situation où se trouvent les affaires. La forme est la même que celle des lettres de créance. Il est rare que le souverain près duquel l'agent diplomatique a été accrédité, même dans le cas où il aurait à s'en plaindre, exprime son mécontentement dans la lettre de récréance; on préfère le plus souvent en pareille circonstance, de recourir à des voies confidentielles. (Voyez, T. 2, p. 525, LETTRES DE RÉCRÉANCE.) CHAPITRE IV. DE LA CORRESPONDANCE DES SOUVERAINS ENTRE EUX. Observations générales sur la correspondance des souverains entre eux. Si la forme des lettres qu'adoptent les souve I rains pour pour leur correspondance mutuelle, varie selon le rang qu'ils s'accordent et selon l'objet qu'ils traitent1), aucune règle cependant ne détermine dans quel cas ils doivent écrire soit des lettres de chancellerie ou de cérémonie, soit des lettres de cabinet. Les souverains d'un rang très-élevé, s'adressent réciproquement aussi bien des lettres de l'une que de l'autre espèce. Il est toutefois d'usage que pour les objets de grande cérémonie, les souverains, sans égard au rang qu'ils s'accordent entre eux, s'adressent des lettres de chancellerie. Les souverains d'un rang moins élevé ne peuvent cependant écrire dans cette forme à ceux du 1) Il est rare que les souverains correspondent directement entre eux sur les affaires politiques. Ils le font ou dans des cas particuliers, ou pour appuyer les représentations de leurs ministres, Dans ces sortes de lettres, les affaires sont traitées en termes généraux, et l'on se réfère à ce que le ministre dira plus amplement à ce sujet. premier rang, qu'en mettant en tête de la lettre, les titres de celui auquel ils écrivent, et se bornant à mettre les leurs au bas de la signature. Un souverain du premier rang donne à celui d'un rang inférieur une preuve d'égards en lui écrivant par lettres de cabinet. Entre souverains d'un rang égal, l'usage de ces dernières est considéré comme un témoignage d'amitié et d'intimité; il se pratique quelquefois afin que le secret du contenu soit plus fidèlement gardé. Dans toutes les parties d'une lettre de l'une ou de l'autre espèce on doit s'apercevoir de la différence qui distingue ces deux genres de rédaction. Il est à remarquer, que dans la correspondance des souverains entre eux, les initiales des pronoms possessifs qui s'appliquent. à l'un ou l'autre sont toujours écrites en lettres majuscules. Des lettres de chancellerie ou de cérémonie. C'est dans les lettres de chancellerie ou de cérémonie que l'on doit observer le plus rigoureusement tous les points du cérémonial. De la suscription. On commence par mettre dans la suscription, qu'elles soient adressées à des égaux ou à des inférieurs, ses propres titres, en faisant suivre les titres de celui auquel on écrit. Par ex. N.... Empereur (ou Roi) de N.... à Très-haut et Très-excellent Prince N.... Em pereur (ou Roi) de N.... Notre bon Frère, (Ami, Cousin et Allié, etc.) Très-haut, Très-excellent et Très-puissant Prince. Les souverains qui écrivent à des princes fort inférieurs en rang, mettent en tête de ces sortes de lettres tous leurs titres sans y ajouter ceux de celui auquel ils écrivent. Les princes d'un rang assez élevé pour écrire aux empereurs et aux rois des lettres de chancellerie, placent leurs propres titres au bas de la lettre. Du corps de la lettre. Ce qui caractérise les lettres de chancellerie, c'est que dans le corps de la lettre on parle de soi-même à la première personne du pluriel, Nous, en donnant à l'autre partie la Majesté, l'Altesse, etc. ou simplement le Vous, suivant les rapports d'amitié subsistans entre les deux souverains. I De la conclusion. La formule usitée pour la conclusion ou le salut, est presque toujours la même, telle que: Sur ce Nous prions Dieu qu'il Vous ait, Très-haut, Très-excellent et Très-puis→ sant Prince, Notre Très-aimé bon Frère (Ami, Cousin et Allie) en Sa sainte et digne garde. De la souscription. Séparément du corps de la lettre sont placés le nom de la résidence, la date, l'année courante et celle du règne du souverain, et plus bas la signature du prince. J Les lettres de chancellerie sont d'ordinaire contre-signées par le secrétaire d'état ayant le département des affaires étrangères; elles s'expédient dans les chancelleries d'état en grande forme, sous couvert, scellées du grand sceau de l'état; sur l'enveloppe on met tous les titres de celui auquel on écrit. Des lettres de cabinet et de celles de main-propre ou autographes. Le cérémonial que l'on doit observer dans les lettres de cabinet est bien moins sévère que ne l'est celui des lettres de chancellerie; le style en est plus familier envers des égaux, et plus obligeant envers des inférieurs; ce qui fait que les souverains s'en servent le plus habituellement dans leur correspondance réciproque. · De la suscription. Elle est très-courte, comme par exemple aux souverains entre eux:,, Monsieur Mon Frère, (et beau-frère), Madame Ma Soeur, (et belle-soeur), Monsieur Mon Cousin, Mon Cousin. Du corps de la lettre. Dans le corps de la lettre on parle toujours de soi-même au singulier, en donnant à ses égaux la Majesté, YAL tesse, etc.; à des inférieurs, le pronom Vous. Les princes inférieurs seuls donnent le Sire à ceux qui leur sont supérieurs, tant dans la suscription que dans le corps de la lettre. De la conclusion. On finit ces lettres par quelques expressions obligeantes, liées au corps de la lettre, et qui varient selon les différentes relations qui subsistent entre les deux souverains. De la souscription. La signature du prince n'est point contre-signée par celle d'un secrétaire d'état. L'expédition de ces lettres se fait sous petit couvert, en y appliquant le petit sceau ou le moyen; la forme du papier est moins grande que celle des |