Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

en entier Theodori Gazae institutionis graecae liber tertius; junctis e regione Latinis, quibus facile fuerit vel autodidanto cuique, quicquid habet graeca lingua creditae potius quam verae difficultatis superare, tantum ut seriam operam navet. On le voit, l'ouvrage s'adresse aux étudiants qui n'attendent pas de rencontrer un maître pour aborder l'étude du grec. Et nous savons que ce n'est pas là une vaine réclame. Lamy et Rabelais ont été de ceux-là et l'on devine l'accueil qu'ils devaient faire à de pareils livres au fond de leur couvent de Fontenay-le-Comte.

Nous avons terminé la tâche que nous avions entreprise. Nous pourrions mettre ici le point final, mais il nous semble utile de prévenir une confusion. L'étude qu'on vient de lire ne se présente que comme un recueil de documents. Mieux que personne, je sais tout ce qui lui manque pour être un « tableau » de cette période de l'hellénisme en France. Dans le cas présent, les faits qui nous sont accessibles risquent de nous masquer l'importance d'autres faits qui sont bien réels, mais sur lesquels il nous sera toujours impossible d'être dûment renseignés. Comment, par exemple, mesurer l'influence des éditions grecques que publie l'imprimerie aldine? Comment saisir le rôle de ces étudiants étrangers qui ont reçu déjà dans des universités lointaines une certaine teinture de grec et qui apportent avec eux un peu de la flamme de ces nouveaux foyers d'hellénisme'? D'année en année, un élan plus fort emportait vers ces études les jeunes étudiants parisiens et chaque jour leur ardeur se montrait plus ingénieuse à triompher de tous les obstacles. Ainsi les menus faits que nous avons groupés n'excluent pas l'influence de ces causes très générales;

1. Cf. Ab. Lefranc, op. cit., p. 91-92. Les indications données dans ce passage pourraient aisément être développées.

bien plus, ils les supposent et souvent ils en sont des manifestations fragmentaires. D'autre part, il me semble qu'en les étudiant on est amené à faire une autre réflexion sur l'influence que, malgré tout, exercent certains individus. Ici, c'est Budé qui est « le maître du chœur ». Sans cesse, on est amené à citer son nom pour montrer comment se sont formés les meilleurs hellénistes de cette génération. A presque tous il a donné des conseils ou des leçons; à tous il a donné des exemples. Et, enfin, une dernière réflexion s'impose : il ne faut pas croire que la diffusion de ces études nouvelles ait été accueillie par tous avec une égale faveur. Ne soyons pas dupe de l'enthousiasme de Chéradame quand il écrit : « De notre temps, on peut voir beaucoup de vieillards qui imitent Caton et qui se décident à apprendre le grec1. » En réalité, nous sommes au temps où, d'après Érasme, les confesseurs disent encore aux jeunes gens : « Cave a graecis, ne fias haereticus2. » Il faudrait donc, pour être complet, décrire l'opposition acharnée qu'ont faite au grec les théologiens; mais ceci, comme dit Kipling, << c'est une autre histoire », et celle-ci, déjà, est bien assez longue.

1. Grammatica isagogica, fol. a ij ro.

L. DELARUElle.

2. Adages, éd. de 1528, chez Froben, p. 916.

QUELQUES BAS-RELIEFS

DU

MUSÉE DU LOUVRE

PROVENANT

DE L'ABBAYE de sainte-geneviève.

Une relique insigne de notre art national est, au Louvre, certain chapiteau de marbre provenant du premier monument commémoratif d'une victoire française, et nul visiteur ne considère sans émotion les traces laissées sur ses deux faces, à six cents ans d'intervalle, de ses destinations successives, d'abord dans l'antique basilique de Clovis, puis dans l'église romane de l'abbaye de Sainte-Geneviève.

Un groupe célèbre de même provenance évoque plus loin la grâce hautaine de jeunes canéphores et, malgré leurs beaux bras mutilés, vous vous plaisez à imaginer encore, soutenant la châsse, les Vertus de Germain Pilon.

Mais qui seulement songe à se retourner, pour jeter un regard sur un autre débris de la vieille abbaye génovéfaine, débris anonyme et sans gloire, qui se cache dans la pénombre, œuvre secondaire peut-être, mais qui n'est dépourvue ni d'intérêt ni de beauté?

C'est un grand bas-relief représentant une Pitié de Notre-Dame, avec un donateur à genoux, ce dernier mitré et ayant près de lui sa crosse.

Le cartouche qui l'accompagne porte comme renseignement : « Tableau votif placé vers 1600 dans l'église SainteGeneviève; le donateur est Juste de Serres, abbé de Montbourg', évêque du Puy, mort en 1641. »

1. Ou plus exactement Montebourg, arr. de Valognes (Manche).

Les mêmes indications se retrouvent dans le Catalogue sommaire des sculptures du moyen âge, de la Renaissance et des temps modernes, publié en 1897, dans lequel ce monument figure sous le no 177, à cette différence près que la date à laquelle le bas-relief aurait été placé dans l'église de Sainte-Geneviève s'est précisée : « vers 1600 » est devenu « en 1600 ».

Or, en 1600, Juste de Serres, représenté en costume épiscopal, n'était ni évêque ni même abbé. Évêque, il ne le devint qu'en 1616, et seulement in partibus, pour suppléer comme coadjuteur, dans l'administration de son diocèse, son oncle Jacques de Serres, évêque du Puy, qui résigna en même temps en faveur de son neveu ses fonctions d'abbé de Montebourg. Ce n'est que cinq ans après, en 1621, que, Jacques de Serres étant mort, Juste lui succéda sur le siège du Puy.

A première vue, il est donc tout à fait impossible que les renseignements donnés soient exacts. Cette impression se confirme si l'on compare les armoiries dont s'orne le prie-Dieu devant lequel est agenouillé le donateur, avec les armoiries connues de la famille de Serres.

Originaire des environs d'Annonay, cette famille, à laquelle appartenait l'illustre auteur du Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, porte, nous dit Rietstap, d'argent au chevron d'azur, chargé de trois étoiles d'or et accompagné de trois trèfles de sinople.

Ce ne sont nullement les armoiries du donateur dans notre bas-relief, où l'on voit figurer non des étoiles, mais des molettes, et où il y a non pas trois trèfles, mais deux trèfles en chef et une pomme de pin en pointe.

Portrait et armoiries du même personnage se reconnaissent au contraire dans un dessin de tapisserie que Gaignières nous a conservé'. Les armes, encadrées par la

1. Bibl. nat., ms. fr. 20894, fol. 20. Voir Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières, par H. Bouchot, n° 6972. Reproduction dans les Dessins d'archéologie de Roger de Gaignières, publ. par J. Guibert, 3° série, pl. 76.

:

devise Tout est à Dieu, deux fois répétée, peuvent se blasonner ainsi d'azur au chevron d'argent, chargé de trois molettes de sable, accompagné de deux trèfles d'argent en chef et d'une pomme de pin d'or en pointe. Le tout est identifié par cette inscription en caractères gothiques: « L'an mil Ve quarente et quatre, révérend père en Dieu monsieur Philipes le Bel, religieulx profex et abbé de céans, donna ceste tapisserie. Priez Dieu pour luy1. »

C'est donc Philippe le Bel, abbé de Sainte-Geneviève, qui est aussi représenté dans le bas-relief du Louvre. Il gouverna l'abbaye de 1534 à 15572.

Originaire de Luzarches, où il avait jadis, en la collégiale de Saint-Cosme, exercé les fonctions d'enfant de choeur, il prit l'habit religieux à Sainte-Geneviève le jour de la Saint-Pierre de l'année 15083.

1. Cette tapisserie est évidemment une pièce de la suite de la Vie de sainte Geneviève, qui avait été commandée par Philippe le Bel à deux ouvriers tapissiers nommés Léon et Guillaume Brocquart, le 16 mai 1543, et dont M. Coyecque a publié le marché (Recueil d'actes notariés, n° 2592). Cette tenture devait être terminée dans un délai de deux ans; elle le fut sans doute en un an. Une note jointe par Gaignières à son dessin en précise nettement la destination dans le chœur de Sainte-Geneviève, elle décorait le dessus des stalles, du côté de l'évangile. - Il ne semble pas, contrairement à l'opinion de M. Guiffrey (Histoire générale des arts appliqués à l'industrie, t. VI, p. 190), qu'on doive la confondre avec une autre suite de huit pièces sur le même sujet, dont les patrons avaient été commandés à Jean Cousin, le 6 janvier 1541, par la confrérie de Sainte-Geneviève, car sur cette dernière on voyait le portrait non de Philippe le Bel, mais de son prédécesseur, Guillaume le Duc (Coyecque, no 1675). Il est permis de croire que la suite de Jean Cousin existait encore à l'époque de la Révolution, si, comme il est probable, c'est à elle que se réfère un passage de la Déclaration détaillée de tous les biens mobiliers et immobiliers dépendant de l'abbaye de Sainte-Geneviève, faite le 3 mars 1790, où l'on trouve porté, à côté des suites des Actes des apôtres et de la Vie de Clovis, «< huit pièces de tapisseries fort vieilles représentant la Vie de sainte Geneviève » (Arch. nat., S 1540).

2. Cf. à la fin l'appendice.

a

3. Était-il vraiment de condition si humble, comme le donne à entendre du Molinet en un passage souvent cité de son Histoire de Sainte-Geneviève et de son église (bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 609, fol. 227), qu'un blason ne fût pas de trop pour en relever la

« VorigeDoorgaan »