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les réunions du corps. On y voyait aussi le portrait des archiducs Albert et Isabelle, les portraits des doyens étant en exercice lorsque la chambre fut embellie, et une série de tableaux : Saül proposé pour roi au peuple d'Israël, par Janssens; Saül reconnu par les anciens et le peuple, par J. Van Orley; Abigaël venant à la rencontre de David; le jugement de Salomon; la reine de Saba. Cette salle servait de salle de concert à la noblesse avant la construction de la salle du Concert Noble, rue Ducale.

Au second étage était d'un côté la salle des escrimeurs, de l'autre celle des arquebusiers. Dans la première, on voyait le triomphe de David, par J.Van Helmont; le Christ à la croix, par Janssens; des sculptures, des portraits de doyens. Dans la seconde, trois compositions de Van Orley: le Crucifiement, St-Christophe et Ste-Barbe. Toutes ces œuvres d'art ont disparu pendant la domination française. Le serment des arbalétriers de S'-George avait aussi une salle à la Maison du Roi, mais au XVIIIe siècle ils bâtirent dans leur jardin, rue des Alexiens, un local où ils s'assemblèrent depuis. Quant aux archers, ils possédaient sur la GrandePlace la maison appelée la Louve.

Quelques intéressants souvenirs se rattachent au monument dont nous venons d'esquisser l'histoire et la description. C'est dans une de ses chambres, et si la tradition ne se trompe pas, c'est dans une chambre située au second étage, et faisant partie de l'arrière-corps de logis, se prolongeant dans la rue des Harengs jusqu'à la rue au Poivre, que le comte d'Egmont passa la triste nuit qui précéda son exécution: C'est là qu'il écrivit à sa femme et au roi Philippe II, ces lettres touchantes, où se révèle son grand caractère; c'est de là qu'il partit le lendemain matin, 6 juin, appuyé sur son confesseur, l'évêque d'Ypres, pour aller à l'échafaud, qui était placé en avant de la brétèque et de la fontaine, sur le Grand Marché. Ici, comme

partout, la gloire plus brillante de d'Egmont a éclipsé le renom de son compagnon d'infortune, le comte de Hornes, et celui-ci n'a laissé au Broodhuys aucune trace de son court séjour. La mort de ces deux victimes, qui dans l'opinion du duc d'Albe devait frapper les Belges de terreur, ne fit qu'accroître dans leur âme la haine du nom espagnol. Quelques années après, lorsque la mort de Requesens eut laissé le gouvernement à un conseil d'état faible et désuni, un soulèvement général éclata, et les troupes étrangères furent chassées de toutes les villes importantes. Le conseil, forcé par le vœu général de déclarer les Espagnols ennemis du pays, se vit bientôt sans autorité. Devenus eux-mêmes le but des soupçons, ses membres furent arrêtés au palais.

Les comtes de Berlaimont et Mansfeld, Viglius, Sasbout, d'Assonleville (1), les secrétaires Sharenberger et maître Jean Berthy, furent conduits à pied à la Maison au Pain, et enfermés chacun dans une chambre particulière, et gardés avec tous les égards dûs à leur rang (2). Quatre des captifs nommés plus haut furent relâchés le 15, mais Mansfeld et Barlaimont, qui étaient odieux à la commune alors toute puissante, virent se prolonger leur captivité, malgré l'intervention de l'ambassadeur de France en faveur du premier, et malgré les instances du sire de Hierges, fils du second et commandant sur le bas Rhin une armée considérable, dont il offrait la soumission aux États. Mansfeld ne fut mis en liberté qu'au mois de février 1577.

Pendant les troubles de religion, la Maison du Roi fut plusieurs fois occupée à main armée en 1579, par le comte d'Egmont, fils de l'infortuné héros populaire, lorsqu'il s'introduisit dans Bruxelles pour la conquérir au

(1) Selon quelques-uns, D'Assonleville aurait été enfermé non au Broothuys, mais au Moulin à vent, également sur la Grand' Place. (2) 4 Septembre 1476.

roi d'Espagne et à la religion catholique; en 1584, le 22 octobre, par les soldats réformés de la garnison, qui se plaignaient de ne pas recevoir leur solde et qui en extorquèrent le payement aux bourgeois, en occupant les principaux points de la ville et en s'emparant de plusieurs magistrats; la même année, le 1o décembre, quand une sédition militaire éclata derechef, parce que les soldats voyaient avec inquiétude le désir d'une réconciliation devenir général à Bruxelles, et parce qu'on ne leur payait pas de suite tout ce qu'ils avaient exigé. A cette occasion, 10 à 11 personnes, la plupart occupant des postes élevés dans l'administration, furent incarcerées au Broodhuys, puis successivement conduits à la Maison-deVille, où ils furent interrogés, à la Vroente ou Amigo, où on les mit à la torture, et enfin à la Steenporte. Lorsque le 10 on eut accédé aux conditions des révoltés, ceux-ci continuèrent à garder la Maison au Pain, où furent postées deux compagnies; mais vers la fin du mois, l'ordre se rétablit tout-à-fait, et l'année suivante la ville se soumit au prince de Parme.

Depuis, la Maison du Roi ne servit plus de prison d'état jusqu'au règne de Joseph II : les ministres de ce prince, De Trauttmansdorf et D'Alton, y firent incarcérer plusieurs personnes qui s'étaient montrées hostiles aux innovations, et entr'autres le comte de Spangen et le baron de Romerswael, membres des États de Brabant.

ALPHONSE WAUTERS.

Traité de Gand,

CONCLU LE 15 AVRIL 1540,

ENTRE LES AMBASSADEURS DU ROI DE DANEMARK

ET

LES DÉLÉGUÉS DE LA BEINE-RÉGENTE DES PAYS-BAS.

Le célèbre historien Ranke a, dans le temps, émis une opinion qui depuis m'a frappé singulièrement, à savoir qu'il faudrait refaire toute l'histoire moderne sur les documents inédits. J'ai été beaucoup plus frappé encore de cette pensée par le pélerinage que je viens d'accomplir à travers les bibliothèques et les archives de la Hanse et du Danemark pour recueillir les moindres traces de la belle histoire de nos anciennes relations avec ces contrées.

J'avais cherché à Hambourg les conférences de nos ambassadeurs de l'année 1534 (1); mais il n'y en existe pas un vestige (2). Toutefois j'y fus amplement dédommagé par d'autres pièces qui m'ont révélé un point entièrement nouveau dans les orageux débats qu'avait soulevés la politique de Wullenwéwer. Les volumineux paquets qu'a bien

(1) Voyez mon Histoire des Relations, p. 277.

(2) Je les ai retrouvées plus tard à Brême, grâce à l'indicible complaisance de M. l'archiviste Smidt.

voulu me communiquer le savant M. Lappenberg, qui préside si dignement aux destinées des archives de Hambourg, renferment des actes diplomatiques d'où il résulte clairement que ce sont les Hambourgeois qui ont contribué le plus à faire échouer les projets gigantesques du bourgmestre de Lubeck, et que grâce à une politique de neutres, toujours utile aux états intermédiaires (1), ils sont habilement intervenus entre la Hanse, la Scandinavie et les Pays-Bas et ont amené d'abord la trève de Bruxelles en 1537 (2), trève que j'ai fait connaître le premier (3), et ensuite le traité qui forme l'objet de cet article.

Or, c'est précisément ici que l'on peut apprécier la valeur de l'opinion de M. Ranke. Tout ce que l'on connaissait de ce traité se réduisait à peu près à cette phrase de Mallet, que j'ai reproduite dans mon livre : « Ce ne fut qu'avec une répugnance extrême que l'on consentit à prolonger la trève d'un an (p. 433). »

La difficulté de toutes ces négociations consistait dans l'exclusion des Hollandais de la navigation du Sund, exclusion que Danois et Lubeckois exigeaient en même temps. A ce propos, un savant critique de notre pays a fait ob

(1) Elle faisait partie du Holstein et relevait en même temps de l'Empire.

(2) Je publierai ailleurs les négociations relatives à ce traité. Je ferai remarquer ici qu'à dater du XVIe siècle, les archives du Nord sont entièrement inexplorées, quant à nos relations, bien entendu. J'ose revendiquer l'honneur d'être le premier Belge qui ait remué la poussière séculaire de ces magnifiques dépôts. Mais combien ne faudrait-il pas de temps et d'argent pour en extraire ce qu'ils contiennent de substantiel et de fructueux ? Que de trésors enfouis dans la seule ville de Brême !

(3) Une chronique manuscrite de Hambourg indique ce fait en peu de mots : « Dieses Jahres (1537) wurdenn von dem Rathe zu Hamburgk nach Brüssel afgefertiget H. Johan Rodenburgk, Bürgermaister, und H. Herman Rover, die handelten zwisschen dem Khunigh zu Dennemarken und denn Hollanderen, und wircketen einen stillestand uf drei Jahr lanck.» (Archives de Hambourg.)

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