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CHRONIQUE.

ANNIVERSAIRES. - Joachim du Bellay.

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L'année 1922 était le quatrième centenaire de la naissance de Joachim du Bellay. M. Pierre de Nolhac l'a rappelé à propos dans un article publié par la Revue des Deux Mondes (1er novembre) sous ce titre Un centenaire oublié. Il a célébré dignement l'art durable du poète angevin qui, mieux que personne avant lui, a su« enclore tant de visions dans les limites d'une construction poétique aussi étroite que le sonnet. L'art s'y montre tellement sûr et la nuance si parfaite que le sonnet même d'un Ronsard, mis en comparaison, semble parfois du travail grossier. Du Bellay n'a pas seulement, comme il s'en vante avec raison, ajouté au sonnet italien cette façon de « tomber en beauté qui caractérisera désormais le nôtre. Il s'est fait une langue sobre, aisée, colorée, d'un plein naturel, « doux cou«< lante »>, disait Belleau. »>

Les journaux tourangeaux (le Journal d'Indre-et-Loire du dimanche 26 novembre, la Dépêche du samedi 25 novembre, sous la signature de M. Horace Hennion) ont consacré de bons articles au chantre des bords de « Loyre ».

L'Université de Poitiers, qui a compté du Bellay parmi ses étudiants, a commémoré sa naissance par une conférence de M. Plattard sur l'oeuvre du poète angevin. Le 29 novembre, cette conférence a été répétée à Tours, à l'Institut d'études françaises de Touraine.

Enfin, le lundi 18 décembre, la Société des Artistes angevins et la revue la Muse française donnaient un banquet pour célébrer à la fois l'élection à l'Académie française de M. de Nolhac, poète et historien des poètes de la Pléiade, et le quatrième centenaire de la naissance de Joachim du Bellay. Des discours furent prononcés par M. Maurice Allem, secrétaire de la rédaction de la Muse française, et René Bazin. Des vers en l'honneur de Joachim du Bellay furent dits par les poètes Gandilhon Gensd'armes et Tristan Derême. Enfin, des poèmes des Regrets furent lus par M. de Nolhac.

On trouvera le compte-rendu de cette fête de poésie dans le numéro du 10 janvier de la Muse française, qui reproduit, à cette occasion, l'ode de Joachim du Bellay : Du premier jour de l'an, au seigneur Bertran Bergier de Montembeuf.

Saint François de Sales. Des séries de conférences commémorent, en ce moment même, le troisième centenaire de la mort d'un autre écrivain qui appartient par sa jeunesse et par sa formation au xvre siècle : saint François de Sales. Signalons en particulier celles de M. Henry Bordeaux à la Société des conférences, reproduites dans l'Opinion. Dans le numéro du 12 décembre 1922 du Journal des Débats, M. Martin Basse rappelle dans quelles circonstances l'évêque d'Annecy mourut à Lyon :

En 1622, saint François quittait Annecy, appelé par le duc de Savoie qui l'invitait à venir à Avignon féliciter le roi Louis XIII de son triomphe sur les huguenots. En fâcheux état de santé, l'évêque avait fait son testament avant son départ.

Les cours de Savoie et de France partirent d'Avignon le 25 novembre et arrivèrent quatre jours après à Lyon, où Marie de Médicis et Anne d'Autriche étaient venues à la rencontre du roi.

Refusant l'hospitalité que lui offrait son ami l'intendant Jacques Olier, dont le fils Jean-Jacques devait fonder plus tard la Compagnie de Saint-Sulpice, saint François, qui estimait que « jamais il n'était mieux que quand il n'était guière bien », alla loger dans la maison du jardinier du couvent de la Visitation, près de Bellecour. Il y occupa une chambre sous le toit.

Au cours du mois de décembre, il prêcha au monastère de la Visitation et dans diverses églises. Ses amis s'attristaient de l'altération de ses traits.

Le jour de Noël, il dit à la Visitation la messe de minuit, célébra à l'église des Dominicains sa seconde messe et revint pour la troisième à la Visitation. Il prêcha le soir pour la prise d'habit de deux Visitandines et alla saluer Marie de Médicis, dont le départ était fixé au lendemain.

Le 26, saint François de Sales dit sa messe, va dîner chez un ami, vicaire général du diocèse, chanoine de Saint-Nizier. Il fait, le soir, une conférence à ses chères filles de la Visitation sur la résignation chrétienne : « Ne rien demander, ne rien refuser, mais souffrir et recevoir également tout ce que Dieu permettra à notre sujet. »

Le 27, il se confesse, dit sa messe, reçoit les visites du duc de Bellegarde, gouverneur de Bourgogne, et de M. de Villeroy, gouverneur de Lyon, va saluer en leur logis le duc de Nemours et le

prince de Piémont, revient dans sa chambre et écrit trois lettres, dont la dernière demeure inachevée.

C'est vers deux heures et demie de l'après-midi qu'une attaque d'apoplexie le frappe. Il reste en pleine lucidité, se confesse, fait sa profession de foi, reçoit l'extrême-onction.

Il mourut le lendemain 28. Quelques amis vinrent le voir, qu'il reconnut. Les médecins, pour le tirer de son assoupissement, « lui mirent le fer chaud sur la nuque, le bouton de feu sur le haut de la tête ». Ses dernières paroles furent pour prononcer le nom de Jésus. Il expira vers huit heures du soir.

Les Lyonnais tentèrent de retenir dans leur ville les reliques de celui qu'ils considéraient comme un saint. Elles purent cependant être transportées à Annecy. Mme de Blonay, supérieure du monastère de la Visitation, conserva ici le cœur du saint évêque. Les religieuses se transmirent pendant cent cinquante ans le précieux dépôt. Au moment de la Révolution il fut transporté à Venise, où il demeure encore.

Les Visitandines lyonnaises gardent le lit dans lequel mourut saint François et l'urne qui contint ses entrailles lors de l'embaumement. La maisonnette du jardinier, transformée en oratoire en 1665, vendue sous la Révolution, fut démolie vers 1826, lors de la contruction de la nouvelle gendarmerie. Sur le mur de celle-ci, rue Sainte-Hélène, une plaque a été placée rappelant au passant que là se trouvait l'emplacement de la chambre où mourut le doux et saint évêque.

De tous les ouvrages publiés à l'occasion du centenaire de la mort de saint François de Sales, le plus important est sans doute la thèse présentée à l'Université de Poitiers pour le doctorat ès lettres par M. l'abbé Vincent, professeur aux Facultés catholiques de l'Ouest, sur Saint François de Sales, directeur d'âmes (Paris, Gabriel Beauchesne, 1923). On trouvera sur cette étude un article de M. L. Arnould dans le Journal des Débats du 26 janvier. La thèse complémentaire de M. l'abbé Vincent, sur le Travail du style chez saint François de Sales, d'après ses corrections, montre quel soin l'écrivain apportait à se corriger. Cette conclusion est directement opposée au jugement que M. Henry Bordeaux portait récemment sur l'auteur de l'Introduction à la vie dévote, quand il déclarait que « sa phrase n'est ni travaillée ni surveillée. » (Au pays de saint François de Sales.) J. P.

A la mémoire du poète Hugues Salel. La ville de Cazals. (Lot) a fêté, le dimanche 11 juin dernier, la mémoire de deux de ses enfants, Hugues Salel (1504-1553) et Guyon de Maleville

(1550-1619). Le premier est fameux par ses rapports amicaux avec Marot et par sa traduction en vers des neuf premiers chants de l'Iliade. (Voir le résumé de nos connaissances sur ce poète dans un article de Miss Helen Harvitt, publié par la revue Modern philology de mars 1919, et Revue du XVIe siècle, 1920, p. 275.) Guyon de Maleville passa toute sa vie en Quercy. Il est l'auteur d'un ouvrage consacré à sa province natale : Les esbats de Guyon de Maleville sur le pays de Quercy, qui a été publié pour la première fois en 1900 par la Société des Études du Lot.

Des plaques commémoratives ont été apposées à la mairie de Cazals par les soins de la municipalité. En l'honneur des deux écrivains, des discours furent prononcés, des vers récités. M. Grangié, secrétaire du Syndicat d'initiative du Quercy et président de la Société des Études du Lot, retraça la vie et étudia les œuvres de Salel et de Guyon de Maleville dans une agréable causerie, dont on trouvera le texte dans le Journal du Lot du mercredi 14 juin.

QUELQUES APERÇUS NOUVEAUX SUR LA BIBLIOTHÈQUE SAINTVICTOR. PANTAGRUEL, CH. VII. Sous ce titre, notre confrère M. le Dr Paul Albarel publie une étude sur les titres de fantaisie imaginés par Rabelais dans son fameux catalogue de la librairie Saint-Victor.

La nouveauté des aperçus consiste en la découverte d'équivoques érotiques dans la plupart de ces titres. On trouvera dans la Revue du XVIe siècle (1920, p. 284-285) celles des interprétations de M. Albarel qui nous paraissent le plus plausibles.

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LODGE ET DEsportes. Sir Sidney Lee et M. Kastner ont signalé un emprunt du poète anglais Lodge à Desportes. Seize stances de son Glaucus et Silla, 1589, sont traduites d'un poème des Premières œuvres, 1576 : « O bienheureux qui peut passer sa vie, etc. » M. Vaganay vient de publier en une élégante plaquette, tirée à cent exemplaires, le texte de Desportes et, parallèlement, celui de Lodge.

Notre confrère

LE DIPLÔME DE JULES-CÉSAR SCALIGER. M. le Dr de Santi, dont nos lecteurs connaissent les savantes études sur la Renaissance à Toulouse et à Agen, a publié dans les Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belleslettres de Toulouse (t. IX, année 1921), un article sur le diplôme REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. IX.

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de maître ès arts de Jules-César Scaliger. Le texte de ce document se rencontre dans une apologie pour les Scaliger que Joseph-Juste, fils de Jules-César, publia en 1617 à Leyde: Confutatio fabulae Burdonum. Il s'écarte sensiblement des formules ordinaires aux actes de ce genre et du style des chancelleries universitaires. Aussi Joseph Scaliger le tenait-il pour un faux, inventé par ses ennemis pour ridiculiser son père. La conclusion de M. le Dr de Santi est que ce diplôme est en effet un faux, mais qu'il a été fabriqué par Jules-César Scaliger à Agen. Il aurait imaginé ce diplôme, à lui décerné par l'Université de Padoue, parce qu'ayant quelques connaissances en médecine, il n'avait aucun titre pour l'exercer. J. P.

AD FORMAM NASI COGNOSCITUR... (Gargantua, ch. XL). — Aux textes relatifs à cette croyance populaire qui sont cités dans l'édition critique, on peut ajouter un passage du De legibus connubialibus de Tiraqueau, édition de 1524, fol. ci vo. Il mentionne parmi les femmes que leur dévergondage a rendues fameuses une certaine reine de Naples, qui ne pouvait voir d'hommes au nez long sans chercher à satisfaire avec eux sa sensualité effrénée : « Cum sciebat aut videbat viros nasatos, necesse erat ut eos haberet in complexibus. Experta enim fuerat id verum esse quod vulgo dici solet : nasi magnitudine, mutonis quoque quantitatem concipi. Ex quo versus ille non admodum elegans, quem tamen Codrus id referens adscribit :

Ad formam nasi et quae sequuntur.

Cui subscripsit et illud Philelphi nonae decados Hecatosticha tertia ad Catonem Saccum :

Nam mensura, Cato, pendentis plurima nasi

Creditur ingentem vulgo promittere caudam. »

LATERANUS. Dans le très intéressant article de M. L. de Santi sur Rabelais et Nicolas Bourbon (2e fasc. de la Revue du XVIe siècle, 1922), il est question (p. 175) de Lateranus, que l'auteur identifie bien à tort à Guillaume Delattre.

En vérité, Guillelmus LATERANUS est Guillaume Du COSTÉ, doyen du chapitre cathédral de Sainte-Croix d'Orléans en 1546, grand archidiacre du diocèse d'Orléans et abbé de BonRepos au diocèse de Quimper.

La France protestante (t. V. p. 653); Charles Cuissard,

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