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du vivant de Clément Marot, auquel on a attribué la plus grande part du volume. Les auteurs nommés à côté de lui sont : Macault, dont l'Épigramme suit celle de Marot, et Des Essars, qui contribua la Généalogie des Roys de France, et SainteMarthe, qui adressa un douzain à Marot. Le nom de SainteMarthe figure au moins trois fois dans le Recueil.

L'explicit se trouve à la fin d'un Dixain en l'honneur du roi :

O nous heureux aultant qu'on le peulx estre,
D'avoir un Roy qui nous monstre à bien faire.

Fin du recueil de poésie | françoise.

Des deux libraires qui ont vendu cette édition, Vincent Sertenas est nommé sur l'édition du Petit Traicté (1535), imprimé par Anthoine Bonnemère, renfermant quatre pièces de Marot'. Clément Marot, émigré à Genève (fin 1542), où il fait imprimer ses Cinquante psaumes (après le 1er août 1543)2, ensuite à Chambéry (1543), pouvait-il connaître le Recueil de vraye poésie françoise (1543) avant sa mort, arrivée à Turin l'année suivante (1544)? Des recherches au sujet de la vente de l'édition, du nombre des exemplaires conservés peuvent contribuer à la solution du problème qui touche l'attribution de quelques œuvres et la popularité du nom de Clément Marot peu avant sa fin.

Louis KARL.

1. Villey, loc. cit., t. VII, p. 208.

2. Ibid., t. VIII, p. 97.

COMPTES-RENDUS.

FLEURET et PERCEAU. Les satires françaises du XVIe siècle. Paris, Garnier, 1922. 2 vol. in-8°.

Le présent ouvrage, dit la préface de cette anthologie, ne contient guère que des satires proprement dites, conçues selon l'idée que l'on se fait communément de la satire poétique et d'après les modèles de l'antiquité latine. »

Pour constituer un recueil de pièces de vers propre à donner une idée exacte de l'esprit satirique au siècle de la Renaissance, on pouvait hésiter entre plusieurs programmes. Il eût été légitime d'y admettre l'épigramme, la chanson, le conte en vers, qui relèvent de la satire, si l'on prend le mot dans son sens large. Il n'était pas interdit, d'autre part, de restreindre la satire aux pièces << satyriques », dans le sens où l'entendaient Vauquelin de la Fresnaye et quelques autres écrivains, c'est-à-dire aux censures de mœurs, écrites dans un style impudent ou lascif, qui rappelle la licence cynique des satyres chez les anciens. Le livre eût été composé alors des invectives si nombreuses contre les vieilles courtisanes, contre les courtières d'amour, contre les femmes, contre le mariage.

«

MM. Fleuret et Perceau ont pris un moyen parti. Leur choix a porté sur des poèmes qui correspondent à l'idée que la Renaissance se faisait de la satire, d'après Juvénal, Horace et Perse. On rencontre de telles œuvres chez nombre de poètes au xvie siècle, bien qu'aucun d'eux, jusqu'à Mathurin Régnier, n'ait exclusivement cultivé la satire.

Les sujets de ces poèmes satiriques sont variés. Ici ce sont les invectives << satyriques » dont nous venons de parler. Il s'en trouve chez Joachim du Bellay, Flaminio de Birague, Jean de Boissières, Desportes. Ailleurs des ripostes aux attaques d'envieux ou de médisants, chez Baïf, par exemple, et Jacques Pelletier du Mans. D'autres poètes, comme Bailly, reprenant la traditionnelle satire des « états du monde », blasonnent les

prélats dissolus, les curés ignorants, les juges vénaux. D'autres dénoncent des fléaux nouveaux l'invasion des Italiens à la cour, les violences des reîtres, l'infiltration des étrangers « Espagnols marrans » et « Allemands yvrongnes » (Vatel), les extravagances de la mode (Nicolas Margues). Beaucoup développent les thèses satiriques de Juvénal contre la noblesse (Du Buys, Jean Le Masle), discourent contre la Fortune (Jean de la Jessée), se lamentent sur les misères du temps (Ronsard, Clovis Hesteau de Nuysement). Les déclamations contre la cour sont généralement opposées à des éloges de la vie rustique, paraphrases de l'épisode du vieillard de Tarente chez Virgile ou du vieillard de Vérone chez Claudien (Jean de la Taille, Estienne du Tronchet).

Il y a dans ces satires beaucoup d'exercices de rhétorique. La « lyre d'airain » y vibre, en somme, assez rarement, sauf entre les mains de Ronsard et d'Agrippa d'Aubigné.

Sur chacun des auteurs représentés dans ce recueil, MM. Fleuret et Perceau ont écrit une notice substantielle, accompagnée d'une bonne bibliographie et de la liste des ouvrages à consulter.

Cette anthologie sera fort goûtée de tous ceux qui s'intéressent à notre xvre siècle1.

Jean PLATTARD.

Arthur TILLEY. Studies in the french Renaissance. Cambridge, at the University Press, 1922. 1 vol. in-8° de 320 pages et 7 illustrations hors texte.

Notre confrère M. Arthur Tilley a réuni dans ce volume onze articles, dont deux (Les romans de chevalerie en prose, Rabelais et Henri II) ont paru dans cette Revue, en français. Les autres ont été publiés dans des journaux ou revues de langue anglaise. Ils ont été remaniés et mis au point, quelquesuns même entièrement refondus, avant de paraître en recueil.

1. MM. Fleuret et Perceau viennent de lui donner une suite : Les satires françaises du XVII siècle, 2 vol., Paris, librairie Garnier, 1923. Parmi les satiriques qui figurent dans ce second recueil, je relève les noms de Mathurin Régnier, Sigogne, Berthelot, Maynard, d'Esternod, Théophile de Viale, Saint-Amant, Ménage, Sarasin, Benserade, Furetière, Saint-Évremond, Boileau, l'abbé Cotin, Charles

Perrault.

Le plus ancien est une étude sur l'Université de Caen et la Renaissance, qui retrace l'histoire de cette Université depuis sa fondation par le duc de Bedford, en 1431, jusqu'au mileu du XVIe siècle.

Des articles sur Rabelais et les découvertes géographiques, donnés à la Modern Language Review, nous avons entretenu les lecteurs de la Revue des Études rabelaisiennes en 1907-1910.

Dans Rabelais et Henri II, M. Tilley se range à l'opinion de M. Romier sur la date du départ de Rabelais pour son quatrième voyage en Italie, juin 1547. Il essaie ensuite d'établir la date de la composition des principaux épisodes du Quart-Livre. Il apporte diverses considérations judicieuses sur les allusions aux faits historiques contemporains que présente le nouveau prologue du Quart-Livre.

Il y a beaucoup à retenir également de son étude sur l'authenticité du cinquième livre de Pantagruel. Toute cette enquête est menée avec méthode, chapitre par chapitre. Sa conclusion est que la plus grande partie du livre est de Rabelais. Personnellement, je crois que le nombre des interpolations est plus grand que ne le pense M. Tilley; mais il serait trop long de discuter une à une toutes ses assertions. Il n'en est aucune qui ne mérite un examen sérieux.

Son tableau de l'humanisme sous François Ier est le plus complet que je connaisse. On y suit le progrès de l'humanisme dans les collèges, dans le droit, dans la médecine, le développement de la poésie néo-latine, l'accroissement des publications latines et grecques pendant la première moitié du xvIe siècle, tant à Paris que dans les provinces.

Uue bonne monographie du libraire parisien Galliot du Pré nous retrace les caractères du commerce des livres à l'époque de la Renaissance. Elle est complétée par une liste de toutes les publications de Galliot du Pré de 1512 à 1561.

L'histoire des idées morales au xvre siècle est représentée dans ce recueil par une étude sur la philosophie de la nature dans Rabelais et Montaigne. La maxime Naturam sequere est surtout stoïcienne. Le De finibus et le De officiis de Cicéron l'avaient vulgarisée. Sénèque, dans le De vita beata et dans ses Épîtres morales, avait répété qu'une vie heureuse est une vie conforme à la nature. Cette formule a passé de ces ouvrages dans le De voluptate de Lorenzo Valla, composé en 1432, imprimé pour la première fois en 1483. Elle était devenue fort

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. X.

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banale à la fin du xve siècle. Améric Vespuce, qui n'avait rien d'un lettré, disait des sauvages du Nouveau Monde qu'il avait observés dans son troisième voyage : ils vivent selon la nature et peuvent être appelés épicuriens plutôt que stoïciens. Les utopiens sont également représentés par Thomas Morus comme suivant la nature. L'Éloge de la folie (1521) est une apologie de la nature contre la raison. Naturam sequere était donc un lieu commun de morale à l'époque de Rabelais. Il est d'ailleurs difficile, M. Tilley le démontre, de dégager une philosophie, c'est-à-dire un systéme d'idées parfaitement cohérentes, des diverses déclarations de Rabelais sur la nature. Le fondement de sa philosophie, dit-il, n'est pas le culte de la nature, mais le << pantagruélisme », cette « gaîté d'esprit confite en mépris des choses fortuites », si voisine de l'ataraxie stoïcienne. — Sans doute, le naturalisme représente-t-il la conception générale que Rabelais se fait de l'univers et le « pantagruélisme » la somme de ses règles de conduite.

M. Tilley termine cette esquisse de l'histoire du naturalisme au xvie siècle par un examen de la morale de Montaigne.

Aux interprètes de Montaigne du xvire siècle jusqu'à nos jours, il a consacré encore un long article. Un autre étudie le rôle de Dorat dans la Pléiade; un autre enfin, les pamphlets suscités par les guerres de religion.

On voit combien est variée la matière de ce recueil. Il se recommande par cette solidité de la documentation et cette finesse de goût que nos lecteurs ont eu l'occasion d'apprécier dans les articles que M. Tilley a bien voulu donner à la Revue des Études rabelaisiennes et à la Revue du XVIe siècle.

Jean PLATTARD.

Abbé Alban CABOS. Guy du Faur de Pibrac. Un magistrat poète au XVIe siècle (1529-1584). Paris, Éd. Champion, 1922. 1 vol. in-8°.

« Le bon monsieur de Pibrac, d'esprit si gentil, d'opinions si saines, de moeurs si doulces », comme disait Montaigne, n'est guère connu que par ses Quatrains. Deux éditions modernes, l'une due à Claretie (1874), l'autre à M. Guy', avaient rappelé l'attention sur ces « beaux dictons à réciter par cœur »>,

1. Annales du Midi, t. XV-XVI, 1904.

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