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y placerait; comme par suite de cette décision, l'ancienne brétèque devait être abattue, on leur laissa la faculté d'en employer les matériaux. Cette fontaine, achevée en 1566, était formée de 5 cuves, dont 3, celle du milieu et celle des 2 côtés extrêmes, étaient plus grandes que les autres et ornées de deux petites têtes de lion; contre la brétèque étaient adossées trois niches et deux panneaux; ceux-ci occupées par des médaillons à tête d'éléphant, jetant l'eau par la trompe; celles-là offrant des femmes presqu'entièrement nues; l'eau jaillissait dans la cuve du milieu par les seins d'une des femmes, et dans les cuves aux extrémités par deux vases tenus à mi-corps par les autres statues. Sur les parois latéraux de la fontaine, on voyait un médaillon à tête de lion, entouré de guirlandes. Aux coins du mur de la fontaine, sur deux petits piédestaux, étaient des hommes nus tenant un écusson (1). Le dessin de cette construction était très-grâcieux, et sa composition est une nouvelle preuve que la pruderie n'était pas le défaut de nos ancêtres.

Embellie en l'année 1625 par l'infante Isabelle, qui y fit placer ou plutôt replacer la statue de la Vierge et poser les deux inscriptions qu'on lit encore sur la façade; endommagée considérablement par le bombardement de 1695, la Maison du Roi subit, en septembre 1763, une restauration devenue nécessaire, mais déplorablement exécutée. L'ancienne brétèque et l'ancienne fontaine furent ôtées, et ces constructions élégantes furent remplacées par un simple perron, orné de deux sphynx; on renouvella les inscriptions de la façade; sous prétexte de les fortifier, on défigura les faces latérales, en les recouvrant d'un mur épais, bourgeoisement percé de fenêtres carrées et murées;

() Voyez le Chartrier de la Cour des Comptes, aux Archives générales du royaume, à Bruxelles.

on fit trois nouvelles lucarnes au grenier, et on plaça sur celle du milieu un cadran exécuté par Demeurs, horloger de la cour, et l'inscription: Sit patria aurea quaevis. Pendant les troubles amenés par les réformes de Joseph II, on construisit en 1789, un corps-de-garde à gauche de l'entrée, et on ôta les deux sphynx du perron, qui furent vendus; ils ornèrent longtemps l'entrée d'une maison au faubourg de Laeken. Dans la soirée du 11 novembre de cette année, le corps-de-garde, où étaient placées plusieurs pièces de canon, fut attaqué par les patriotes et abandonné par les Autrichiens après une fusillade assez longue.

La Maison au Pain, devenue domaine national pendant la conquête de la Belgique par les armées françaises, et cédée ensuite à la ville, fut vendue par celle-ci à M. le marquis d'Arconati, seigneur de Gaesbeek, qui y fit poser une troisième inscription, conçue en ces termes : Paulus Arconati Visconti, Bruxellensium votis prospiciens, aedificium hoc, ab Isabella Clara Eugenia Belgicum feliciter moderante, anno Domini 1625 instauratum, Deique matri consecratum, aere proprio comparatum servavit,utilitatique publicæ dicavit a° 1811; c'est-à-dire : « Paul Arconati Visconti, devançant les désirs des Bruxellois, a acheté cet édifice, que l'Infante Isabelle-Claire-Eugénic avait réparé en 1625 et mis sous le patronage de la Vierge, l'a conservé et l'a destiné à l'utilité publique, en 1811. » Cependant cet acquéreur ne le posséda pas longtemps; il le vendit, le 28 septembre 1817, à un autre particulier qui fit continuer les travaux commencés à l'intérieur et substituer de nouveaux vitrages aux anciens. L'édifice entier, sauf les maisons du rez-de-chausée, est occupé depuis cette époque par la société de la Loyauté; le premier étage ne forme qu'une seule salle, ouverte toute la journée aux membres qui viennent y lire les journaux et les ouvrages de la bibliothèque de la société. Dans cette salle divisée par une cloi

son vitrée, qu'on peut enlever au besoin, se donnent les bals; la salle du second sert pour les concerts. Le bâtiment en entier a été restauré avec le plus grand soin tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, et sa belle façade, que nous avons vu si longtemps misérablement dégradée, fait de nouveau un des plus beaux ornements de la Grand' Place.

Nous avons dit que la Maison du Roi avait pris ce nom de ce que plusieurs tribunaux du Souverain s'y réunissaient. Il est évident que cette dénomination ne peut être de beaucoup antérieure au règne de Charles-Quint, parce qu'avant lui il n'y eut qu'un seul duc de Brabant qui portat le titre du roi Philippe le Beau, pendant deux années souverain de la Castille, après la mort de sa belle-mère Isabelle la Catholique (1504-1506). Dans les comptes de la bâtise, on voit que le nom de Maison du duc sur le Marché (1) était quelquefois usité; mais celui de Maison du Roi, adopté dans le même temps, finit par prévaloir dans le langage français; en flamand on continue à dire Maison au Pain (Broodhuys). Là siégeaient la cham. bre de Tonlieu, le tribunal de la Foresterie et le consistoire de la Trompe; en outre l'official y rendait la justice au nom de l'autorité épiscopale, et trois Serments y avaient leur chambre d'assemblée. Malheureusement tant de changements ont eu lieu à l'intérieur, qu'il est impossible de reconnaître dans l'état présent de l'édifice quelques traces de son état passé; les ornements ont disparu, les armoiries ont été brisées, des cloisons ont été supprimées et l'inévitable confort règne où trônait autrefois une variété pitto

resque.

Décider des questions relatives aux droits d'entrée et de sortie sur les marchandises, surveiller l'entretien des bâti

(1) Van den huys voortyds geheeten 't Broodhuys, ende nu genaemt Hertoghenhuys, op de Merct.

ments du domaine, juger les délits qui s'y commettaient, veiller à la voirie et surtout aux rues, aux égoûts, aux moulins, aux conduits d'eau de la capitale et d'une partie de son territoire, telles étaient les attributions principales de la chambre de Tonlieu. Cette institution qui remonte à des temps très-reculés et qui reçut des princes de la maison de Bourgogne, en 1412 et 1436, une nouvelle organisation, était d'abord composée de personnes tenant des biens à cens du duc; Philippe-le-Bon voulut qu'elle fut formée de douze censitaires du duché de Brabant, qui dans les derniers temps étaient pris moitié parmi les jurisconsultes et moitié parmi les bourgeois, et qui nommés d'abord pour un an, le furent ensuite à vie. Elle était présidée par le receveur du roi au quartier de Brabant, et se réunissait les lundis et jeudis, à dix heures.

Le tribunal de la Foresterie, institué spécialement pour la conservation des forêts domaniales, telles que le bois de Soigne, le bois de Moorseloo, celui de Perck, de Loo, etc., était à la fois une juridiction civile et criminelle, jugeant non-seulement de toutes les contestations relatives à la vente et à l'achat des bois du prince, mais aussi de tous les crimes et délits qui se commettaient dans les forêts du souverain, sauf ceux relatifs à la chasse, dont la connaissance appartenait au Grand-Veneur. Primitivement il tenait ses séances au dehors de la ville, et, à ce qu'il paraît, dans le village de Woluwe (1), mais lors de la reconstruction de la Maison du Roi, celle-ci était déjà son lieu de réunion; la séance de réinstallation dans cet édifice, eut lieu le 17 septembre 1528. D'abord composé de douze marchands jurés, il ne compta plus, à partir du XVIIe siècle, que sept juges, pris dans l'ordre des avocats et ap

(1) Voyez Inventaire des archives de la cour des Comptes, par M. Gachard, tome I, no 479.

pelés échevins. A leur tête était le grand Forestier (Woudmeester). Le tribunal s'assemblait le vendredi, à dix heures.

La juridiction de la chasse et de la pêche, nommée le consistoire de la Trompe, avait pour mission de surveiller l'exécution des réglements sur la chasse et la pêche et de protéger les droits de la couronne, des corporations et des propriétaires. Réorganisé par Charles-Quint, qui avait à cœur de raffermir autant que possible toutes les branches de l'autorité souveraine, le consistoire excita bientôt de violents murmures au sein des États de Brabant. Il lui avait été ordonné de se réunir à Boitsfort, où se trouvait la vénerie du souverain, mais il ne tarda pas à être transféré à Bruxelles. Il était composé du Grand-Veneur de Brabant, toujours choisi dans une des principales familles du pays, du Gruyer, appelé aussi maître des garennes ou Warantmeester, et de sept juges ou hommes de fief de la Trompe. Il s'assemblait les mardis et samedis, également à dix heures.

Sous l'ancien régime, la connaissance de toutes les fautes contre les lois de la morale, tels que l'adultère, l'inceste, etc., et aussi les demandes de divorce, étaient du ressort de l'autorité ecclésiastique. Comme les Brabançons ne pouvaient être attraits en justice hors de leur pays, les évêques de Cambrai et ensuite les archevêques de Malines eurent toujours à Bruxelles une cour synodale, composée dans les derniers temps d'un commissaire de l'officialité, d'un fiscal, d'un substitut greffier, de quatre procureurs, de trois appariteurs et de cinq juges choisis parmi les dignitaires du chapitre de Ste-Gudule et les autres principaux membres du clergé de la ville.

Au premier étage de la Maison du Roi était la salle du Grand Serment. On y conservait dans le buffet des coupes très-rares et d'autres pièces d'orfévrerie données par les souverains et les grands qui avaient honoré de leur présence

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