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Les Sociétés scientifiques servent au progrès; elles ne font pas de découvertes; elles les propagent; une découverte n'a besoin que d'être connue : elle fait son chemin, portant en elle-même sa vérité, sa raison d'être. Toujours destinée à l'avenir, elle trouve dans le passé un appui. La science est une chaine dont chaque homme supérieur forme un anneau. C'est la pensée juste et grande que Bacon (1), Pascal (2), et d'autres après eux ont successivement exprimée.

Ainsi se retrouve la fraternité littéraire, plus élevée que le compagnonage, moins mystérieuse que la franc-maçonnerie, véritable association libre et au grand jour entre tous les ouvriers de la pensée, entre le géomètre qui sait et le philosophe qui cherche, entre tous les citoyens de cette grande république qui connaît bien aussi parfois ses entraînements et ses défaillances..... Mais le souffle de l'intelligence circule à travers les choses d'autrefois pour y chercher ce qui peut vivre, comme au sein de notre mouvement actuel pour ennoblir les efforts du travail et tempérer les emportements du succès. La tradition à ses grandeurs et ses faiblesses: la fortune peut coûter quelquefois plus cher à la conscience qu'elle ne rapporte à l'intérêt. La seule aristocratie vraie, dans les affaires du monde, c'est celle des caractères et des intelligences. Il vous ap

(1) Multi pertransibunt et augebitur scientia.

(2) La suite des hommes peut être considérée comme un même homme qui apprendrait toujours.

partient, Messieurs, de l'établir et de la faire prévaloir. Aidons-nous, par un mutuel secours à suivre cette voie du progrès humain où tout le monde marche, et où personne n'arrive : votre plus noble récompense serait de rencontrer dans vos disciples de la veille vos émules du lendemain. Les générations renouvelées viennent, l'une après l'autre, puiser aux mêmes sources, se chauffer aux mêmes rayons. En voyant autour de lui un jeune auditoire qui, nous l'espérons, deviendra plus nombreux, parce que, seul, il représente l'activité utile et le vrai besoin d'apprendre, le professeur aime à compter par des printemps la marche des années. Puissiez-vous, Messieurs, vieillis bien tard aux lieux où l'hospitalité littéraire vous fut si géné– reuse et si douce, retrouver alors votre Athènes, non pas seulement dans l'horizon fuyant des jeunes souvenirs, mais surtout dans l'image présente, dans le perfectionnement des esprits formés à vos leçons, dans le cercle des goûts et des habitudes inspirés par vos enseignements!.. La lumière des lettres et des sciences, ce reflet de la pensée divine, ne saurait-elle done briller qu'aux larges foyers? la France est le pays où le grand enseignement est resté le plus centralisé, précisément parce qu'il l'a été dès l'origine, et longtemps cette Université de Paris, un monde à part dans un autre monde, dont la fondation et les débuts ont été racontés à l'un des cours de nos facultés avec tant de bonheur, la vieille Université de Paris se posa comme le phare qui éclairait la France et l'Europe. Nous y trouvons, à des époques plus ré

centes, au sein d'un ordre meilleur, d'impérissables souvenirs, et nos maîtres sont encore là. Mais enfin, la nature même des choses, l'expérience des autres pays ne le disent-elles pas assez haut? Le travail, qui chercha si longtemps au sein des cloitres le recueillement et la solitude, peut s'abriter avec succès dans les villes modestes où sa présence même élève le niveau des intelligences et leur donne une impulsion salutaire. Loin des sphères ambitieuses et agitées, les aspirations sont moins ardentes, les efforts plus soutenus. Là, sous l'œil vigilant des professeurs, gardiens éclairés d'une sage discipline, se forment les interprètes de la loi, les maitres de la science médicale, ceux à qui la Société remettra la garde et la défense de ses droits, ceux qui devront toucher ses plaies et ses misères, et que tant de fois on a vus, après avoir obtenu le grade le plus élevé, en demander une nouvelle investiture aux périls de la guerre, aux dangers de l'épidémie. Il est bien de faire ici et partout l'éloge de la science, mais il faut dire plus haut encore que les découvertes de l'intelligence et les conquêtes du travail sont utiles au monde, et puis, au-delà de cette sphère, si vaste qu'elle soit, de l'utile, laissons au beau et au vrai une plus grande place: rappelons-nous que les choses humaines trouvent dans le sacrifice et le dévouement leur grandeur suprême et leur consécration.

COMPTE RENDU

DES

TRAVAUX DE L'ACADÉMIE

PENDANT L'ANNÉE 1854,

PAR M. LÉON PARISOT,

Secrétaire annuel.

MESSIEURS,

Je dois à votre bienveillance l'honneur d'exposer aujourd'hui l'analyse des travaux de l'Académie de Stanislas. Permettez-moi de vous exprimer ici toute ma gratitude pour une faveur que ne m'autorisait pas à espérer ma récente admission dans votre compagnie. La tâche qu'elle m'impose est peut-être au-dessus de mes forces, mais

je

compte que vous reporterez sur mon travail l'indulgence qui vous a engagés à m'accueillir parmi vous.

Pendant l'année 1854, vous n'avez eu à regretter la perte d'aucun membre titulaire : seulement des circonstances impérieuses ont contraint M. DENIS à renoncer, mais non sans espoir de retour, à la part active qu'il prenait à vos travaux.

Deux hommes dont le passage, comme Préfets, a laissé

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