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tueux. En 1792, les gardes nationaux qui passaient par Salon allèrent à l'église, profanèrent le tombeau du prophète et dispersèrent ses os'. On raconte que le soldat qui le premier viola le tombeau fut fusillé quelques jours plus tard pour avoir volé de l'argenterie. Ainsi s'accomplit la vengeance de Nostradamus.

On se rend difficilement compte du nombre d'adeptes et de fervents que fit Nostradamus. Sa popularité fut énorme pendant longtemps et, malgré l'avènement de la raison, il a encore un assez grand nombre de partisans. On a signalé des Centuries environ 150 éditions, dont la dernière est de 1867 (Le Pelletier). Le commentaire le plus intéressant à ce sujet est celui de Théophile de Garencières qui, en 1678, traduisit en anglais les prophéties de Nostradamus: << Celui-ci fut le premier livre où j'appris à lire, car c'était alors la coutume, vers 1618, d'initier les enfants par ce livre; premièrement en raison de la difficulté des mots, deuxièmement afin de leur faire connaître le vieux français tel qu'il est employé à présent dans les lois anglaises, et troisièmement pour le charme et la variété des matières, de sorte que ce livre fut imprimé tous les ans comme un almanach ou premier texte pour les enfants. » Il ajoute que quelques personnes étudiaient les Centuries si assidûment qu'elles étaient devenues folles, ou peu s'en fallait, ce qui est, d'ailleurs, très facile à croire. L'année 1792 avait rappelé l'attention sur Nostradamus. On trouvait, en effet, vers la fin de la lettre à Henri II, qui sert de préface aux trois dernières Centuries, la prédiction de «< plus grande persecution à l'Eglise chrestienne que n'a esté faite en Afrique, et durera cette icy jusques à l'an mil sept

1. Malgré « simulté et pique », les os de Nostradamus et de Scaliger se trouvèrent bizarrement mêlés. Le tombeau de celui-ci reçut à la même époque un traitement pareil. Ses os furent ramassés par un citoyen dévoué, et sur la boîte qui les renfermait, découverte beaucoup plus tard, on lisait cette inscription: « En allant en Italie le philosophe Lamanon... me fit présent de l'humérus gauche du fameux Nostradamus. » Cf. Recueil des travaux de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen, 2° série, t. III, 1873.

cens nonante deux, que l'on cuidera estre une renovation de siecle... ». Il se fit en effet une « rénovation de siècle en cette année, le commencement de l'ère républicaine. On n'a eu garde cependant d'insister longuement sur le contexte de cette prédiction.

On essaie toujours avec beaucoup d'habileté et peu de succès de prouver que Nostradamus a prévu les grands événements actuels'. Voici un passe-temps qui devrait être populaire; quel que soit l'événement en question, on le trouvera dans les Centuries, car celles-ci sont susceptibles d'être comprises de mille manières.

(A suivre.)

Eugène F. PARKER (Université de Minnesota).

1. Par exemple A. Graffond, La guerre actuelle d'après Nostradamus, 1919.

MÉLANGES.

UNE DÉCOUVERTE BIBLIOGRAPHIQUE

A PROPOS DE LA CHRONOLOGIE MAROTIQUE.

La chronologie des œuvres de Clément Marot, le problème de l'authenticité des pièces parues dans des plaquettes ou dans des recueils collectifs renferment des points obscurs ou des erreurs qu'une recherche dans les grandes bibliothèques de l'Europe ou le hasard va dissiper. Le tableau chronologique dressé par M. P. Villey' remplace la chronologie fantaisiste de Lenglet-Dufresnoy (La Haye, 1731) et complète le travail inachevé de G. Guiffrey (t. II, III, 1876-1881). Les trois premières parties du tableau embrassent les publications du vivant de l'auteur (1515-1532, 1532-1538, 1538-1544), la dernière (1544-1560) les éditions posthumes. M. Villey a examiné un nombre très considérable des œuvres imprimées et des recueils renfermant des pièces marotiques dont on peut tirer des conclusions sur la date de la composition, des renseignements touchant l'histoire, l'authenticité de l'attribution pour certaines pièces. Son tableau doit être le point de départ d'une édition critique aussi bien que d'une étude littéraire de l'œuvre marotique.

Les éditions successives de l'Adolescence clémentine (1532) s'enrichissent de nombreuses œuvres étrangères que le public attribue à Marot, qui proteste contre l'abus dans le titre d'une de ses œuvres : « Et ne sont en ce present livre autres meschantes œuvres mal composees que on impose estre du dict acteur, lesquelles il repousse et desadvoue. » Il le pouvait faire de son vivant, mais les éditions posthumes étaient livrées aux caprices des imprimeurs qui semblaient justifier la fantaisie ou l'hypothèse de quelques éditeurs modernes. L'année de

1. P. Villey, Tableau chronologique des publications de Marot. Revue du Seizième sièle, t. VII, 1920, p. 46-97, 206-234; t. VIII, 1921, p. 80-110, 158-210.

sa mort (1544) est un terme qui facilite à juger la justesse d'une attribution ou la valeur d'une édition. Ce fait ajoute un plus grand intérêt à la découverte d'une édition antérieure du Recueil de vraye poésie françoyse que M. Villey' mentionne en premier lieu parmi les publications posthumes (décembre 1544). Il renferme « au moins cinq pièces inédites de Marot, l'une signée de son nom et les quatre autres non signées ». La paternité de Marot fut attribuée à plusieurs des pièces non signées, et M. Villey lui-même admet : « Il est possible que, parmi les nombreuses pièces anonymes de ce recueil, quelquesunes soient effectivement de Marot, car il appert que l'éditeur a eu connaissance de pièces de Marot encore inédites. » Il faut prendre beaucoup de précautions dans l'attribution de pièces non signées, ce que prouve l'erreur de M. Fromage 2, et aujourd'hui, grâce au tableau de M. Villey, nous avons un ouvrage indispensable pour distinguer l'édit de l'inédit.

La Bibliothèque de la Cour et de l'État de Munich possède une édition du Recueil de vraye poésie françoise, publiée une année avant l'exemplaire de la Bibliothèque de l'Arsenal (BL 7231), examiné par M. Villey. Il est connu que le fonds de la bibliothèque Palatinale est riche en éditions rares ou uniques d'imprimés du xvIe siècle. Les chansons de Marot mises en musique par Pierre Attaingnan (1530) furent réimprimées par E. Bernouilli d'après l'exemplaire de Munich3. L'édition d'Anvers de l'Adolescence clémentine par Jean Steels ne se trouve que dans la même collection1. Cependant, l'impression dont nous allons donner une description bibliotechnique a échappé à l'attention toujours éveillée de M. Villey :

Recueil de vraye | Poésie Françoyse | prinse de plusieurs Poëtes, les plus excellentz de | ce regne. Avec privilege du Roy pour cinq ans. | 1543. De l'Imprimerye de Denys Janot. | On les vend au Palays, en la gallerie par où | on va à la Chancellerie, es boutiques de | Jehan Longis et Vincent Sertenas, libraires3.

1. Villey, loc. cit., t. VIII, 1921, p. 157.

2. R. Fromage, Poésies inédites de Clément Marot. Bulletin de l'histoire du protestantisme français, 1909 (cf. Plattard, Revue des Etudes rabelaisiennes, 1912, p. 68-71).

3. Villey, loc. cit., t. VII, p. 53.

4. Pogall. 1379, in-8°. Villey, loc. cit., t. VII, p. 208, n. 3.

5. Münich, Hof und Staats bibliothèque, Pogall., 1848. Le volume

Le privilège qui suit est daté : le XIIe iour d'April mil cinq cens quarante troys. Signé sur le reply de par le Roy, Bayard. Achevé d'imprimer : le XXVe iour de May 1543.

Le volume est relié en cuir et sur le plat extérieur on trouve l'ex-libris de la bibliothèque des ducs de Bavière. Au feuillet de garde se trouve la cote : BL 3750. Les cahiers sont marqués des lettres de A jusqu'à G 4, plus quatre feuillets, et les feuillets numérotés de 1 jusqu'à 47, plus huit feuillets (1 10 pages). Une erreur de relieur semble avoir augmenté le nombre des feuillets, puisque le cahier contenant les pièces à partir D'une vieille j'usqu'à Responce s'y trouve relié en doublet.

L'incipit du volume (A ii) est le même que dans l'édition de 1544 Traduction d'un Epigramme de Martial, commençant : « Vitam qui faciunt beatricem », par Clement Marot.

Voicy, amy, si tu veulx sçavoir

Qui fait à l'homme heureuse vie avoir.

Le Second Enfer d'Estienne Dolet, natif d'Orléans (1544)', renferme une variante (p. 63):

Mon fils, voicy, si tu le veulx sçavoir...

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Les autres pièces non signées de Marot sont : A Ysabeau, De Macée, D'une vieille, De Pauline. -Les pièces qu'on lui a attribuées suivant les recherches de M. Villey sont : Douleur et volupté (d'A. Herolt)2, Rondeau des Barbiers3. Huictain: Le lendemain des nopces on vint veoir1, Marot du faulx bruis de sa mort. - Douzain (à Creman): De monsieur le cardinal de Tournon, D'un Murier, Virelay. — Il faudrait reprendre pour ces poésies l'examen de l'authenticité appuyé par des preuves internes, puisque la date de leur publication les fait paraître

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est entré dans la bibliothèque avec la collection achetée à JeanJacques Fugges. Cf. O. Hertig, Die Gruendung des Muenchner Hofbibliothek durch Albrocht V und Johann Jakob Fugge; Abh. des h. Kayser Akad. des Wissenschaften, XXVIII, 3. Muenchen, 1917. 1. Villey, loc. cit., t. VIII, p. 103, n. 1.

2. Ibid., p. 198.

3. Ibid.

4. Ibid., p. 199, n. 1.

5. Ibid., p. 159, n. 3.

6. Ibid., p. 104. 7. Ibid., p. 169.

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