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Ce n'est pas à elle qu'on peut dire avec succès que, s'il y a plusieurs municipalités à Paris, chacune aura son vice différent; que l'une sera patriote, et l'autre aristocrate; que l'une aura la magistrature de l'orgueil, et l'autre celle de l'avarice. Les vices tiennent à l'homme et non pas au quartier qu'il habite; les bonnes et les mauvaises qualités sont partout disséminées; les opinions sont le motif le moins déterminant pour le choix des loyers en la même ville. D'ailleurs, si l'on divise, les candidats seront mieux connus; les élections plus éclairées et plus régulières amèneront partout des choix plus heureux. Il vaut mieux appeler ainsi les vertus et les talens aux places municipales, en formant plusieurs communes, que de réunir dans une seule tous les péchés capitaux.

J'écarte aussi la comparaison de plusieurs vêtemens ordinaires pour vêtir un géant, au lieu d'un seul habit à sa taille, et celle de plusieurs petits gouvernails employés au lieu d'un grand, pour diriger un grand vaisseau.

Tout cela peut être fort ingénieux; mais ce sont des raisons qu'il faut pour nous convaincre. Disons le vrai, Paris a une population qu'on peut partager en tribus avec beaucoup d'avantage pour elle, et sans aucune sorte d'inconvéniens. Ce n'est pas un vaisseau qu'on ne puisse dépecer sans diminution de valeur, et auquel il soit question de donner plusieurs petits gouvernails, c'est plutôt une quantité de matériaux dont on peut faire, ou un

seul vaisseau qui ne marcherait pas, ou plusieurs dont la construction savante et la structure légère permettraient à d'habiles pilotes de les conduire sûrement au port de la liberté, en évitant, les écueils de l'immoralité et de l'anarchie.

Formons donc à Paris plusieurs communes ; qu'il y en ait plusieurs aussi à Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, Nantes, etc., nous aurons obéi aux principes les plus essentiels de l'économie sociale; employé le seul moyen d'assurer aux trèsgrandes villes les avantages d'une bonne adminis→ tration, assuré la conservation de la république, et payé aux habitans de ces communes la dette contractée envers eux par la patrie entière, pour les immortels services qu'ils ont rendus à la cause de la liberté.

No VII.

DISCOURS

SUR

LA CONSPIRATION PRÉPARÉE CONTRE LÈS VINGT-DEUX,

PRONONCÉ LE 30 MAI 1793.

La commission des douze vous a dénoncé qu'il se tramait une grande conspiration, qu'une trame affreuse était ourdie. Ce n'est pas de ce jour que je suis assuré que cette trame est prête à éclater: elle

est ourdie dans des repaires; et ceux qui ont demandé avec tant d'acharnement la suppression du comité des douze, sont apparemment les mêmes qui vont travailler à la faire réussir. Il faut donc qu'ils aient un intérêt personnel à ce que les preuves acquises par cette commission ne soient pas mises au jour. L'un des lieux où l'on conspire dans ce moment, c'est l'évêché. C'est là que se rassemblent les électeurs illégalement nommés au 10 août dernier, les plus audacieux meneurs des jacobins et des sections, les citoyens les plus capables de favoriser des crimes, les hommes les plus faciles à induire en erreur. Cette assemblée a formé un comité dictatorail. Écoutez ce qu'a dit dernièrement Assenfratz, en présence de milliers de citoyens : « Souvenez-vous du 10 août. Avant cette époque, >> les opinions étaient partagées sur la république ; >> mais à peine avez-vous eu porté le coup décisif, >> que tout a gardé le silence. Le moment de frapper » de nouveaux coups est arrivé: ne craignez rien » des départemens, je les ai parcourus, je les con>> nais tous; avec un peu de terreur et des instruc» tions, nous tournerons les esprits à notre gré. >> Les départemens éloignés suivent l'impulsion » que Paris leur donne; pour ceux qui nous envi>> ronnent, plusieurs nous sont dévoués. Celui de » Versailles, par exemple, est prêt à nous secon» der; au premier coup de canon d'alarme, il nous » viendra de Versailles une armée formidable, et >> nous tomberons sur les égoïstes, c'est-à-dire sur

» les riches. (Il s'élève de violens murmures.) Oui, » l'insurrection devient ici un devoir contre la majorité corrompue de la convention. »> (Nouveaux murmures.) Deux hommes encore, dont un est représentant du peuple, Chabot et Varlet ont tenu des propos qui n'annonçaient rien moins qu'une grande conspiration. Il ne faut pas tuer sur-lechamp, a-t-on dit, tous les députés que nous aurons arrêtés, mais il sera facile de les faire juger coupables par les départemens alors il en sera d'eux comme de Louis XVI. (Murmures.)

Plusieurs témoins oculaires m'ont dit qu'hier, dans l'assemblée de la section du Contrat Social, le citoyen Guizant, président, a dit, en entendant sonner dix heures : « D'après la loi, la séance est » levée; mais je vais en recommencer une autre. » Alors les bons citoyens sortirent, et les intrigans restèrent. L'on arrêta pendant la nuit qu'on mettrait sur-le-champ en état d'arrestation tous les hommes suspects, au nombre de cent.

Toutes ces déclarations, citoyens, ont été faites au comité des douze, en présence d'une foule de témoins. Le conseil exécutif est instruit de toutes ces manœuvres, et il se tait. Le comité de salut public en a aussi connaissance, et sans doute il a pris les mesures nécessaires pour les déjouer. Vous sentez que ce n'est pas ici le moment de délibérer sur l'anéantissement de votre commission des douze, qu'on ne voudrait détruire que pour faire disparaître le fil de la conspiration qu'elle tient dans ses

mains. (Violens murmures.) Je demande que le comité des inspecteurs de la salle soit tenu de faire exécuter le décret qui ordonne que le poste de la convention sera renforcé de deux hommes par compagnie, que la commission des douze soit mandée sur-le-champ pour rendre compte des renseignemens qu'elle a reçus aujourd'hui sur la conspiration que je vous dénonce, que Varlet et autres soient gardés à vue. (De violentes rumeurs accompagent Lanjuinais à sa place.)

No VIII.

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LES 31 MAI, 1er ET 2 JUIN 1793,

FRAGMENT.

Décembre 1823.

On avait massacré à Paris, à Reims, etc., dans le mois de septembre 1792; on avait écrit de Paris à toutes les villes de France la fameuse lettre qui signifiait: Tuez, nous avons tué. Cette circulaire avait été remise aux clubs affiliés, par des orateurs de Paris, chargés de la commenter de vive voix. Les massacreurs signataires et d'autres complices étaient dans la convention. Ils n'y étaient pas sans

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