Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

voyageurs rentrèrent, par la vallée du Sangari et Nicomédie, à Constantinople.

Ils y retrouvèrent avec joie une partie de la suite de M. de Fumel, qui n'avait point pris part à cette longue randonnée, entre autres le docte M. Tenelle, toujours préoccupé de ses manuscrits grecs. Quant à M. de Fumel, il demeurait soucieux ses intrigues pour supplanter d'Aramont ne lui semblaient point aboutir; en vain demanda-t-il au Grand Seigneur la permission de l'accompagner dans l'expédition contre la Perse: Soliman n'emmena que d'Aramont, pour qui Henri II l'avait sollicité : « Ce que voyant, ledict sieur de Fumel, et que la responce qu'il attendoit ne venoit point, s'embarqua sur un navire de Venize et s'en revint en France'. »

Laissant l'intérim des affaires à Jacques de Cambray, chanoine de Saint-Étienne de Bourges, d'Aramont partit pour le théâtre de la guerre le 2 mai 1548, escorté de Pierre Gilles et du cosmographe André Thevet. Belon semble leur avoir fait la conduite au moins pendant quelques étapes, car ils visitèrent ensemble la ville de Libyssa, en Bithynie 2, place forte abandonnée où se trouvait, dit-on, le tombeau d'Annibal, et les environs de Nicomédie parsemés de ruines innombrables. Ils poussèrent de compagnie3 jusqu'à Saracen et Pantiche. Belon ne semble pas être allé plus avant. Quant à d'Aramont, après avoir suivi une partie de la campagne, il alla visiter la Palestine et l'Égypte; pendant que notre Manceau, de

1. J. Chesneau, loc. cit., p. 59. De Fumel fut bien accueilli par Henri II, qui lui fit compter, par ordre de Fontainebleau du 30 janvier 1549, une gratification de 400 écus d'or soleil.

2. Diacibe (Belon), Diacibyssa (Pierre Gilles), Gebyse (Busbecque), Lebusa (Leunclave) ou Gebise, village d'Anatolie, sur la Libyssa, entre Nicomédie et Chalcédoine, auj. Gueibizé, district de Qodja Illy, prov. de Khoudavendguiar.

3. De admirabili, fol. 15 ro.

4. Peut-être Tocat ou Tocquato, l'ancienne Comana Pontica, aux environs de laquelle d'Aramont arriva au début de juin.

5. D'Aramont rentra à Constantinople le 28 janvier 1550 et y demeura jusqu'en janvier 1551, époque où le sultan l'envoya en

[graphic]
[ocr errors]
[graphic]

retour à Stamboul, entrait dans les bonnes grâces de M. de Cambray. « Le seigneur Jacques de Cambray, noble citoyen de Bourges, chancelier de l'Église métropolitaine et de l'Université très fameuse d'icelle », était, dit Nicolay, << homme de grande litérature, orné de plusieurs et diverses langues, tant régulières que vulgaires et barbares, grecq escrit et vulgaire, turcque, arabesque, latin, italien et françois'. » Ce savant homme, écrit Belon, << n'usa de moindre courtoisie en nostre endroit qu'avoit desjà faict mondit sieur d'Aramont ».

Belon avait rapporté de cette longue expédition une grande caisse de peaux de « serpents, oiseaux, bestes terrestres, plantes entières, semences d'herbes singulières et plusieurs choses de mer »; il avait pris, en particulier, certain ophidien, nommé driini ou dendrogailla, le plus gros qu'il eût jamais vu, et tel « que l'ayans mis en un sac pesoit tant qu'un paysan ne le peut porter deux lieues sur son dos sans se reposer. La peau remplie de foin estoit aussi grosse comme une grosse jambe d'homme charnu ». Il confia le monstre, et ses autres trésors, à une houque génoise, La Delphina, capitaine Brusquet, qui levait l'ancre à destination de l'Angleterre. Mais le vaisseau fut pris par les corsaires et emmené sur les côtes barbaresques, en sorte, qu'ajoute mélancoliquement notre chercheur, « fusmes frustrez de cela ».

Belon demeura quelque temps encore aux rives du Bosphore, car, à en croire les dernières lignes de la préface de ses Observations, c'est seulement en 1549 qu'il prit la mer à Gallipoli, probablement sur une galère vénitienne, La Cantarena. Il toucha barres à l'île de Tzia, comme il l'avait fait à l'aller sur la Priola2, et débarqua à Venise

France pour se concerter avec le roi sur une attaque par mer de l'empire espagnol. D'Aramont, ayant pris les instructions de Henri II, repartit pour l'Orient sur la fin de mai 1551, accompagné de Cotignac et de Nicolas de Nicolay, valet de chambre et géographe ordinaire du roi, qui nous a laissé le récit de son voyage.

1. Nicolay, Navigations, préface, fol. b2 r.

2. Nat. des poissons, p. 198.

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. X.

3

après treize jours de navigation. Belon ne donne guère de précisions chronologiques, et je ne sais si c'est à cette occasion, ou lors de son premier voyage dans la péninsule avec Valerius Cordus, qu'il explora les Apennins. Toujours est-il que d'Ancône, traversant la chaîne à deux reprises par Loreto, Notia, les montagnes de Spolète', Aquila, Chieda, Lanczano, il gagna les Abruzzes citérieures pour visiter à Toutre les sources de bitume3 et aborda sur la côte d'Apulie pour voir les cèdres du mont Gargan1. En tout cas, cette incursion sur la côte adriatique est antérieure à 1553.

(A suivre.)

1. Obs., p. 140.

Dr DELAUNAY.

2. Norcia? — Aquila, ville de l'Abruzze ultérieure. — Chieda ? probablement Chieti. Lanczano, probablement Lanciano (Abruzze

citérieure).

3. De admirabili, fol. 41 vo.

4. De arb. conif., fol. 6-7.

« VorigeDoorgaan »