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soins, des travaux journaliers; mais la curation complète ne sera que l'ouvrage du tems.

Quant au premier objet, dans un moment, en un mot, vous pouvez ramener les cœurs encore ulcérés, étouffer des semences de discorde et de révolte qui se font apercevoir, et qui retentissent à vos comités, et qui auraient inévitablement des suites funestes. Vous vous êtes long-tems fait craindre; continuez à vous faire aimer. Rendez aux cultes non pas seulement une liberté nominale, mais une liberté réelle en restituant les églises aux usages religieux et civils des habitans des communes et des sections de communes.

Des départemens entiers jouissent paisiblement de leurs églises, réduites au nombre fixé par les décrets, et, dans ces départemens, l'ordre et la paix règnent dans les villes et dans les campagnes, la république seule y a des partisans: tel est le département du Finistère. La révolte a éclaté là où l'athéisme a exercé le plus de ravages; elle est près de se manifester encore là où des hommes imprudens, interprétant à leur gré votre loi du 13 ventôse, en tenant les temples fermés, n'ont laissé aux citoyens qu'une liberté de culte vraiment dérisoire.

Vos décrets ont restitué provisoirement les temples, à nos frères égarés et un tems rebelles, des départemens de l'ouest. L'égalité, la justice, peuvent elles permettre de traiter avec plus de rigueur les départemens, les communes toujours fidèles? L'im

possibilité de surveiller les rassemblemens en chambre, l'extrême facilité d'y exciter le fanatisme et la rebellion, devraient seuls vous engager à permettre l'usage des temples pour l'exercice des cultes.

Enfin, les accidens graves qui fréquemment arrivent dans ces rassemblemens clandestins des sociétés religieuses, accidens qui vous sont dénoncés par des autorités constituées, doivent intéresser votre humanité. Il y a telle commune ou le plancher s'est écroulé sous des rassemblemens religieux, et des maisons particulières où il y a eu, dans un seul jour, soixante personnes tant tuées que blessées par l'effet d'un tel événement.

D'après toutes ces considérations qui seraient susceptibles de beaucoup de détails, si vous étiez moins instruits et moins clairvoyans, vos comités sont demeurés convaincus que la raison, l'égalité, la justice, le vœu public et la politique, sollicitent également l'ouverture des églises dans les départemens où elles sont encore fermées.

Vous n'en conserverez pas moins à la nation la propriété de ces édifices comme celle des maisons communes, qui sont aussi chaque jour employées aux usages des citoyens. Vous réglerez dans la suite, si vous jugez convenable, des conditions plus ou moins onéreuses pour l'occupation des temples; il ne s'agit maintenant que d'un usage provisoire, et tel que vous l'avez décrété déjà pour les départemens de l'ouest.

Vos comités vous proposeront, sur l'exercice des cultes, une loi de police que vous avez désirée, et qui se rédige en ce moment. Mais ils croient qu'on ne peut différer d'interdire tout ministère de culte à celui qui n'aura pas fait une profession publique de soumission aux lois et au gouvernement. Il est honteux qu'il y ait encore des hommes qui la rendent nécessaire. Vos comités ont cru que les mesures simples qu'ils vous proposent ne pouvaient être plus long-tems retardées.

No XV.

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DISCOURS

SUR LES PARENS D'ÉMIGRÉS,

PRONONCÉ LE II MESSIDOR AN III.

Si nous étions aussi loin du 10 mars que nous devrions l'être par nos principes et nos sentimens, nous nous empresserions, citoyens, de rapporter l'injuste loi qui fut prononcée à cette époque contre les parens des émigrés, qui, loin de partager les crimes de leurs enfans, sont restés paisibles parmi nous. Qui la proposa le 10 mars, cette loi qui confond si évidemment l'innocent avec le coupable? Meaulle c'est assez vous en dire. Il fit

consacrer par ce décret la plus épouvantable contradiction de termes et d'idées, la plus affreuse violation des principes de la justice et des droits des citoyens la déclaration de ces droits dit que nul ne peut être puni pour les crimes d'autrui. Ce principe sacré, vous le reconnaissez tous, vous voulez le maintenir, vous voulez qu'il s'applique indistinctement à tous les Français. Eh bien! peut-on dire au père d'un émigré: Tu seras puni pour le crime de ton fils qui, quand il l'a commis, était à vingt lieues de toi, et ne t'a ni consulté ni averti? Peuton dire à l'aïeul d'un émigré: Tu seras puni pour quelques-uns de tes descendans que tu n'as jamais vus. Je vous le demande, citoyens, pouvez-vous concilier cette monstruosité avec les principes de justice impartiale qui vous dirigent? Ou renoncez à la justice, ou corrigez dans vos lois tout ce qui la choque et la contrarie. Non, vous ne voulez pas que dix mois après le 9 thermidor, cette horrible loi souille encore les pages de notre Code Criminel. Soyez justes pour les innocens, et ne punissez que les coupables. (Vifs applaudissemens.)

No XVI.

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DISCOURS

SUR LA LOI DU 9 FLORÉAL, RELATIVE AUX SUCCESSIONS DES PARENS D'ÉMIGRÉS;

PRONONCÉ LE 4 pluviose an IV.

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Les changemens qu'on vous propose à la loi du floréal font disparaître quelques-uns des vices qui la rendent inadmissible; mais ils la laissent encore très-indigne de vos suffrages.

Telle est néanmoins leur importance, que, malgré l'insinuation plus que téméraire qu'on s'est permise (V. le rapport de Pons de Verdun), ils prouvent aux hommes, s'il peut en exister qui aient besoin d'une telle preuve, que la suspension de cette loi fut vraiment l'ouvrage de la raison et de la justice, nullement celui de la trahison.

Il faudrait des volumes pour exposer, avec une étendue convenable, toutes les injustices, toutes les violations des droits de l'homme et du citoyen, qui fourmillent dans cette loi cruelle; je n'en ferai que l'indication très-sommaire. Je prie ceux qui soutiennent la résolution, de vouloir bien se souvenir, que si j'ai raison en un seul point, ils sont

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