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Sa bibliothèque était moins riche que celle de son compatriote et confrère Guillaume Sacher, docteur en médecine, chanoine de Saint-Pierre, qui possédait plus de 800 volumes'. L'inventaire dressé par le libraire Laurent Guéry, en janvier 1636, énumère 435 volumes. La plupart sont des ouvrages de médecine, en latin. Les humanités y sont représentées beaucoup plus largement que dans la bibliothèque du chanoine Sacher, d'abord par une trentaine d'écrivains anciens : Cicéron, Pline le Jeune, Sénèque, Aristote, Platon, Plaute, Virgile, Homère, Plutarque, Catulle, Tibulle, Properce, Athénée, Macrobe, Apulée, Tacite, Ovide, Lucien, un Corpus poetarum, puis par des commentaires de savants modernes : Érasme, Scaliger, Casaubon, Juste Lipse.

Comme son confrère Sacher, Jean Raffou ne s'intéresse pas à la poésie française. De toute la production poétique de notre Renaissance, il n'a retenu que les Euvres de Du Bartas, son coreligionnaire. Il a quelque curiosité pour l'histoire; il lit le Voyage de François Mendoza Pinto, l'Histoire des Turcs, l'Histoire de France de Serre, l'Histoire des troubles, les Annales d'Aquitaine de Jean Bouchet. Il se plaît à méditer sur des sujets de philosophie morale: il a les Diverses leçons de Pierre Messie, les Épîtres de Guevara, les Essais de Montaigne et la Sagesse de Charron.

Enfin, comme il est protestant, il lit la Bible en français. Il en possède quatre exemplaires. « Cinquante vollumes de la religion» et quelques traités de saint Augustin complètent son fonds de théologie.

En somme, sa culture générale est latine et la plupart des instruments de sa science médicale sont également des ouvrages latins. Quelques livres d'histoire, de morale et de philosophie composent toute sa bibliothèque française.

Jean PLATTARD.

1. Voir Revue du XVI° siècle, 1920, p. 252 : La bibliothèque et la collection de tableaux d'un chanoine de Poitiers en 1581.

COMPTES-RENDUS.

A. RENAUDET. Le concile gallican de Pise-Milan. Documents florentins (1510-1512). Bibliothèque de l'Institut français de Florence (Université de Grenoble), 1re série, t. VII. Paris, É. Champion, 1922. 1 vol. in-8° de 732 pages.

Au début de l'année 1511, Louis XII, fort de l'appui du clergé de France, convoquait à Pise les représentants de l'Église universelle pour réformer celle-ci dans son chef et dans ses membres, c'est-à-dire, en réalité, pour déposer le pape Jules II, avec lequel il était en guerre. Un petit nombre de prélats et de docteurs de France et de Lombardie se rendirent à l'invitation du roi. Chassé de Pise par la menace de l'émeute, le concile se transporta à Milan (décembre 1511 à juin 1512), puis à Lyon, l'armée française ayant abandonné le Milanais et repassé les Alpes.

Cependant Jules II triomphait, imposant à l'assemblée du Latran son absolutisme spirituel, en dépit des oppositions des églises nationales.

M. Renaudet a, dans sa thèse sur la Préréforme et l'humanisme à Paris pendant les premières guerres d'Italie, marqué la place qu'a tenue l'épisode du concile pisan dans l'évolution des doctrines de réforme en France. L'histoire de ce concile intéresse non seulement la vie religieuse du temps, mais aussi la politique de toute l'Europe occidentale. Pendant quelques mois, toutes les chancelleries s'occupèrent du concile convoqué par le roi de France. Son échec allait même affecter les destinées de la république florentine. Faute d'avoir adopté une attitude ferme à l'égard du pape, le gonfalonier perpétuel, Pierre Soderini, perdit toute autorité. Il dut déposer ses pouvoirs entre les mains des partisans des Médicis. Le 14 septembre 1512, le cardinal Jean de Médicis entrait triomphalement à Florence. Six mois après, il succédait à Jules II sur le Saint-Siège sous le nom de Léon X.

Les actes originaux du concile ont été perdus, mais ils sont moins importants, nous dit M. Renaudet, que l'émotion provoquée par l'assemblée et son échec. Or, les documents que gardent les Archives d'État, à Florence, « nous permettent d'assister à la préparation du concile, à sa réunion, à ses premières séances; ils nous révèlent les inquiétudes et le mauvais vouloir des gouvernements florentins, leurs efforts pour se débarrasser au plus vite de la présence des députés; ils nous font connaître le conflit de la République et de Jules II, son humiliation devant le pape et les préliminaires de la rentrée des Médicis. >>

Ces documents restés jusqu'à ce jour inédits, M. Renaudet les publie, groupés en six chapitres : le projet de concile, la menace du concile, la préparation du concile, la Sainte-Ligue, les sessions de Pise, les sessions de Milan et la rentrée des Médicis.

Les recherches dans ce vaste recueil de pièces françaises, latines, italiennes sont facilitées par un index des noms propres, par un sommaire placé en tête de chaque document, par un commentaire historique précis.

Cette publication fait le plus grand honneur à M. Renaudet dont la science exacte et solide n'est plus à louer'.

Jean PLATTARD.

Frédéric LACHÈVRE. Bibliographie des recueils collectifs de poésies du XVIe siècle (du Jardin de plaisance, 1502, aux Recueils de Toussaint du Bray, 1609), donnant : 1o la description et le contenu des recueils; 2o une table générale des pièces anonymes ou signées d'initiales de ces recueils (titre et premier vers), avec l'indication du nom des auteurs pour celles qui ont pu être attribuées. Paris, É. Champion, 1922. Gr. in-8° de 609 pages.

M. Frédéric Lachèvre, à qui nous devons une Bibliographie des recueils collectifs de poésies du XVIIe siècle (de 1597 à 1700), publie aujourd'hui une Bibliographie des recueils du XVIe siècle. Voici le plan suivi dans cet ouvrage :

Recueils généraux, de 1502 à 1595.

1. Voir le compte-rendu de ses thèses de doctorat par M. V.-L. Bourrilly, Revue du XVI siècle, t. V (1917-1918), p. 124-128.

Recueils généraux, de 1596 à 1608.

Cette seconde partie reprend, avec additions et corrections, un certain nombre de florilèges étudiés dans la Bibliographie du XVIIe siècle.

Recueils particuliers (les livres des amis, les palinodies, etc.). Pièces historiques (entrées, épitaphes, tombeaux, airs en musique).

Cette bibliographie s'ouvre sur le Jardin de plaisance et fleur de rhétorique (1502), qui résume la poésie du xve siècle et se termine avec le Parnasse des plus excellents poètes de ce temps (1607), dans lequel figurent des pièces de Malherbe et de ses disciples. Elle est d'une extrême richesse. Des divisions nettes guident les chercheurs: M. Lachèvre a groupé, par exemple, parmi les recueils particuliers, les poèmes des partisans et des adversaires du platonisme, les livres des amis, les recueils de poésies religieuses catholiques et protestantes, etc. Trois tables, l'une des poésies anonymes, l'autre des recueils collectifs classés dans l'ordre alphabétique, la troisième des principaux noms cités, permettent de consulter rapidement ce gros ouvrage. Encore M. Lachèvre s'excuse-t-il de n'avoir pu nous donner un tableau des pièces classées par auteurs avec notices biobibliographiques, comme il l'a fait pour sa Bibliographie du XVIIe siècle.

Cet ouvrage rendra les plus grands services pour l'étude de la poésie française et pour la connaissance de la vie littéraire au xvre siècle. Il est à recommander, pour la précision et la minutie de ses descriptions bibliographiques, non seulement aux érudits, mais encore aux amateurs et collectionneurs des belles éditions du temps de notre Renaissance.

J. P.

Ph.-Aug. BECKER. Clement Marots Psalmenübersetzung. Berichte über die Verhandlungen der sächsischen Akademie der Wissenschaften zu Leipzig. Philologischhistorische Klasse, 72 Bd., 1920, 1 Heft. Leipzig, bei B.-G. Teubner, 1921, 41 pages.

Dans cette étude, M. Becker traite la question de la traduction des psaumes de Cl. Marot. En trois chapitres, l'auteur étudie la genèse des psaumes de Marot, sa méthode de travail et sa valeur comme traducteur.

L'idée de traduire les psaumes n'est pas nouvelle; dans l'antiquité chrétienne, Paulin de Nole avait déjà paraphrasé trois psaumes en vers latins; au moyen âge et au début de la Renaissance, il se trouve également quelques traductions ou adaptations de certains psaumes. On découvre une tendance analogue à celle de Marot chez les poètes latins de l'époque, Salomon Macrin et Nicolas Bourbon en France, Marcantonio Flaminio en Italie, et quelques autres.

Ce qui distingue Cl. Marot de ces poètes, c'est qu'il a l'intention de traduire peu à peu tous les psaumes et qu'il s'adresse à tous les milieux cultivés de sa nation, spécialement aux femmes.

Qu'est-ce qui a donné l'idée à Cl. Marot de faire cette traduction? Nous en sommes réduits aux suppositions; voici celles de M. Becker.

Le sixième psaume, publié d'abord à part, parut en 1533 à la suite du « Miroir de l'ame pecheresse » de Marguerite, avec quelques prières rimées écrites par Marot et destinées à la reine de Navarre. D'autre part, vers 1529 le vieux Jacques Lefèvre fut chargé d'enseigner les psaumes au troisième fils du roi, le duc d'Angoulême, tandis que ses deux frères étaient retenus comme otages en Espagne'. Peut-être la traduction de Marot est-elle en relation avec cet enseignement et devait-elle servir de texte à mémoriser pour le prince.

Il existe une autre possibilité. Le sixième psaume est un cri de détresse adressé à Dieu au moment d'une grande épreuve et d'une maladie et, juste à ce moment-là (automne 1531), Marot tomba malade de la peste. Nous pouvons très bien supposer que Marot traduisit ce psaume d'abord pour lui-même, comme une prière adressée à Dieu dans sa propre épreuve, sans aucun autre but.

En outre, depuis la fondation du Collège de France, où Vatable expliquait les psaumes, l'attention d'un grand nombre de personnes avait été attirée sur les psaumes et il est fort possible que pendant sa convalescence Marot ait suivi les cours de

1. Bucer, dans la dédicace de son commentaire des psaumes adressés au dauphin François (1529): «... fratre tuo, Angolismensium principe, quem his sacratissimis odis, ut par erat filium Regis, pientissimus ille et eruditissimus senex, Jacobus Faber Stapulensis nuper instituit. >> Voir Becker, p. 4.

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