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Diane au Bain,

TABLEAU PAR GUILLAUME VAN MIERIS.

LARGE 46, HAUT 34 CENTIMÈTRES.

1702.

Parmi les nombreux joyaux de la galerie Schamp d'Aveschoot, il est une perle qui a échappé à l'avide recherche de l'étranger: c'est le tableau de Guillaume Van Mieris, dont nous offrons ici le trait.

Dans un riche paysage, aux teintes chaudes et vaporeuses, Diane, entourée de ses nymphes, se dispose à se livrer aux plaisirs du bain : une de ses Océanies lui détache son brodequin, une autre délie sa chevelure, et une troisième lui a déjà enlevé son carquois qu'elle suspend à un magnifique chêne, dont le feuillé ombrage les abords au second plan, d'autres nymphes sont prêtes à se joindre à la déesse; quelques chiens de chasse animent la scène. Diane adresse la parole à une de ses compagnes, qui se trouve au second plan à sa droite, mais qui ne paraît point inclinée à s'abandonner au même délassement: l'attitude de cette nymphe, pleine de grâce et d'attraits, l'élégante simplicité de ses charmes, sa tenue plus ou moins embarrassée, nous feraient croire que le peintre a voulu représenter Calisto, cette innocente victime, que Jupiter séduisit en abusant de l'amitié que Diane lui portait on dirait que Calisto craint de trahir un secret, qui doit lui enlever les bonnes grâces de la décsse et la relé

guer au fond des forêts, réduite l'état de bête fauve par la fureur jalouse de Junon.

:

Ce chef-d'œuvre réunit aux charmes du plus admirable fini, l'effet le plus vrai et le plus étonnant. Pour se faire une idée complète de la perfection de ce tableau, il faudrait pouvoir se porter à un demi-siècle plus avant dans le cours de la nature, à l'époque enfin où l'admirable in vention de Daguerre, arrivée à son apogée, aura forcé le soleil à fixer sur l'acier les couleurs que ses rayons répandent sur la terre alors on ne verra rien de plus parfait que l'admirable scène que la main de Van Mieris a jeté sur ce panneau. La magie de la couleur s'y trouve unie à ce fini précieux, poussé au point que toute trace de travail manuel a disparu. Le clair-obscur, motivé par une large tenture, suspendue aux branches séculaires d'un chêne, est raisonné avec la plus rare entente; la dégradation des tons et des couleurs a été surprise à la nature. Partout les nuances se marient entre elles avec la simplicité la plus vraie, et quoique aucune teinte noirâtre ne se fasse remarquer, tout y est en relief, tout s'y détache, l'air circule partout, on sent l'espace qui sépare les différents personnages entre eux. La lumière est distribuée si heureusement que l'œil se porte d'abord sur Diane, et quoiqu'elle domine, elle n'écrase point les personnages secondaires, et chose étonnante! le ton de couleur de la nymphe qui suspend le carquois, est cependant aussi vigoureux et aussi brillant que celui que beaucoup de peintres ont donné aux figures principales. Toutes les extrémités sont traitées avec la ténuité la plus recherchée, la main droite de Diane est réellement daguerréotypée. Et quelles heureuses oppositions de couleurs! quel agréable contraste entre cette draperie de teinte verdâtre et la blancheur de cette gaze transparente qui relève encore la morbidesse des chairs. Le même soin, le même fini pour tous les acces

soires; voire cette banderole, à dessin écossais, tombée par terre. Van Huysum n'aurait pas rendu avec plus d'exactitude les plantes et les graminées que Van Mieris a semées sur son avant-plan, et en général le paysage est traité avec la même vérité ponctuelle, et malgré cette minutieuse perfection, l'artiste a su s'arrêter à temps; aucune partie du tableau ne se ressent d'un travail pénible.

Guillaume Van Mieris peignit ce tableau à l'âge de quarante ans, lorsqu'il était dans toute la force de son talent : il naquit en 1662 et atteignit l'âge avancé de quatrevingt-cinq ans. Son beau talent fut dignement apprécié durant sa vie; son atelier était fréquenté par les plus hauts personnages, qui tous se plaisaient à lui faire des commandes ses tableaux étaient richement rétribués; un tableau de famille exécuté pour le seigneur de Meyndershagen, lui fut payé trois cents pistoles d'or. Parmi ses protecteurs, on cite une dame Oortman et M. De la CourtVan der Voort, à Leyde, pour qui il modela les quatre magnifiques vases qui furent vendus à La Haye, à la vente de Meerman, et dont Campo Wynman fait un éloge pompeux (1).

Nous aimons à croire que la famille Schamp d'Aveschoot conservera au pays un des principaux tableaux d'une galerie, dont la réputation était devenue européenne, à si juste titre.

(1) Voici ce qu'il en dit : « Vier koninglyke vaazen, by dien Konstschilder geboetseert en op die vorm gegooten, welke vaazen zoo schoon van gestelte en met zulke wonderlyke halfronde beelden van nymfen, bosgoden, najaden, minnegoodjes, benevens de daertoc behoorende voorwerpen zyn verheerlykt, dat veele doorluchte vorsten en hooge stadtspersoonen met de hoogste verwonderinge en verrukking, dic meesterstukken zyn komen beschouwen en meermals bebben getracht om dezelve door zwaare sommen, docht te vergeefs, te bemachtigen.

Du rôle politique

DES PAYS-BAS DANS LES RÉVOLUTIONS DU NORD, A L'ÉPOQUE DU CÉLÈBRE BOURGMESTRE GEORGE WULLEN WEWER.

Depuis les réformes entreprises par Christiern II, roi de Danemark, Lubeck était devenu le foyer des agitations qui ébranlaient le Nord de l'Europe dans la première moitié du XVIe siècle.

Pour apprécier ces événements, nous devons rappeler que la puissance de la Hanse antique reposait sur deux éléments: 1° sur la sujétion commerciale de toutes les villes maritimes, depuis Narva jusqu'à Bruges, et 2o dans les rapports de supériorité où les villes vandaliques s'étaient placées vis-à-vis de la Scandinavie, toujours si importante pour les opérations commerciales. Les documents qui reposent aux archives allemandes de Bruxelles énumèrent les produits que les monts, les plaines, la mer de la grande péninsule scandinave livraient au trafic : le fer et le cuivre de la Suède, les pelleteries et les mâtures de la Norwége, les fruits des troupeaux et de l'agriculture du Danemark, les énormes profits de la pêche du hareng, qui pourvoyait tout le nord de l'Allemagne, jusqu'en Souabe et en Franconie; enfin les avantages que procurait la domination du Sund.

Cependant, déjà, depuis l'an 1427, les Pays-Bas avaient obtenu du roi Eric des priviléges particuliers; et, dès cette époque aussi, ils avaient commencé à poursuivre des buts particuliers. Il est vrai que, pendant le XVe siècle, Lubeck fut assez forte pour les empêcher de devenir maîtres absolus; mais elle ne put comprimer leur influence sur la Baltique.

Le mariage de Christiern II avec Isabelle n'eut pas seulement pour but de donner à ce prince de puissants alliés; mais encore et surtout de lui assurer pour ses réformes commerciales, un appui dans les Pays-Bas.

Lubeck avait compris d'abord que ces réformes amèneraient la ruine totale de son système d'exploitation ses flottes soutinrent Gustave Wasa en Suède, Frédéric Io1 en Danemark; défirent Séverin Norby, le dernier défenseur de Christiern dans la Baltique, et forcèrent, en 1532, ce prince lui-même à se livrer aux mains perfides de son implacable ennemi.

Les Lubeckois se firent payer en larges priviléges les services rendus et paralysèrent d'autant les relations des Pays-Bas, particulièrement de la Hollande. Celle-ci courut aux armes ; une lutte paraissait imminente entre la vieille Hanse et sa jeune et redoutable rivale. Le vertige de la démocratie s'était emparé de Lubeck et avait enorgueilli la cité-reine.

A l'époque de la fondation de cette ville, dans ces temps de primitive simplicité, où l'on regardait comme un onéreux fardeau la participation aux affaires publiques, il avait été décrété qu'il serait libre à quiconque aurait siégé deux ans au conseil, de quitter la quatrième année (1). Mais ce

() Voyez le savant essai sur l'histoire de Lubeck, par M. Deecke, p. 32. M. le docteur-professeur Deccke prépare une histoire de Lubeck, d'après les sources inédites.

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