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tombay en celuy ou il traitte de la creation du monde et de la nature de l'vniuers, qu'il nous a laissé le plus accomply de tous, et l'a intitulé du nom de Timée Pythagorique, qui parle plus largement au dialogue. Lequel liure, ie me suis ingeré rendre en nostre lague, pour en auoir plus parfaicte intelligence, pour accoustrer mon style et dresser le iugement. Sans doubte le trauail a esté grad, pour la difficulté de la matiere, et pourceque personne, jusques à present, n'a traitté de la philosophie en françois. >>

Le commentaire, assez précis dans la première partie, devient vague et diffus vers la fin. Sans doute le manuscrit de Loys le Roy n'était-il pas achevé. D'ordinaire, Le Roy paraphrase le texte, mais il n'est dépourvu ni d'esprit critique ni de connaissances historiques. Par exemple, au début, après avoir relevé que Timée, le principal personnage du dialogue, est un philosophe pythagoricien, il ajoute : « L'on voit encore aujourd'huy un liure de cette matiere, soubz le nom de Timee, mais ie doubte qu'il soit de luy, ou que ne soit celuy que suyuit Platon, pour plusieurs raisons, mais principalement parceque traittant de la matiere premiere il use de ce mot ŋ dont Platon n'a jamais usé... et aussi que ce liure a bien parler n'est qu'un épitome ou abbrégé de ce dialogue» (p. 12 vo). A propos de l'Atlantide, après avoir rappelé que certains attribuent au récit de Platon une valeur historique, Le Roy déclare: « De ma part, j'estime que Platon l'ait cité pour l'honeur de son pays, et pour monstrer l'antiquité du monde » (p. 13 vo). Lorsque Platon parle de neuf mille ans écoulés depuis la fondation de l'Égypte, Le Roy remarque : « Eudoxe, grand mathematicien entre les Grecs, a escrit que les ans des Égyptiens se contoyaient à la lune et non au soleil, et n'estoient que mois » (p. 16 vo). En général, il s'abstient des divagations mystiques et mathématiques auxquelles se complaisent après lui beaucoup d'interprètes. On voit qu'il a été à bonne école.

Pour ces raisons, la plus ancienne traduction française du Timée mérite encore d'être consultée'.

Albert RIVAUD.

1. [Notre président, M. Abel Lefranc, a récemment appelé l'attention sur le traité De la vicissitude... des choses de Loys Le Roy, en montrant dans une étude des Mélanges offerts à M. Lanson que cet ouvrage remarquable avait fondé la philosophie de l'histoire. (NOTE DE LA RÉDACTION.)]

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. IX.

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UN CABINET D'HOMME DE LOI

AU XVI SIÈCLE.

Durant quelques semaines, on a pu voir exposée à la vitrine d'un magasin de la rue de Rennes une peinture sur bois du xvre siècle, dont nous croyons utile de fournir une reproduction à nos lecteurs. Ce tableau représente, selon nous, l'intérieur d'un cabinet d'avocat ou de procureur au xvIe siècle, sans doute dans une ville de la province française. Rien de plus piquant ni de plus vivant que cette peinture, fort bien venue et dont l'état de conservation est excellent.

L'homme de loi est assis sur un siège à dossier élevé, vers l'extrémité d'une assez longue table, couverte de dossiers ficelés. Près de l'entrée, le clerc est assis à une autre table, pareillement chargée, et semble écrire. Les sept plaideurs sont tous des paysans; l'un d'eux est accompagné de sa femme. Tous tiennent leur chapeau à la main ou sous le bras. Auprès de l'avocat, occupé à lire le papier qu'un plaideur vient de lui remettre, celui-ci se tient debout et lui expose son litige. A l'autre bout de la table, un autre paysan ne tardera pas à lui succéder. Quatre plaideurs sont debout devant la table de l'avocat; en une attitude humble et timide, ils attendent de pouvoir entretenir l'homme de loi, à leur tour. L'un d'eux porte une volaille, qui constitue ses « épices »; le paysan qui se tient derrière lui reçoit également un panier d'oeufs que sa femme lui tend et qu'elle sort d'une hotte, à côté de laquelle est un autre panier. Près de la porte figurent le septième plaideur qui tient un assez long bâton et, dans l'embrasure, un nouvel arrivant. Derrière l'avocat, un vaste bahut, le long duquel sont suspendus des papiers et dont le dessus est couvert de sacs de procès étiquetés. Derrière le clerc, et aussi de l'autre côté de la porte, quantité d'autres sacs et dossiers, suspendus au mur ou rangés sur des planches. Cà et là, par terre et sous la grande table, sacs et paperasses gisent pêle-mêle. La pièce est éclairée par une fenêtre près de laquelle se tient l'avocat. Les volets intérieurs sont ouverts; quelques papiers y sont attachés. Les figures des personnages sont toutes expressives à un haut degré et présentent des types évidemment français. Les costumes sont peints avec un parfait réalisme. En ce qui touche

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la région à laquelle les types ont été empruntés, on pourrait peut-être songer de préférence à une œuvre exécutée dans le nord de la France. Certes, il n'est pas impossible que cette pièce ait déjà été signalée et même publiée; inédite ou non, elle ne pourra manquer d'intéresser vivement les lecteurs de notre Revue.

Nous remercions M. Maurice Marignane (70, rue de Rennes) d'avoir bien voulu nous confier une reproduction de ce tableau, qui constitue un curieux document, bien propre à nous représenter les mœurs et les habitudes du XVIe siècle.

Abel LEFRANC.

LA BIBLIOTHÈQUE DE JEHAN DE RAFFOU

DOCTEUR RÉGENT DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE POITIERS

(1584-1635).

Un article que M. P. Rambaud, l'érudit poitevin, a consacré, dans le Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, à Jehan de Raffou, docteur régent de la Faculté de médecine de Poitiers au xvIIe siècle, nous fournit quelques renseignements curieux sur les études médicales et la culture générale d'un médecin à la fin du xvie siècle.

Raffou étudia en médecine à Poitiers et à Montpellier. Nous savons les questions qu'il dut traiter pour conquérir ses grades. Il fut interrogé à son premier examen sur la digestion : An per somnium coctio fiat melior quam per vigilias? Sa dispute quodlibétaire porta sur la peste; sa thèse cardinale sur le diagnostic par les urines. Pour sa licence, il disserta sur un aphorisme d'Hippocrate, le 20e de la 3e section: Vere enim furores et atrabiles, etc. Il examina dans sa thèse de doctorat an phtisicis conveniat purgatio et conclut par l'affirmative. Il reçut le bonnet doctoral, en l'église Saint-Pierre (bien qu'il fût protestant), en présence du recteur, des professeurs des quatre Facultés, du clergé, des magistrats du présidial, du maire, des échevins et des notables. A son entrée dans la cathédrale il avait dû monter en chaire et, revêtu d'une robe de camelot rouge ayant des parements de taffetas bleu, discuter en latin sur un sujet médical.

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