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rie faisant partie du comté du Maine. En 844, Charles II, dit le Chauve, l'unit à celui du Perche. Elle resta quatre siècles et demi dans la maison de Bellesme et y fut l'apanage de puînés dont la plupart eurent le nom de Bernard et l'ajoutèrent à la Ferté, d'où la FertéBernard. Elle en sortit en 1284; et depuis, que de changements de maîtres! Elle appartint successivement aux maisons de Craon, par acquêt; de Valois, par acquêt, 1318; d'Amboise, par acquêt, en 1336; de Craon, par mariage, 1373; de France, par confiscation sur Pierre de Craon, assassin du connétable de Clisson, 1392; d'Orléans, par don de Charles VII; d'Anjou, comme acquittement d'une somme prêtée à Pierre de Craon par la veuve de Louis I d'Anjou, 1407; d'Armagnac, par héritage; de Lorraine, par arrêt du parlement de Paris; de Villars, par acquet; de Richelieu, par acquêt et par décret de 1641. La Ferté-Bernard fut érigée en marquisat, avec les baronnies de Sablé et de Mayenne, sous le titre de Mayenne, par François I, 1540; puis, en duché-pairie, par lettres-patentes de Charles IX, de 1573. Des mains du cardinal de Richelieu, elle passa en celles de ses neveux et petits-neveux; le château et autres biens étaient naguère la propriété de la veuve du duc de Richelieu, président du conseil des ministres sous Louis XVIII.

en

DE GHAISNE DE BOURMONT.

Plusieurs généalogistes modernes, entre autres, M. Borel d'Hau terive, font descendre directement les de Ghaisne d'une branche cadette de l'illustre maison de Guines. Les recherches sérieuses auxquelles nous nous sommes livré avec une entière impartialité, nous permettent de partager complétement leur opinion. Il y a ici évidemment ce qui constitue la preuve d'une extraction commune, identité de nom et identité d'armes.

Il y a identité de nom. Le savant du Chesne a réuni tous les titres relatifs aux anciens comtes de Guines, les uns écrits en latin et les autres en vieux français. Dans les premiers ils sont désignés sous les dénominations de comes Ghisnensis, comites Ghisnenses (Preuv. du Jer liv., pp. 2, 14, 17); de Ghisnes (Preuv. du liv. II, pp. 136, 138;

Preuv. du liv. V, pp. 272, 274, 289); de Ghisnis (ibid., p. 257). Dans les titres en vieux français, les mêmes formes graphiques se reproduisent comte de Ghisnes ou de Guines (ibid., pp. 283, 289, 291, 292, 293, 295). Or, Ghisne et Ghaisne sont exactement le même mot. En flamand et en anglais, l'i a très-souvent le son de aï, en Flandres on écrivait Ghisne et l'on prononçait Ghaisne. Lorsque César de Ghisne vint s'établir en Bretagne, l'orthographe se modifia. On écrivit comme on prononçait, et Ghisne devint Ghaisne.

Reste à établir l'identité d'armes. Celles des comtes de Ghisnes étaient : Vairé d'or et d'azur. Wenemar, châtelain de Gand, devenu comte de Ghisne, les cantonna de Gand, et Arnoul III les écartela de Coucy, après son mariage avec l'héritière de cette illustre maison; d'où l'écu suivant : écartelé: aux 1er et 4o vairé d'or et d'azur, qui est de Ghisne; au 2e et 3e fascé de vair et de gueules de six pièces, qui est de Coucy; le 1er et 4o chargé d'un franc canton de sable, au chef d'argent, qui est de Gand.

Or, ces armes, les de Ghaisne les ont toujours eues; César de Ghisne ou Ghaisne qui, le premier, vint s'établir en Bretagne, les portait vers le milieu du xive siècle. Cela ressort de la copie collationnée1 d'une fondation qu'il fit à Saint-Hudual en 1376, où il est dit : « Au bas de » l'original est monté un écusson d'armes portant: écartelé aux 1er et » 4e vairé d'or et d'azur, au franc quartier de sable, au chef d'argent ; » au 2e et 3e fascé de vair et de gueules de six pièces. » Elles furent enregistrées en 1698, dans l'Armorial de France, par d'Hozier (Géné– ralité de Bretagne, 2o page, No 324), comme ayant toujours été celles

Procès-verbal fait en 1690 sur l'état des château, fiefs et dépendances de la terre de Saint-Michel-du-Bois, des actes et anciens titres qui concernent la maison de Ghaisne; manuscrit en parchemin, composé de onze pages, sur la première desquelles est apposé le timbre de la généralité de Tours. Cette pièce commence ainsi : « Aujourd'hui 28 juillet 1690, nous maître Jacques Trouillet, seigneur de la Bertiere, conseiller du roi, lieu

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» tenant particulier au siége présidial d'Angers, et Mr Pierre Baudry, conseiller audit siége, en vertu d'une commission de la cour du parlement de Paris du 1" du présent » mois, à la requête de messire Henri de Ghaisne, chevalier comte de Ghaisne et de Saint-Michel-du-Bois, nous nous sommes transportés audit Saint-Michel pour y faire procès-verbal sur l'état de la maison et château, terres, fiefs et dépendances, actes » et titres anciens de ladite terre de Saint-Michel-du-Bois..

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de la maison de Ghaisne ou Ghisne. Enfin, l'histoire de du Chesne contient la généalogie de la maison de Guines jusqu'à Beaudouin V, époux de Jeanne de Crésecques, père de César de Ghisne, qui avait lui-même épousé Anne de Pons; et, depuis César, tous les contrats de mariage sont dans les archives de la famille.

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Ire Croisade. Les comtes de Ghisne ont fourni plusieurs chevaliers aux guerres saintes. Suivant Lambert d'Ardres ( Hist. comit. Ghisnensium apud rer. gallic. et franc. script., t. xIII, p. 425) et un célèbre juge d'armes (Notes de d'Hozier sur l'exempl. de la généal. de la mais. de Guines, déposé à la Bibl. imp.), c'est à eux que reviendrait l'honneur d'avoir donné naissance à Godefroy de Bouillon, à Baudouin d'Edesse, rois de Jérusalem, et à Eustache, comte de Boulogne, tous les trois fils d'Eustache, comte de Guisnes ou Ghisne et de sa première femme Ida de Lorraine ; - Manassès ou Robert, comte de Ghisne, fils aîné de Baudouin I, après s'être reconcilié avec Arnoul, baron d'Ardres, fit avec lui le voyage de la Terre-Sainte, en 1096, ainsi que Foulques de Ghisne, père de Manassès, qui obtint le comté de Baruth. (Du Chesne, Hist. de la mais. de Guines, liv. 1, p. 23; D. Grenier, Mém. sur la Picardie.)

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VIIe Croisade. Joinville (édit. in-fo de 1668, p. 97) raconte que, pendant le séjour de saint Louis à Jaffa, « le comte de Deu vint » devers le roy et amena avecques luy le bon chevalier Arnoul de » Guymene et ses deux freres, lesquels dixièmes de chevaliers le roy >> retint à son service. Et là le roy fist le comte de Deu chevalier, qui >> estoit encores un jouvencel. » « L'édition de Poitiers, dit du Cange (Observ. sur l'hist. de St Louis, pp. 92, 93), porte aussi, » Arnoul de Guymene qu'il faut restituer en celui de Guines; car il » entend parler d'Arnoul, fils puîné d'Arnould II, comte de Guines, » et de Béatrix de Baubourg; ses deux frères étaient Robert et » Henri. »

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VIII® Croisade. Parmi les croisés ayant bouche en cour, qui prirent la voie de Thunes (Thunis) avec saint Louis, en 1270, se trouvait le comte de Ghisne: Li cuens de Guynes soi 10 de chevaliers, mangera à l'hostel du roy II. mil. VI. C. liv. (Cl. Menard, Observ. sur la vie de saint Louis, p. 397; du Chesne, ibid., Preuv. du liv. III, p. 163.) Ces illustres croisés descendaient de Siffrid le Danois, rejeton des

comtes de Flandres, suivant certains auteurs, parent du roi de Danemark, d'après d'autres; mais, au dire de tous, souche primitive des comtes de Ghisne, maison d'origine souveraine qui a pris son nom du comté de Ghisne, situé entre Calais et Boulogne (Lambert d'Ardres, ibid.; Moreri, t. v, p. 464; La Chesnaye, t. v, p. 556.)

L'antique lignée des comtes de Ghisne se fondit dans la maison de Gand, par le mariage de Gilles de Ghisne, fille de Baudouin Ier et d'Adèle de Lorraine, avec Wenemar, châtelain de Gand. Les descendants de Wenemar et de Gilles formèrent la seconde maison de Ghisne, ayant hérité du nom, des armes, des domaines de la première, et devinrent la souche de la seconde maison de Coucy. Arnoul III de Ghisne, époux d'Alix de Coucy, héritière de l'illustre maison de ce nom, avait un frère puîné appelé Baudouin IV qui, dans leur partage, obtint les seigneuries de Sangate, d'Alès, de Peplingues, etc. - Baudouin V, son petit-fils, combattit à Poitiers en 1356, « et pour aider à la délivrance de Sa Majesté, luy quitta volontairement son chasteau, terre et appartenances de Sangate, afin de les transporter au roy d'Angleterre. (Du Chesne, liv. v, pp. 169.)

Cassart, Caesar ou César de Ghisne, fils de Baudouin V, suivit en Bretagne les connétables d'Eu et de Ghisne, ses parents, lors de la lutte des maisons de Blois et de Montfort. Après s'être distingué, par la brillante défense de La Roche-Derrien, en 1345 (Froissart, 1er vol., ch. CXLII; Le Baud, ch. 38; d'Argentré, liv. v), il se fixa dans cette province. Alors Ghisne devint Ghaisne, on écrivit comme on prononçait en Flandres (en anglais et en flamand, la lettre i a souvent le son de ai). César figure avec cette modification d'orthographe, 1o dans le contrat de mariage de son fils Jean avec Peronnelle de Lesquildry; 2° dans l'ordonnance du duc Jean qui lui donne le commandement des ville et château de La Roche-Derrien; 3° dans l'acte de fondation à Saint-Hudual, en 1376. Nous l'avons dit, au bas de cet acte, était moulé un écusson portant: écartelé aux 1 et 4 vairé d'or et d'azur, au franc quartier de sable, au chef d'argent; aux 2 et 3 fascé de vair et de gueules de six pièces, armes des maisons de Ghisne, de Gand et de Coucy, réunies à celles de la branche de Sangate, et par conséquent des Ghaisne de Bourmont.

Les descendants de César restèrent en Bretagne jusqu'en 1548,

époque où François de Ghaisne alla s'établir dans le Maine où étaient les biens de sa femme (Arch. de famil.). Des lettres patentes de 1691, enregistrées le 22 mai 1693, ont érigé en comté de Ghaisne la terre de Saint-Michel-du-Bois en faveur de Marie-Henri de Ghaisne, comme récompense de ses services, et en considération de son origine (Arch. de famil.) Il épousa, en 1697, Marie-Hélène de Maillé (le P. Anselme, t. vII, pp. 504. — Arch. de fam.) qui lui apporta en dot la terre de Bourmont, située sur les confins de l'Anjou et de la Bretagne, dont ses descendants ont pris le nom.

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Les alliances de l'illustre maison de Guines se trouvent dans du Chesne. Nous nous bornerons ici à mentionner celles de la branche établie en Bretagne. Cette branche s'est alliée aux maisons de Pons, vers 1360; de Lesquildry, 1388; du Cloroux de Vornay, 1423; Rabaut de Kercou; de Montbourcher; de la Motte, 1454; de la Morandais; de Châteaubriant, 1480; de Sévigné, 1504; d'Angers; de Guinne, 1548; de Ploermel; de Clisson; de Lesquen; du PlessisCasso; du Rocher; le Prouveur de Lodenec; des Paux; Turot; de Girard de Charnacé, 1632; de Beauregard; du Rocher, 1657; de Maillé, 1697; de Valory, 1737; de Coutances, 1777; de Surineau, 1760; de Charbonneau, 1768; de Becdelièvre, 1800; de Landemont; de Langle; de Crespat, 1847; de Viette, 1843.

La plus grande figure historique des comtes de Ghaisne, depuis l'établissement de cette famille dans l'Ouest, c'est incontestablement Louis-Auguste-Victor, maréchal et pair de France, grand'croix de la Légion d'honneur, grand'croix de Saint-Ferdinand d'Espagne, de Saint-Alexandre Newsky de Russie, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, gentilhomme de la chambre du roi Charles X, général des armées royales du Maine et de l'Anjou, 17951800; général de brigade et de division à la grande armée, 18121814; général en chef de l'armée française en Espagne en 1823, après le départ de Mgr le duc d'Angoulême, ministre de la guerre en 1829, général en chef de l'expédition d'Afrique en 1830, mort, après une carrière d'abnégation, de gloire et de malheurs, au château de Bourmont en 1846.

Il avait eu de son mariage avec Marie-Magdeleine-Julienne de Becdelièvre :

TOME III.

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