la règle de Saint-Euverte et de Saint-Victor, et sous l'autorité disciplinaire de l'abbé. De peur d'empiétement sur le territoire forestier, il était convenu que les solitaires ne pourraient étendre leur propriété autour de l'ermitage ni avoir du bétail paissant, sans la permission du roi.

1. On a le texte d'une lettre que lui adressa l'abbé de Sainte-Geneviève de Paris, et où ces faits sont mentionnés. Quelques fragments en ont été traduits par M. Joanne, dans son Guide de Fontainebleau, p. 178 et 179. 2. « Locum illum de Bieria quem ipsi dedimus. »

3. « Qui, vitam sibi heremiticam ducentes, in victu modum vite quem predictus Guillelmus ibi tenuit, teneant, nisi ibidem degere voluerint vita arctiori. >>

4. Charte de 1197. Copie dans le cartulaire de Saint-Euverte (Bibl. nat.,

Dans les années suivantes, Philippe-Auguste et la reine donnèrent encore à Guillaume de Bière de nouvelles marques de leur vénération; ils obtinrent même pour lui la protection du pape Innocent III, et nous voyons pour la première fois paraître le nom de l'église Notre-Dame de Franchard' dans le rescrit pontifical en date du 28 avril 1199, qui en confirma la propriété à l'ermite, avec ses dîmes, cens, revenus, domaines et dépendances.

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Franchard était donc, dès cette époque, une église dotée et apanagée; elle avait même des chanoines ce qu'il faut peut-être entendre du chapitre de Saint-Euverte, et était en passe de devenir abbaye, comme on le voit dans des lettres de 1198, par lesquelles le diocé sain, Michel de Corbeil, archevêque de Sens, sur la requête d'Agnès de Méranie, affranchit de la « procuration » Guillaume et ses compagnons 2. Quelques années plus tard, un nouveau bref d'Innocent III assura aux «< maître et frères de l'ermitage de Franchard de Bière ‣ les bénéfices de la protection accordée primitivement à Guillaume3. Outre ces actes, le cartulaire de Saint-Euverte donne le détail d'une foule de donations faites dans la première moitié du xe siècle, par les courtisans ou les voisins de la forêt. J'y relèverai seulement quelques noms de donateurs, comme Adam, vicomte de Melun; Geoffroy, comte du Perche; Philippe, vicomte du Gâtinais; Jean de Cramayel, Robert Mauvoisin, Robert de Milly, les Garlande, Thibaud de Mauny, Guillaume de la Ferté, etc., ou les noms des seigneuries sur lesquelles étaient assignées les donations, comme Soisy, Courances, Nogent, Tousson, Forges, Seineport, Savigny, Monceau, Samois, etc.

En 1205, Philippe-Auguste avait accordé aux ermites l'usage du bois mort dans la forêt; cette concession temporaire fut renouvelée par saint Louis en décembre 1228, et devint plus tard un droit de prendre à perpétuité le bois nécessaire « pour l'ardoir des ermites, par quoi, disent les lettres de Philippe VI, ils soient plus tenus de

ms. lat. 1089, page 388); impr. dans le Gallia Christiana, t. VIII, instr.

col. 522.

1. On lit dans certains auteurs que la chapelle avait été d'abord placée sous l'invocation de saint Alexis.

2. « Michael, Dei gratia Senonensis archiepiscopus, omnibus ad quos presens scriptum pervenerit, salutem in Domino. Notum fieri volumus presentibus pariter et futuris quod dilectis filiis canonicis ecclesie Beate Marie de Franchart quidquid possident vel adepturi sunt juste et canonice, confirmamus, et intuitu Dei et pietatis, et ad preces carissime domine A., illustris Francorum regine, tam a procuratione nostra quam archidiaconi in perpetuum absolvimus, nisi in tantum creverit illa domus, quod ibi fiat abbatia. »

3. Bref daté du 4 des nones de mars, 7° année du pontificat.

prier et faire oraisons à Notre-Seigneur pour nous et nos successeurs1. »

Il est probable que les héritiers de Guillaume de Bière, sous la direction et avec l'aide des abbés de Saint-Euverte, surent faire fructifier un bénéfice qui avait crû si rapidement; ce sera affaire à l'historien de l'ermitage de retrouver les souvenirs de ces temps prospères. Mais, si nous nous transportons tout de suite au xvIe siècle, nous ne trouvons plus que des ruines, et, au milieu des décombres de la grande église, un « petit retranchement » servant encore de chapelle. C'est le P. Dan qui nous fournit ces renseignements. « J'apprends, ajoute-t-il, par quelques anciens mémoires, que ce prieuré a esté autrefois conventuel, dépendant de l'abbaye de Saint-Euverte d'Orléans, de l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin. De fait, il y a encore un grand circuit qui a esté environné de murailles, avec apparence de dortoir et autres bastiments tous ruinez, que l'on tient estre arrivé durant la guerre des Anglois en France 2. Au devant de ce prieuré, près de la porte, est une fontaine basse, qui ne tarit point, et dont l'eau découle d'entre un grand nombre de roches qui rendent ce lieu fort désert et affreux 3. Depuis environ cent ans, ce prieuré a toujours esté conféré par le Roy 4. »

Sous Louis XIV, la possession de l'ancien ermitage fut transférée aux Mathurins Trinitaires de Fontainebleau ; ces religieux se chargèrent d'y aller célébrer chaque année une messe solennelle, le premier mardi après la Pentecôte, jour où toutes les paroisses du voisinage y envoyaient une foule de pèlerins et de pieux visiteurs; mais ils se préoccupèrent moins qu'il n'eût été convenable de faire confier la chapelle à des mains dignes de cet honneur. L'ermitage devint ainsi un repaire de braconniers et de bandits, dont les méfaits finirent par attirer une condamnation définitive sur ce qui subsistait du prieuré et de son antique église. Par mesure de sûreté, on dut en faire disparaître les derniers restes; l'arrêt suivant fut rendu à cet effet le 20 février 1717:

« Sa Majesté étant informée que l'ermitage de Franchard, situé dans la forêt de Fontainebleau, n'est d'aucune utilité pour la religion, suivant le sentiment du seigneur archevêque de Sens, diocésain; qu'au contraire la plupart de ceux qui l'ont habité jusqu'à présent sous l'habit d'ermites, bien loin d'avoir édifié les fidèles par une vie exemplaire et pénitente, les ont bien plutôt

1. Lettres données à Fontainebleau, en août 1330. (Trésor des chartes, JJ 66, n° 417.)

2. Un historien local, Michelin, ne fait remonter ce fait qu'au xvi siècle. 3. Pays fort affreux », dit aussi Dangeau, en 1687.

4. Le Trésor des merveilles de la maison royale de Fontainebleau, par le R. P. F. Pierre Dan (1641), p. 351.

5. Établis en 1249, et richement dotés par Henri IV et ses successeurs.

scandalisés par le dérèglement de leurs mœurs, en sorte même qu'en dernier liet le juge de Fontainebleau a été obligé de rendre une sentence pour en chasser k nommé Bouillerot, à cause de sa mauvaise conduite; que d'ailleurs cet ermitag est, à proprement parler, une véritable retraite de voleurs et un lieu où les braconniers trouvent un refuge assuré pour la destruction du gibier de la forêt; toutes ces considérations ont déterminé Sa Majesté à prendre le parti de le faire démolir, suivant l'avis dudit seigneur archevêque de Sens; mais, comme les religieux Mathurins établis dans son château de Fontaineblear jouissent de quelques droits par rapport à cet ermitage, dont ils se prétendent les patrons, et qu'il est juste, par cette raison, de leur en accorder les matériaux, à condition qu'ils feront faire la démolition à leurs dépens, Sa Majesté, de l'avis, etc., a ordonné et ordonne au père ministre desdits Mathurins de Fontainebleau de faire incessamment démolir à ses dépens jusqu'aux fondements les bâtiments et la chapelle dudit ermitage de Franchard, sans qu'ils puissent être rétablis à l'avenir, sous quelque prétexte que ce soit; moyennant quoi Sa Majesté lui a fait don de tous les matériaux qui proviendront de ladite démolition, desquels il pourra disposer et les vendre à son profit ainsi qu'il avisera. Enjoint Sa Majesté au sieur Bignon, conseiller d'État ordinaire, intendant de la généralité de Paris, de tenir la main à l'exécution du présent ordre, dont il informera aussitôt Sa Majesté. Fait à Paris, le 20 février 17171.»

Tels sont les faits dont la légende a conservé assez exactement le souvenir. Aujourd'hui, il reste quelques débris des ruines, mais une maison de garde offre l'asile le plus sûr aux promeneurs; la source, qui sans doute eut jadis une réputation miraculeuse, a reçu le nom de la Roche qui pleure et compte parmi les principales curiosités de la forêt; en face, un autre massif s'appelle la Roche des Ermites. Naguère encore, en souvenir de l'ancienne dévotion, on voyait les pèlerins affluer en ces lieux, le surlendemain de la Pentecôte*. A. B.

NOTE SUR L'ATTRIBUTION A DU CERCEAU

DU PLAN DE PARIS SOUS HENRI II, DIT PLAN DE SAINT-VICTOR.

Un fait d'une certaine importance, relativement aux études qui nous occupent, s'est produit au mois de janvier dernier; c'est l'apparition en vente publique d'un nouvel exemplaire du plan connu. jadis sous le nom de plan de Saint-Victor et désigné depuis sous le nom de plan de Du Cerceau par suite d'une attribution que je crois au moins hasardée.

Ce précieux document, provenant de la succession du libraire Edwin Tross qui l'avait trouvé en Allemagne, a été adjugé à la bi

1. Reg. du Secrétariat de la Maison du Roi (Archiv. nat., O' 61, fol. 29 v.) 2. Michelin, Essais sur le département de Seine-et-Marne, p. 153 et 154.

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